Les Dents de la mer 2 (Jaws 2)

Les Dents de la mer 2, 3 et 4 : Chronique du naufrage d’un chef-d’œuvre

Alors que Les Dents de la mer est disponible depuis 2012 en Blu-ray et a déjà fait l’objet de diverses rééditions re-packagées (notamment au sein d’un somptueux coffret Steven Spielberg – Director’s Edition paru en novembre 2014), ses trois suites restaient jusqu’à présent inédites sur galette bleutée haute définition. Un mal pour un bien diront sans doute certains eu égard à la qualité artistique déclinante desdites suites mais un mal néanmoins réparé aujourd’hui puisque Universal vient enfin d’éditer les trois opus en question sur le support HD. L’occasion (rêvée ?) de se replonger dans l’une des sagas les plus mythiques des 70s/80s.

Les Dents de la mer : Une date dans l’histoire du Septième Art

On ne vous fera pas l’affront ici-même de revenir en long en large et en travers sur Les Dents de la mer (Jaws, 1975) sinon pour préciser à nouveau qu’à l’époque son réalisateur n’a « que » 29 ans et un seul long-métrage à son actif, Sugarland Express (1974), puisque, pour rappel, Duel (1971) n’avait pas fait l’objet d’un passage sur grand écran outre-Atlantique contrairement à la France où il sortira en 1973. Quarante ans plus tard, le chef-d’œuvre de Steven Spielberg est à jamais inscrit dans l’histoire du Septième Art comme le tout premier blockbuster (estival) hollywoodien. Et pour cause, le film rapportera pas moins de $260M ! Autant dire un véritable tsunami au box-office yankee alors que l’été était jusque-là considéré comme morne-plaine dans les salles obscures. C’est toutefois en se penchant sur ce même box-office nord-américain mais cette fois-ci réactualisé que la performance prend toute son ampleur puisque Les Dents de la mer figure aujourd’hui encore au 7e rang des plus gros succès de tous les temps sur les terres de l’Oncle Sam, à quelques encablures d’un autre giga-carton planétaire signé Steven Spielberg : E.T. l’extra-terrestre. Car non content d’avoir terrorisé les spectateurs américains au cours de l’été 75, ce premier opus aura quasiment doublé la mise à l’international tandis qu’en France, où le film sortira en janvier 76, il constitue toujours à date la 4e meilleure marque du cinéaste avec 6,2M d’entrées, les trois premières marches du podium demeurant l’apanage du petit « E.T. téléphone maison » (1982 – 9,4M d’entrées) suivi de Jurassic Park (1993 – 6,7M d’entrées) et Les Aventuriers de l’Arche Perdue (1981 – 6,4M d’entrées).

Les Dents de la mer au box-office

Les Dents de la mer - Box Office

Les Dents de la mer : Suites et inspirations en tous genres

Méga-succès (surprise) au box-office, chef-d’œuvre cinématographique, sans oublier l’adoubement par ses pairs, le film ayant raflé trois Oscars (Meilleur son, montage et musique) et une quatrième nomination en tant que Meilleur film, Les Dents de la mer ne pouvait donc demeurer une histoire sans suite. Une suite qualifiée « d’obligatoire » par le producteur David Brown dans le making of présent au sein des bonus. Suite il y aura donc. Et même trois, qui verront le jour respectivement en 1978, 1983 et 1987 avec des scores au box-office cette fois-ci en chute libre, chaque nouvel opus voyant peu ou prou ses chiffres divisés par deux par rapport au précédent (même si là encore, David Brown estime qu’engranger la moitié des bénefs du premier film est un succès pour un n°2). Un désintérêt du public à l’image de la décrépitude artistique de la saga ? Assurément. Et la sortie pour la première fois en Blu-ray des trois opus en question de venir réaffirmer, si besoin était, pareille assertion avec un requin-titre qui s’édente au fil du temps, là où le tout premier volet signé Steven Spielberg n’a rien perdu de son mordant et de son pouvoir de terreur avec comme seules armes deux notes de musiques, des plans en vue subjective pour cause de bestiole mécanique (Bruce) défaillante sur le tournage, le regard angoissé / tétanisé des protagonistes et des répliques / scènes entières devenues cultes (« You’re gonna need a bigger boat »). En matière de terreur (aquatique), on n’a toujours pas fait mieux depuis et sa seule séquence d’ouverture de nous hérisser aujourd’hui encore tous les poils du corps en dépit de multiples visionnages. David Brown précise que Spielberg a réalisé le film de requin parfait. On ne pourra que plussoyer à 200%. Ce qui sera de moins en moins le cas au fil des films suivants…

Par-delà l’opus originel et ses suites, c’est surtout la foultitude d’ersatz en tous genres qui pullulent (la plupart du temps sous forme de DTV) qu’a engendré dans son sillage Les Dents de la mer qui démontre à quel point ce coup de maître de Spielberg constitua une date dans l’histoire du Septième Art et ouvrit la voie à plus de 40 ans déjà de fascination pour cette forme de terreur aquatique primaire. Il suffira comme bien souvent à l’aune du 21e siècle d’une rapide recherche sur la toile avec des mots-clés aussi simplistes que « shark movie » pour tomber sur d’interminables listes de rejetons du joyau de Spielberg, depuis les meilleurs prétendants tel que l’excellent Peur bleue (Deep Blue Sea, 1999) signé Renny Harlin jusqu’aux récents Sharknado (déjà 4 films au compteur) dont on ne sait plus très bien s’il faut employer le terme de « série Z » ou de « nanar ». Un joyeux portnawak qui, quelque part, puise ses racines dans la saga des Dents de la mer elle-même.

Les Dents de la Mer en Blu-ray

Les Dents de la mer 2 (Jaws 2) - Packshot Blu-rayLes Dents de la mer 2 de Jeannot Szwarc (1978) – Disponible depuis le 5 juillet 2016

Quatre ans après que le célèbre requin blanc ait terrorisé la station balnéaire d’Amity, une équipe de plongeurs disparaît et leur bateau est retrouvé vide le lendemain de l’inauguration d’un très luxueux complexe hôtelier. Le chef de la police d’Amity, qui souhaiterait faire une enquête, se heurte au Conseil municipal, qui craint les retombées négatives de son initiative.

La carrière de Jeannot Szwarc n’a certes rien de comparable à celle d’un Steven Spielberg mais le réalisateur, né en France et à qui l’on doit également les biens peu glorieux Quelque part dans le temps (1980) et Supergirl (1984), tient sans conteste son plus haut fait d’armes avec Les Dents de la mer 2. Ce deuxième opus ne se hisse certes pas au niveau de son emblématique prédécesseur (quel film du même genre le pourra jamais ?) mais il n’en demeure pas moins une suite plus qu’honorable ; sans doute en partie grâce à la présence aux côtés de Szwarc de plusieurs des participants originels : les producteurs Richard D. Zanuck et David Brown, le compositeur John Williams, sans oublier bien sûr le « Chief Brody » Roy Scheider (appellation par ailleurs assez maladroitement traduite dans les sous-titres qui emploient le terme de « commissaire » là où le doublage français a bien recours au qualificatif de « Chef Brody » ; un petit travers de sous-titrage que l’on trouvait toutefois déjà sur le Blu-ray du premier opus). La première bobine laisse toutefois dubitative puisque, en lieu et place de l’attaque hors-champ lors d’un bain de minuit tragique, Les Dents de la mer 2 s’ouvre avec une double attaque : celle des plongeurs suivi quelques minutes plus tard par une autre, beaucoup plus spectaculaire (et qui servira d’ailleurs d’affiche pour l’exploitation du film) d’une ski-nautiqueuse. Plus explosive et dévoilant bien davantage du tueur aquatique, cette entrée en matière pourrait laisser craindre une escalade de séquences similaires avec force présence du squale et autres gerbes d’hémoglobine (Szwarc précise d’ailleurs dans le making of qu’il le souhaitait alors que tout le monde lui répétait « Ne montres pas le requin ! »). Mais il n’en sera rien. Tout au contraire, la suite reviendra aux fondamentaux avec un climat anxiogène de plus en plus prégnant à mesure que l’on découvre les « nouveaux » personnages qui ont grandis depuis le n°1 (la bande d’ados qui sert de fil rouge narratif) tandis que les anciens revivent le même cauchemar (Brody vs les élus municipaux). En résulte une fois encore une terreur bien présente dès lors que les quelques notes de musique refont surface et que la caméra subjective reprend ses droits tandis que la panique gagne les plaisanciers (cf. ce magnifique plan d’une adolescente tétanisée de peur qui hurle « REQUIN » !).

Si le film en lui-même s’inscrit honorablement dans le sillage de son illustre prédécesseur, le Blu-ray des Dents de la mer 2 n’a lui aussi pas trop à rougir de la comparaison avec celui du premier opus avec un master à la fois très propre et correctement encodé (belles couleurs, bonne définition, DNR peu visible) tandis que côté son la VO DTS-HD Master Audio 2.0 fait très correctement le job comme on dit, à savoir des dialogues limpides, une musique bien présente et une dynamique d’ensemble très convaincante. Sans grande surprise, la VF DTS 2.0 offre un rendu assez nettement en retrait. Côté bonus, cette édition Blu-ray est plutôt à la fête… à condition toutefois de choisir les menus en anglais au lancement du disque pour y accéder, permettant ainsi de faire apparaître l’option « Extras » au sein du menu, ce qui ne sera pas le cas si vous optez pour des menus en français. Allez comprendre ! Autre point dommageable, lesdits bonus sont proposés uniquement avec des sous-titres anglais. Dommageable pour ceux qui ne pipent mot à la langue de Shakespeare. Pour les autres, à vous les différents bonus concoctés par Laurent Bouzereau (datant de 2001) et notamment un excellent making of de 45min ou encore des scènes coupées qui approfondissent les relations entre les personnages mais furent écartées afin de ne point trop rallonger / ralentir le rythme du film. Pour l’anecdote, on trouve également une petite interview du réalisateur qui revient sur la « french joke » du titre français. En effet, afin d’éviter tout jeu de mots plus ou moins douteux, cette suite s’intitule « Les Dents de la mer, 2ème partie » dans l’hexagone et non pas « Les Dents de la mer 2 » (Les Dents de la merde).

Image : 4/5
Son : 3,5/5
Bonus : 3,5/5

Spécifications techniques :
– Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Anglais DTS-HD MA 2.0, Français DTS 2.0
– Sous-titres : Français, Anglais
– Durée : 1h 56min 15s

Bonus (en HD et VOSTA) :
– 4 scènes coupées (4min 41s)
The Making of Jaws 2 (45min 22s)
Jaws 2 : A portrait by actor Keith Gordon (8min 18s)
John Williams : The Music of Jaws 2 (7min 12s)
The « French » Joke (1min 18s)
– 3 storyboards
– 2 bandes-annonces (7min 57s)

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080


Les Dents de la mer 3 (Jaws 3) - Packshot Blu-rayLes Dents de la mer 3 de Joe Alves (1983) – Disponible depuis le 5 juillet 2016

SeaWord est un nouveau parc d’attractions sous-marines qui a couté 35 millions de dollars avec en particulier des galeries en plexiglass, un laboratoire immergé d’où l’on peut voir évoluer des dauphins, des phoques et même des requins. L’un deux, de taille gigantesque s’est échappé le jour de l’inauguration…

La merde, la vraie, a commencé à poindre à la surface du troisième opus. Souhaitant poursuivre plus avant les mésaventures de la famille Brody, l’action des Dents de la mer 3 est cette fois-ci déplacée de la station balnéaire d’Amity à un gigantesque parc d’attraction aquatique (le célèbre SeaWorld de Floride est chaleureusement remercié dans les crédits de fin) au sein duquel vont malencontreusement venir s’échouer un bébé requin et sa big mama. Y’a pas à dire, y’a des gens qui ont la poisse et dans la famille Brody, je demande les fils Sean et Mike (ce dernier étant interprété par un certain Dennis Quaid à la carrière alors encore balbutiante) qui, comme par hasard, bossent dans le parc en question. Si en soit, l’idée de déménager le lieu de l’action et de jouer la surenchère « surprise » du petit requin qui en cache un beaucoup plus gros n’est pas pire qu’une autre, le résultat à l’écran tourne toutefois rapidement court. La faute tout d’abord à un parti-pris technique, celui de la 3D, qui ne fonctionne absolument pas, donnant lieu aujourd’hui encore et a fortiori à l’heure de la haute définition à des plans où les différents trucages apparaissent plus artificiels (pour ne pas dire risibles) que jamais : une tête de poisson en ouverture ou encore un bras tranché quelques minutes plus tard (cf. nos captures ci-dessous). La faute ensuite, conséquence plus ou moins directe de ce parti-pris technique, à un film qui ne cherche plus tant à terroriser qu’à divertir les foules à grand renfort d’effets 3D au travers de séquences déjà vues dans les deux premiers opus. Ajoutez-y un beau-gosse intrépide à la barbe de trois jours (Simon MacCorkindale, connu à la même époque pour son rôle de Jonathan Chase dans la série Manimal), un boss pour lequel les bénéfices du parc passent avant toutes autres considérations (Louis Gossett Jr.), soit de pâles copies des personnages interprétés par Robert Shaw et Murray Hamilton (le maire d’Amity) dans le n°1, et vous obtenez la parfaite petite suite qui prend l’eau de partout (à l’image des vacanciers coincés dans le musée aquatique) et où tous les intervenants des deux premiers opus, sentant le vent venir, ont préféré quitter le navire avant qu’il ne sombre. À la barre de ce bateau en perdition, on trouve Joe Alves, production designer sur les deux précédents opus dont la carrière de réalisateur s’arrêtera à cette seule et unique incursion. Mais qu’importe puisque le spectacle est roi et qu’à la fin, le grand méchant requin explose (encore) et ses restes jaillissent dans un grand moment de fou-rires tandis que le couple de gentils dauphins s’en sort indemne. Fin du spectacle. SeaWorld vous remercie. En conclusion du making of des Dents de la mer 2, les producteurs Richard D. Zanuck et David Brown précisent qu’ils avaient eu une idée pour un troisième opus : une gigantesque parodie (« spoof » en anglais), croisement entre le n°1 et le n°2. Sans surprise, le studio Universal rejeta le concept. Quelque part, Les Dents de la mer 3 est (involontairement) parvenu au résultat initialement évoqué par Zanuck et Brown.

Non content d’être artistiquement en chute libre, Les Dents de la mer 3 se retrouve de surcroît affublé d’une édition Blu-ray elle aussi de piètre qualité. Le problème ne vient pas tant des pistes sonores, au rendu identique au second volet, ni des bonus qui se réduisent à une bande-annonce (uniquement accessible là encore en optant pour le choix de menu en anglais au lancement du disque) mais bel et bien de la partie vidéo. Propre en apparence, le master est en revanche constellé quasiment sans discontinuer d’un bruit vidéo à faire passer une VHS pour une image raffinée. Ajoutez-y une définition et des couleurs tout justes acceptables et vous obtenez un rendu HD qui pique les yeux. Un constat qui découle sans doute du tournage 3D à la base via le procédé dit « Arrivision 3-D ». On se dit alors que la version 3D du film (également disponible en plus de la version 2D) va offrir un rendu de meilleure qualité. Que nenni ! En cause cette fois-ci : le ghosting ! Dès l’ouverture, le dédoublement de cette même tête de poisson ou encore du lettrage du titre pique encore bien davantage les yeux. Et l’auteur de ses lignes, dont c’était là le tout premier test d’un Blu-ray 3D avec le matos qui sert aux tests des Blu-ray 4K Ultra HD, de se dire alors qu’il doit prendre rendez-vous chez son ophtalmo ou bien que ledit matos est défaillant. Pour en avoir le cœur net, direction le Blu-ray 3D de Titanic, le film de Cameron n’ayant certes pas été tourné en 3D native mais étant réputé comme l’une des toutes meilleures post-conversions qui soit (je confirme pour l’avoir revu en salles au moment de la ressortie 3D en 2012). Et là, pas le moindre problème de ghosting, l’image de Titanic affiche une magnifique profondeur de champ de tous les instants. Retour donc aux Dents de la mer 3 pour constater à nouveau que, dès lors que des effets 3D plus proéminents que d’autres surviennent à l’écran (autant dire la quasi-totalité des séquences aquatiques), c’est reparti pour une nouvelle séance de ghosting particulièrement prononcée. Autant dire qu’à ce tarif-là, on souhaite bien du plaisir à ceux qui voudront regarder les 95min du film en 3D. Un furieux mal de crâne les attend à l’arrivée.

Image : 1,5/5
Image 3D : 1,5/5
Son : 3,5/5
Bonus : 1/5

Spécifications techniques :
– Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Anglais DTS-HD MA 2.0, Français DTS 2.0
– Sous-titres : Français, Anglais
– Durée : 1h 38min 20s

Bonus (en HD et VOSTA) :
– Le film en version 3D
– Bande-annonce (1min 23s)

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080


Les Dents de la mer 4 (Jaws 4) - Packshot Blu-rayLes Dents de la mer 4 – La Revanche de Joseph Sargent (1987) – Disponible depuis le 5 juillet 2016

La petite station balnéaire d’Amity a retrouvé son calme depuis quelques années. L’un des fils d’Ellen, la veuve du shérif a repris le poste de son père et, alors que plus personne ne croyait à la malédiction du grand requin blanc, celui-ci est attaqué et dévoré par un nouveau monstre. Ellen est persuadée que le requin en veut à sa famille…

Tous ceux qui n’auraient pas encore abdiqué devant la « terreur en trois dimensions » annoncée dans la bande-annonce du troisième volet pourront toujours affronter ce quatrième opus dont le titre (La Revanche), le pitch ci-dessus ou encore le trailer « This time, it’s personal ! » donne définitivement le LA d’un ultime opus qui flirte de plus en plus dangereusement avec le nanar en puissance. Passe encore que le requin-tueur s’aventure dans les Caraïbes, alors que les protagonistes eux-mêmes, spécialistes es faune aquatique, annoncent que les eaux y sont trop chaudes pour ces prédateurs. Passe encore que le squale s’en prenne spécifiquement aux membres de la famille Brody tel un chien de chasse traquant des proies bien spécifiques, à commencer par le fils cadet dès la séquence d’ouverture. Mais tout ceci débouche rapidement sur des personnages et des situations archétypales, au mieux d’un ennui poli, au pire d’un ridicule à tout le moins involontaire sinon pathétique. Ce quatrième opus tente bien le grand écart entre l’humour (le comique black de service campé par Mario Van Peebles) et un travail de deuil en la personne de la veuve du Chief Brody, Ellen (Lorraine Gary, de retour à l’écran après 8 ans d’absence et qui tira définitivement sa révérence après cette ultime apparition), qui va tenter de trouver le réconfort aux côtés de Michael Caine qui tient ici le rôle du vieux-beau baroudeur mais le résultat à l’écran se regarde du même œil torve dont le requin-titre toise Van Peebles en passant à côté de son submersible. Et ce ne sont certainement pas les différents parallèles que tentent de tirer le film avec le premier opus qui arrangent les choses au travers des différents flashbacks du Chief Brody. L’ensemble est dénué de tout élément de surprise, le requin, montré à outrance, n’effraie plus personne et Joseph Sargent qui avait pourtant fait ses gammes sur des séries « mythiques » dans les années 60 (Lassie, Des agents très spéciaux, Les Envahisseurs), ne peut rien pour empêcher le naufrage final de survenir au terme d’une conclusion qui culmine dans un grand moment de portnawak : un bidouillage qui fait « bondir » le squale hors de l’eau pour mieux l’éperonner avant d’exploser une ultime fois. Pourquoi explose-t-il ? Mystère ! La fin alternative, moins explosive, eut été plus plausible, toutes proportions gardées. Mais parvenu à ce stade, on ne cherche plus vraiment à rationaliser et on n’est pas mécontent que les aventures du requin-tueur se soient arrêtées là et que personne n’ait eu la mauvaise idée de poursuivre plus avant une saga qui venait alors de toucher le fond.

Le Blu-ray des Dents de la mer 4 s’en sort quant à lui beaucoup plus honorablement que le film. Les bonus sont certes rachitiques avec la fin alternative évoquée ci-dessus et une bande-annonce, toutes deux accessibles une fois encore en optant pour le choix de menu en anglais au lancement du disque, mais l’image s’en sort nettement mieux que le troisième opus tout en se situant malgré tout un cran en deçà du deuxième. À savoir un master propre mais une définition et des couleurs en dents de scie (ouarf ouarf !!!/ NDSG) ponctué çà et là par un bruit vidéo plus ou moins prononcé. Quant à la partie sonore, la VO DTS-HD Master Audio 5.1 (le seul des trois films à proposer un mix 5.1) offre certes un surcroit de puissance et de basses fréquences mais au prix d’une spatialisation des effets au niveau des surround qui sonne par trop artificielle. Quant à la VF DTS 2.0, le résultat est en phase avec les deux autres titres, à savoir très correct mais forcément en retrait par rapport à la VO.

Image : 3,5/5
Son : 3/5
Bonus : 0,5/5

Spécifications techniques :
– Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Anglais DTS-HD MA 5.1, Français DTS 2.0
– Sous-titres : Français, Anglais
– Durée : 1h 30min 10s

Bonus (en HD et VOSTA) :
– Fin alternative (3min 42s, VO)
– Bande-annonce (1min 06s)

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

3 réflexions sur « Les Dents de la mer 2, 3 et 4 : Chronique du naufrage d’un chef-d’œuvre »

  1. THE HEPHAESTUS PLAGUE [Bugs / Les Insectes de feu] (USA 1975) et JAWS 2 (USA 1978) sont les deux films majeurs de la filmographie de Jeannot Szwarc. Ils ressortent tous les deux du cinéma fantastique d’horreur et d’épouvante.
    J.S. était venu présenter THE HEPHAESTUS PLAGUE au Palais des Congrès en 1975, projeté en avant-première d’une convention du cinéma fantastique qui ne se tenait plus au Palace et pas encore au Rex. Il faudrait vraiment que ce très grand film fantastique, produit par William Castle à une époque où Castle était devenu très ambitieux (il avait produit ROSEMARY’S BABY en 1968) soit un jour réédité en HD chez nous dans une édition à sa mesure.
    J.S., comme Joseph Sargent, avait d’abord travaillé sur des séries TV devenues classiques aujourd’hui.

    Concernant JAWS 3, Joe Alves est un technicien honorable, les effets spéciaux 3D étaient très spectaculaires et réussis sur très grand écran : j’avais vu le film sur les Champs à sa sortie en exclusivité et le public y réagissait très bien. Sur petit écran, c’est autre chose… le rapport n’est plus du tout le même. Et si techniquement la mastérisation ne suit pas, alors… quant au scénario, je l’ai déjà écrit plusieurs fois, il reprend l’argument de celui du GORGO d’Eugène Lourié, autre grand cinéaste français qui donna quelques films majeurs au cinéma fantastique américain.

    Concernant JAWS 4, j’ai vu le film en salle à sa sortie : on en attendait beaucoup car on savait Joseph Sargent capable de bonnes choses (LE CERVEAU D’ACIER [The Forbin Project], NIGHTMARES [En plein cauchemar]) mais la déception fut rude.

  2. Je suis un très grand fan de JAWS et aucun film ne pourra rivaliser avec lui
    Cependant Deep Blue Sea (Peur Bleue in french) n’est pas aussi bon que vous le dites; on va dire qu’il est un petit cran au dessus des nanars avec ces requins peu crédibles
    Je pense plutôt à The Reef et à Open Water qui distillent tous les 2 un beau suspens et une belle angoisse
    Et maintenant en 2016 instinct de Survie avec Black Lily est également très prenant

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