Rosalie Blum

Rosalie Blum : Quand mon cœur fait Blum !

Lorsque la bande-annonce d’un film (cf. en fin d’article) débute avec les avis à chaud (forcément partiaux) à la sortie des avant-premières, la prudence est de mise. Quand de surcroît, l’affiche laisse apparaître le passage par moult festivals, on se dit que voilà une deuxième béquille marketing bien branlante. En fait, ce qui a piqué notre curiosité ici est qu’il s’agit d’un premier long où il est question de tomber amoureux de Noémie Lvovsky. Le truc improbable en soi. Grand bien nous en a pris car sitôt passées les premières minutes, les réticences originelles cèdent peu à peu la place à un enthousiasme des plus sincères.

Rosalie Blum - Affiche

Sincérité est d’ailleurs sans doute le qualificatif qui sied le mieux à ce Rosalie Blum, premier long-métrage donc d’un certain Julien Rappeneau, fils de l’illustre Jean-Paul Rappeneau que l’on ne présente plus. Comme le disent deux célèbres dictons populaires : « la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre » ou encore « les chiens ne font pas des chats ». Pour autant, Julien n’est pas un bleu dans la profession, loin s’en faut puisque sa filmographie comporte déjà pas moins d’une quinzaine de longs-métrages en tant que co-scénariste : de la comédie potache (Qui a tué Pamela Rose ?), de la comédie populaire (Faubourg 36), du biopic (Cloclo), du polar (36 quai des orfèvres), de l’adaptation de bande-dessinée (Largo Winch), de l’histoire vraie (le récent Au nom de ma fille), sans oublier bien sûr deux longs-métrages aux côtés de papa (Bon voyage et Belles familles).

Autant de collaborations au cours des quinze dernières années qui ont fourni à Julien Rappeneau le terreau nécessaire en vue d’adapter au cinéma la bande-dessinée de Camille Jourdy. Car il y a un peu de toutes ces influences au sein de son Rosalie Blum : de la comédie, une pointe de mélodrame, un soupçon de polar mais avant tout et surtout de grosses tranches de vie qui fleurent bon le vécu, le sincère de bout en bout. Si de prime abord la construction scénaristique en trois actes (une pour chacun des personnages principaux) peut paraître classique sinon prétexte à entretenir le mystère, la finesse d’écriture combinée à la sensibilité de la mise en scène et de la direction d’acteurs permet tout au contraire de pénétrer peu à peu dans l’intimité de chacun pour aller ainsi au-delà des apparences (souvent trompeuses comme chacun le sait) mais aussi, in fine, former un tout d’une grande cohérence. À ce petit jeu de cache-cache dans les ruelles d’une ville de province, Noémie Lvovsky dans le rôle-titre, Kyan Khojandi dans celui de Vincent, le suiveur de Rosalie, intrigué à l’idée de l’avoir déjà rencontré, et Alice Isaaz dans celui d’Aude qui va prendre Vincent en filature à la demande de sa tante, Rosalie donc, elle-même intriguée par les motivations de son suiveur, font tout autant merveilles que le scénario, la mise en scène, les dialogues ou encore la musique. Celle-ci marque les esprits puisqu’elle est tour à tour enjouée et mélancolique sans pour autant jamais verser dans le larmoyant. Elle est au demeurant signée Martin Rappeneau, frère de Julien.

Chez les Rappeneau, on aime visiblement travailler en famille. Et ça tombe plutôt bien car les liens et autres dysfonctionnements familiaux sont également au cœur de Rosalie Blum. De ces sempiternels complexes d’Œdipe, cordons qu’on ne parvient jamais vraiment à couper, relations en froid avec ses parents / frères / sœurs que l’on remplace alors par des liens de substitution avec d’autres membres de sa famille (tante, cousin) ou bien des amis. De ce portrait croisé de trois individus, de prime abord au creux de la vague, bloqués qu’ils sont depuis des années dans leur petit train-train quotidien sans réelle joie de vivre, Rosalie Blum nous convie peu à peu, aux détours de scènes tantôt drôles, touchantes ou féeriques à aller de l’avant, à oser pour, précisément, renouer avec cette joie de vivre perdue quelque part dans les limbes du passé. On en ressort le cœur léger, le sourire en coin et la larmichette à l’œil, prêt nous aussi à couper le cordon qui nous retient pour laisser désormais le vent nous porter au loin. Rosalie Blum ou le meilleur remède de 2016 face à la sinistrose ambiante…

Rosalie Blum de Julien Rappeneau – 1h35 (SND)

Résumé : Vincent Machot connaît sa vie par cœur. Il la partage entre son salon de coiffure, son cousin, son chat, et sa mère bien trop envahissante. Mais la vie réserve parfois des surprises, même aux plus prudents… Il croise par hasard Rosalie Blum, une femme mystérieuse et solitaire, qu’il est convaincu d’avoir déjà rencontrée. Mais où ? Intrigué, il se décide à la suivre partout, dans l’espoir d’en savoir plus. Il ne se doute pas que cette filature va l’entraîner dans une aventure pleine d’imprévus où il découvrira des personnages aussi fantasques qu’attachants. Une chose est sûre : la vie de Vincent Machot va changer…

Note : 4/5

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