Grave (2016) de Julia Ducournau

Fiche film : Grave

« Ma mère est gynécologue, mon père, dermatologue et j’ai une grande sœur. Je sais, ça explique tout ! Pour autant, mes personnages ne ressemblent pas à ma famille. Depuis toute petite, j’ai entendu mes parents parler de médecine, sans tabou. C’était leur quotidien. J’avais mon nez fourré dans leurs livres. Je me souviens d’une photo d’un petit lépreux dont l’oreille a été recollée à l’aide de sangsues ! Cela a eu un double effet sur moi : si la mort, la décomposition étaient normalisées, je suis devenue hypocondriaque. J’ai beaucoup fantasmé sur la maladie. J’ai vu mon premier film d’horreur par hasard à 6 ans. Mes parents n’étaient bien-sûr pas au courant. J’ai réalisé plus tard que c’était Massacre à la tronçonneuse. J’étais intriguée, pas du tout effrayée, comme préparée à cette imagerie. En plus Leatherface y est montré comme un artiste dans son musée des horreurs, donc qui sait… ? Et puis ma mère est très féministe. Du fait de son métier, elle m’a inculqué son intérêt pour les trajectoires de femmes, le sens de la solidarité, et m’a souvent répété qu’il n’y a rien qu’un homme fasse qu’une femme ne puisse pas faire » – Julia Ducournau, scénariste / réalisatrice de Grave

Grave (2016)

Réalisateur : Julia Ducournau
Acteurs : Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella, Joana Preiss, Laurent Lucas, Bouli Lanners, Marion Vernoux
Durée : 1h38
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Sortie en salles : 15 mars 2017

Résumé : Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur aînée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.

Articles / Liens :

  • Avis express : Auréolé de critiques dithyrambiques depuis sa toute première présentation à Cannes en mai 2016 à la Semaine de la critique suivi d’une tournée internationale de tous les festivals (fantastiques ou non) parmi les plus courus de la planète (Toronto, Sundance, etc.) venu gonfler encore un peu plus la hype autour du film, Grave est finalement sorti dans les salles françaises en mars 2017. L’inconvénient d’aller découvrir un long-métrage porté par un tel battage médiatique après des semaines d’hésitation (j’y vais ou j’y vais pas ?), c’est que l’on s’attend forcément à se prendre une gigantesque baffe cinématographique en pleine gueule. De celle qui ne survient qu’une fois toutes les X années dans la vie d’un cinéphile. Et forcément avec elle, une certaine forme de déception. Dans le cas présent, ce seront les séquences estudiantines, à mi-chemin entre bizutage, débauche et beuverie qui pourront ne pas être du goût de tous. Pour autant, celles-ci n’en jouent pas moins le rôle-clé de catalyseurs dans la transformation progressive de l’héroïne (étourdissante Garance Marillier mais aussi sa sœur interprétée par Ella Rumpf) pour donner naissance à un film d’une incroyable maestria tant sur le fond que sur la forme dont on ressort abasourdi et qui ne sera pas sans rappeler, au hasard, le dernier électrochoc du genre venu des pays scandinaves : le Morse (2008) de Tomas Alfredson. Une (petite) baffe de ce genre tous les dix ans, ce n’est déjà pas si mal et surtout particulièrement vivifiant au sein d’un paysage cinématographique hexagonal sclérosé dans ses comédies (romantiques) populaires et autres films dit arty. 3,5/5 – SA
  • La chronique DVD / Blu-ray : Un combo Blu-ray/DVD est disponible depuis le 26 juillet 2017 chez Wild Side Video
  • Box-office : Un cumul de 155 264 entrées sur 79 copies dès la 1ère semaine pour monter à 135 copies en 5ème semaine. Soit une sortie honorable compte tenu du pedigree du film mais somme toute un tantinet décevant compte tenu du buzz entretenu par les médias depuis son premier passage à Cannes. La France du cinéma adore le cinéma déviant mais quand il n’est pas français.

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