Les Copains (Yves Robert) - Blu-ray

Collection Blu-ray Gaumont Découverte – Vague n°11 (Novembre 2015)

Pour sa onzième et dernière vague Blu-ray Gaumont Découverte de 2015, l’éditeur à la marguerite a réuni les usual suspects de cette collection : Yves Robert, Edouard Molinaro, Henri Verneuil ou encore Michel Audiard. De quoi passer l’hiver au chaud et en bonne compagnie…

Mais commençons si vous le voulez bien par le tout-venant, à savoir le duo Un caprice de Caroline chérie (1953) / Le Fils de Caroline chérie (1955). Le premier opus, Caroline chérie (1951), étant déjà disponible en Blu-ray depuis 2013, ce n’était donc qu’une question de temps avant que l’éditeur ne sorte les deux suivants. En dépit d’entrées en berne au fil des épisodes avec respectivement 3,6M, 2,8M et 1,6M d’entrées en salles, les trois films n’en furent pas moins des succès incontestables à l’époque que l’on peut en partie attribuer à l’appétence du public pour les longs-métrages en costumes. Le premier se déroule en effet en pleine Révolution Française tandis que le second a pour cadre la campagne d’Italie de Napoléon Bonaparte. Sans oublier bien entendu l’attraction que représentait l’immense star de l’époque qu’était Martine Carol dans la peau de ce personnage mi-érotique, mi-libertine dont on peut d’ailleurs apercevoir la ravissante poitrine une fraction de seconde lors d’une scène de bain dans un… coquillage géant. Quoi de plus normal après tout pour des films adaptés de romans de Cécile St Laurent dont le principal vecteur était le sexe. Et Gérard Bonal de qualifier ainsi Le Fils de Caroline chérie de « Autant en emporte le vent sexué ». Un film dans lequel ladite Caroline n’apparaît d’ailleurs même plus sinon au travers de portraits accrochés aux murs et autres médaillons. Et pour cause, Martine Carol ne voulait plus reprendre un rôle qui « lui collait à la peau ».

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Un caprice de Caroline Chérie - Blu-ray Gaumont Découverte

Ce n’est donc pas vraiment un hasard si les présentations offertes en guise de suppléments s’articulent davantage sur la comédienne, et plus spécifiquement sur l’un de ses rôles les plus emblématiques : celui de Lola Montès dans le film éponyme de Max Ophüls (sorti en Blu-ray chez Gaumont en même temps que Caroline chérie). Soit un long-métrage au budget conséquent pour l’époque, cuisant échec commercial imputé en partie à la comédienne puisque certains, ne sachant trop s’il fallait classer le film dans la catégorie des chefs d’œuvre ratés ou réussis, considérèrent le choix de Martine Carol comme une erreur de casting. Un film qui marquera également la chute de l’actrice, bientôt remplacée dans le cœur du public par la nouvelle icône de toute une génération : une certaine Brigitte Bardot (qui tient d’ailleurs le rôle de Pilar dans Le Fils de Caroline chérie) qui sera révélée pour de bon dans Et Dieu créa la femme (1956). C’est bien beau tout ça mais quid des deux films Caroline chérie proposés dans cette nouvelle vague Blu-ray Gaumont Découverte nous direz-vous ? Et bien disons que l’emballage en Technicolor est certes soigné, comme le souligne Jean-Claude Missiaen dans les bonus. Pour le reste, il ne sera pas interdit de préférer la saga des Angélique en matière de divertissement romancé en froufrous. D’ailleurs, Jean-Claude Pascal qui interprète Livio dans Un caprice de Caroline chérie et le fils de Caroline chérie dans le film du même nom tiendra le rôle de Osman Ferradji dans Angélique et le sultan (1968).

Le Fils de Caroline Chérie - Blu-ray Gaumont Découverte

Exit les fanfreluches en Technicolor et place à un bon (vieux) polar en noir et blanc avec Le Dos au mur (1958). Soit le tout premier long-métrage réalisé par Edouard Molinaro qui, dans les archives audio datant de 1999 proposées en guise de suppléments, admet avec humilité et modestie avoir réalisé des films pour des raisons bassement financières au cours de sa carrière mais également en avoir réalisé de mauvais. Reconnaissant une forte influence pour les œuvres américaines de Jules Dassin ou encore celles de John Huston, ce premier long de Molinaro est loin de faire partie de cette dernière catégorie tant Le Dos au mur est une petite merveille de suspense qui parvint à trouver son public (1M d’entrées en salles à l’époque). Gérard Oury (qui n’était pas encore le réalisateur de classiques de la comédie populaire qu’il deviendra par la suite) y tient le rôle d’un chef d’entreprise cocufié par sa femme interprétée par Jeanne Moreau (qui n’avait pas encore la voix cassée qu’on lui connaîtra ensuite). Sachant que le film s’ouvre sur le corps de l’amant que le mari va tenter de faire disparaître en le coulant dans le ciment avant que le scénario n’opère un flashback pour revenir au tout début des événements, en découle alors un savoureux récit à mi-chemin entre polar et chronique de mœurs, le tout servi par une interprétation, des dialogues et une mise en scène au cordeau dont l’intensité nous tient en haleine jusqu’à la toute dernière minute.

Le Dos au mur (Édouard Molinaro) - Blu-ray Gaumont Découverte

Si rétrospectivement, on verrait plus volontiers Henri Verneuil aux commandes d’un thriller comme Le Dos au mur et Edouard Molinaro à la réalisation d’une satire sociale comme Les Lions sont lâchés (1961), c’est pourtant l’inverse qui se produit au sein de cette onzième vague Blu-ray Gaumont Découverte. Soit un trio bien connu du paysage cinématographique hexagonal de l’époque : Henri Verneuil, Lino Ventura et Michel Audiard pour un film « au féminin » avec cette histoire d’une petite provinciale bordelaise montée à la capitale pour découvrir la « grande vie » et qui remporta un franc succès (2M d’entrées en salles à l’époque). Comme précisé en bonus, Verneuil, en excellent technicien, emballa un « bon produit français » qui porte avant tout la patte d’Audiard qui, détestant le Tout-Paris de l’époque, signe une œuvre foncièrement anti-parisianiste ponctuée de situations et de dialogues avec la verve qu’on lui connaît. Et quitte à ne pas faire dans la demi-mesure dans ce portrait au vitriol du microcosme parisien qui, un demi-siècle plus tard, demeure toujours aussi pertinent dans sa peinture d’individus aussi égocentriques que narquois, Audiard offre à Lino Ventura un rôle de séducteur à contre-emploi qu’il pousse aussi loin que possible dans la caricature. On apprend ainsi que certains passages avec ce personnage ont été coupés en raison de dialogues jugés trop « revigorants ». Les Lions sont lâchés sera également le film qui réunira à l’écran les deux stars féminines de l’époque que sont Michelle Morgan et Danielle Darrieux, cette dernière ayant par ailleurs droit au personnage le plus « dialogué » de tous, bien davantage que Claudia Cardinale et son joli minois qui « subit » plus qu’autre chose les évènements de la capitale.

Les Lions sont lâchés - Blu-ray Gaumont Découverte

Les événements, les trublions de Les Copains (1965) vont pour leur part les provoquer dans cette farce qui entend saper les fondements de la société que sont l’état, l’armée et la religion. Soit une curiosité aux dires de Jérôme Tonnerre, ami et biographe d’Yves Robert, de la part d’un cinéaste, homme du peuple qui s’est fait tout seul, que de vouloir adapter un roman des années 1910 qui traite d’étudiants de Normal Sup. Une adaptation difficile que le bonhomme compare à celle de Zazie dans le métro (également avec Philippe Noiret à l’affiche) et qui sera écrite à deux en compagnie de François Boyer avec qui Yves Robert avait déjà travaillé sur La Guerre des boutons et Bébert et l’omnibus. Et si certaines scènes ou certains personnages (Guy Bedos) se retrouveront par la suite dans Alexandre le bienheureux ou encore Un éléphant, ça trompe énormément, il ressort avant tout de ces Copains une inclinaison toute particulière de la part du cinéaste pour les « films de bande » ; à l’image de ce générique d’ouverture en forme de portraits individuels accompagné par la mythique chanson de George Brassens : Les Copains d’abord. Mais plus que tout, c’est cette nonchalance, cette désinvolture et ce désir de croquer la vie (et la bonne chair) à pleines dents qui ressort au détour de chaque scène comme trait commun de la filmo d’Yves Robert. De surcroît, le cinéaste n’a pas son pareil pour nous concocter certains passages littéralement à pleurer de rires, tel ce prêche de Noiret enjouant les paroissiens à la fornication. Les bonus ne précisent pas si de tels ébats eurent lieu en salles où le film attira quelques 1,3M de spectateurs à l’époque.

Les Copains (Yves Robert) - Blu-ray Gaumont Découverte

Des bonus qui, à défaut d’être pléthoriques, ont à tout le moins le mérite d’exister puisque, fidèle à ses habitudes pour ses titres de la collection Blu-ray Gaumont Découverte, l’éditeur s’est fendu pour chacun des films d’une petite présentation en bonne et due forme d’une dizaine de minutes environ. Soit l’occasion à chaque fois de brosser les grandes lignes, tantôt au travers du réalisateur, tantôt de l’un des comédiens, etc. Techniquement parlant, la Gaumont a, comme toujours, effectué un impressionnant boulot de restauration image et son. En découlent des masters audio et vidéo exempts de toutes aspérités susceptibles de venir troubler le plaisir de la (re)découverte en Blu-ray. L’unique piste française en DTS-HD Master Audio 2.0 mono laisse ainsi entendre des bandes son d’une grande limpidité sans qu’il soit le moins du monde requit de tendre l’oreille ou bien de pousser le volume de l’ampli. Du côté de l’image, on appréciera une fois de plus l’accent mis sur la saturation des couleurs dans le cas des deux Caroline chérie au Technicolor vraiment resplendissant tandis que les trois autres films en noir et blanc laissent apparaître une gestion des contrastes plus de probante couplée à des noirs rarement bouchés. En revanche, on demeurera davantage dubitatif quant au dégrainage plus ou moins abrasif opéré sur certains titres, voire même certaines scènes où les visages des personnages apparaissent alors pour le moins « cireux » (cf. ce gros plan de Jean-Claude Pascal).

Rendez-vous en 2016 pour la suite des pérégrinations HD au cœur du formidable patrimoine cinématographique hexagonal…

Collection Blu-ray Gaumont Découverte – Vague n°11

Éditeur : Gaumont Vidéo
Date de sortie : 25 novembre 2015

Un caprice de Caroline Chérie (1953)
Spécifications techniques :
– Image : 1.33:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Français DTS-HD Master Audio 2.0 mono
– Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
– Durée : 1h 45min 09s

Bonus (en HD) :
– Martine Carol, l’échappée belle par Jean-Claude Missiaen (10min 15s)

Captures Blu-ray – Un caprice de Caroline Chérie

Un caprice de Caroline Chérie - Packshot Blu-ray Gaumont Découverte

Le Fils de Caroline Chérie (1955)
Spécifications techniques :
– Image : 1.33:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Français DTS-HD Master Audio 2.0 mono
– Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
– Durée : 1h 48min 48s

Bonus (en HD) :
– Présentation du film par Gérard Bonal (9min 57s)
– Bande-annonce (3min 37s)

Captures Blu-ray – Le Fils de Caroline Chérie

Le Fils de Caroline Chérie - Packshot Blu-ray Gaumont Découverte

Le Dos au mur (1958)
Spécifications techniques :
– Image : 1.33:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Français DTS-HD Master Audio 2.0 mono
– Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
– Durée : 1h 34min 26s

Bonus (en HD) :
– Réflexions sur le cinéma par Édouard Molinaro (10min 18s)
– Bande-annonce (2min 48s)

Captures Blu-ray – Le Dos au mur

Le Dos au mur (Édouard Molinaro) - Packshot Blu-ray Gaumont Découverte

Les Lions sont lâchés (1961)
Spécifications techniques :
– Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Français DTS-HD Master Audio 2.0 mono
– Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
– Durée : 1h 37min 46s

Bonus (en HD) :
– Présentation du film par Philippe Durant (10min 33s)
– Bande-annonce (3min 35s)

Captures Blu-ray – Les lions sont lâchés

Les Lions sont lâchés - Packshot Blu-ray Gaumont Découverte

Les Copains (1965)
Spécifications techniques :
– Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Français DTS-HD Master Audio 2.0 mono
– Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
– Durée : 1h 34min 53s

Bonus (en HD) :
– À propos du film Les Copains (12min 25s)
– Bande-annonce (3min 46s)

Captures Blu-ray – Les Copains

Les Copains (Yves Robert) - Packshot Blu-ray Gaumont Découverte

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