Halo 5 : Guardians (Xbox One)

Halo 5 : Guardians : Engagez-vous maintenant !

C’est sans l’ombre d’un doute l’exclusivité Xbox One la plus attendue depuis le lancement de la next gen de Microsoft en novembre 2013, celle à même de démontrer toute la puissance de la console et d’en faire vendre des porte-containers entiers afin d’espérer rattraper le retard sur sa grande rivale : la PlayStation 4 de Sony. Sur le champ de bataille, Halo 5 : Guardians se montre-t-il à la hauteur des espoirs placés en lui ?

Halo 5 : Guardians : Il y a bien longtemps…

L’histoire de Halo est étroitement liée à celle de Microsoft et de ses consoles de salon. Et pour cause, Halo vit le jour en même temps que la naissance de la toute première Xbox en novembre 2001. Fruit de l’imaginaire de Bungie, studio versé dans le FPS (les séries Marathon et Myth dans les années 90) tout autant que dans la science-fiction (comme nous le confiait encore récemment Jesse van Dijk, lead concept artist sur Destiny), Halo n’a, de prime abord, rien de transcendant puisque s’inscrivant dans le sillage de décennies de romans, séries et autres longs-métrages de SF alien. Jugez plutôt : au 26ème siècle, l’être humain, qui maîtrise désormais la conquête spatiale, entre en contact avec des extra-terrestres dénommés Covenants. Considérant l’espèce humaine comme une race inférieure, ces derniers décident alors de les anéantir purement et simplement. L’intrigue de Halo ne sera pas sans rappeler, au hasard, un certain Étoiles, garde-à-vous !, l’excellent roman dit de « SF militaire » signé Robert A. Heinlein, qui sera adapté au cinéma sous son titre original, Starship Troopers, chef d’œuvre antimilitariste mésestimé et incompris à sa sortie, réalisé par un Paul Verhoeven qui n’a jamais été aussi bon qu’ici. Sans pour autant atteindre, loin s’en faut, la portée métaphorique de ses mentors littéraires et cinématographiques, Halo, de par son gameplay, son histoire et son univers, est instantanément intronisé comme un jeu culte avant de devenir une franchise au long cours, porte-étendard des consoles de Microsoft dont l’aura dépassera bien vite le seul carcan du « petit monde vidéoludique ».

Halo 5 : Guardians (Xbox One)

Les suites s’enfilent alors comme des perles : Halo 2 sur Xbox en 2004 puis Halo 3 et 4 sur Xbox 360 en 2007 et 2012, sans oublier les jeux dérivés (Halo Wars en 2009) et autres préquelles (Halo Reach en 2010) tandis que les romans, comics et séries animées déferlent eux-aussi en parallèle. Aujourd’hui, il suffit simplement de faire écouter les premières notes du thème principal ou bien de dévoiler un morceau de casque du Master Chief pour que les fans entrent aussitôt en transe. Un peu le même genre de réaction épidermique que de faire entendre les premières notes composées par John Williams ou bien de montrer le casque de Dark Vador à un fan de Star Wars. Ce n’est donc ni un hasard ni une coïncidence si, en juin 2013, au moment-même où Microsoft dévoilait sa toute nouvelle Xbox One, était également annoncé un tout nouveau Halo où l’on ne voyait, là encore, que le casque du fameux Master Chief, pour une sortie prévue en 2014. Dans l’entrefaite, Bungie ayant décidé de prendre ses distances avec la saga, Microsoft mit donc sur pied dès 2007 un tout nouveau studio, 343 Industries, entièrement dévolu à la cause Halo. Ne pouvant tenir la date initialement annoncée, 343 Industries offrira donc aux fans de quoi patienter encore un peu : Halo : The Master Chief Collection. Sortie en novembre 2014, cette giga compilation remasterisée des quatre premiers volets aura, au même titre qu’un certain Assassin’s Creed Unity, fait couler beaucoup d’encre en raison de ses innombrables bugs, corrigés à grand renfort de patchs successifs dans les semaines / mois qui suivirent (à date, le patch correctif pèse la bagatelle de 19Go à télécharger !) tandis que la boss du studio, Bonnie Ross, fera son grand mea culpa auprès des joueurs.

De surcroît, depuis son lancement en novembre 2013, la Xbox One est très largement distancée en termes de ventes par sa rivale : la PlayStation 4. Un retard qui s’explique par un certain nombre de décisions peu opportunes lors de la présentation de la console en juin 2013 : tarif plus élevé, connexion internet obligatoire, impossibilité de revendre ses jeux sur le marché de l’occasion, etc. Autant de points sur lesquels Microsoft a bien tenté un rétropédalage de forcené mais rien n’y a fait et deux ans plus tard, le constat est là : à date, il se serait écoulé quelques 27M de PlayStation 4 contre 15M de Xbox One à travers le globe selon les derniers chiffres de VGChartz.

Halo 5 : Guardians (Xbox One)

Halo 5 : Guardians : Le réveil de la force ?

C’est donc peu dire si le nouveau Halo, désormais baptisé Halo 5 : Guardians, ne devait pas se louper, ayant la lourde tâche de redorer le blason d’une saga mythique quelque peu mise à mal tout en boostant les ventes de la Xbox One à l’approche des fêtes de noël, période cruciale de l’année, mais aussi du fameux Black Friday. Le moment est donc venu d’enfiler son casque et en avant pour une nouvelle campagne de dézingage de Convenants, la fleur au fusil laser ! Tout ceci non sans avoir au préalable téléchargé le désormais traditionnel patch day one (9Go le bestiau !). Les précédents opus développés par 343 Industries, notamment Halo 4 ainsi que la Master Chief Collection, laissaient déjà, au-delà des différents « loupés » techniques, entrevoir une certaine maîtrise technique. Dans le cas de Halo 5 : Guardians, sitôt franchi la cinématique d’introduction déjà dévoilée en amont de la sortie du jeu, force est de constater que le studio fait définitivement montre d’une assise technique de très haute volée. De celle qui démontre, si besoin était, que oui, la Xbox One en a sous le capot. On se retrouve ainsi plongé au milieu d’un champ de bataille sur une planète glacière qui témoigne d’un extraordinaire boulot de production design. De surcroît, en dépit de l’activité qui règne aux quatre coins de l’écran (des ennemis qui s’agitent et tirent en tous sens, tout comme les vaisseaux en plein ciel à l’arrière-plan), l’animation ne bronche pas d’un iota et tient bon la mythique barre des 60fps. Une parure visuelle complétée par une bande son qui exploite fort à propos les possibilités multicanaux du home-cinéma en positionnant / déplaçant des effets en tous genres au niveau des différentes enceintes disponibles. Pour un peu, on se croirait dans une « relecture haloesque » de la mythique bataille sur la planète Hoth de L’Empire contre-attaque.

Halo 5 : Guardians (Xbox One)

La suite des représailles, dans l’espace ou sur le plancher des vaches des différentes planètes, sera à l’avenant avec cette mise en bouche d’une richesse et d’une diversité tant visuelle qu’acoustique de tout premier choix, mettant alternativement le joueur au commande de l’équipe Osiris emmenée par Locke ou bien celle de l’équipe Bleue commandée par le mythique Master Chief. Précisément, est-il possible d’y biter quelque chose à Halo 5 : Guardians sans jamais avoir mis les pieds sur le champ de bataille de l’un des précédents opus ? Oui dans la mesure où le niveau de difficulté est ajustable et que celui par défaut permet de progresser sans trop de peine pour peu que l’on ne fonce pas non plus dans le tas comme un gros bourrin et que l’on prenne un tant soit peu la peine d’approcher les hordes ennemis en faisant preuve d’un minimum de stratégie (contournement, cisaille, etc.). Dans le mode campagne, celui qui nous intéresse au premier lieu, vos compagnons d’armes, contrôlés par l’I.A. (ou bien par d’autres joueurs dans le cas d’une partie en ligne), ne font pas toujours preuve de suffisamment d’esprit d’initiative et ce sera alors à vous, à l’aide d’une simple pression sur la touche directionnelle ad hoc, de leur désigner où aller et qui attaquer. Pour autant, si vous avez le malheur de vous prendre un peu trop de bastos dans le buffet, pas de panique car la partie ne s’arrêtera pas pour autant, vous serez simplement H.S. le temps d’appeler un de vos compagnons à la rescousse pour qu’il vienne vous « régénérer » et c’est reparti pour un tour. Il sera bien sûr fort avisé d’en faire de même lorsque l’un de vos hommes mettra un genou à terre. C’est ce que l’on appelle des Frères d’armes. Vous l’aurez compris, la prise en main est suffisamment rapide, bien aidée en cela par différents didacticiels à l’écran pour très vite prendre le pli afin de survivre au cœur d’une intrigue dont les différentes ramifications échapperont certes aux néophytes là où elles parleront aux aficionados mais sans altérer le moins du monde le plaisir de jeu.

Halo 5 : Guardians (Xbox One)

Un jeu qu’il sera donc possible d’arpenter au solo ou bien à plusieurs mais uniquement en ligne puisque Halo 5 : Guardians ne propose pas, contrairement à Gears of war Ultimate Edition paru deux mois plus tôt là encore en exclusivité sur Xbox One, la possibilité de jouer en coop et en écran splitté. Une décision technique sans aucun doute en vue de maintenir la plus haute qualité visuelle possible. Parmi les autres petits regrets, signalons également l’impossibilité de basculer in-game entre VO et VF. Il faudra donc reconfigurer votre console en anglais pour pouvoir profiter des dialogues dans leur version originale (avec sous-titrages possibles en anglais mais pas en français) et ainsi entendre la voix, au hasard, de Nathan Fillion, comédien bien connu des fans du petit écran (la sympathique série Castle) mais aussi des amateurs de SF (la toute aussi sympathique série Firefly). Seuls deux AAA passés entre nos mains au cours des dernières semaines offraient la possibilité de basculer entre VO et VF à la volée : Uncharted : The Nathan Drake Collection et Assassin’s Creed Syndicate. Tous les autres jeux parus depuis la rentrée requerront quant à eux la même manip précisée ci-dessus. La concurrence est précisément LE véritable obstacle que devra surmonter Halo 5 : Guardians en cette fin d’année 2015 où pas moins de trois autres FPS de tout premier plan débarqueront à quelques semaines d’intervalle : Call of Duty : Black Ops III et Tom Clancy’s Rainbow Six Siege pour ceux qui souhaiteraient rester sur Terre et Star Wars Battlefront pour les amateurs de SF spatiale. Trois titres qui, à la différence de Halo 5 : Guardians, seront multiplateformes et pourraient donc fort bien accentuer encore davantage l’avance prise par Sony et sa PlayStation 4. La concurrence est donc rude et semble avoir déjà ébranlé le leadership du Master Chief avec des démarrages aux États-Unis et au Royaume-Uni en baisse par rapport aux opus précédents. Mais le Spartan John-117 (à ne pas confondre avec le John Spartan campé par Sly dans le délicieusement jouissif Demolition Man) n’a pas dit son dernier mot puisque 343 Industries travaille d’ores et déjà sur Halo 6. Au regard de la qualité et du plaisir pris avec ce Halo 5 : Guardians, vous auriez tort de vous en priver. Alors, qu’attendez-vous pour vous aussi faire votre devoir ? Engagez-vous maintenant !

Testé sur Xbox One à partir d’une version commerciale
Taille occupée sur le disque dur : 54,8Go

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