Uncharted 4 - A Thief's End (PlayStation 4)

Uncharted 4 : Family Business

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il aura su se faire désirer cet Uncharted 4. Initialement prévu pour une sortie à noël 2015, le quatrième opus des aventures de Nathan Drake aura été reporté à trois reprises : en mars 2016 puis en avril pour finalement sortir en mai. Une bien (trop) longue attente pour l’un des personnages les plus mythiques de l’univers vidéoludique avec à l’arrivée encore et toujours la sempiternelle question : l’attente justifiait-elle les espoirs placés dans ce quatrième et supposément dernier opus de la franchise ?

Uncharted 4 - A Thief's End (PlayStation 4)

Uncharted 4 : Beau à chialer !

Nous ne reviendrons pas ici même sur l’historique de la saga que nous avions déjà retracé en octobre dernier dans notre article sur Uncharted : The Nathan Drake Collection, version remasterisée pour PlayStation 4 de la trilogie originelle sortie sur PlayStation 3. Nous ne saurions donc que trop vous enjoindre à (re)lire ledit papier concocté comme toujours avec amour. Les préliminaires étant réglés, entrons à présent dans le vif du sujet avec le point qui a mis tout le monde d’accord depuis la sortie du jeu : la technique. Oui, Uncharted 4 est beau ! Les plus sentimentaux diront bien volontiers que « c’est beau à chialer », les plus imaginés que « ça tue la b*** » tandis que les plus lettrés se laisseront aller à la régurgitation de tous les superlatifs possibles et imaginables du dico. Là encore, dans notre article sur la trilogie remasterisée, nous ne tarissions pas d’éloges sur ce qui est devenu une véritable marque de fabrique de la part de Naughty Dog, le studio à l’origine de la saga Uncharted. Ces p’tits gars-là maitrisent indubitablement leur sujet dès lors qu’il s’agit d’extraire la substantifique moelle des entrailles de chaque nouvelle console de Sony. Et ces mêmes petits gars de Naughty Dog de le démontrer à nouveau (si besoin était) avec Uncharted 4 qui va vous en mettre plein la vue à chaque nouvelle scène ! À tel point que jusqu’à ce jour, on avait rarement entendu le ventilo de la PlayStation 4 se mettre aussi souvent en branle. Il n’y a pas de doute possible, ça doit surchauffer sévère à l’intérieur du monolithe noir de Sony pour délivrer un tel brio technique durant les 15/20 heures que durent l’aventure Uncharted 4.

Uncharted 4 - A Thief's End (PlayStation 4)

Nous nous garderons donc bien de dresser la liste des mille et une merveilles qui vous attendent au cours de votre périple où la foultitude d’effets visuels (particules en suspension, feuilles, oiseaux, océan, fumée, richesse de la faune et de la flore, etc.) est la moindre des qualités. Toute la seconde moitié du jeu au cœur de Libertia démontre une nouvelle fois la maîtrise du studio en matière de level design qui n’a décidément pas son pareil pour concevoir des citées laissées à l’abandon des siècles durant et où Dame Nature a progressivement repris ses droits sur les édifices bâtis par la main de l’homme (remember le monde post-apo de The Last of Us ?). Pour vous faire une petite idée, nous vous enjoignons à aller jeter un coup d’œil en fin d’article à la galerie de captures obtenues à l’aide du mode photo inclus au sein du jeu, avec cadrage cinémascope en sus histoire d’apporter une petite touche cinégénique supplémentaire. Car les ambitions ou, à tout le moins, les accointances des jeux signés Naughty Dog avec le Septième Art ne sont plus un secret pour personne là non plus. Outre la production de leurs titres qui fait appel à des comédiens, filmés sur des plateaux de mocap avant d’être retouchés par la suite, ce ne sont pas les clins d’œil cinématographiques qui manquent une nouvelle fois dans Uncharted 4. Citons pêle-mêle la course-poursuite en plein « bidonville » qui ne sera pas sans rappeler la scène anthologique de Police Story avec Jackie Chan, Nathan suspendu aux aiguilles d’une gigantesque horloge façon Harold Lloyd, sans oublier bien sûr les très nombreux clins d’œil à Indiana Jones : les adversaires de Nathan et Sam, répondant au doux nom de Shoreline, qui cherchent le trésor au mauvais endroit car ils ne possèdent pas toutes les pièces du puzzle, l’enfance de Nathan, déjà exploré dans Uncharted 3, etc. D’aucuns ont comparé Uncharted 4 à un équivalent vidéoludique d’un film de Michael Bay. Pourquoi pas mais ce serait alors accorder un peu trop de crédit au scénario et aux personnages des longs-métrages de ce monsieur « je fais tout péter d’abord, je cause ensuite » d’Hollywood là où Uncharted 4 tend tout de même à apporter un soupçon d’épaisseur supplémentaire à ses protagonistes.

Uncharted 4 - A Thief's End (PlayStation 4)

Car oui, non contentes d’être particulièrement aguichantes, les photos (statiques) présentées dans notre galerie bougent bel et bien. Et pas qu’un peu même lorsque les trois quart du décor partent en fumée. Alors certes, certains reprocheront peut-être à Uncharted 4 d’être « limité » à du 1080/30p (le mode multijoueur est lui en 900/60p) mais du 30fps d’un tel niveau, on aimerait bien en voir plus souvent ! De surcroît, comme pour les précédentes réalisations de Naughty Dog, la bande son n’est pas en reste et l’exploitation des 7.1 canaux disponibles (pour ceux disposants du matos ad hoc) est une nouvelle fois remarquable, tant dans la retranscription des bruitages que des musiques ou encore des dialogues. À ce sujet, signalons que la VF fait plutôt bonne figure comparée à la VO sans dénaturer les nombreuses saillies bien senties des différents protagonistes, même si la VO aura toutefois notre préférence ; les deux langues étant permutables à la volée au sein des options in-game. Histoire de bien s’en prendre plein la tronche, votre humble serviteur a testé le jeu dans deux « configurations » différentes : un petit morceau à l’aide de son vidéoprojecteur sur un écran de 2m de base, celui-là même qui sert pour les tests Blu-ray, et le reste de l’aventure sur le tout nouveau téléviseur 4K 150cm flambant neuf acquis pour les besoins de la rubrique Blu-ray 4K UHD. Dans un cas comme dans l’autre, la baffe graphique (et sonore) est totale. À tel point qu’il nous tarde déjà de découvrir ce que pourrait donner les prochains jeux signés Naughty Dog sur la future PS4 Neo !

Uncharted 4 - A Thief's End (PlayStation 4)

Uncharted 4 : Le meilleur pour la fin ?

La maestria technique ne faisant pas tout, la question qui se pose alors est la suivante : « Il est bien beau votre Uncharted 4 mais se hisse-t-il vraiment au niveau de ses prédécesseurs ? Voire même, parvient-il à surpasser le deuxième opus, Uncharted : Among Thieves, quasi-unanimement considéré comme le meilleur de la saga ? ». Sur ce point, les avis divergent. Si (presque) tout le monde s’accorde à dire que ce quatrième volet est une réussite incontestable (il y aura bien eu la critique du Washington Post qui a fait polémique), le degré d’excellence global fluctue quelque peu d’une paroisse à l’autre. Si les 5/5, 10/10, 20/20 et autres A+ n’ont pas manqué de fleurir parmi les médias aux quatre coins du globe, le positionnant de facto en première place des jeux vidéo de 2016 sur le très surveillé et controversé site Metacritic avec un score global de 93%, certains ont toutefois pris davantage de recul et proposé une appréciation plus « nuancée ».

Uncharted 4 - A Thief's End (PlayStation 4)

Car en soit, le gameplay est demeuré peu ou prou inchangé au cours des différents épisodes et repose toujours sur les mêmes bases, aussi solides qu’immuables. À savoir de nombreuses séquences de plateformes / grimpettes (les personnes sujettes au vertige sont priées de s’abstenir) entrecoupées de non moins nombreuses fusillades qui désormais pourront prendre les atours d’un mode « infiltration » si vous optez pour une approche moins « rentre-dedans » (fortement recommandée car certains passages en mode bourrin sont juste un cauchemar !) ponctuées ici et là de quelques mini-énigmes qui ne devraient pas trop vous vriller les neurones. Les mécaniques de jeux de Uncharted 4 n’auront donc rien de très originales pour tous ceux ayant déjà éclusé les trois précédents chapitres avec quelques jolies petites poussées d’adrénaline ici et là lorsqu’un morceau de décor cède sous les pas de Nathan ou encore que tout commence à péter de toutes parts autour de lui. Des passages que l’on voit, pour la plupart, venir de loin mais qui n’en produisent pas moins leur petit effet. Un autre aspect qui apparaît de façon plus prédominante désormais est la notion de « travail en duo », Nathan étant très rarement seul au cours de l’aventure tandis que les nombreux « Viens me faire la course échelle » ne seront pas sans rappeler ceux entre Joel et Ellie dans The Last of Us.

Uncharted 4 - A Thief's End (PlayStation 4)

L’autre aspect que ne manqueront d’ailleurs pas de pointer du doigt les détracteurs du précédent chef d’œuvre de Naughty Dog concerne une nouvelle fois sa narration et in extenso, le gameplay finalement assez dirigiste qui en découle. Oui, Uncharted 4 a une histoire à raconter et oblige de facto le joueur à suivre un chemin plus ou moins balisé en dépit de certains passages à la consonance plus « openworld » que d’autres. Oh certes, assurément pas l’histoire la plus originale qui soit : Nathan retrouve son frérot Sam qu’il croyait mort depuis 15 piges et ce dernier l’entraine dans une énième chasse au trésor dont Nate a le secret depuis son plus jeune âge. Un petit flashback dans l’enfance de Nathan (deux en fait : un au début et un autre au milieu du jeu) afin d’approfondir les liens qui unissent les deux frangins sera donc de la partie, tout comme ceux qui l’unissent désormais à son épouse, Elena. Oui, la même Elena qui jouait les reporters dans le tout premier Uncharted sorti en 2007. Les pérégrinations à hauts risques aux quatre coins du globe, on a ça dans le sang de père en fils chez les Drake. Un nom qui n’est d’ailleurs qu’un emprunt comme nous l’apprendra l’intrigue de Uncharted 4, autre clin d’œil à un certain Indiana Jones dont le vrai nom, faut-il le rappeler, est Henry Jones Jr. (Indiana étant le nom de son chien d’enfance).

Uncharted 4 - A Thief's End (PlayStation 4)

Notre article consacré à Uncharted : The Nathan Drake Collection se concluait d’ailleurs ainsi : « En espérant que Uncharted 4 ne sera pas celui de trop, à l’image d’un certain Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal ». Nous voilà rassuré, Uncharted 4 ne faillit pas à sa réputation et se positionne dans la droite lignée d’excellence vidéoludique de ses prédécesseurs et in extenso des précédentes (et futures ?) créations signées Naughty Dog. Qui pour en avoir douté ? Certainement pas nous ! Est-il pour autant le meilleur opus de la saga ? Sur ce point, il y aura assurément débat. De notre côté, la balance pencherait volontiers vers ce fameux deuxième opus, Uncharted : Among Thieves sorti en 2009 qui bénéficie, à nos yeux, d’un rythme plus soutenu, moins hiératique tant il est vrai que l’intensité fluctue davantage sitôt parvenu à la deuxième moitié d’Uncharted 4 ; en gros une fois arrivé à Libertalia. Quant à l’intrigue, certes assez lambda et de facto prévisible, force est tout de même de reconnaître l’attention portée aux personnages et à la narration dans son ensemble. Et si, en la matière, Uncharted 4 se situe très en deçà de The Last of Us, on signalera à sa décharge que la noirceur post-apo de The Last of Us ne saurait vraiment être comparée avec les affinités davantage « pulp » de Uncharted 4. Un esprit par ailleurs totalement assumé jusque dans ses scènes les plus abracadabrantes (au hasard celle où une jeep est suspendue à la verticale par son treuil le long d’une paroi montagneuse, on en sourit encore tellement la scène est hénaurme), sans compter la myriade de séquences où Nathan parvient à réchapper in extremis de situations a priori inextricables, non sans nous balancer son désormais célèbre : « No ! No ! No ! ».

Uncharted 4 - A Thief's End (PlayStation 4)

Le jeu aurait-il été meilleur si Amy Hennig, pilier de la saga en coulisses depuis le début, était restée jusqu’à la fin du projet et n’avait pas quitté Naughty Dog début 2014 dans des circonstances qui n’ont bien sûr pas manqué de susciter moult hypothèses quant aux raisons exactes d’un tel départ ? Dans une interview accordée au New York Times en début d’année, Neil Druckmann, l’un des codirecteurs de The Last of Us qui a repris le flambeau de Uncharted 4 après le départ de Amy Hennig, a déclaré que le scénario avait été repris à zéro. Aurons-nous un jour accès à ce fameux scénario mis au rebus à l’image de ces projets avortés dans le monde du cinoche et rendus publics par la suite ? Rien n’est moins sûr car les regards se portent désormais vers l’avenir compte-tenu du succès remporté par Uncharted 4 qui, dès sa première semaine de mise en vente, s’était déjà vendu à quelques 2,7 millions d’exemplaires de par le monde. Une très grosse perf, de surcroît pour une exclusivité PS4. Une perf suffisamment « motivante » pour justifier un nouvel opus alors là-même qu’Uncharted 4 était précisément annoncé comme le dernier de la saga depuis le début du projet ? Dans une autre interview donnée en début d’année, le même Neil Druckmann déclarait : « En est-ce terminé d’Uncharted ? Aucune idée. Sony possède les droits et ils sont donc libres de faire comme bon leur semblent. Mais à la fin d’Uncharted 4, il sera très difficile de faire une suite avec Nathan Drake. Ou bien alors une préquelle ou une aventure avec un autre personnage. Je l’ignore mais en tous les cas, c’est la fin pour Nathan Drake ». Eu égard au magnifique épilogue qui conclut Uncharted 4 et porte un regard affectueux et nostalgique sur le passé tout en laissant effectivement la porte-ouverte à un hypothétique spin-off au féminin, pourquoi pas ? Cassie Drake, ça sonne plutôt pas mal non comme future héroïne d’une nouvelle licence ?

Uncharted 4 – A Thief’s End est disponible sur PlayStation 4 depuis le 10 mai 2016.

Testé sur PlayStation 4 à partir d’une version éditeur
Testé en version : 1.04
Taille occupée sur le disque dur : 54,83Go

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