Serpico (1973) de Sidney Lumet - Blu-ray 4K Ultra HD

Serpico : 4K incorruptible

C’est peu dire que la filmographie de Sidney Lumet est ponctuée d’excellents longs-métrages, pour ne pas dire de chefs-d’œuvre indémodables. C’est peu dire également que nous sommes ravis de voir Serpico (1973) inaugurer la carrière du cinéaste sur support Ultra Haute Définition avec une édition Blu-ray 4K Ultra HD particulièrement attrayante de prime abord, moyennant une petite réserve de notre part.

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Serpico - Édition Limitée SteelBook - Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray

Éditeur :StudioCanal
Sortie le :18 novembre 2020  
Catégorie :Steelbook

Test Blu-ray 4K Ultra Haute Définition
Image (4K) :
Image (2K) :
Son :
Bonus :

Serpico en Blu-ray 4K Ultra HD

Retrouvez les informations concernant nos captures et notre matériel de test sur cette page.

Testé à partir de checkdiscs fournis par l’éditeur.

Nous ne vous ferons pas l’affront de vous présenter Sidney Lumet et encore moins Serpico. Le cinéaste qui s’était fait une spécialité des films gravitant dans un univers très « Law & Order » centrés sur des flics, des jurés, des avocats et autres braqueurs depuis son tout premier long, 12 hommes en colère (1957), sans doute le chef-d’œuvre absolu et indémodable de sa carrière, jusqu’à son avant-dernier, Jugez-moi coupable (2006), qui avait montré une toute autre facette, nettement moins « gros bras », de Vin – Fast & Furious – Diesel. Il ne sera toutefois pas interdit de considérer ses œuvres de prétoire plus passionnantes que celles où Lumet suit ses protagonistes arpentant le bitume. À l’image de ce Serpico que son shield et son inébranlable intégrité ne mettra nullement à l’abri de ses collègues et encore moins de sa hiérarchie qui, comme toujours, se sert de ses subordonnés, mal payés et risquant leurs vies dans la rue, comme de simples pions. La démonstration au long cours (l’intrigue se déroule sur plusieurs années) est certes implacable mais en dépit de la performance d’Al Pacino ne parvient pas totalement à nous captiver comme avait pu le faire, au hasard, le duo Popeye / Buddy dans le French Connection (1971) de William Friedkin sorti deux ans plus tôt. De fait, il ne sera pas non plus interdit de considérer la collaboration suivante entre Sidney Lumet et Al Pacino comme bien supérieure. Quoi de plus normal puisqu’avec Un après-midi de chien (1975), le cinéaste renouera avec des unités de lieu et de temps nettement plus resserrées et théâtrales qui lui conviennent à ravir.

De haut en bas :

  • Blu-ray – Édition StudioCanal 2010
  • Blu-ray – Édition Warner 2013
  • Blu-ray – Édition StudioCanal 2020 (Master 4K)
  • Blu-ray 4K UltraHD – Édition StudioCanal 2020 (Master 4K)

Comme pour Les 3 jours du Condor, le communiqué de presse accompagnant la sortie en Blu-ray 4K Ultra HD de Serpico mentionne un bien sibyllin « version restaurée 4K inédite ». Nous avons donc à nouveau contacté directement l’éditeur StudioCanal afin d’obtenir davantage de précisions. Voici leur réponse :

La restauration a été réalisée à partir du négatif original, scanné en 4K par StudioCanal puis restauré numériquement et étalonné à la résolution 4K par L’Immagine Ritrovata en 2020.
Cet élément présentait des poussières, rayures et déformation qui grâce à la restauration numérique ont été corrigées.
L’étalonnage a recrée le look des années soixante-dix du film dans le respect esthétique de l’œuvre : le vert fluo qui prévaut dans les scénographies, les tons chauds des visages et surtout la densité noire des films d’époque, reflétant le style urbain du film.

La tournure « dans le respect esthétique de l’œuvre » résonnant de façon un peu trop vague à nos oreilles, nous avons donc pris contact avec le directeur de L’Immagine Ritrovata, Davide Pozzi, que nous avions déjà rencontré fin 2018 dans leurs locaux parisiens. Ce dernier a bien voulu répondre à nos questions par téléphone afin de clarifier les conditions de cette restauration de Serpico :

Le réalisateur et le chef opérateur ne sont plus parmi nous pour prendre part à ce travail de restauration. Nous avons donc effectué des recherches afin de retrouver l’esthétique très vintage des films de cette époque-là qui présentaient certaines dominantes et certains plans sous-exposés. Nous avons donc effectué l’étalonnage que nous avons ensuite montré à des professionnels et spécialistes américains qui ont l’habitude de travailler sur ce genre de films. Nous n’avions donc aucune source directe mais nous avons toutefois essayé de respecter ce que nous estimions être son esthétique originel en nous inspirant à la fois des autres films de cette époque et des autres films du réalisateur et de son chef opérateur. Certains seront sans doute choqués du résultat en comparant avec les précédentes éditions qui d’après moi sont extrêmement neutres. Nous sommes très souvent critiqués lors de ces comparaisons entre nos restaurations et les versions datant des années 90 issues d’un téléciné effectué avec une colorimétrie très « vidéo » qui ne prend pas du tout en considération l’esthétique du film à l’époque où il a été réalisé. Je suis bien conscient que nous sommes très éloignés de la précédente édition. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il s’agit de la référence en la matière. Pour moi, la bible, c’est la pellicule 35mm elle-même. Je ne suis donc pas surpris que l’esthétique soit très différente car les époques sont différentes. J’ai vu ce film sur grand écran et il s’agit là d’un rendu très années 70. Mais une fois encore, nous sommes dans la subjectivité la plus totale.

De plus, la technologie HDR, lorsqu’elle est bien utilisée, est un outil très précieux pour les films de patrimoine. Elle nous donne une très grande marge de manœuvre afin, non pas d’aboutir au rendu le plus beau qui soit, mais de respecter encore davantage la colorimétrie de la pellicule originelle. Dans le cas de Serpico, nous pouvions faire ressortir certains détails, comme par exemple sur des scènes surexposées. Mais notre travail est de savoir quand s’arrêter, a fortiori avec les outils numériques d’aujourd’hui car nous pourrions faire encore mieux, encore plus beau, mais ce n’est pas le but.

Le scan 4K du négatif d’origine a été effectué à Los Angeles par StudioCanal qui nous ont ensuite fourni ce scan comme élément de travail. Nous avons par ailleurs effectué une séance d’étalonnage en leur compagnie, dans nos locaux à Paris. Il faut savoir également que StudioCanal nous demande systématiquement de respecter la granulosité d’origine (contrairement à la restauration effectuée sur les Bruce Lee où Fortune Star avait explicitement demandé à gommer le grain). Au final, nous avons fourni à StudioCanal un DCP pour la ressortie en salles, un master HDR et un master SDR.

C’est précisément la comparaison avec les précédentes éditions Blu-ray qui a motivé notre désir d’en apprendre davantage tant les différences sont pour le moins flagrantes. À date, deux éditions majeures étaient disponibles : la première parue en France chez StudioCanal en 2010, la seconde parue aux États-Unis chez Warner Home Vidéo en 2013. Cette dernière présentait certes des teintes moins « blafardes » que l’édition StudioCanal 2010 mais proposait en revanche une image au format 1.78 open-matte offrant davantage d’image en haut et en bas mais qui de fait ne respectait plus le ratio original 1.85:1.

En 2020, StudioCanal nous propose donc Serpico avec une image au format 1.85:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision à partir d’un scan 4K du négatif original. Il n’y a rien à redire quant à la propreté de l’ensemble tant le master proposé ici se retrouve désormais débarrassé de toutes les petites scories encore visibles de ci de là sur les éditions précédentes. Le rendu 4K fait par ailleurs magnifiquement son œuvre lors des nombreuses séquences en extérieur avec une profondeur de champ plus que confortable, comme par exemple lorsque Serpico, déguisé en ouvrier d’abattoir, planque à proximité d’un immeuble rouge brique (80min) ou encore lorsqu’il grimpe sur le toit de l’immeuble lors de cette ultime intervention au cours de laquelle il sera grièvement blessé (116min). Les gros plans sur les visages font par ailleurs la part belle à une précision du rendu et une granulosité de l’image comme évoqué ci-dessus par Davide Pozzi. La gestion des contrastes est à l’avenant et permet de profiter d’une très belle lisibilité lors des nombreuses séquences en basse luminosité comme le démontre cette première intervention de nuit de Serpico (10min).

Là où notre appréciation (et celles assurément de beaucoup d’autres) risque effectivement d’être plus nuancée comme le souligne le directeur de L’Immagine Ritrovata, c’est sur ce nouvel étalonnage colorimétrique. Alors certes, nous ne remettrons pas en cause le rendu des couleurs qui retrouvent désormais leur patine années 70 sans pour autant booster plus que de raison les teintes originelles (cf. le vert de ce parc où Serpico retrouve ses collègues à 76min, le rouge brique de l’immeuble sus-cité ou encore le noir bien dense du costard de Serpico lorsqu’il témoigne à 99min). En revanche, cette toute nouvelle approche qui tend très clairement vers des teintes jaunes / verts nous a laissé quelque peu dubitatif dès les premières minutes du film. Difficile toutefois de remettre totalement en cause ce nouveau travail de restauration, nous qui ne sommes nullement historiens du cinéma et n’avions de surcroît et jusqu’à maintenant jamais découvert Serpico autrement qu’au travers de ces précédentes éditions DVD / Blu-ray.

Côté son, si la précédente édition américaine proposait une piste 5.1, il n’en est nullement question ici puisque nous sommes en présence de pistes anglaise et française proposées en PCM 2.0 stéréo. Les premières minutes du film permettent de prendre la pleine mesure des possibilités de ces deux pistes entre la sirène qui retentit (avec une VF un peu plus stridente) et cette pluie battante alors que tout le monde se rue vers l’hôpital (5min). Le rendu acoustique est clair, dynamique et claque bien lorsque la situation l’y autorise (cf. cette scène de tirs au stand à 97min). Dialogues et musiques constituent les éléments les plus prédominants de la bande son même s’il faudra parfois tendre un peu l’oreille ou bien pousser le volume de quelques décibels supplémentaires pour bien distinguer les différentes répliques, le niveau d’encodage des deux pistes nous ayant semblé un peu bas.

Enfin, contrairement à l’édition 4K des 3 jours du condor où plusieurs suppléments de choix étaient passés à l’as, les deux bonus de la précédente édition StudioCanal de 2010 sont à nouveau de la partie, à savoir une interview de Sidney Lumet datant de 2005 enregistrée au festival d’Arras, et un doc de 2010 sur Al Pacino. Mais le fin du fin reste ce tout nouveau documentaire de 2017 de près de 100 minutes qui dresse le portrait du vrai Frank Serpico. Une initiative plus qu’appréciable qui rehausse tout l’intérêt de cette édition Blu-ray 4K Ultra HD. En attendant, espérons-le, la sortie d’autres films majeurs de Sidney Lumet.

Les plus

  • L’un des films les plus connus de Sidney Lumet avec un Al Pacino hallucinant.
  • Le Blu-ray 1080p propose lui aussi le nouveau master 4K. C’est assez rare pour être signalé.
  • Un boîtier Steelbook, c’est toujours plus classe.
  • Un tout nouveau documentaire sur le vrai Frank Serpico.

Les moins

  • Un nouvel étalonnage colorimétrique tirant vers le jaune / vert qui nous a laissé dubitatif.
Serpico – Édition Blu-ray 4K Ultra HD

Résumé : Fraîchement sorti de l’académie de police, Frank Serpico commence son service à New York avec une forte idéologie et les valeurs qui lui sont propres. Mais il se rend vite compte qu’il entre dans une vaste machine à corruption. Ne se laissant aller au petit jeu des pots-de-vin, il est rapidement isolé au sein de sa brigade. Alors qu’il s’apprête à révéler ses découvertes au grand jour, aux yeux de ses collègues, Serpico n’est qu’un traître.

Disque 1 : Serpico en Blu-ray 4K Ultra HD

Spécifications techniques :

  • Image : 1.85:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision
  • Langues : Anglais & Français PCM 2.0 Stéréo
  • Sous-titres : Français
  • Durée : 2h 10min 12s

Bonus :

  • Aucun

Disque 2 : Serpico en Blu-ray

Spécifications techniques :

  • Image : 1.85:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langues : Anglais & Français PCM 2.0 Stéréo
  • Sous-titres : Français
  • Durée : 2h 10min 12s

Bonus (HD et VOSTF) :

  • Sidney Lumet, cinéaste New Yorkais (28min 47s)
  • Looking for Al Pacino (29min 22s)
  • Frank Serpico (98min 16s)

Captures Blu-ray – Édition StudioCanal 2010
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Captures Blu-ray – Édition Warner 2013
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Captures Blu-ray – Édition StudioCanal 2020 (Master 4K)
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Captures Blu-ray 4K Ultra HD –Édition StudioCanal 2020 (Master 4K)
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 3840×2160

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  • Serpico (1973) de Sidney Lumet - Packshot Blu-ray 4K Ultra HD
Blu-ray 4K Ultra HD
Éditeur : StudioCanal
Sortie le : 01 mars 2023  
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Éditeur : StudioCanal
Sortie le : 19 novembre 2020  
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