Maryland - Matthias Schoenaerts - Image Une Critique

Maryland : Home Invasion

Alice Winocour est forcément une réalisatrice à suivre. En à peine deux films, elle impose déjà une trajectoire singulière faite de prises de risque et de choix détonants. Augustine racontait la rencontre entre le Professeur Charcot et une jeune femme qui mettait à mal ses théories sur l’hystérie féminine. Maryland se place du point de vue d’un soldat atteint de troubles de stress post-traumatique qui assure la sécurité d’une femme mariée à un riche homme d’affaires libanais. Entre les deux une thématique récurrente : le corps qui n’obéit plus. Malheureusement cela ne fonctionne pas. Autopsie d’un cinéma que l’on voudrait aimer…

Affiche - Maryland

Maryland est le nom de la propriété et donc de la demeure où va se dérouler la majorité du film. Personnage donc à part entière, il participe bien entendu à l’évolution de l’intrigue mais aussi à la caractérisation des personnages chère au mantra actuel de tout bon scénariste (et showrunner) qui se respecte. De plus, Maryland adopte avec une certaine sagacité les codes du film de genre en piochant ici du côté du « Home Invasion ». La mise en scène est quant à elle très étudiée et développe comme on l’a précisé plus haut le credo du seul point de vue de Vincent, personnage principal interprété par un Matthias Schoenaerts plus habité que jamais. Un parti-pris qui permet de laisser dans l’ombre les tenants et aboutissements de la situation développée au centre même du film tout en donnant le luxe à Alice Winocour de se concentrer uniquement sur ce qui l’intéresse.

À savoir la rencontre entre deux personnes que tout oppose confrontées à des événements qui vont non pas les rapprocher mais les obliger à réagir pour tout simplement survivre. On le voit, les arcs narratifs et visuels sont parfaitement maîtrisés. Tout est cliniquement mis en place. Rien ne dépasse. Et franchement c’est un peu tout ça qui finit par très vite lasser. Au-delà du manque d’empathie que l’on peut déplorer à l’égard des personnages accentué (et certainement assumé ainsi) par la beauté intrinsèquement froide de Diane Kruger et au jeu torturé de Schoenaerts, il y a une volonté quasi documentaire d’exposer plus que de rentrer dans le lard. En cela, les scènes de violence filmées comme des morceaux de bravoure un peu voyeuristes font penser à cette quête de l’image sensationnelle qu’il faut ramener des points chauds du globe. Un peu comme un Predator devenu encore plus pervers, la cinéaste provoque et capte mais reste à la marge.

Cette froideur, ce calcul de tous les instants, ces emprunts intellectualisés ne sont pas compatibles avec le film de genre vers lequel elle souhaitait se frotter. Cela ne marche pas car cela ne raconte finalement rien et surtout cela ne prend pas aux tripes. On est loin du viscéral. En jouant juste avec la matrice formelle, elle en oublie aussi que le cinéma de genre dénonce, met en valeur, critique là des institutions, ici la société mais toujours les hommes et femmes qui la composent. Tout comme l’était Augustine, Maryland est un exercice de style forcément vain mais surtout un film mort-né.

Maryland de Alice Winocour – 30 septembre 2015 (Mars Distribution)

Sélection Officielle – Un Certain Regard au Festival de Cannes 2015

De retour du combat, Vincent, victime de troubles de stress post-traumatique, est chargé d’assurer la sécurité de Jessie, la femme d’un riche homme d’affaires libanais, dans sa propriété « Maryland ».
Tandis qu’il éprouve une étrange fascination pour la femme qu’il doit protéger, Vincent est sujet à des angoisses et des hallucinations. Malgré le calme apparent qui règne sur Maryland, Vincent perçoit une menace extérieure…

Note : 2/5

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