Le quatrième opus ayant donné un bon coup de fouet à la saga, aussi bien sur le plan artistique que financier avec des recettes en salles à nouveau à la hausse après la petite baisse de régime enregistrée par le n°3, le cinquième volet coulait donc de source. Après Brian De Palma, John Woo, J.J. Abrams et Brad Bird, c’est à une connaissance de longue date, Christopher McQuarrie, que Tom Cruise confia la mise en scène de Mission : Impossible – Rogue Nation. L’excellent Blu-ray 4K Ultra HD est l’occasion parfaite pour se replonger dans cet épisode au moins aussi réussi que son prédécesseur.

NB : Les captures de cet article sont issues du Blu-ray 1080p.

Mission : Impossible – Rogue Nation : Mr & Mrs Hunt

Contrairement aux quatre premiers opus, Tom Cruise avait en effet déjà travaillé à plusieurs reprises avec Christopher McQuarrie. Plus précisément, les deux hommes s’étaient rencontrés pour la première fois à l’occasion de Walkyrie (2008), évocation très réussie de l’opération du même nom visant à renverser le régime nazi réalisée par Bryan Singer et scénarisée par McQuarrie. Un film qui marquait par ailleurs leur troisième collaboration après Ennemi public (1993), premier long réalisé par Singer, et le très roublard Usual Suspects (1995) qui leur permit à tous deux d’accéder à la notoriété. Et tandis que Singer partait s’occuper de super-héros avec les excellents X-Men (2000) et X-Men 2 (2003) et le nettement plus discutable Superman returns (2006), McQuarrie quant à lui s’essayait à son tour à la mise en scène avec le très sympathique Way of the gun (2000). Il patientera ensuite bien sagement une bonne dizaine d’années avant de renfiler la casquette de réalisateur avec le très réussi Jack Reacher (2012) sur lequel il dirigea Tom Cruise, rencontré quatre ans plus tôt sur le tournage de Walkyrie donc (c’est bon ? Tout le monde suit ?). Les deux hommes travailleront à nouveau ensemble peu de temps après sur Edge of Tomorrow (2014), excellent film de SF façon Un jour sans fin réalisé par Doug Liman (même si la fin part un peu en sucette) sur un script rédigé par… McQuarrie !

C’est précisément au cours d’une réunion de préparation du script de Edge of Tomorrow que Tom Cruise proposa à Christopher McQuarrie de réaliser Mission : Impossible – Rogue Nation comme celui-ci le rapporte non sans en rire car croyant alors à une blague à la fin du commentaire audio. Cruise quitta la pièce pour appeler le patron de la Paramount au téléphone (on devine bien volontiers qu’une star d’une telle stature dispose d’une ligne directe et d’une oreille pour le moins attentive), revient et annonce à McQuarrie que c’est bien lui qui réaliserait le prochain Mission : Impossible. Comme le disait une célèbre publicité des années 80 : le bonheur, c’est simple comme un coup de fil. Outre leurs retrouvailles, ce nouvel opus marque également une petite nouveauté en coulisses puisque contrairement aux précédents volets, McQuarrie est le seul crédité au générique pour le scénario de ce Mission : Impossible – Rogue Nation qu’il décrit comme une métaphore des différentes étapes d’une relation de couple : la première rencontre (Ethan Hunt enchaîné), le premier rendez-vous (la scène de l’opéra à Vienne), la rupture (la course-poursuite marocaine) et la réconciliation finale.

Car c’est incontestablement l’arrivée du personnage interprété par la délicieuse Rebecca Ferguson (oui, délicieuse…) qui confère à ce M:I 5 tout son attrait. Avec cette agente du MI6, « version féminine de Ethan Hunt » dixit son interprète, McQuarrie injecte du sang neuf pour devenir sans conteste l’un des personnages les plus intéressants avec celui interprété par Simon Pegg en geek / comique de l’équipe. Le bougre ira même jusqu’à nous proposer la scène la plus intimement touchante qui soit au milieu de cet énorme blockbuster estival, la séquence en forme de déclaration en plein milieu de la gare où Ethan et Isla sont assis à la terrasse d’un café et où cette dernière lui demande alors : « Pars avec moi ». C’est beau, simple et bien ficelé. Non content de nous proposer ce personnage féminin, Mission : Impossible – Rogue Nation y ajoute également le bad guy le plus flippant qui soit depuis celui interprété par Philip Seymour Hoffman dans M:I:III en la personne de Solomon Lane, sorte de super terroriste du chaos mondial interprété par un Sean Harris qui refusa dans un premier temps le rôle, ne souhaitant pas prendre part à une franchise. Le comédien finira par accepter à la condition que son personnage meurt à la fin, ceci afin de s’assurer qu’il ne reviendrait pas dans un futur épisode. Et s’il était bien question dans les premières versions du scénario que Hunt tue Lane dans le final, Cruise et McQuarrie relatent dans les bonus que cette approche ne leur convenait pas et que le script fut donc remanié en conséquence pour laisser l’antagoniste de Hunt vivant [attention spoiler qui n’en est pas vraiment un : Lane est donc de retour dans Mission : Impossible – Fallout, fin du spoiler].

Mission : Impossible – Rogue Nation ne déroge pas pour autant aux incontournables scènes d’action inhérentes à la saga toujours aussi spectaculaires il faut bien l’admettre. La séquence d’ouverture où Tom Cruise fut accroché pour de vrai sur le côté d’un avion-cargo avec pas moins de huit prises au total et dont les préparatifs montrés au sein des suppléments filent encore davantage le frisson que le résultat final. Pour les besoins de la séquence en immersion, Tom Cruise et Rebecca Ferguson suivirent un entraînement prévu pour les commandos militaires afin d’être capable de rester en apnée le plus longtemps possible, le comédien parvenant même à retenir son souffle durant six minutes, certes en position immobile mais six minutes tout de même ! Sans oublier bien sûr la course-poursuite moitié voiture / moitié moto évoquée un peu plus haut ou encore la scène de l’opéra, filmée en partie dans les lieux même avec de véritables musiciens et chanteurs de Vienne et le reste en studio, le travail de montage créant l’illusion d’un lieu unique. Mais le plus simple et anodin en apparence à l’écran est également parfois le plus complexe à concevoir en coulisses comme nous l’explique le bonus intitulé Presque impossible qui met l’accent sur des cascades et des trucages en « live » sur le plateau avec une magnifique démonstration de l’apposition du célèbre « masque Mission : Impossible » devant un miroir. Et c’est sans doute cette élégante simplicité couplée à des personnages bien écrits immergés au milieu de scènes d’action toujours aussi époustouflantes qui font de ce M:I 5 l’un des opus les plus sympathiques de la saga. À tel point que tout le monde rempilera pour Fallout, le volet suivant. Y compris McQuarrie, dérogeant ainsi à la règle de la franchise : un film = un nouveau réalisateur.

Mission : Impossible – Rogue Nation : Mission 4K presque réussie

Mais avant cela, il sera donc possible de se revoir M:I 5 dans une édition Blu-ray 4K Ultra HD presque aussi aboutie que le n°4. Presque car nous sommes ici en présence d’un master 2K et d’une image au format respecté 2.40:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision. Le résultat n’en demeure pas moins splendide avec un rendu des couleurs une nouvelle fois somptueux (ah cette robe jaune arborée par Rebecca Ferguson et conçue en plusieurs variantes !) et une définition au top. Exception faite de quelques plans ici et là, et notamment certains trucages numériques qui, comme bien souvent, apparaissent d’autant plus flagrants en Ultra HD : les multiples tonneaux de la BMW lors de la course-poursuite dans les rues de Casablanca ou encore la scène en apnée et ses plans incrustés sur fond vert (que l’on découvre d’ailleurs dans les bonus). De là à savoir pourquoi le n°4 est encodé à partir d’un master 4K quand le n°5, pourtant plus récent, l’est à partir d’un master 2K. Mystère ! Notons également une restitution splendide du grain de la pellicule. Car oui, comme tous les précédents opus de la saga, Mission : Impossible – Rogue Nation a été filmé sur pelloche 35mm. Une incongruité à une époque où la norme est désormais aux caméras numériques. Mais une incongruité qui nous fait chaud au cœur à la rédac, aboutissant ainsi à des rendus granuleux comme nous les aimons.

Côté son, nous sommes ici au top du top puisque M:I 5 est le seul opus de la saga, à ce jour, a proposé une VO Dolby Atmos. Que dire sinon que le résultat est une pure merveille de bande son de démo, aussi bien dans la restitution de la musique que des différentes scènes d’action évoquées plus haut mais sans pour autant sacrifier la limpidité des dialogues. En un mot comme en milles, un véritable nectar acoustique, à consommer sans modération mais exclusivement en VO puisque la VF reste une nouvelle fois cantonnée à une simple piste Dolby Digital 5.1.

Précisons que Paramount nous a uniquement fait parvenir le disque 4K et non l’édition Blu-ray 4K Ultra HD complète que l’on trouve dans le commerce. Selon nos informations, celle-ci renfermerait également les deux mêmes Blu-ray 1080p déjà sorti en 2015 : un disque pour le film et quelques bonus, le second entièrement dévolus à des bonus additionnels. Que retenir de ces multiples suppléments ? Que Tom Cruise est un producteur omnipotent hyper talentueux qui supervise quasiment tout sur la saga dont il produit tous les films depuis 20 piges maintenant (Le sang-froid de Tom Cruise), que la réussite de chaque épisode repose autant sur ses protagonistes (Les héros… et les voyous) que sur les personnes de l’ombre (Les meilleures équipes et Coupez !) et que les Cascades occupent bien entendu la plus grande partie de la production. Signalons à ce sujet que sur les cinq modules proposés au sein de ce supplément sur le disque de bonus, trois font doublons avec ceux déjà visibles sur le disque contenant le film.

Mais une fois n’est pas coutume, le meilleur sera à chercher du côté du commentaire audio en compagnie du réalisateur et de la star avec une complicité entre les deux hommes qui fait plaisir à entendre lorsqu’ils se lancent dans des plaisanteries, mais toujours en rapport avec le film. Comme toujours, l’ensemble versent parfois dans la débauche d’éloges à l’attention du formidable travail accompli sur telle ou telle scène mais en contrepartie, les informations distillées sont une jolie mine d’or et les anecdotes fourmillent : une scène par ci avec Alec Baldwin qui fut retournée parce que le comédien était flou, un stock-shot par là de Danger Immédiat (1994) légèrement retouché en CGI ou encore un Tom Cruise qui lit ses dialogues écrits une heure avant de tourner la scène sur une fiche tenue hors caméra par Simon Pegg. McQuerrie évoque également à plusieurs reprises des scènes partielles ou entières n’ayant pas été intégrées au montage final. Mais on ne trouve hélas aucune trace de celles-ci dans une section « scènes coupées / rallongées ». Qu’à cela ne tienne, ce Mission : Impossible – Rogue Nation est en l’état un excellent opus, peut-être même le meilleur de la saga depuis le volet inaugural signé Brian De Palma. À revoir à l’envi par l’entremise de cette édition Blu-ray 4K Ultra HD qui frise la perfection technique.

Addendum : Le Blu-ray de bonus n’est pas inclus dans cette édition Blu-ray 4K Ultra HD (merci à Kévin Cattan pour cette précision).

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Mission : Impossible – Rogue Nation – Édition Blu-ray 4K Ultra HD

Résumé : L’équipe IMF (Impossible Mission Force) est dissoute et Ethan Hunt se retrouve désormais isolé, alors que le groupe doit affronter un réseau d’agents spéciaux particulièrement entraînés, le Syndicat. Cette organisation sans scrupules est déterminée à mettre en place un nouvel ordre mondial à travers des attaques terroristes de plus en plus violentes. Ethan regroupe alors son équipe et fait alliance avec Ilsa Faust, agent britannique révoquée, dont les liens avec le Syndicat restent mystérieux. Ils vont s’attaquer à la plus impossible des missions : éliminer le Syndicat.

Disque 1 : Le film en Blu-ray 4K Ultra HD

Spécifications techniques :

• Image : 2.40:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision
• Langues : Anglais Dolby Atmos, Français Dolby Digital 5.1
• Sous-titres : Français, Anglais
• Durée : 2h 11min 33s

Bonus :

• Commentaire audio de Christopher McQuarrie et Tom Cruise

Disque 2 : Le film en Blu-ray

Spécifications techniques :

• Image : 2.40:1 encodée en AVC 1080/24p
• Langues : Anglais Dolby Atmos, Français Dolby Digital 5.1
• Sous-titres : Français, Anglais
• Durée : 2h 11min 33s

Bonus (HD et VOSTF) :

• Commentaire audio de Christopher McQuarrie et Tom Cruise
• Allumer la mèche (5min 57s)
• Le sang-froid de Tom Cruise (6min 33s)
• Les héros… (8min 06s)
• Tom Cruise en altitude (8min 23s)
• Mission : Immersion (6min 45s)
• Course poursuite ensablée (5min 35s)
• Les missions continuent (7min 08s)

Disque 3 : Le Blu-ray de bonus (HD et VOSTF)

• … et les voyous (5min 43s)
• Les meilleures équipes (6min 40s)
• Agents de voyage (5min 47s)
• Opéra-tion Turandot (4min 16s)
• Presque impossible (5min 59s)
• Cascades (30min 20s)
• Coupez ! (7min 17s)
• Variations sur un thème (4min 50s)