Supernichons contre mafia - DVD Sidonis

Supernichons contre mafia : Nanar et nibards de compét’

Avec son titre français surréaliste, son intrigue débile et son doublage français au diapason, qui en rajoute encore dans la vulgarité (et la stupidité), Supernichons contre mafia n’a pas volé sa réputation de gros nanar des familles. Retour sur un classique du cinéma bis, OVNI inclassable et délirant que nous propose aujourd’hui Sidonis en DVD…

Supernichons contre mafia - DVD Sidonis

Supernichons : plus fort que 007

Supernichons contre mafia est un film d’espionnage d’un nouveau genre. Il faut dire aussi que le film prend pour point de départ un postulat complètement crétin : Jane Tennay, incarnée par Chesty Morgan, espionne de son état, se fait greffer, à la demande du patron des Services Secrets, un appareil photo dans le sein gauche, qu’elle utilisera donc le plus discrètement du monde pour shooter les documents compromettants d’un gang de trafiquants de drogue. Pour ce faire, elle se désapera donc régulièrement, libérant de ce fait son opulente poitrine et appuiera sur son nichon, lequel prendra donc une photo, avec bruit d’obturateur et flash à l’appui. « Pourquoi ne pas utiliser un simple appareil photo miniaturisé ? » me demanderez-vous. Hé bien… Disons que le script n’est jamais très clair sur le sujet. Sans doute pour concurrencer James Bond, et son fournisseur en gadgets officiel, le bien nommé « Q » : jamais l’agent 007 se s’était rien greffé sur le bout du gland. Ça me rappelle cette vieille blague des trois espions, le japonais, l’américain et le français, les deux premiers rivalisant en technologies miniaturisées, avec le français qui pète et qui dit « Ah ! J’ai reçu un fax » (c’est là qu’il faut rire).

Pas con, le patron des Services Secrets avait sans doute remarqué que Chesty Morgan, qui affichait quand même un tour de poitrine de 183 centimètres (!!!!), utilisait de toutes façons régulièrement ses nichons dans le cadre de son travail. Peut-être pas pour décapsuler sa bière ou pianoter sur les touches de son téléphone (encore que…), mais en combat rapproché, elle se servait volontiers de sa poitrine pour étouffer, voire assommer ses assaillants. Encore un exemple de détail propre aux Services Secrets américains que James Bond ne pratiquait pas avec ses couilles pour Sa Gracieuse Majesté.

Supernichons contre mafia - DVD Sidonis

Supernichons en VF ou en VO : Deux films pour le prix d’un

S’il serait mentir de dire que l’intrigue de Supernichons contre mafia est traitée avec un sérieux imperturbable dans sa version originale (ça serait tout de même difficile avec une intrigue aussi con), le film de Doris Wishman n’est pas non plus, quand on le regarde dans la langue de Shakespeare, tout à fait le gros délire assumé et grivois que nous propose son doublage français, qui adapte très librement les dialogues que s’échangent les protagonistes du film, et en rajoute encore dans la joyeuse crétinerie de l’entreprise.

Comme de bons exemples valent mieux qu’un long discours, voici donc quelques-unes des « traductions » proposées par le film, qui n’auraient sans doute pas valu à leurs auteurs un 20/20 en version.

« I took care of her, she won’t be anymore trouble »
devient en français :
« C’est fait, je me suis occupé de cette pute »

« Don’t trust anyone… Toplar’s agents are everywhere »
devient en français :
« Ne fais confiance à personne… Autrement, tu l’as dans le cul »

« I never felt this way before… »
devient en français :
« Je n’ai jamais senti quelque-chose de comparable quand je lui caresse les seins… »

« Wait a bit, I’m not ready. Let me get to something more comfortable. »
devient en français :
« Attends un peu, je vais me laver le cul. Tiens-la bien droite, je serai pas longue à revenir mon lapin. »

Pour tout dire, tel que nous le découvrons aujourd’hui, avec sa version française complètement décalée, Supernichons contre mafia évoque beaucoup les romans de Frédéric Dard de la collection San-Antonio. Véritable phénomène de foire (comme le serait également Lolo Ferrari, actrice pour le belge Jean Bucquoy ou chez Patrick Timsit durant les années 90), Chesty Morgan rappelle les « freaks » attachants qui forment l’équipe du commissaire San-Antonio : le personnage de Jane Tennay, l’espionne aux mamelles aussi explosives que photographiques, ne détonerait pas aux côtés du mastard Bérurier, énorme et répugnant personnage doté d’un chibre de quarante centimètres, ou encore du « vieux » Pinaud, chétif, radoteur et sénile.

Supernichons contre mafia - DVD Sidonis

Supernichons en DVD : La classe américaine

Disponible depuis le 13 février sur support DVD chez Sidonis, Supernichons contre mafia s’offre une bien belle édition française. Le master, restauré à l’occasion de la sortie aux États-Unis d’un Blu-ray réunissant les trois films de la carrière de Chesty Morgan, affiche une forme insolente : couleurs, piqué, définition, c’est du tout bon, l’éditeur composant fort bien avec les limites d’un encodage en définition standard. Et si l’image est parfois (souvent, en fait) floue, ce n’est pas du à l’éditeur, mais directement imputable au film, qui a été tourné n’importe comment. La version française est naturellement couplée à la version originale sous-titrée, les deux mixages en Dolby Digital mono d’origine font correctement le boulot. On notera qu’il s’agit de là de l’indispensable version française d’origine, dont certains courts passages, qui ont été perdus ou n’ont jamais été doublés, reviennent automatiquement à la VO.

Mais c’est surtout avec sa section suppléments que Sidonis se démarque particulièrement. On passera certes rapidement sur le sujet consacré à Doris Wishman, paresseusement écrit par Marc Toullec et dont la durée est artificiellement gonflée par l’utilisation de nombreuses bandes-annonces : Linda Tahir a beau faire ce qu’elle peut pour donner de la vie à l’ensemble, on sent le manque d’investissement certain de Toullec sur le sujet, qui se révèle finalement « juste » informatif, mais sans passion (c’est déjà ça, remarquez).

Le vrai morceau de choix de cette édition, c’est la rencontre entre Christophe Carrière et Patrick Brion consacrée à Supernichons contre mafia. On excusera de fait les petites erreurs commises ici ou là (Brion y évoque Abyss comme faisant partie de la filmographie de Francis Ford Coppola) pour se concentrer sur la somme d’informations et d’anecdotes lâchées lors de cette discussion à bâtons rompus, passionnée et passionnante. Carrière, qui parle fréquemment de « génie » et use de tous les superlatifs concernant le film de Wishman, est constamment ramené à la réalité par un Patrick Brion hilare. Les deux critiques passent un très bon moment, et leur bonne humeur est clairement communicative : voila une demie-heure ponctuée de francs éclats de rire qu’on prendra sans doute plaisir à revoir, seul ou avec des amis, en préambule de ce film unique et… pénétrant.

Supernichons contre mafia - DVD Sidonis

Supernichons contre mafia (Sidonis) – 13 février 2015

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES du DVD

1974 • 69 min • Ratio 16/9 – 1.85
Couleur • VO-VF restaurées
Sous-titres français • Chapitrage

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