La Haine (1995) de Mathieu Kassovitz - Blu-ray 4K Ultra HD

La Haine en 4K : Jusqu’ici tout va bien

Ce n’est peut-être pas un hasard si La Haine (1995) est le premier long-métrage réalisé par Mathieu Kassovitz à avoir les honneurs d’une parution en Blu-ray 4K Ultra HD tant ce deuxième long derrière la caméra aura indubitablement marqué à jamais la carrière alors naissante du cinéaste. Sa sortie sur support 4K est l’occasion de réaffirmer, si besoin était, toute la force de son propos par le biais d’images en noir et blanc qui impriment à jamais la rétine.

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La Haine - Édition Collector - Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray + Livre

Éditeur :StudioCanal
Sortie le :25 novembre 2020  
Catégorie :Collector

Test Blu-ray 4K Ultra Haute Définition
Image (4K) :
Image (2K) :
Son :
Bonus :

Retrouvez les informations concernant nos captures et notre matériel de test sur cette page.

Notes :

  • Testé à partir de checkdiscs fournis par l’éditeur.
  • Les captures Blu-ray et Blu-ray 4K Ultra HD ont été effectuées directement à partir des disques en résolution native (1920 x 1080p en Blu-ray et 3840 x 2160p en Blu-ray 4K UltraHD) au format jpg en 192dpi sans compression avant d’être converties en 72dpi et compressées en lossly avec une qualité de 83%.
  • Les différences colorimétriques observables entre les captures Blu-ray et Blu-ray 4K UltraHD s’expliquent en partie par l’encodage HDR, encodage qui ne peut être retranscrit ici-même.

On ne vous fera pas l’affront de vous présenter La Haine, film culte s’il en est mais pas seulement. Depuis sa sortie, beaucoup l’ont imité avec plus ou moins de réussite mais sans pour autant jamais l’égaler : Ma 6-T va crack-er (1997) de Jean-François Richet, La Cité Rose (2012) de Julien Abraham, Bande de filles (2014) de Céline Sciamma ou encore tout récemment le multi-récompensé et encensé Les Misérables (2019) de Ladj Ly (listing à compléter à vot’ bon cœur m’sieurs dames !). En 1995, La Haine avait également fait parler de lui, engrangeant plus de 2 millions d’entrées en salles après être reparti du Festival de Cannes avec le Prix de la mise en scène en poche, juste avant de rafler trois prix supplémentaires à la cérémonie des César 1996 : meilleur film, montage et producteur. Pas mal pour un réalisateur qui déclarera « Je ne suis pas très prix, d’une manière générale […] Je trouve ça très malsain, les prix. J’essaye de ne pas aller les chercher au maximum, je ne trouve pas ça intéressant ». Et s’il fit l’effet d’un véritable uppercut à l’époque que dire aujourd’hui, à l’heure de la proposition de loi relative à la sécurité globale ? La Haine n’est donc pas seulement le marqueur social d’une époque mais le seul relai intergénérationnel digne de ce nom. Ce qui en soi est plutôt flippant. Comme le déclarait encore récemment Mathieu Kassovitz : « Je suis estomaqué de voir que le film est toujours d’actualité […] J’ai fait un film qui dit « jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien » et en voyant cette vidéo, je ne pense plus que jusqu’ici tout va bien » (à propos de la vidéo montrant les violences commises à l’encontre de Michel Zecler, producteur de musique noir, le 21 novembre dans le 17ème arrondissement de Paris).

Et si 25 ans plus tard, rien ne s’arrange dans les rues de France, en revanche dans son home sweet home-cinéma, tout va pour le mieux avec la sortie de cette édition Blu-ray 4K Ultra HD de La Haine. Du côté des bonus pour commencer, outre le doc sur les 10 ans du film, on trouve pas moins de trois commentaires audio de Mathieu Kassovitz. Oui, vous avez bien lu : trois. Un pour chaque « commémoration » du film si l’on puit dire : le premier enregistré en 1999 pour la première sortie DVD, le deuxième en 2005 pour les dix ans du film et le troisième cette année à l’occasion de cette nouvelle édition marquant le 25ème anniversaire. Pour l’occasion, nous avons écouté peu ou prou les 30 premières minutes de chacun des trois et si certaines redites sont inévitables accompagnés de quelques silences plus ou moins prolongés, leur écoute s’avère globalement très soutenue mais aussi et surtout très enrichissante. Mathieu Kassovitz y revient bien entendu sur les origines du projet, à savoir l’affaire Makomé M’Bowolé et les émeutes qui s’ensuivirent, sur le tournage en couleurs pour des raisons de budget tandis que le film fut ensuite exploité en noir et blanc avec comme condition que s’il marchait en salles, il serait à nouveau diffusé en noir et blanc à la télévision, en couleurs dans le cas contraire. Kassovitz met également en lumière à maintes reprises tous les corps de métier tout en évoquant ses propres appétences cinématographiques et plus particulièrement Mean Street, son film fétiche qui, aux dires du réalisateur, a énormément inspiré La Haine.

De haut en bas :

  • Blu-ray – Édition Criterion 2012
  • Blu-ray – Édition StudioCanal 2020 (Master 4K)
  • Blu-ray 4K UltraHD – Édition StudioCanal 2020 (Master 4K)

Si ces trois commentaires audio couplés au doc plus que généreux (84min) sur les 10 ans du film constituent déjà en soi un bon socle en termes de suppléments, on ne pourra que regretter la disparition de tous les autres bonus présents sur l’édition DVD Collector sortie à l’occasion des dix ans du film : le commentaire audio de Vincent Cassel, les coulisses, making of, scènes coupées et autres bandes annonces d’époque (celle incluse dans cette édition étant le teaser de 30sec de la ressortie en salles en 2020). StudioCanal compense, en partie, ces absences en incluant au sein de cette édition Blu-ray 4K Ultra HD de La Haine un imposant livret renfermant le script original annoté par Kassovitz en personne. Un bien bel objet collector s’il en est afin de justifier son tarif lui aussi très collector : comptez 50€ à l’heure où nous rédigeons ces lignes. Les heureux acquéreurs seront toutefois bien mieux servis qu’avec la précédente édition Blu-ray sortie en 2008, vierge de tous bonus. À noter pour être complet que l’éditeur britannique BFI (British Film Institute) a sorti peu ou prou au même moment que l’édition 4K française une édition Blu-ray double disques qui reprend la plupart des bonus présents sur le DVD collector français ainsi que quelques exclus comme une nouvelle interview de Kasso. Le détail est à retrouver sur cette page. Rien de bien surprenant à cela puisque, comme le précise Kassovitz dans le commentaire audio de 2005, La Haine est au moins aussi culte chez nos voisins anglo-saxons qu’il l’est chez nous, si ce n’est davantage encore. Une édition britannique qui s’appuie par ailleurs sur le même master 4K que l’édition hexagonale sans que pour autant une galette au format Blu-ray 4K ait vu le jour chez eux.

Ce qui nous amène tout naturellement aux prestations purement techniques de cette édition Blu-ray 4K Ultra HD de La Haine. Dès le début du commentaire audio de 2020, Mathieu Kassovitz précise qu’il n’a pas encore vu cette édition Blu-ray 4K. Ce qui pourra interroger d’entrée de jeu sur le travail accompli sur cette version où le communiqué de presse reçu de la part de StudioCanal annonce un bien sibyllin « restaurée 4K ». Soit un gentil fourre-tout qui veut tout et rien dire à la fois. Il faut donc se diriger à nouveau du côté de l’édition BFI sus-citée pour y découvrir que ce nouveau master 4K a été supervisé par le directeur de la photographie Pierre Aïm tandis que différents sites ayant chroniqué l’édition en question précisent que ledit processus de restauration prend sa source du côté d’un scan 4K du négatif original. Aucun élément en notre possession ne nous a permis de confirmer ou d’infirmer officiellement ce dernier point même si, à l’œil, le résultat est tout de même plus que flatteur.

Quoi qu’il en soit, nous sommes ici en présence d’une image dans son format d’origine 1.85:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision et, si besoin était de le rappeler, intégralement en noir et blanc de la première à la dernière seconde (inutile donc de chercher la plus petite once de couleur « à La Liste de Schindler »). Exception faite de quelques micro-scratches et autres petites tâches de copie de ci de là (le gros plan sur Saïd Taghmaoui à 5min 55s ou encore cette scène nocturne du trio à 85min), il n’y a rien à redire quant à la propreté du master. Précisons également qu’il ne faudra pas se fier aux cinq premières minutes du film qui, comme le rappelle Mathieu Kassovitz dans ses commentaires audio, sont issues de JT d’époque et de fait ne sont nullement représentatives du reste du rendu visuel. D’ailleurs, dès que la fiction débute pour de bon avec ce travelling avant sur le visage de Saïd Taghmaoui, c’est une giga-baffe visuelle dans la gueule qui vous attend en termes de précision de l’image, de rendu du noir et blanc magnifiquement contrasté (merci l’encodage HDR Dolby Vision !) et de restitution du grain argentique comme on les aime. La profondeur de champ est elle aussi au rendez-vous comme peuvent en attester ce plan du trio en train de glander avec les immeubles de la cité à l’arrière-plan (26min) ou encore ce plan séquence aérien sur fond de musique « scratch » (41min). La lisibilité de l’image est remarquable d’un bout à l’autre, y compris au cours du dernier tiers du récit lorsque les trois se rendent dans un Paname intramuros nocturne. Et là encore de nombreux plans offrent un rendu rarement (jamais) vu auparavant (cf. ce plan d’une rue en pleine nuit alors que le trio tente de tirer une caisse à 80min 25s).

En comparant avec la précédente édition Blu-ray parue chez Criterion en 2012, il n’y a pas photo comme on dit. Nous ne possédons pas l’édition Blu-ray parue chez StudioCanal en 2008 pour cause de désert interactif proprement scandaleux. De fait, il nous est impossible de confirmer s’il s’agit du même master que chez Criterion. Quoi qu’il en soit, si l’édition Criterion offre un léger surplus d’image dans les quatre directions par rapport à cette nouvelle édition StudioCanal, pour le reste, ce nouveau master 4K surclasse son prédécesseur en tous points. Il suffit pour s’en convaincre de se diriger à nouveau du côté de ce plan avec les immeubles à l’arrière-plan pour remarquer tous les bienfaits de ce nouveau master 4K : tous les contours y sont bien plus nets, le grain dans le ciel absent chez Criterion, les branches des arbres plus floues voire même invisibles chez Criterion, sans compter un noir et blanc bien plus convaincant.

Côté son, point de changement depuis 2008, aussi bien du côté des éditions hexagonales que de celles parues outre-Manche ou bien outre-Atlantique. Toutes sont logées à la même enseigne, à savoir une piste DTS-HD Master Audio 5.1 (avec en sus pour l’édition française une piste DTS-HD MA 2.0). De prime abord, lorsque s’ouvre La Haine sur cette voix off qui déclame la célèbre réplique « Jusqu’ici tout va bien », le volume nous a semblé un poil bas, nécessitant alors de pousser le potard de l’ampli de quelques dB supplémentaires. Ce petit ajustement effectué, le générique d’ouverture et son Burnin’ And Lootin’ de Bob Marley & The Wailers envoie joliment les décibels dans toutes les enceintes. Dans le même ordre d’idée, la scène de breakdance à la 46ème minute offre un autre moment musical du même acabit sur le plan acoustique. D’une façon plus générale, outre des dialogues parfaitement audibles en toutes circonstances, l’exploitation des 5.1 canaux fait plaisir à entendre tout en respectant l’immersion sonore à 360° voulue par Kasso . Et si certains passages se font plus démonstratifs que d’autres dans ce registre, comme par exemple ce scout que l’on entend hors-champ effectué un joli 360° dans toutes les enceintes (13min 50s) ou encore cette alarme qui retentit dans toutes les voies (48min 45s), de très nombreux bruits urbains viennent se nicher en permanence dans toutes les enceintes d’un bout à l’autre du film. On retiendra également ce tic-tac des aiguilles d’horloge audible à chaque apparition de l’heure à l’écran ou encore cette détonation dans l’ultime scène du film.

Du tout bon donc que cette édition Blu-ray 4K Ultra HD de La Haine et un quasi sans faute, exception faite d’une interactivité que l’on aurait aimé plus ventru.

Les plus :

  • Un électrochoc cinématographique, souvent imité, jamais égalé.
  • Une restauration 4K de tout premier choix…

Les moins :

  • … même si l’on s’interroge encore sur l’implication (ou non) de Mathieu Kassovitz.
  • Beaucoup de bonus de l’édition Collector DVD sont aux abonnés absents.
La Haine – Édition Collector Blu-ray 4K Ultra HD

Résumé : Abdel Ichaha, seize ans est entre la vie et la mort, passé à tabac par un inspecteur de police lors d’un interrogatoire. Une émeute oppose les jeunes d’une cité HLM aux forces de l’ordre. Pour trois d’entre eux, ces heures vont marquer un tournant dans leur vie.

Disque 1 : La Haine en Blu-ray 4K Ultra HD

Spécifications techniques :

  • Image : 1.85:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision
  • Langues : Français DTS-HD Master Audio 5.1 & 2.0
  • Sous-titres : Anglais, Français pour sourds et malentendants
  •  Durée : 1h 37min 55s

Bonus :

  • Commentaire audio de Mathieu Kassovitz (1999)
  • Commentaire audio de Mathieu Kassovitz (2005)
  • Commentaire audio de Mathieu Kassovitz (2020)
  • Bande-annonce (29s)

Disque 2 : La Haine en Blu-ray

Spécifications techniques :

  • Image : 1.85:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langues : Français DTS-HD Master Audio 5.1 & 2.0
  • Sous-titres : Anglais, Français pour sourds et malentendants
  • Durée : 1h 37min 55s

Bonus :

  • Commentaire audio de Mathieu Kassovitz (1999)
  • Commentaire audio de Mathieu Kassovitz (2005)
  • Commentaire audio de Mathieu Kassovitz (2020)
  • Les 10 ans de La Haine (83min 30s)
  • Bande-annonce (29s)

Livre avec préface et couverture de JR, scénario original du film annoté par Mathieu Kassovitz et polaroids du tournage (264 pages)

Captures Blu-ray – Édition Criterion 2012
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Captures Blu-ray – Édition StudioCanal 2020 (Master 4K)
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Captures Blu-ray 4K Ultra HD – Édition StudioCanal 2020 (Master 4K)
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 3840×2160

2 réflexions sur « La Haine en 4K : Jusqu’ici tout va bien »

  1. Film encensé à sa sortie, qui me fit à l’époque douter, je doute toujours quand dégouline à longueur de pages des critiques dithyrambiques, (j’ai réussi à bien écrire ce mot !). Bof, bof, c’est long, c’est long, lassant des mêmes répliques se voulant « djeunes », des mêmes plans sans imagination et répétitif. Je l’ai revu récemment, en VOD, avec les années passées, je l’ai trouvé encore plus bof, bof, à preuve je n’ai pas été jusqu’au bout… Je voulais l’acquérir en 4k, de l’avoir revu m’en dissuade, je garde mes sous !

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