Et ta soeur - Image Une Critique

Et ta sœur : Elle bat le beurre cul nu !

On ne va pas se mentir. C’est toujours avec une certaine appréhension que l’on va découvrir une comédie française. Pourtant, notre cinéma est passé maître en la matière avec bien souvent pas moins de deux échantillons par semaine qui déboulent sur nos écrans. C’est la French Touch comme qui dirait le gars dans les dernières pubs un peu nazes de chez Renault. Et rien que cette semaine on en compte trois avec cette petite pépite de Et ta sœur réalisée par une Marion Vernoux dont on n’aurait été bien en peine de deviner une telle envie de se mettre en danger.

Et ta soeur - Affiche

C’est que depuis 1994 et son premier long Personne ne m’aime, la réalisatrice s’est construite une sorte de zone de confort cinématographique qui donnait lieu à des films petits bourgeois en léger décalage avec la société qu’elle décrivait en creux. De cette classe moyenne qui traîne derrière elle un spleen de la vie un peu cotonneux. C’était le cas de Rien à faire ou plus encore de son dernier film Les Beaux jours qui blessait notre cœur d’une langueur monotone. Ce n’était jamais désagréable, juste un peu trop attendu avec toutefois un savoir-faire indéniable dans la façon de mettre en valeur ses actrices de Karine Viard en passant par Valéria Bruni-Tedeschi et Emmanuelle Béart. De ce côté là Et ta sœur ne dénote pas. Avec son trio de comédiens soigné aux petits oignons, on est donc en terrain connu. Marion Vernoux réussissant même à rendre Géraldine Nakache désirable, fragile tout en ayant envie de la prendre dans nos bras. Elle, la tête à claque du cinéma français. Et encore dans ses meilleurs rôles.

En face, il y a sa demi-sœur jouée par une Virginie Efira dont on n’affirmera jamais assez qu’elle est sans aucun doute l’une des meilleures actrices de sa génération. Et on ne dit pas cela parce que nous avons l’opportunité d’admirer son très beau cul pendant de très longues secondes. Une activité somme toute partagée façon voyeur par le seul acteur masculin. Grégoire Ludig est connu des djeunes. Lui qui avec David Marsais forment un duo comique depuis 2002 sous le nom de Palmashow dont les sketches ont fait depuis le tour du web. On ne peut pas dire que jusqu’ici ses apparitions sur le grand écran ont laissé des traces impérissables. Cela risque de changer tant il déploie ici un talent chevillé au corps bien aidé il est vrai par des dialogues façon humour sec qui font mouches à chaque fois. Il est le ying et le yang d’un film qui se permet de surcroît d’avoir une identité de mise en scène et une photo de toute beauté.

Des ingrédients que l’on ne trouve que très rarement dans une comédie à la française en fait. Et ta sœur se déroule quasi exclusivement au sein d’une maison un peu perdue sur une île bretonne. Ce qui lui donne déjà un ton à part entre grisaille, pluie et ambiances maritimes dont on va jusqu’à ressentir les embruns nous fouetter le visage. La caméra est alerte, proche de ses personnages, ne les lâchant que pour mieux les capturer par de belles et longues focales. L’histoire est prenante. Elle est adaptée d’un film américain qui s’appelait Ma meilleure amie, sa sœur et moi réalisé et écrit par Lynn Shelton et dont Et ta sœur reprend la trame tout en s’en détachant avec bonheur. Un gars en flagrance de dépression qui est envoyé se requinquer le temps d’une semaine par sa meilleure amie secrètement amoureuse de lui, dans sa maison familiale. Là-bas, il tombe sur sa sœur qui vient de se faire larguer.

Le film original tenait beaucoup par ses acteurs dont une Emily Blunt comme toujours extraordinaire et moins par sa réalisation assez plan plan ou son ton dramatico-indé-Sundance des plus convenu. Mais il aura donc permis à Marion Vernoux de s’extirper de son cinéma pour venir chercher quelque chose où l’écriture et sa mise en situation par l’image font bon ménage. L’influence anglo-saxonne a du bon en ce sens qu’elle lui permet d’explorer un versant de son moi jusqu’ici tapis dans l’ombre et qui ne demandait donc qu’à sortir. Mieux, elle lui donne des ailes pour atteindre une certaine plénitude où le rythme et la liberté de ton sont si importants dans la comédie. Cela saute en tout cas tellement aux yeux ici que franchement, on en redemande.

Et ta sœur –  de Marion Verdoux – 1h35 – 13 janvier 2016  (Le Pacte)

RésuméPierrick est encore sous le coup de la disparition récente de son frère. Alors pourquoi ne pas accepter l’invitation de Tessa, sa meilleure amie, dans sa maison familiale afin de passer une semaine seul à méditer sur sa vie ?

Note : 4/5

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