The Big Short

The Big Short – Le Casse du siècle : Les Loups de Wall Street

Sur la crise des subprimes, le cinéma américain lui a déjà consacré pas mal de films. Le plus « accessible » reste sans aucun doute Margin Call. On avait l’impression de tout comprendre et puis le film de  J.C. Chandor avait aussi pour lui de rendre passionnant des gars assis derrière leur ordi. Le plus partisan mais aussi le plus démago peut-être attribué à Capitalism : A Love Story signé par un certain Michael Moore alors que le plus sérieux et certainement le plus que définitif peut se rapporter à un autre documentaire intitulé Inside Job. Dès lors, que reste-t-il à The Big Short qui n’ait point été encore dit ou montré sur cette crise immobilière américaine qui a mis sur le flanc l’économie mondiale ? En fait, un angle pour le moins novateur qui met en lumière une poignée de personnes ayant repérés ce tsunami à venir avec pour corollaire la suite à donner à ce coup de maître d’avance. The Big Short raconte dès lors comment et pourquoi on peut profiter d’un système qui s’effondre. Le manuel parfait de survie en Capitalism Land en quelque sorte.

The Big Short - Affiche francaise

Et là encore des gars en train de scruter leur écran, jouer avec leur crayon avec dextérité ou de parler très fort au téléphone, ça marche toujours. Bien entendu, il n’y a pas que cela mais presque. Il suffit de voir le personnage joué par Christian Bale (le Docteur Michael Burry, un ancien neurologiste devenu manager de fonds) que l’on ne voit quasiment que dans son bureau en train d’écouter du Heavy Metal ou de se prendre le chou avec sa hiérarchie, persuadé qu’il est d’avoir découvert une faille dans le système obligataire et jouant du coup l’intégralité des avoirs de sa société dans la perspective que tout cela va s’effondrer. Sexy n’est-il pas ? Ou encore celui interprété par un Steve Carell on fire et complètement en roue libre qui d’abord sceptique par ce qu’on lui raconte puis beuglant sans arrêt et voyageant dans le pays pour se rendre compte par lui-même des ravages à venir du système des prêts immobiliers. Ou enfin celui incarné par Brad Pitt, ancien trader soit disant rangé des voitures, qui va tout de même aider deux geeks ayant flairé le bon coup sans se douter que cela allait mener l’économie de leur pays à sa perte.

The Big Short c’est cela. Un récit éclaté aux quatre coins des États-Unis retraçant donc le parcours de ces parieurs qui font des États-Unis une sorte de bookmaker sans que pour autant nous soyons en mesure de les couvrir d’opprobre. Ils ne furent en fait qu’un petit grain de sable de plus au sein de l’effondrement final. Et le film montre surtout qu’à aucun moment ils ne se sont rendus compte que tout cela allait déboucher sur un tel cataclysme sinon vers la fin. Ils se sont joués d’un système qui lui-même s’est construit une sorte de bulle qui a fini par éclater aux dépens des plus fragiles et des contribuables qui ont, comme on le sait, renfloués les banques alors en faillites et ce avec l’aide des États. Ce que The Big Short ne s’embarrasse pas de préciser à nouveau lors du générique de fin tout en rajoutant que les banques ont déjà inventé de nouveaux produits obligataires.

Pour monter un tel projet, il fallait bien une brochette de stars et un Brad Pitt aux manettes de la production. C’est que le film de Adam McKay que l’on n’aurait jamais pensé s’aventurer sur ce terrain là (Frangins malgré eux, Légendes Vivantes étaient quelque-part jusqu’ici sa marque de fabrique), n’y va pas par quatre chemins. Enfonçant certes le clou par moment mais surtout en s’appliquant à ne rien laisser au hasard tout en ne décolérant jamais sur ce qu’il montre, démontre et démonte, The Big Short gueule et vomit ainsi son récit qu’il adapte d’une enquête publiée en bouquin menée par un ancien banquier du nom de Michael Lewis. Un truc d’insider en quelque sorte qui donne au final tout le sel d’un film mené tambour battant à la manière d’un thriller tout en s’accordant une réflexion sur notre société à jamais gangrenée de l’intérieur.

C’est franchement efficace, un poil (sinon plus) manipulateur (le prix à payer pour capter le grand public) mais surtout assez significatif d’un cinéma yankee qui malgré toutes ses (r)évolutions récentes ne semble pas vouloir abandonner sa veine introspective qui met toujours autant à mal ses valeurs, ses idéaux et son mode de vie. Ce que nous, dans le cinéma français, n’avons jamais su faire alors que nous sommes les champions d’un cinéma dit social. Certes, la démonstration peut prêter sans problème le flanc à la critique mais il est indéniable qu’elle existe et que sa virulence est intacte. Et c’est tant mieux !

The Big Short – Le Casse du siècle de Adam McKay – 2h10 – 23 décembre 2015 (Paramount Pictures France)

RésuméWall Street. 2005.
Profitant de l’aveuglement généralisé des grosses banques, des medias et du gouvernement, quatre outsiders anticipent l’explosion de la bulle financière et mettent au point… le casse du siècle ! Michael Burry, Steve Eisman, Greg Lippmann et Ben Hockett : des personnages visionnaires et hors du commun qui vont parier contre les banques… et tenter de rafler la mise !

Note : 3,5/5

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