La Tour du diable - Image Une

La Tour du diable en DVD chez Artus Films

La Tour du diable [Tower of Evil / Horror On Snape Island]  (GB 1972) de Jim O’Connolly était sorti à Paris le 14 juin 1973. Sa reprise en édition spéciale DVD au format respecté le 7 juin 2016 par Artus films est une bonne nouvelle.

La Tour du diable - Affiche France

Son générique d’ouverture, montrant la tour du phare, photographiée par Desmond Dickinson en panoramiques enveloppants et en plongé, dominant le brouillard qui enveloppe l’île, est l’un des plus beaux jamais vus sur un écran bien qu’il ne s’agisse que de maquettes. Le scénario utilise une curieuse histoire des religions, alliée à l’idée de la régression primitive. Que des hippies drogués en soient les victimes est une chose assez convenue à l’époque mais qu’une famille anglaise en soit le vecteur régressif ajoute à la terreur. Pour l’essentiel tourné en studio, La Tour du diable est plastiquement beau. Malgré la modicité de son budget, le casting est honorable (Jack Watson en marin mystérieux, Bryant Haliday en aventurier, Dennis Price en financier commanditaire, la belle Jill Haworth), la mise en scène est soignée sachant doser ses effets (Nora avançant vers le fauteuil où se trouve un cadavre, en caméra subjective alternant avec le champ, contre-champ) voire même de construire d’authentiques scènes spectaculaires : la découverte des cadavres par les deux marins, l’hypnose de Penny, la traversée marine filmée en magnifique transparence ; l’exploration des grottes et la découverte du temple secret, l’incendie final de la tour. Jim O’Connolly avait déjà croisé le temps et l’espace d’une manière magistrale dans La Vallée de Gwangi (USA 1969), il les recroise ici dans un autre sens et d’une autre manière : l’Orient des temps anciens investit l’Occident contemporain d’une manière secrète, souterraine, meurtrière.

Le malaise qui se dégage de cette histoire originale agressivement chargée de violence graphique et d’érotisme idoine, vaut bien celui qui se dégage également de titres plus connus aux thèmes similaires (cultes primitifs ou sataniques réapparaissant aujourd’hui) mais aussi différents cinématographiquement que Rosemary’s Baby (USA 1968) de Roman Polanski, Les Vierges de Satan [Devil’s Bride / The Devil Rides Out] (GB 1967) de Terence Fisher,  Course contre l’enfer (USA 1975) de Jack Starret ou The Blair Witch Project (USA 1999) de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez. C’est bien à cette lignée qu’appartient La Tour du diable.

La Tour du diable - Affiche US

Le DVD

La présentation d’environ 30 min du film par Eric Peretti  est tournée en extérieurs, elle est illustrée de quelques belles affiches originales de certains des films mentionnés. Elle raconte  l’histoire chronologique du tournage, de la production et de la distribution de La Tour du diable. Elle est nourrie d’anecdotes vivantes parfois intéressantes, parfois moins, d’informations biographiques et filmographiques très précises sur le producteur Richard Gordon, le scénariste George Baxt (dont on ne conserva que l’idée de base et le titre), l’acteur et distributeur Bryant Haliday mais, assez curieusement, Peretti ne dit rien sur la belle actrice principale Jill Haworth, rien sur les acteurs Jack Watson (Les Oies sauvages) et Dennis Price (La Vénus à la fourrure, Les Sévices de Dracula, La Griffe de Frankenstein), très peu de choses sur le directeur de la photographie Desmond Dickinson et sur le réalisateur-scénariste Jim O’Connolly. Concernant ce dernier, il aurait tout de même fallu signaler son entretien  avec Jean-Pierre Bouyxou, paru dans le livre de Bouyxou et Lethem,  La Science-fiction au cinéma, éditions U.G.E., collection 10/18, Paris 1971. Très intéressante information concernant la distribution de la version intégrale du film par la MGM en Amérique mais elle n’est pas exploitée comme il le faudrait : on aimerait savoir si c’est justement cette version MGM intégrale que Artus nous présente.

La Tour du diable - Photo d'exploitation US

Cette présentation situe, d’autre part, très soigneusement et correctement le film historiquement et esthétiquement à un ou deux détails près : la Hammer Film n’est pas en décadence, comme Peretti semble le penser, en 1970. On ne peut pas dire non plus que Les Monstres de l’espace est un film « violent ». On ne peut pas non plus qualifier de « films érotiques soft » la trilogie Karnstein produite par la Hammer ni qualifier ainsi la Comtesse Dracula de Peter Sasdy. Ce sont des formules qui donnent une idée inexacte des Hammer Films en question. En revanche, il est exact que Le Retour de Frankenstein [Frankenstein Must Be Destroyed] est un film violent mais les Hammer films tournés dix ans plus tôt ne l’étaient pas moins relativement à l’époque de leur tournage. Autre point gênant : dire que La Tour du diable n’est « pas un chef-d’œuvre » mais qualifier de films « extraordinaires » les films pornographiques de Radley Metzger tournés sous le pseudonyme d’Henry Paris, fait un drôle d’effet sur le spectateur qui achève d’écouter cette présentation. Pour ma part, et en toute connaissance de cause, je suis prêt à échanger les films en question signés Henry Paris alias Radley Metzger contre La Vallée de Gwangi ou La Tour du diable de O’Connolly. On ne peut pas vraiment, au demeurant – ne serait-ce que parce qu’ils n’appartiennent pas au même genre – comparer The Opening of Misty Beethoven [Porno Paradise] ou The Private Afternoons of Pamela Mann [Furie porno] à  La Tour du diable. Enfin, last but not least, phonétiquement, le nom du cinéaste anglais Anthony Balch se prononce « balk » et non pas « balche » comme le prononce Eric Peretti.

La galerie photos (ou « diaporama ») est décevante : quelques affiches et deux ou trois assez belles photos de plateau mais aucune photo d’exploitation originale ni aucune française alors que le film fut distribué chez nous.

Les films-annonces de la collection British Horror d’Artus Films sont en VO uniquement. L’éditeur nous propose ainsi Le Sang du vampire, La Nuit des maléfices [Satan’s Skin / Blood on Satan’s Claw], La Griffe de Frankenstein [Horror Hospital], La Poupée diabolique, La Tour du diable. Seule celle du Sang du vampire est en très mauvais état chimique, les autres sont en bon état. Ce sont autant de documents d’histoire du cinéma..

La Tour du diable - Photo d'exploitation US

Côté image, le format original 1.85 est respecté. De ce point de vue, il faut d’ailleurs préférer ce DVD au BRD édité par Scorpion qui est recadré en 1.78. Le contraste, la gestion des noirs et des couleurs, la définition vidéo sont excellents compte tenu du fait qu’il s’agisse d’une image SD-DVD. L’image de la copie chimique a été très bien nettoyée : seules quelques poussières négatives blanches subsistent.  Direction de la photo signée Desmond Dickinson, l’un des meilleurs chefs-opérateurs du cinéma fantastique anglais de la période 1960-1970, travaillant aussi bien en N&B (il avait été primé à Venise en 1948 pour la photo N&B du Hamlet de Laurence Olivier et sa photo N&B demeure la principale raison d’apprécier le par ailleurs moyen City of the Dead / Horror Hotel de John Moxey (édité en DVD dans une belle copie chez Bach Films) ou ses compositions en couleur tels que Crimes au musée des horreurs, Konga, A Study in Terror [Sherlock Holmes contre Jack l’éventreur] et bien entendu La Tour du diable.

Enfin, l’éditeur propose la VO sous-titrée en français et la VF d’époque encodée en DD 2.0 mono, de quoi satisfaire pleinement le cinéphile francophone. Pour info, c’est le générique anglais qui est présenté sur les deux versions. Musique originale signée Kenneth V. Jones, parfois excellente, notamment celle du générique d’ouverture.

En conclusion, nous avons là une édition spéciale honorable, à mi-chemin entre une édition simple et une édition collector.

Notes :
– Image : 4/5
– Son : 5/5
– Bonus : 3/5

Cliquez sur les captures DVD ci-dessous pour les visualiser au format 1024×576

 

La Tour du diable – Édition DVD (Collection British Horror)

Éditeur : Artus Films
Date de sortie : 7 juin 2016

La Tour du diable - Recto DVD

Spécifications techniques :
– Image : 1.85:1 compatible 16/9
– Langues : anglais et français DD 2.0 mono
– Sous-titres : français
– Durée : 1h24
– 1 DVD-9 (Boîtier « digipack  slim» illustré, notamment par les affiches américaines et italiennes)

Bonus :

  • Présentation du film par Eric Peretti  (environ 30 min)
  • Diaporama
  • Bandes annonces de la collection British Horror d’Artus Films

Une réflexion sur « La Tour du diable en DVD chez Artus Films »

  1. Les bandes-annonces présentées en supplément sont issues de la « collection gothique » mais aussi de la « collection British horror », chez le même éditeur.

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