Bruce Lee : Coffret Blu-ray 2011 vs 2018 (Master 4K)

Bruce Lee : Coffret Blu-ray 2011 vs 2018 (Master 4K)

Depuis le lancement du format Blu-ray en 2008, quatre des films emblématiques de Bruce Lee que sont Big Boss (1971), La Fureur de vaincre (1972), La Fureur du Dragon (1972) et Le Jeu de la mort (1978) n’avaient jamais eu droit à des éditions techniquement dignes du support. En 2018, la situation va radicalement changer. Metropolitan a en effet décidé de frapper un très grand coup en proposant de toutes nouvelles éditions à partir de masters 4K entièrement restaurés. Ne faisant pas les choses à moitié, l’éditeur décline également ces quatre longs-métrages en Blu-ray 4K Ultra HD. Une première mondiale (sauf erreur de notre part). L’occasion était donc trop belle pour ne pas nous lancer dans un grand comparatif entre les anciennes éditions Blu-ray parues pour la première fois en 2011 (de nombreuses ressorties eurent lieu par la suite mais à partir des mêmes disques) et ces toutes nouvelles galettes flambant neuves de 2018.

Bruce Lee - Coffret Édition Définitive : Big Boss, La Fureur de vaincre, La Fureur du Dragon, Le Jeu de la mort

Éditeur :Metropolitan Vidéo
Sortie le :27 octobre 2018  
Catégorie :Coffret

Test Blu-ray
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Son :
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Retrouvez les informations concernant nos captures et notre matériel de test sur cette page.
Bruce Lee : Maître de la 4K

Mais avant d’en venir au programme des réjouissances à proprement parlé, nous tenions à remercier chaleureusement Metropolitan qui a joué la transparence totale sur cette ressortie en nous fournissant l’intégralité des galettes, non seulement celles de 2011 (que personne à la rédac ne possédait et pour cause, on y revient dans un instant) mais aussi celles de 2018, aussi bien les Blu-ray 1080p que les Blu-ray 4K. Autant dire un sacré paquet de disques à scruter en tous sens avant de rédiger cet entrefilet qui se focalisera exclusivement sur les Blu-ray 1080p tandis que les Blu-ray 4K Ultra HD feront l’objet d’articles dédiés. Mais Metropolitan ne s’est pas arrêté là et nous a également communiqué différentes précisions techniques tandis que dans le même temps, cet article de Variety nous amenait à creuser plus avant le processus ayant conduit à ces rééditions auprès du laboratoire en charge de cette restauration.

En haut : Blu-ray – Édition 2011
En bas : Blu-ray – Édition 2018 (Master 4K)

Big Boss (1971) de Lo Wei

Mais revenons-en pour commencer aux premiers exploits de Bruce Lee en Haute Définition, à savoir les Blu-ray de 2011. Tous ceux qui les possèdent ne le savent que trop bien, ceux-ci sont (très) loin de faire honneur au support. Et pour cause, les masters employés fleuraient bon les upgrades de ceux utilisés pour les éditions DVD sorties en 2005 et annoncées à l’époque comme « remasterisées ». Au programme : un très grand nombre de défauts de copie, des couleurs délavées, des noirs bouchés occasionnant des scènes en basse luminosité très peu lisibles (cf. les séquences nocturnes de Big Boss) avec pour couronner le tout, une compression loin d’être irréprochable elle aussi puisque tout ceci était encodé sur des disques simple couche (25Go d’espace disponible). Autant dire que dans de telles conditions, tous fans de Bruce Lee que nous sommes à la rédaction, aucun d’entre nous n’avait daigné se procurer les disques en question. Toutes les rééditions Blu-ray parues depuis cette année-là avaient systématiquement recours à ces mêmes galettes fort peu reluisantes il faut bien l’admettre.

En 2018, tout ceci a énormément changé, majoritairement en bien. Et les quatre longs-métrages de Bruce Lee de recouvrer enfin toute leur superbe. Ces tous nouveaux masters 4K entièrement restaurés laissent désormais place à des images d’une propreté immaculée, aux couleurs retrouvées et contrastées (cf. les t-shirts, chemises et autres débardeurs des petites frappes à la solde du patron local dans Big Boss et La Fureur du Dragon) tandis que dans le même temps les scènes les plus sombres retrouvent elles-aussi une belle lisibilité grâce à de vrais noirs bien denses. Exit également les gros pâtés de compression disgracieux et place à un encodage autrement plus probant sur des disques désormais double couche permettant d’aboutir à un rendu vidéo beaucoup plus pointu. Bref du tout bon sur toute la ligne. Ou presque.

La Fureur de vaincre (1972) de Lo Wei

Car il y a un « mais ». Deux même. En effet, pour aussi resplendissant que soient ces tous nouveaux masters 4K des films de Bruce Lee, ceux-ci nous ont toutefois fait (très) légèrement tiquer sur deux aspects. Le premier point concerne le grain. Ceux qui nous lisent depuis les débuts de Digital Ciné en 2014 le savent pertinemment, nous sommes de grands amoureux des rendus argentiques, a fortiori lorsqu’il s’agit de films tournés sur pelloche (16mm, 35mm, etc.) comme c’est le cas ici. Et si l’on note bien la présence d’un petit grain sur les quatre longs-métrages, le rendu nous a néanmoins apparu un peu trop DNRisé à notre goût. Oh certes, pas au point de tomber dans des extrêmes façon Musée Grévin avec le cas d’école du Blu-ray Ultimate Hunter Edition de Predator sorti en 2010 mais suffisamment malgré tout pour que nous haussions un sourcil. Le second point concerne la colorimétrie. Aussi pimpantes que soient les couleurs, ces nouveaux masters tendent vers une teinte verte, tout particulièrement visible au niveau des couleurs de peau. Un constat d’autant plus facilement décelable que Bruce Lee est fréquemment torse nu lors de ses combats.

La Fureur du Dragon (1972) de Bruce Lee

Bruce Lee : De Paris à Hong-Kong en passant par Bologne

Afin de tenter d’y voir un peu plus clair sur ces deux aspects et plus globalement sur ces nouveaux masters 4K, nous avons remonté le fil de ce long process de restauration en prenant notre plus belle plume pour échanger en français, anglais, italien voire même en cantonnais, avec tous les acteurs du projet. Le plus haut commanditaire de cette restauration est la société hongkongaise Fortune Star qui possède les droits des quatre longs-métrages de Bruce Lee mais également ceux de quantité d’autres stars locales, tant devant (Jackie Chan, Donnie Yen, Chow Yun Fat, Sammo Hung, etc.) que derrière la caméra (John Woo, Tsui Hark, Johnnie To, etc.). À l’autre bout de la chaîne, c’est L’Image Retrouvée qui s’est chargé de la restauration à proprement parlé. Le laboratoire en question, géré par la Cinémathèque de Bologne, est également bien connu dans nos contrées puisqu’il est régulièrement amené à collaborer avec des éditeurs français (Pathé, Studio Canal, etc.) ou encore avec l’Institut Lumière dirigée par un certain Thierry Frémaux, également connu pour sa casquette de délégué général du Festival de Cannes. En 2015, L’Image Retrouvée a ouvert une antenne à Hong-Kong, précisément pour se rapprocher des ayants-droits de toutes ces perles d’antan du cinéma asiatique en général et hongkongais en particulier. Nous y voilà donc : Fortune Star, la Cinémathèque de Bologne et L’Image Retrouvée. C’est ce dernier que nous avons contacté pour en apprendre davantage sur le travail de restauration accompli, la division française ayant alors relayé notre demande auprès de la maison-mère bolognaise en charge du projet qui a elle-même transmis nos questions auprès des responsables de Fortune Star. À l’heure de la publication de cet article, nous attendons leurs réponses d’une minute à l’autre et nous ne manquerons pas de les ajouter dès que celles-ci nous auront été communiquées.

Metropolitan est ensuite reparti de ce travail effectué par L’Image Retrouvée et c’est la société française Hiventy basée à Malakoff en région parisienne qui s’est chargée de l’encodage et de l’authoring sous la supervision de Charles Ferragut, rédacteur en chef de feu la revue spécialisée Kumite (1999 – 2007). Metropolitan nous a bien précisé qu’aucun travail de réétalonnage n’avait été effectué à leur niveau et qu’ils ont donc laissé tel quel l’étalonnage effectué par le laboratoire bolognais. De fait, les deux réserves que nous avons exprimées ci-dessus sont à mettre au crédit des ayants-droits qui ont approuvé la restauration et non à l’éditeur français. Il y a donc fort à parier que si d’autres éditions Blu-ray ou Blu-ray 4K Ultra HD étaient amenées à voir le jour dans d’autres pays au cours des mois / années à venir en repartant de ces mêmes masters 4K, le résultat observé serait peu ou prou identique.

Le Jeu de la mort (1978) de Robert Clouse

Bruce Lee : Cris, docs et clap de fin

Quelques mots pour finir concernant le son et l’interactivité. Si nous détaillerons ces deux aspects au sein des articles consacrés aux différents Blu-ray 4K Ultra HD, sachez toutefois que rien n’a bougé à ce niveau depuis 2011. Les pistes sons proposées sur chaque disque sont stricto sensu les mêmes que celles déjà présentes sur les présentes éditions Blu-ray avec chacune leurs points forts, leurs points faibles et leurs singularités (absence de musiques ou de bruitages, voire même des musiques ou des bruitages différents !). Quant aux suppléments, il s’agit là aussi à la virgule près des mêmes que ceux présents au sein des différents coffrets regroupant les quatre films. À cette différence près que les deux documentaires de 90 minutes consacrés à Bruce Lee étaient jusqu’ici regroupés sur un disque séparé tandis qu’ils sont désormais proposés respectivement sur les Blu-ray de Big Boss et La Fureur du Dragon. Un choix sans conséquence notable sur la qualité technique puisque, comme déjà évoqué un peu plus haut, les films sont désormais encodés sur des disques double couche (avec donc davantage de place disponible).

In fine, la question que certains se posent sans doute depuis la toute première phrase d’introduction de cet article est de savoir si oui ou non ils doivent (r)acheter ces quatre longs-métrages du Petit Dragon. La réponse courte serait alors : OUI ! Que vous possédiez déjà ou non l’une des précédentes éditions DVD et/ou Blu-ray, il n’y a clairement pas photo tant la (re)découverte de ces films cultes à l’aune de ces tous nouveaux masters 4K est une bien belle claque dans la gueule. La réponse un peu plus nuancée serait quant à elle : oui mais ; le mais sous-entendant que la nouvelle dominante verte et un grain en retrait ne seront peut-être pas du goût de tous mais qu’il s’agit là de choix approuvés par les ayants-droits hongkongais. Pour conclure, précisons qu’une vidéo promotionnelle disponible sur la chaîne YouTube de Fortune Star montre bien, elle aussi, cette nouvelle colorimétrie à dominante verte (cf. la première minute de la vidéo).

Big Boss (1971) de Lo Wei

 

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080 (Édition Blu-ray 2011)

 

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080 (Édition Blu-ray 2018 – Master 4K)

 

La Fureur de vaincre (1972) de Lo Wei

 

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080 (Édition Blu-ray 2011)

 

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080 (Édition Blu-ray 2018 – Master 4K)

 

La Fureur du Dragon (1972) de Bruce Lee

 

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080 (Édition Blu-ray 2011)

 

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080 (Édition Blu-ray 2018 – Master 4K)

 

Le Jeu de la mort (1978) de Robert Clouse

 

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080 (Édition Blu-ray 2011)

 

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080 (Édition Blu-ray 2018 – Master 4K)

2 réflexions sur « Bruce Lee : Coffret Blu-ray 2011 vs 2018 (Master 4K) »

  1. L’immagine Ritrovata opère dans la restauration depuis pas mal de temps maintenant (environ 2010). Après leur maison mère à Bologne, qui a officié sur pas mal de gros projets, le labo a ouvert une succursale à Hong Kong et une autre à Paris.

    La majeure partie de leurs restaurations couleurs étalonnées en interne démontrent les mêmes dérives dans le jaune (enfin, moi je trouve que c’est plutôt jaune que vert), ainsi qu’un contraste souvent un peu léger et des noirs colorés.

    Les films suivants sont concernés : Your Vice is a Locked Room and Only I Have the Key, The Black Cat, What Have You Done to Solange?, Les frissons de l’angoisse, Dragon Inn, A Touch of Zen, Mariage à l’italienne, Death Walks on High Heels, Death Walks at Midnight, The Night Evelyn Came Out of the Grave, The Red Queen Kills Seven Times, The Bloodstained Butterly, Fist of Fury, The Big Boss, Game of Death, Way of the Dragon, La 10e victime, Property is no longer a theft, Le syndicat du crime, White Vertigo, Rome 60 – The Grand Olympics, Amarcord (la nouvelle restauration 4K de 2015) et La couleur de la grenade (la version Paradjanov).

    La liste s’est depuis allongée, avec notamment 1900, La légende de la montagne, Police Story 1 et 2 ou Nous nous sommes tant aimés.

    Ce qui est intéressant, c’est que les éditeurs vidéo travaillant avec eux en sont arrivés au point où ils demandent des restaurations non étalonnées pour faire l’étalonnage eux, quand ils n’en sont pas à devoir tout refaire quand la restauration a quand même été livrée étalonnée. C’est ce que Camera Obscura ont fait sur A la recherche du plaisir. Et si vous avez eu l’occasion de récemment voir la restauration 4K des Frissons de l’angoisse, la version restaurée diffusée à Lyon n’a pas grand chose à voir côté couleurs avec ce que Arrow a sorti en vidéo en Angleterre. Arrow a aussi totalement ré-étalonné L’arbre aux sabots (ce qui donne une copie vastement différente du Criterion), tandis que Shout avait refait les 4 Bruce Lee, pour des rendus très différents d’ici :
    https://caps-a-holic.com/c.php?d1=12272&d2=8853&c=3274
    https://caps-a-holic.com/c.php?d1=11190&d2=9090&c=3284
    https://caps-a-holic.com/c.php?d1=12264&d2=8721&c=3283
    https://caps-a-holic.com/c.php?d1=10446&d2=9501&c=3282

    Autre point intéressant, c’est qu’on retrouve la même dérive jaune et le niveau de noirs décollés sur Les frissons de l’angoisse malgré l’aide de Luciano Tovoli, sur La couleur de la grenade malgré sa copie de référence sur pellicule Orwo, sur A Touch of Zen malgré la copie de référence de 1992 couplée à l’avis de Hua Hui-ying, sur Mariage à l’italienne malgré l’aide de Ennio Guarnieri, La 10e victime avec sa copie positive d’origine comme référence, 2 films du projet du CIO 80 ans de films olympiques (alors qu’aucun autre film couleur ne montre cet aspect, et que même le logo introductif du projet a un fond jauni sur vos restaurations), etc.

    Plus intéressant encore, c’est ce que James Steffen, consultant sur la restauration du Paradjanov, a découvert en allant re-comparer la restauration 4K récemment effectuée par le labo et la copie Orwo stockée à Harvard, et qui a servi de référence pour les couleurs (justement). Le constat est sans appel : « We still do not have a definitive or near-definitive restoration of the film. The color grading and soundtrack should be redone, either by L’Immagine Ritrovata or by someone else in a future restoration. »

    http://www.jamesmsteffen.net/2018/04/what-color-is-the-color-of-pomegranates-a-critique-of-the-2014-world-cinema-projectlimmagine-ritrovata-restoration-of-parajanovs-film/

    J’espère que vous aurez une réponse de la part de Ritrovata. J’avais compilé toutes ces infos dans un mail que je leur avais envoyé en février 2018. La réponse reçue le lendemain me disait : « J’ai transmis votre message à la direction de L’Immagine Ritrovata. Je vous tiendrai au courant dès que j’ai une réponse. »

    Et je n’ai évidemment jamais eu de réponse de leur part, malgré mes relances…

  2. Aux vues des captures du format blu ray 2011 et de celles de 2018, la version 2011 m’apparait beaucoup plus pimpante que celle de 2018 ! J’ai cru sur le moment qu’il y avait une erreur et inversion des captures tellement la version 2018 à l’air terne … Pourtant, la version 2011 n’était paz vraiment au top comme vous l’avez fait remarqué. Il va falloir encore attendre pour avoir enfin une édition digne de ce nom …

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