Denzel Washington - Equalizer

Equalizer : Antoine Fuqua revient aux fondamentaux

Après deux films aux ambitions contrastées et un tantinet maladroits : L’élite de Brooklyn qui lorgnait du côté de la série Sur écoute et La chute de la Maison Blanche, relecture digitale à peine déguisée de Piège de cristal, Antoine Fuqua se dresse à nouveau en parangon d’un cinéma référentiel d’action dont il a déjà tutoyé les sommets avec Shooteur, tireur d’élite et dans une moindre mesure Les larmes du soleil. En cause cet Equalizer qui conforte Denzel Washington en icône messianique tout en remettant au goût du jour certains fondamentaux du genre que l’on pensait définitivement relégués aux années 80.

Equalizer_Affiche

À l’origine, Equalizer c’est une série télé dont la diffusion a débuté au États-unis en 1985 sur la chaîne CBS. En France elle fut découverte un soir de janvier 1991 sur M6. Six années trop tard qui la confine de facto chez nous à un certain oubli. Car The Equalizer c’est l’anti Miami Vice qui à elle seule a imprimé l’identité visuelle et musicale de la décennie Reagan. Tomber sur elle à l’orée des années 90 revenait à se retourner sur un passé récent façon tableau de Dorian Gray forcément pas beau à voir. The Equalizer est en effet une série qui faisait un peu de résistance en voulant préserver quelque chose des années 70 tout en ayant intégré certains des codes visuels, narratifs et musicaux de la décennie suivante. Une chose un peu mutante issue d’une greffe qui n’a jamais pris. À ce titre, le générique signé Stewart Copeland, le batteur du groupe The Police, résume bien cette impression entre beat frénétique et dure de la batterie hérité de la musique punk et le final lyrique tout en synthé déjà has been.

Le film d’Antoine Fuqua c’est un peu cela. À la différence notable que le greffon prend miraculeusement pour donner certes un film mutant mais ô combien foutraquement jouissif. C’est que le réalisateur ne cherche pas à tout faire rentrer de force. Non. Son secret c’est d’empiler, tel un mille feuille aux ramifications de prime abord indigestes, différentes postures de cinéma diamétralement opposées pour en faire quelque chose d’étonnamment et de rigoureusement crédibles. Pour cela, il s’aide d’abord d’un Denzel « Equalizer » Washington dont on sent l’extrême conviction par tous les pores de son jeux. Être producteur exécutif doit aussi motiver. En face, il bénéficie d’un bad ass de première en la personne de Marton Csokas méconnaissable qui distille à chacune de ses apparitions un malaise prégnant et poisseux. Ainsi formé, le couple gèrera une montée progressive et latente d’un climax multiple dont la démesure se justifie à chaque instant.

Pour qui se rappelle de la série, Fuqua en livre une variation détonante et au final assez fidèle. Le Equalizer est « vieux ». Il est à la retraite mais ne peut se débarrasser d’un passé qui est son fardeau et du coup ne peut s’empêcher de jouer au Charles Bronson (mais en plus classe) de sa ville. C’est tout l’enjeu du film. D’amener le spectateur à embrasser l’itinéraire psychologique d’un homme qui deviendra un « Vigilante ». La réussite miraculeuse tient à ce que la forme bourrine aux codes d’un autre temps s’accorde à merveille avec l’évolution toute en nuance de ses deux personnages auxquels il faut rajouter la toujours plus craquante Chloë Grace Moretz. Fuqua use pour ce faire de tout son savoir faire et nous emmène très loin dans ce qui s’annonce déjà comme une franchise. On a hâte de connaître la suite…

DENZEL-WASHINGTON-THE-EQUALIZER

Equalizer – 01 octobre 2014 – (Sony Pictures France)

Résumé : Pour McCall, la page était tournée. Il pensait en avoir fini avec son mystérieux passé. Mais lorsqu’il fait la connaissance de Teri, une jeune fille victime de gangsters russes violents, il lui est impossible de ne pas réagir. Sa soif de justice se réveille et il sort de sa retraite pour lui venir en aide. McCall n’a pas oublié ses talents d’autrefois…
Désormais, si quelqu’un a un problème, si une victime se retrouve devant des obstacles insurmontables sans personne vers qui se tourner, McCall est là. Il est l’Equalizer… 

Notes : 4/5

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