Archives par mot-clé : Julia Ducournau

Titane – À l’intérieur

Un deuxième long, quand le premier a été si remarqué, discuté pour ne pas dire encensé, est une aventure encore plus ardue. Comment faire mieux ? Comment ne pas se répéter ? Comment continuer à surprendre ? Comment faire abstraction à tout ce qui a déjà été dit sur son premier film (les critiques, les proches, la profession…) ? Y en a qui enchaînent dans la foulée quand c’est possible. Y en a qui s’exilent car la France reste un petit pays et parfois se perdre, au hasard à Hollywood, permet de se confronter à d’autres réalités tout en continuant à forger sa personnalité de cinéma. Julia Ducournau a préféré prolonger son « apprentissage » en France. Pour cela, il lui a fallu près de quatre ans. Elle le dit, elle est passée par toutes les phases à commencer par l’abattement (et certainement une forme de dépression), un blocage engendré par la peur de « mal faire » pour finalement tout bazarder et lâcher les amarres. Et franchement, dès les premières minutes de Titane, un accident de voiture puis un long plan séquence virtuose (tourné dès le premier jour de tournage) dans les arcanes underground d’une expo de bagnoles où se trémoussent des pin-up habillées de peu de choses et d’une photo ultra criarde, on se dit en effet que la cinéaste de Grave a voulu se rassurer tout en nous en mettant plein la gueule.

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Cannes 2021 : La sélection officielle et Un certain regard

Après une année blanche qui a vu fleurir de petits macarons « Cannes 2020 » sur des films qui n’ont pu sortir en salle, la faute au Covid et au confinement, le festival est de retour en présentiel – ce nouveau mot synonyme d’espoir pour les cinéphiles. D’abord prévu en mai, puis en juillet avec un doute sur octobre, Cannes 2021 aura donc lieu en plein pendant la pause estivale, du 6 au 17 juillet, au moment où la ville et toute la côte d’azur sont prises d’assaut par les touristes et la chaleur.

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Fiche film : Grave

« Ma mère est gynécologue, mon père, dermatologue et j’ai une grande sœur. Je sais, ça explique tout ! Pour autant, mes personnages ne ressemblent pas à ma famille. Depuis toute petite, j’ai entendu mes parents parler de médecine, sans tabou. C’était leur quotidien. J’avais mon nez fourré dans leurs livres. Je me souviens d’une photo d’un petit lépreux dont l’oreille a été recollée à l’aide de sangsues ! Cela a eu un double effet sur moi : si la mort, la décomposition étaient normalisées, je suis devenue hypocondriaque. J’ai beaucoup fantasmé sur la maladie. J’ai vu mon premier film d’horreur par hasard à 6 ans. Mes parents n’étaient bien-sûr pas au courant. J’ai réalisé plus tard que c’était Massacre à la tronçonneuse. J’étais intriguée, pas du tout effrayée, comme préparée à cette imagerie. En plus Leatherface y est montré comme un artiste dans son musée des horreurs, donc qui sait… ? Et puis ma mère est très féministe. Du fait de son métier, elle m’a inculqué son intérêt pour les trajectoires de femmes, le sens de la solidarité, et m’a souvent répété qu’il n’y a rien qu’un homme fasse qu’une femme ne puisse pas faire » – Julia Ducournau, scénariste / réalisatrice de Grave

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Grave (de chez grave)

V’la donc un film qui arrive avec ses gros sabots depuis sa première projection cannoise où il fit sensation et ses spectateurs évanouis lors d’une séance de Minuit au Festival de Toronto en septembre 2016. Une assertion largement diffusée faut-il le rappeler, par le responsable du marketing du film sur place. De là à questionner tout ce buzz savamment orchestré à chaque nouvelle apparition du film (Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, Sitges, Le PIFFF, Gérardmer), il y a un pas que nous franchirons mais qu’à moitié. Car pour le coup, Grave est fidèle à la réputation qu’on a bien voulue lui octroyer mais certainement au grand dam de sa réalisatrice dont c’est ici le premier long. Mais quel long putain ! (oui des fois être grossier permet d’expectorer le véritable malaise ressenti à la vision de ce film totalement à part dans le paysage cinématographique français).

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