Batman : Arkham Knight

Batman : Arkham Knight : Le meilleur pour la fin

À l’heure de tirer sa révérence vidéoludique, le Chevalier Noir se devait de nous offrir une conclusion en apothéose. Batman : Arkham Knight clôt-il la « trilogie Arkham » de main de maître ?

Batman : Arkham Knight : du papier au jeu vidéo

Fruit de l’imagination de Bob Kane, Batman vit le jour en 1939. Depuis sa venue au monde sous format papier à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, le personnage a connu tous les mediums possibles et imaginables : la radio au début des années 1940 puis le serial avant de migrer vers le petit écran dans la série télé kitchissime au possible mais néanmoins culte avec Adam West de 1966 à 1968 avant d’être décliné en dessin animé à la fin des années 1960. Il faudra toutefois patienter jusqu’en 1989 avant de voir débarquer Batman dans les salles obscures sous les traits de Michael Keaton sous la houlette de Tim Burton. Fidèle à ses affinités pour les marginaux, Burton délaissera le héros-titre au profit des personnages du Joker (Jack Nicholson) puis du Pingouin (Danny DeVito) et de Catwoman (Michelle Pfeiffer) dans la suite, Batman le défi (1992), que nombre de cinéphiles considèrent aujourd’hui encore comme le tout meilleur opus cinématographique de l’homme chauve-souris. Soit, tout le contraire des deux suites signées Joel Schumacher, Batman Forever (1995) et Batman & Robin (1997) que (presque) tout le monde s’accorde à qualifier comme les pires aventures du personnage à date.

Batman : Arkham Knight

C’est peu ou prou à cette même époque (et plus précisément en 1986) que Frank Miller redonne un nouveau souffle au justicier chauve-souris avec Batman : Dark Knight et que débarquent également les toutes premières déclinaisons vidéoludiques sur Amstrad CPC et autres NES (du matos que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître, NDLR). Il faudra néanmoins patienter près de 20 ans avant que cette réinterprétation sombre et violente du personnage ne soit reprise sur grand écran par Christopher Nolan dans Batman Begins, un reboot qui fait fi de la quadrilogie des années 1990 pour mieux redorer le blason du Chevalier Noir. En 2008, Nolan hisse la barre encore plus haut et livre ce que d’aucuns considèrent comme l’une des toutes meilleures adaptations de comics sur grand écran (n’en déplaisent aux fans de Burton et de son Batman, le défi) : The Dark Knight : Le Chevalier noir. Soit une œuvre prodigieuse de par sa propension à nous présenter des personnages très travaillés (merci le Joker / NDSG) doublé d’un thriller aussi tendu que les scènes d’action sont spectaculaires. Annoncé comme « l’épilogue spectaculaire de la légende du Chevalier Noir », The Dark Knight Rises (2012), en dépit de qualités indéniables, ne parviendra pas à réitérer le niveau d’excellence de son prédécesseur mais n’en propose pas moins une conclusion magistrale à la trilogie signée Christopher Nolan.

Batman : Arkham Knight

Batman : Arkham Knight : aussi sombre que les films de Nolan

Dans l’entrefaite, les balbutiements vidéoludiques des deux décennies précédentes seront eux aussi balayés avec l’arrivée en 2009 de Batman : Arkham Asylum sur PlayStation 3 et Xbox 360 sous l’égide du studio britannique Rocksteady. Le célèbre justicier y retrouvait son Némésis de toujours, le Joker, au sein d’un environnement certes restreint (l’asile d’Arkham) mais néanmoins riche en exploration, infiltration et péripéties en tous genres. Avec son approche tant visuelle que thématique d’un héros sombre dans le sillage des deux premiers longs-métrages de Nolan, Batman : Arkham Asylum entrait alors instantanément au panthéon des toutes meilleures déclinaisons vidéoludiques de films / super-héros. Deux ans plus tard, en 2011, Batman : Arkham City voit les choses en grand : la surface de jeu s’étend désormais à tout Gotham tandis que la quasi-totalité du bestiaire batmanien fait son entrée. Cette approche « petits plats dans les grands » n’altèrera toutefois en rien les qualités intrinsèques du jeu qui se révélera tout à la fois aussi captivant et sombre qu’Arkham Asylum et lui vaudra le qualificatif aussi rare que précieux de « suite aussi réussie que son prédécesseur ».

Batman : Arkham Knight

2015 : le support a changé (la PlayStation 4 et la Xbox One constituent les fers de lance de la 8ème génération de consoles de salon) et il est temps pour le studio Rocksteady, tout comme Christopher Nolan trois ans plus tôt, de faire ses adieux au Chevalier Noir. Hasard ou coïncidence, l’approche scénaristique est peu ou prou identique à celle de The Dark Knight Rises avec cette bonne vieille Gotham transformée en ville fantôme sous la coupe de l’Épouvantail et de ses sbires. Un subterfuge que l’on devine avant tout technique afin « d’alléger » le contenu des rues mais qui n’empêche nullement Batman : Arkham Knight de briller de mille feux tant la pluie nocturne sublime l’ensemble du game design, depuis les différents bâtiments de la ville jusqu’au costard du personnage-titre, aussi ruisselant qu’étincelant et bodybuildé. Car n’oublions pas pour autant à qui nous avons affaire ici : à un super-héros nanti de toute une armada de bat-gadgets comme autant de possibilités de venir à bout des situations a priori les plus inextricables. Et pour ceux qui craindraient de s’y perdre, pas de panique, l’approche est suffisamment didactique pour permettre à tout un chacun de trouver très rapidement ses marques et d’être instantanément grisé par ce Batman : Arkham Knight.

Batman : Arkham Knight

Et l’approche open world du jeu de prendre illico toute sa dimension, laissant ainsi toute latitude au joueur de décider comment sillonner les rues de Gotham (sur terre ou dans les airs), d’étudier la meilleure approche possible pour pénétrer une place forte avant de fondre sur ses ennemis dans un magnifique balai de combos et d’accessoires en tous genres. De tous les joujoux high-tech mis à la disposition de notre justicier masqué, la Batmobile, absente des deux opus précédents et au design là-encore directement inspiré de celui des longs-métrages de Nolan, a (très) souvent été décriée en raison de sa proéminence au sein de l’intrigue. Pour autant, ce fidèle compagnon de longue date du héros a été plutôt habilement intégré au sein de la trame principale. Certains passages auraient certes pu être abordés sans mais on devine bien volontiers derrière cette mise en avant la volonté du studio de rentabiliser le travail abattu pour conceptualiser le véhicule tout en donnant satisfaction aux fans. Des fans qui par ailleurs en auront pour leur argent avec différentes fiches signalétiques plutôt bien foutues de chaque personnage majeur rencontré au cours de l’aventure ou encore la possibilité d’accroitre les capacités du héros à l’aide d’un arbre de compétences. Des augmentations qui nécessiteront toutefois d’acquérir des points d’expériences et, in extenso, de lorgner du côté des objectifs secondaires que proposent Batman : Arkham Knight, prolongeant d’autant le plaisir du jeu.

Batman : Arkham Knight

Des missions alternatives qui, loin d’être anodines, étoffent élégamment une trame principale déjà fort séduisante à elle seule. Car Batman : Arkham Knight ne se résume pas à un superbe écrin fait de « Bam ! Vlan ! » et autres onomatopées bourre-pif dignes de la série 60s suscitée mais présente également, au même titre que la trilogie de Christopher Nolan, une intrigue assez bien ficelée combinant les compétences de fin limier de Batman à une introspection des personnages, tout en noirceur. À ce titre, on notera ici aussi la voix grave du héros, certes pas aussi rocailleuse que celle de son alter ego cinématographique mais néanmoins très basse dans le spectre acoustique, aussi bien en VO qu’en VF puisque le doublage hexagonal n’a rien à envier à la version anglaise. Du haut de ses 76 printemps, à l’heure de faire ses adieux de pixels, Batman n’est jamais apparu aussi élégant et mâture que palpitant à camper.

Batman : Arkham Knight est disponible depuis le 23 juin 2015 sur PlayStation 4, Xbox One et PC.

Pour plus d’informations sur Batman : Arkham Knight, rendez-vous sur www.batmanarkhamknight.com/fr

Testé sur PlayStation 4 à partir d’une version téléchargée
Testé en version : 01.03
Taille occupée sur le disque dur : 52,15Go

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