Quantum Break

Quantum Break : Tempus fugit

Première exclusivité AAA de la Xbox One en 2016, Quantum Break se devait de frapper fort pour montrer ce que la console de Microsoft (à la traine en termes de vente sur sa rivale PS4) a dans le ventre. Non content de porter cette lourde responsabilité, le nouveau titre du studio finlandais Remedy Entertainment tente le grand écart entre jeu vidéo et séries télé. Une hybridation réussie ?

Quantum Break : Retour vers le futur

Dévoilé pour la toute première fois au moment de l’annonce de la Xbox One à l’E3 2013, Quantum Break aura donc mis quasiment trois ans avant que le projet ne voit le bout du tunnel. Un rétro-planning qui a son importance pour un titre ayant pour thème principal le voyage dans le temps (à l’aide d’une sorte de « corridor » et non d’une DeLorean) et dont une bonne partie de l’action se déroule le 9 octobre 2016 (pourquoi cette date précisément ? Mystère ! Nous n’avons pas eu la réponse au cours du jeu). Le joueur y incarne (99% du temps) Jack Joyce dont les traits (et les dialogues) sont interprétés par Shawn Ashmore, aperçu entre autres dans le rôle d’Iceberg au sein de la saga cinématographique X-Men. Dans les toutes premières minutes de Quantum Break, Jack se rend sur le campus de l’université de Riverport pour retrouver son ami de longue date, Paul Serene, interprété par Aidan Gillen, connu notamment pour ses rôles de « Tommy » Carcetti dans le chef d’œuvre télévisuelle Sur écoute et de Petyr Baelish dans le très hype Game of Thrones. Paul est une personnalité très en vue puisqu’à la tête d’un conglomérat baptisé Monarch Solutions dont la mainmise s’étend bien au-delà de la simple sphère scientifique, à l’instar de la multinationale OCP dans le joyau cinématographique de Paul Verhoeven qu’est Robocop.

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L’amitié qui unissait jusque-là Paul et Jack va toutefois voler en éclat cette fameuse nuit du 9 octobre 2016 lorsque la dernière expérience en date de Paul part en sucette, entrainant moult effets secondaires sur Paul, désormais pourvu d’une faculté extralucide hautement aiguisée, ainsi que sur Jack, capable à présent de « manipuler » le temps, tout en faisant une victime collatérale en la personne de William, interprété par Dominic Monaghan (Lost, Le Seigneur des Anneaux), le frère le Jack. Autant dire qu’à compter de cet instant, l’amitié d’antan entre Paul et Jack devient alors de l’histoire ancienne pour se muer en une rivalité fratricide. De surcroît, ledit incident provoque une rupture du continuum espace-temps dans des proportions que même Doc Brown n’aurait osé imaginer. Cette « fracture temporelle » comme ne vont cesser de nous le rappeler les décomptes apparaissant à intervalles réguliers en bas de l’écran ne sonnerait en effet rien moins que le glas de l’humanité. À moins que Jack ne parvienne à remettre de l’ordre dans tout ce foutoir spatio-temporel.

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Quantum Break : Show devant !

Et c’est donc parti pour une petite douzaine d’heures aux commandes de Jack qui sera amené à croiser d’autres individus sur sa route, et notamment Beth (Courtney Hope), une agente de Monarch qui va lui prêter main forte et prendre une importance certaine tout au long de l’histoire. Une histoire dont on se gardera bien de dévoiler les tenants et aboutissants afin de ne point déflorer les revirements scénaristiques. Comme le déclarait Greg Louden lors de notre rencontre, Remedy Entertainment a assurément révisé ses classiques en matière de séries et autres longs-métrages en vue de convier le joueur à un blockbuster à grand spectacle avec son lot de séquences tantôt spectaculaires (la destruction d’un pont suspendu par un paquebot) tantôt angoissantes (la longue séquence de couloirs jonchés de cadavres et aux murs maculés de sang), le tout jalonné de trahisons et autres morts « choquantes » supposées rehausser l’intensité dramatique en même temps que la détermination du héros face au bad guy de service et ses desseins machiavéliques.

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Paradoxalement, c’est sans aucun doute l’aspect le moins marquant de Quantum Break tant cette régurgitation d’influences diverses et variées n’aboutit in fine qu’à une intrigue assez convenue et sans véritables coups d’éclat. De plus, le pendant « show télé » du jeu mis en avant comme révolutionnaire ne restera assurément pas dans les mémoires. Quantum Break se subdivise en effet de la sorte : cinq actes (composés de trois ou quatre niveaux chacun) entrecoupés d’une « jonction ». Au cours de celle-ci, le joueur prend alors le contrôle de Paul l’espace d’une ou deux minutes et nanti d’une interaction ultra-limitée sinon celle de se mouvoir en quasi ligne droite avant de se retrouver confronté à un choix supposément cornélien entre deux alternatives possibles. Paul disposant, faut-il le rappeler, du don de clairvoyance, ce dernier est désormais capable « d’entrevoir l’avenir » en fonction du choix opéré. Libre au joueur d’opter pour l’une ou l’autre des deux bifurcations scénaristiques. Cette décision débouche alors sur un « épisode », soit 20 à 25 minutes de vraies séquences vidéo filmées (par opposition aux cinématiques qui ponctuent le jeu) où le joueur n’a plus qu’à poser la manette sur la table basse du salon et regarder l’épisode de sa série télé.

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Quelques précisions s’imposent alors au sujet de ce pendant sériel de Quantum Break. D’une part, les qualités intrinsèques desdits épisodes sont toutes relatives, nantis d’enjeux (dramatiques) lorgnant davantage du côté du soap hebdo que de la grande série SF et ponctués de scènes d’action au montage ultra cut façon MTV (un plan = une seconde max) pour un ensemble qui sonne un peu « cheap ». La tentative de mariage entre les deux médiums est certes louable mais n’aboutit in fine qu’à apporter une pièce de plus à l’édifice du mantra « les jeux vidéo et le cinéma / les séries télé font rarement bon ménage ». D’autre part et contrairement au jeu qui s’installe sur le disque dur de la Xbox One (comptez 45Go), lesdites séquences vidéo sont par défaut en streaming. Autant dire que si vous ne disposez pas d’une connexion internet un tant soit peu viable, vous aurez souvent droit à de jolis freezes de l’image accompagnés d’un message « mise en mémoire tampon » ; l’autre alternative consistant à télécharger l’intégralité des épisodes sur le disque dur de la console (comptez alors 75Go de plus). Dernier point à retenir : si Quantum Break propose, au choix, VF ou VOSTF, aussi bien au cours du jeu que des séquences vidéo, on ne saurait que trop conseiller d’opter pour la VOSTF tant la VF s’avère assez peu reluisante. De surcroît, et c’est sans conteste là la véritable valeur ajoutée « artistique » de Quantum Break, la performance d’Aidan Gillen dans le costard du grand bad guy se hisse très au-dessus du lot. Ne dit-on pas qu’une œuvre de fiction est au moins aussi réussie que celle de son méchant de service ? Dommage que le reste de l’intrigue ne suive pas tant les pérégrinations de Jack dans ces couloirs du temps auraient pu alors prendre une tournure et une intensité dramatique autrement plus relevées.

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Quantum Break : L’avenir n’est pas écrit

Car ne boudons point notre plaisir pour autant. Si l’intrigue et le pendant sériel de Quantum Break ne révolutionneront en rien le petit monde du jeu vidéo comme l’escomptait sans doute Remedy Entertainment, force est tout de même de constater les nombreux mérites du jeu du côté de son pendant vidéoludique à proprement parlé. Certes, la progression se fait de façon très linéaire et sans grande difficulté (tout du moins en mode « normal »), exception faite du tout dernier affrontement (attendu depuis le début) contre Paul, le Némésis de Jack, au cours duquel les innombrables effets visuels en tous genres rendent alors d’autant plus ardus l’appréciation de la situation (où suis-je, d’où vient la menace, etc. ?). Ces mêmes effets visuels qui émaillent l’ensemble de la progression du joueur, offrant un spectacle visuellement très impressionnant accompagné d’un travail tout aussi soigné sur la bande son avec notamment des effets de distorsion acoustique, le tout avec une exploitation du 5.1 assez convaincante.

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Sans accroc particulier (aucun ralentissement notable en dépit de la profusion d’éléments et d’effets présents à l’écran), ce ravissement technique se révèle tout aussi probant lorsque Jack exploite ses tous nouveaux superpouvoirs (est-ce un hasard si le comédien Shawn – Iceberg X-Men – Ashmore campe le personnage de Jack ?). Outre la « vision temporelle », sorte de super mirettes qui permettra de mettre en surbrillance aussi bien les artefacts à collecter (pour les complétistes) que les adversaires (un peu à la façon de Lara Croft dans le reboot de Tomb Raider et sa suite, Rise of the Tomb Raider), Jack va en effet disposer progressivement de différents pouvoirs dignes des superhéros. Des pouvoirs qu’il sera bien sûr possible d’améliorer sous couvert de collecter suffisamment de « chronons », ces petits bidules brillants qui constitue le cœur même de tout ce barnum spatio-temporel et de son ambiance « fin du monde ». C’est là sans conteste l’aspect le plus fun de Quantum Break : sa dimension TPS action (beaucoup) / exploration (un peu). À ce titre, le cinquième et dernier acte verse davantage dans le premier registre avec sa succession quasi-ininterrompue de zones d’affrontements dans des environnements divers et variés (labo, parking, open space, etc.). Pour venir à bout des nuées de milices de Monarch Solutions qui se dresseront sur son chemin, Jack dispose donc de plusieurs types de superpouvoirs (attribués comme il se doit à une touche différente de la manette) : vitesse accrue, ralentissement du temps, bouclier, etc. chacun ayant une durée limitée et nécessitant un certain temps pour se recharger. Il devient alors très vite grisant d’avoir recours à ces différentes facultés tout en profitant du formidable boulot de level design pour se mettre à couvert entre deux petits rushs de superpouvoirs. Sans oublier que pour progresser à certains endroits, Jack devra également faire appel à sa faculté de « rembobiner le temps » afin de se frayer un passage bloqué par des obstacles divers et variés : une passerelle effondrée, un véhicule endommagé, etc.

Quantum Break

Car, comme toute bonne fiction spatio-temporelle qui se respecte, l’intrigue de Quantum Break puise ses racines dans un passé plus ou moins lointain ; celui-là même que Jack va tenter d’altérer afin de rétablir l’ordre dans ce fameux chaos mondial annoncé, à l’instar d’une certaine Sarah Connor pour laquelle « L’avenir n’est pas écrit. Il n’y a pas de destin mais ce que nous faisons de nous-même ». Y parviendra-t-il ? Et si oui, comment ? Là encore, nous n’en dirons pas davantage afin de ne point déflorer l’intrigue sinon pour préciser que la quadrature relationnelle Jack –Paul – Beth – Will est au cœur du récit. Quantum Break aura-t-il droit à une suite ? C’est à tout le moins ce que laisserait supputer la séquence post-générique de fin à l’intérêt toutefois très relatif. On lui préfèrera nettement la dernière répartie de Paul avant ledit générique, réplique aux enjeux dramatico-temporels autrement plus prometteurs. Rendez-vous dans trois ans pour connaitre la suite dans un éventuel Quantum Break 2 ?

NB : Signalons pour finir que sur notre version dite « review » téléchargée en amont de la date de sortie officielle de Quantum Break, nous avons été confrontés à quelques soucis divers et variés : des sous-titres français qui ne s’affichent pas ou bien en avance / retard, des temps de chargement pour le moins longuet à la reprise d’une partie ou encore lors du passage d’un acte au suivant et même un crash complet du jeu avec freeze de l’image suivi d’un retour au menu de la Xbox One (par chance, sans conséquence aucune sur la sauvegarde de la progression). Des soucis qui, espérons-le, seront résolus avec le Patch Day One.

Quantum Break est disponible depuis le 5 avril 2016 sur Xbox One et PC.

Testé sur Xbox One à partir d’une version review téléchargée
Taille occupée sur le disque dur : 45,7Go
Patch Day One : 4,2Go
Pack d’épisode : 75,6Go

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