Image une - Coin de Mire Cinéma Vague 4

Coin de Mire Cinéma – Vague 4

C’est déjà l’heure de la vague 4 chez Coin de Mire Cinéma alors que l’on est persuadé que même avec le confinement vous n’êtes pas encore venus à bout des titres de la vague 2 et 3 (cherchez pas, y a pas de vague 1 sur DC). Qu’à cela ne tienne, vous avez encore un peu de temps avant de vous ébrouer à la rencontre des multiples dangers de la vie en mode déconfinement pour lire ce copieux papier pour lequel le relecteur avant publication doit certainement nous maudire en découvrant ces premières lignes. Oui parce que à DC on a des relecteurs dont la spécificité est de laisser passer des coquilles et autres belles fôtes dortografes.

Mais si vous n’êtes pas bégueules, laissez vous porter par cette nouvelle fournée concoctée par Coin de Mire Cinéma, cet éditeur nouvellement arrivé dans le « game » de la vidéo physique qui se propose de revisiter ce cinéma de papa vilipendé à l’envi par les jeunes turcs des Cahiers du Cinéma et fer de lance de La Nouvelle Vague alors naissante. Encore qu’ici, on change un tantinet son fusil d’épaule avec l’apparition de Clouzot que l’on aurait bien du mal à associer aux films de Denys de La Patellière, Henri Decoin et Jean Delannoy. D’autant que ce n’est pas un mais bien à deux films du réalisateur du Corbeau ou du Salaire de la peur auxquels on a droit. Et que dire de Georges Lautner où là aussi c’est une première chez Coin de Mire Cinéma avec une nouvelle fois deux films d’un coup d’un seul du réalisateur des Tontons flingueurs. En fait cette nouvelle fournée n’affiche que des premières puisque ni Marcel Carné, ni Edouard Molinaro n’avaient eu jusqu’ici les honneurs d’un luxueux Digibook Blu-ray + DVD + Livret au sein de la collection La Séance. C’est donc chose faite. On vous laisse en bonnes compagnies.

La Vérité - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :06 mars 2020  

Résumé : Après avoir passé son enfance en province, Dominique réussit à convaincre ses parents de la laisser accompagner sa sœur, Annie, qui part à Paris. Dominique se fâche rapidement avec Annie et va habiter seule au quartier latin où elle accumule des aventures. Elle rencontre alors Gilbert, un ami de sa sœur, qu’elle décide de provoquer…

La Vérité est sans conteste le dernier grand film de Clouzot. L’Enfer qui devait suivre mais qu’il ne pourra pas achever sera en effet un chant du cygne d’autant plus tragique que les images exhumées grâce à la passion et à la pugnacité de Serge Bromberg, laissaient augurer quelque chose en forme d’apothéose d’une filmographie profondément atypique, unique et le plus souvent remarquable. Il faut dire aussi qu’entre la sortie de La Vérité et le début du tournage de L’Enfer se sont écoulées quatre années durant lesquelles sa femme Véra Clouzot meurt d’une crise cardiaque. L’écriture de L’Enfer sera comme un catharsis mais aussi un moyen de sortir de la dépression dans laquelle il s’était enfoncé.
Véra Clouzot est co-scénariste sur La Vérité. On ne connaît pas précisément son apport sur une histoire de toute façon écrite et dialoguée à de nombreuses mains mais le résultat est absolument remarquable de rigueur, d’intensité et de caractérisations psychologiques.  Avec La Vérité, Clouzot abandonne le côté maître du suspense qu’Hitchcock avait publiquement admiré à la découverte des Diaboliques (1955) pour plus se concentrer sur la critique sociale qui rappelle par certains aspects les effluves délétères et rances qu’il avait déjà mises en avant dans Le Corbeau en 1943. À la différence toutefois ici que la charge est plus insidieuse et pernicieuse à l’image du procès intenté à l’encontre de cette jeune femme dont on reproche moins d’avoir tué son amant que son mode de vie non conforme au regard des bonnes mœurs bourgeoises de l’époque (et d’aujourd’hui ?).
Cette femme c’est Brigitte Bardot qui a accouché il y a quelques mois de son unique enfant dans son appartement parisien cerné par les paparazzis. Elle a accepté ce rôle contre l’avis défavorable de son mari (l’acteur Jacques Charrier qu’elle avait rencontré sur le tournage de Babette s’en va-t-en guerre de Christian-Jaque) et en profitera pour avoir une aventure pendant le tournage avec Sami Frey. Il est d’ailleurs étonnant de trouver dans La Vérité de nombreux points de similitude avec la vie mouvementée d’alors de BB. Jusqu’à une tentative de suicide après le tournage à l’image de son personnage dont l’histoire est narrée par le président de la cour d’assises (Louis Seigner, une de ces secondes lames du cinéma français comme on n’en voit plus guère aujourd’hui) en guise de préambule puis de fil rouge à son procès. Oui car précisons à toutes fins utiles que La Vérité est avant tout ce que l’on appelle un film de prétoire et certainement l’un des meilleurs jamais réalisés en France. Le fait que Clouzot ait suivi le procès de Clotilde Seggiaro, dite « Clo » – une quinquagénaire retrouvée ligotée dans son hôtel, son coffre-fort pillé par son jeune et bel amant – aux côtés de son ami et avocat Maitre Fleuriot n’est bien entendu pas étranger à cette réussite proche du documentaire que l’on retrouvera plusieurs décennies plus tard chez Raymond Depardon.
C’est qu’au-delà de la perf de tous les acteurs (seul petit bémol pour Sami Frey qui a bien du mal à tenir la distance alors qu’en face il y a la fougue érotique mais surtout le talent de la Bardot), Clouzot ordonnance sa mise en scène d’une manière clinique. Chaque plan, chaque cadrage, chaque mouvement de caméra obéit aux injonctions de l’histoire formant un ensemble où tout se répond à la perfection. C’est bien simple, rien n’est à jeter et tout est à visionner avec une certaine gourmandise alors même que Clouzot épure jusqu’à l’os sa narration. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes mais il faut croire que la vérité est à ce prix. Non pas celle de la recherche des motivations de l’accusée par des jurés et un jury aux convictions à l’évidence biaisées dès le début mais bien à l’encontre d’une justice qui tourne à vide. À ce titre, l’opposition entre Charles Vanel (avocat de la défense) et Paul Meurisse (l’avocat de la partie civile) est un délice de chaque instant. Mais un délice hautement pervers et au cynisme assumé jusqu’au plan final où les deux adversaires se donnent rendez-vous dès la semaine suivante pour une nouvelle affaire où chacun endossera la robe de l’autre. Implacable.
Tout comme cette édition (pas trouvé mieux comme transition) qui tord le cou aux préceptes mis en place par Coin de Mire Cinéma en matière de compléments puisque nous est proposé Le Scandale Clouzot, un documentaire d’exception diffusé en 2017 sur Arte. Son réalisateur Pierre-Henri Gibert à qui l’on doit plus récemment 1940, main basse sur le cinéma français (remarquable film sur la Continentale qui se base sur le non moins remarquable livre de Christine Leteux Continental films), nous dévoile en fait rien de véritablement nouveau sur l’homme ou le cinéaste. Par contre son film combine habilement les deux pour nous révéler des facettes  peu explorées jusqu’ici de son cinéma et ainsi une nouvelle grille de lecture de sa filmographie passionnante. Coin de Mire Cinéma semble vouloir mettre de côté sa politique en matière de suppléments qui se cantonnait jusqu’ici en l’adjonction de réclames et d’actualités d’époque histoire de se replonger dans une séance typique de la période. Si l’on rajoute le magnifique packaging où l’on trouvera les usuels « goodies » (livret contenant quelques belles reproductions de matériels publicitaires / photos d’exploitation en papier glacé / reproduction de l’affiche), on peut sans aucun doute affirmer qu’on a là une édition qui n’a aucunement à rougir de son pendant new-yorkais.
Criterion proposait en effet depuis février 2019 La Vérité dans une édition où l’on trouve le doc de Pierre-Henri Gibert mais aussi deux autres bonus pas transcendants mais au visionnage plaisant : un extrait d’un doc sur BB par son compagnon d’alors à savoir l’ami des bêtes Allain Bougrain-Dubourg et un autre extrait d’une interview de Clouzot où il revenait sur la façon dont il a dirigé Bardot. On en profite pour rappeler ici l’anecdote non dévoilé dans ces deux extraits de la fameuse gifle que s’est prise l’actrice quand il a fallu tourner la grande scène finale. Gifle qu’elle lui a d’ailleurs retourné recta. Exemple parmi tant d’autres de la façon plutôt autoritaire qu’avait Clouzot à diriger ses comédiens.
Coin de Mire Cinéma tient aussi la comparaison avec l’image Criterion réputée comme le mètre étalon dans le domaine. Et bien on a comparé et franchement nous n’avons décelé aucune différence. Les sources sont les mêmes à savoir un master restauré 4K effectué par l’Immagine Ritrovata depuis un négatif 35mm détenu par Sony Pictures (anciennement Columbia) qui on le rappelle en avait acquis à l’époque les droits de distribution pour la France et le reste du monde. Histoire que vous en ayez le cœur net on s’est fendu de quelques captures comparatives ci-dessous. Pour la faire courte, d’un côté comme de l’autre le N&B est somptueux alors que le grain suffisamment présent affine la définition d’ensemble. C’est tout simplement remarquable. Au final seul le son diffère avec chez Criterion le rituel mono encodé en PCM 1.0 et chez Coin de Mire Cinéma le même mono mais proposé en DTS-HD MA 2.0 forcément plus compressé. Mais franchement bien malin celui qui à l’oreille nue pourra déceler une quelconque différence même si techniquement on préfèrera toujours le rendu sonore avec le moins de compression possible. Enfin, on s’en voudrait de ne pas mentionner la bande annonce (lien cliquable dans le descriptif ci-dessous) qui est en fait celle qui fut proposée dans les salles américaines (en version anglaise pour la voix off qui est ici sous-titrée en français). Connaissant Thierry Blondeau, fondateur de Coin de Mire Cinéma, et sa passion pour retrouver ce genre de pépite, il faut croire que la bande annonce française est perdue.
Ajoutons enfin que jusqu’ici seul un DVD édité en 2007 par René Chateau avait vu le jour en France. Il propose le film au format 1.33 sans aucun bonus via un master apparemment détenu à l’époque par TF1 Vidéo. On est sympa on l’a retrouvé dans notre gourbi et on s’est fendu pour le coup là aussi d’une petite capture (comparative) à retrouver ci-dessous.

La Vérité - Capture DVD René ChateauCapture issue du DVD René Chateau

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 2h08min 05s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 44ème semaine de l’année 1960 (11min 05s – HD)
  • Réclames de l’année 1960 (8min 11s – HD)
  • Le Scandale Clouzot : documentaire signé Pierre-Henri Gibert diffusé en 2017 sur Arte (62min 09s – HD)
  • Bandes-annonces :
    • Des pissenlits par la racine de Georges Lautner (3min 17s – HD)
    • La Vérité (2min 05s – VASTF – HD)
    • Les Espions de Henri-Georges Clouzot (3min 12s – HD)
    • Le Monocle rit jaune de Georges Lautner (3min 38s – HD)
    • Les Jeunes loups de Marcel Carné (3min 52s – HD)
    • La Chasse à l’homme de Édouard Molinaro (3min 06s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Les Espions - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :06 mars 2020  

Résumé :  Le docteur Malic est un psychiatre raté. Il n’a que deux malades dans sa clinique délabrée. Il se console en buvant du vin dans le bistrot d’en face. Un soir, un homme l’appelle, il se dit être le Colonel Howard de l’Institut de guerre psychologique des U.S.A. et il lui propose une somme énorme pour héberger un agent qui a besoin de disparaître…

Les Espions intervient dans la filmo de Clouzot après l’échec commercial du Mystère Picasso. Le cinéaste s’était en effet habitué depuis 1947 et Quai des Orfèvres à la reconnaissance de ses pairs, ce que le Prix spécial du Jury à Cannes obtenu pour ce documentaire sur le célèbre peintre espagnol n’a pas manqué de réitérer, ainsi qu’à celui du public. Mais les 170 000 spectateurs du Mystère Picasso sont venus infléchir brutalement cette courbe qui montait à plus de 3,5M d’entrées avec Les Diaboliques, son précédent film, et à près de 7M de spectateurs pour Le Salaire de la peur. Pour Clouzot qui était aussi producteur, c’était un manque à gagner important et il fallait renflouer les caisses de Vera Films, sa société de production qu’il avait baptisé ainsi du nom de son épouse. Et Les Espions semblait à ses yeux le projet idéal pour se refaire.
Pour autant, l’expérience du Mystère Picasso lui avait ouvert des perspectives inédites d’exploration formelle. Et l’adaptation du Vertige de minuit de l’écrivain tchèque Egon Hostovsky, semblait convenir à ces nouvelles aspirations esthétiques. Et puis sur le fond, Clouzot a toujours rêvé de porter à l’écran Le Procès de Kafka auquel le bouquin d’Hostovsky emprunte un même penchant pour la description d’un monde absurde devenu paranoïaque. C’est d’ailleurs ce qu’il s’efforce constamment de mettre en avant en usant par exemple d’une photo reprenant les préceptes de l’expressionnisme allemand (silhouettes surgissant des zones d’ombre du cadre et N&B découpé au cordeau) ou d’intérieurs aux lignes de fuite quasi inexistantes. L’unité de lieu est d’ailleurs primordiale dans Les Espions puisque les ¾ du film se déroulent dans une maison de banlieue qui fait office de clinique psychiatrique plutôt décrépie. Son propriétaire, le docteur Malic, est criblé de dettes et n’a plus que deux patients. Jusqu’au moment où un personnage interlope se disant membre d’une organisation secrète lui propose une grosse somme d’argent pour cacher une personne pendant quelques jours. Pour le médecin un peu alcoolique, c’est là que les ennuis vont véritablement commencer.
Clouzot s’en donne alors à cœur joie pour nous décrire ce monde fait de zones grises peuplées de personnages aux motivations jamais clairement définies. La villa banlieusarde qui tombe en ruine filant dès lors la métaphore d’une France ayant définitivement perdue de sa superbe sur l’échiquier mondial aux profits de deux nouvelles puissances qui se font une guerre froide sans merci sur le cadavre encore tiède d’une Europe qui ne se relèvera jamais tout à fait de ses cendres. Si l’on a bien compris les intentions, on sera un petit plus dubitatif sur le développement d’une histoire qui si elle ne se prive pas d’aller flirter du côté du pastiche et de l’humour noir nonsensique, n’en demeure pas moins bordélique avec le danger de laisser le spectateur sur le bord de l’intrigue. Jusqu’aux jeux des acteurs que l’on ne sent jamais vraiment dans le bon tempo même si l’on pense que c’est totalement assumé. Ainsi, on peut être hermétique aux gesticulations labiales de Peter Ustinov tout en chérissant chacune de ses apparitions qui demeurent à plus d’un titre un véritable bonheur des sens. À l’arrivée on peut comprendre que le film ait divisé et divise encore aujourd’hui. Le célèbre écrivain, journaliste et ami du cinéaste Henri Jeanson ne dira-t’il pas que « Clouzot a fait Kafka dans sa culotte » ? Il n’en demeure pas moins que Les Espions et ses presque 2M d’entrées n’a pas à rougir au sein de la filmo de Clouzot même si pour définitivement se refaire la cerise, il lui faudra attendre La Vérité et ses plus de 5,5M de spectateurs.
Une réputation peu flatteuse qui lui colle toujours aux basques puisqu’il fallait jusqu’ici se tourner vers le Japon pour (re)découvrir Les Espions en Blu-ray. L’éditeur IVC le propose en effet depuis 2017 au sein d’un coffret qui réunit aussi Le Salaire de la peur et Les Diaboliques. En fait trois films dont les droits sont détenus par TF1 DA qui s’est d’ailleurs fendu de deux belles éditions ad hoc éditées au sein de feu la collection Héritage en octobre 2017. Quant aux Espions, ils devaient se cantonner jusqu’ici d’une galette DVD uniquement disponible au sein d’un coffret intitulé Clouzot – L’essentiel paru là aussi chez TF1 Vidéo en 2017 aujourd’hui introuvable ou à des prix ne défiant aucune concurrence. Qu’à cela ne tienne puisque le DVD présent au sein de ce combo est stricto sensu le même que celui présent au sein dudit coffret. Et pour les plus friands de ce genre d’info, on peut rajouter que le master est issu d’une restauration 2K effectuée depuis le négatif original et diligentée par TF1 dont s’est aussi servie l’édition japonaise. Entre le DVD et le Blu-ray la différence va bien entendu se situer au niveau de la définition incomparablement plus détaillée mais aussi à l’aune des contrastes où la balance des noirs est autrement plus poussée et dense. La photo signée Christian Matras dont ce sera l’unique collaboration avec Clouzot mais que l’on retrouve à l’époque au générique de la plupart des films d’Ophüls ou encore et plus simplement de quasiment tous les Christian-Jaque, s’apprécie dès lors tel un tableau impressionniste en N&B. À noter sinon que le film est bien présenté en 1.85 (format de captation et de diffusion en salle) et non en 1.66 comme l’annonce le verso du combo. Nous l’avons signalé à l’éditeur qui a fait rectifier la petite erreur partout où il le pouvait et ce jusque sur la fiche IMDB du film…
Coin de Mire Cinéma aura aussi eu le bon goût de reprendre, en plus de ses compléments usuels (réclames et actualités d’époque), l’entretien avec le dessinateur Jacques Tardi mené par Pierre-Henri Gibert. Tardi aime le film pour son côté déviant et finalement hors norme. Il nous confie aussi tout l’amour qu’il porte envers cette maison qui tombe en ruine. Elle semble en effet faire écho à ses propres obsessions graphiques qui mettent en exergue des histoires où l’humanité est malade et au bord du gouffre. Rappelons enfin que Pierre-Henri Gibert est le réalisateur du film documentaire Le Scandale Clouzot diffusé en 2017 sur Arte présent en bonus au sein de La Vérité que Coin de Mire Cinéma vient aussi d’éditer et dont vous pouvez découvrir la chronique un peu plus haut.

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.85:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 2h06min 31s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 41ème semaine de l’année 1957 (10min 11s – HD)
  • Réclames de l’année 1957 (7min 35s – HD)
  • Analyse du film par le dessinateur Jacques Tardi (2017 – 19min 09s – HD)
  • Bandes-annonces :
    • Des pissenlits par la racine de Georges Lautner (3min 17s – HD)
    • La Vérité de Henri-Georges Clouzot (2min 05s – VASTF – HD)
    • Les Espions (3min 12s – HD)
    • Le Monocle rit jaune de Georges Lautner (3min 38s – HD)
    • Les Jeunes loups de Marcel Carné (3min 52s – HD)
    • La Chasse à l’homme de Édouard Molinaro (3min 06s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Des pissenlits par la racine - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :06 mars 2020  

Résumé : Imaginez sur un même plateau des tempéraments aussi explosifs et loufoques que Louis de Funès, Michel Serrault, Maurice Biraud, Francis Blanche, Darry Cowl et l’aguichante fausse ingénue Mireille Darc. On admire l’humour noir et la verve satirique des dialogues de Michel Audiard, quand commence une course folle pour retrouver un ticket de tiercé gagnant dans la poche d’un cadavre devenu encombrant, dont ils ne savent comment se débarrasser…

Craignant que Les Tontons flingueurs, son film le plus onéreux jusqu’ici, se vautre au box-office, Georges Lautner réalise dans la foulée pour un budget ridicule et en à peine plus de 2 semaines Des pissenlits par la racine. Il voulait ainsi prouver que sa réputation de bon faiseur avec retour sur investissement garanti restait intacte. L’histoire retiendra la trace indélébile laissée par le fameux « touche pas au grisbi, salope ! » auprès des 3 321 121 primo spectateurs alors que s’il a pourtant réuni 1 517 887 entrées et quasiment la même équipe devant et derrière la caméra, Des pissenlits par la racine ne restera pas dans les annales du cinéma mondial et encore moins français.
En cause d’abord une histoire en totale roue libre. Vous me direz que chez les tontons, ce n’est pas de la trame dont on se souvient en premier mais bien des dialogues signés Michel Audiard qui sont eux rentrés dans la mémoire collective. Avec des pissenlits on est plutôt dans le tout venant. La gouaille, les réparties et les bons mots caviardent bien comme il se doit le film, mais il faut bien reconnaître que tout cela sonne un peu creux quand cela ne tombe pas à plat. La faute sans aucun doute à un Audiard certes impliqué, mais de loin. La petite histoire veut d’ailleurs que son nom ne devait jamais être associé au film. Mais du simple petit coup de pogne donné sous le manteau avant le tournage au résultat final qui l’aurait enthousiasmé, il finit par donner son accord pour être crédité en tant que superviseur des dialogues. Mouais. Il devait aussi y avoir une petite enveloppe supplémentaire à la clé.
Des pissenlits par la racine vaut au final surtout par son bestiaire d’acteurs dont une électrisante Mireille Darc qui ensorcelle son monde quelles que soient les situations dans lesquelles Lautner, qui vient juste de la découvrir, prend plaisir à l’embourber. Qui pour croire en effet que Michel Serrault puisse faire craquer la grande sauterelle ? On adore aussi les apparitions de Louis de Funès qui commençait tout juste à affiner là son personnage qui allait le propulser vedette publique n°1. On peut aussi citer Francis Blanche avec une belle perruque et surjouant au possible ou Maurice Biraud qui en fait des caisses bien aidé par des dialogues qu’il éructe tel un orgue de barbarie qui se serait enrayé. Au final Des pissenlits par la racine est certainement un divertissement qu’il serait dommage de bouder tout en ayant bien à l’esprit qu’il serait cruel d’en attendre plus.
À la différence de cette édition plus que recommandable. Techniquement d’abord où la restauration 4K effectuée depuis le négatif original permet de découvrir un master immaculé rehaussé par un encodage aux petits oignons. Définition, grain, balance des noirs… Tout y est pour un plaisir des rétines et des esgourdes optimal. Mais là où Coin de Mire Cinéma nous étonne c’est sur la partie bonus où l’on a droit à un véritable accompagnement qui contextualise le film. C’est que outre la présence des réclames et des actualités de l’époque ainsi que les « goodies » devenus des rituels attendus chez CMC, on a droit à une présentation du film effectuée en 30 minutes par Julien Comelli  qui a eu la chance de rencontrer à plusieurs reprises Lautner en 2005. En découle donc un petit film fort informatif qui s’il dépareille dans la routine des compléments de l’éditeur n’en reste pas moins logique avec sa politique éditoriale qui ne recherche pas forcément des érudits pour venir nous parler d’un film ou d’une carrière mais bien une parole de première main qui va au-delà des analyses et autres études savantes pour privilégier l’humain, le témoignage et pourquoi pas des anecdotes qui peuvent nourrir in fine notre réflexion sur le film. Pari amplement tenu.

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 1h36min 16s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 19ème semaine de l’année 1964 (9min 15s – HD)
  • Réclames de l’année 1964 (6min 05s – HD)
  • Présentation du film par Julien Comelli (29min 31s – HD)
  • Scène rallongée (10min 53s – HD)
  • Bandes-annonces :
    • Des pissenlits par la racine (3min 17s – HD)
    • La Vérité de Henri-Georges Clouzot (2min 05s – VASTF – HD)
    • Les Espions de Henri-Georges Clouzot (3min 12s – HD)
    • Le Monocle rit jaune de Georges Lautner (3min 38s – HD)
    • Les Jeunes loups de Marcel Carné (3min 52s – HD)
    • La Chasse à l’homme de Édouard Molinaro (3min 06s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Le Monocle rit jaune - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :06 mars 2020  

Résumé : Le monde entier subit une vague de meurtres de savants atomistes et d’attentats contre des installations nucléaires. Lorsqu’un commando est surpris en plein acte, on charge le commandant Dromard, dit « Le Monocle » de mener l’enquête qui le conduit à Hong-Kong…

De la même manière que Lautner avait entrepris de réaliser Des pissenlits par la racine dans la foulée du tournage des Tontons flingueurs, premier film au budget conséquent pour un cinéaste connu jusqu’ici pour son efficacité et sa rapidité d’exécution à rendre une copie cinématographique de surcroît très rentable une fois projetée dans les salles, Le Monocle rit jaune participait à cette obsession de prouver à toute la profession qu’il n’avait pas le melon et encore moins la folie des grandeurs. En gros, en enchainant ainsi les tournages alors même que les tontons se bourraient encore la gueule en salle de montage, Lautner voulait juste qu’on ne l’empêche pas d’exercer son métier. On connaît la suite. Les Tontons flingueurs est un succès au box office et le seul film en N&B encore aujourd’hui diffusé sur une chaîne nationale en prime time.
Quant au Monocle rit jaune c’est là le troisième et dernier opus des aventures du commandant Théobald Dromard, dit « Le Monocle », agent du Deuxième Bureau que Lautner avait créé trois ans plus tôt avec Le Monocle noir qui sera suivi en 1962 de L’Œil du monocle. En fait de création, ce sont des adaptations de romans écrits par le célèbre Colonel Rémy, compagnon d’arme du général de Gaulle et membre éminent de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Si le Colonel Rémy participa bien aux adaptations, il ne vit aucun inconvénient à ce que son personnage taciturne, rigoureux et emblématique d’une France qui cherchait à garder le contact avec les puissants de ce monde se transforme devant la caméra de Lautner en un pastiche sur patte. Et Dromard de prendre les traits d’un Paul Meurisse qui s’en donne à l’évidence à cœur joie d’être affublé d’un chapeau en toute circonstance ridicule, d’un monocle tout juste accessoire alors que dans le bouquin il s’agissait de masquer un œil en moins et d’un pistolet qui fait mouche à tous les coups sans avoir besoin de viser.
Et c’est à Hong Kong que notre héros de la jeune Vème République va donc s’ébrouer le temps d’un film tourné à l’arrache dans les rues de cette encore colonie anglaise. Paul Meurisse est accompagné de son fidèle Sergent Poussin joué par l’inénarrable Robert Dalban qui balance de sa voix reconnaissable entre toute à son arrivée dans la ville que cela va être coton de retrouver un suspect au sein d’une population où tout le monde se ressemble (sic). La longue focale capte les rues grouillantes de monde et les joncs par millier où il fait bon d’y fumer un peu d’opium. On ne s’interdit pas non plus d’aller faire un tour du côté de Macao afin de mieux s’entretuer dans les ruines du plus vieux monastère de ce territoire alors portugais (jusqu’en 1999 comme HK d’ailleurs). Quant à l’intrigue, elle est pour le moins secondaire, mais elle permet à Lautner de se confronter à la peur de l’atome pour l’équilibre du monde tout en lui permettant d’introduire un nouveau personnage féminin en la personne de l’actrice Barbara Steele plus habituée jusqu’ici aux productions italiennes d’épouvante sous la direction de Bava ou de Riccardo Freda.
C’est d’ailleurs Barbara Steele qui provoquera à son insu une fâcherie entre Paul Meurisse et Georges Lautner. En cause la goujaterie de l’acteur à ne pas vouloir tourner avec une actrice de si petite vertu cinématographique. C’est ce que l’on a toujours cru. Mais Julien Comelli nous apprend au sein de la présentation qu’il nous fait du film au sein des bonus, que Paul Meurisse n’en voulait pas au moment de sa descente d’avion sur le tarmac de l’aéroport de Hong Kong en constatant horrifié que l’actrice d’origine anglaise lui mangeait sur la tête. Julien nous dévoile aussi que Lautner ne connaissait même pas l’identité de son actrice au moment de partir à Hong Kong. Le film étant une coproduction franco-italienne comme il s’en faisait beaucoup à l’époque, le réalisateur devait se soumettre aux aléas que ce genre d’attelage pouvait induire avec comme ici une actrice imposée à la dernière minute. Pour autant Lautner a beaucoup aimé tourné avec Steele mais a du quand même se résoudre à contenter sa vedette de Meurisse en rabotant pas mal sa présence à l’écran. Son personnage en devient pour le coup plus qu’anecdotique pour ne pas dire de faire valoir à des années lumières du rôle bien plus étoffé endossé par Elga Andersen, l’alter ego féminin sur les deux premiers « Monocle ». C’est peu de dire que Lautner n’appréciera pas l’attitude de Paul Meurisse qui ne tournera d’ailleurs plus jamais dans ses films.
Julien Comelli nous abreuve ainsi de moult anecdotes souvent pertinentes au regard de l’histoire du cinéma qui finissent par rehausser l’intérêt d’un film dont on ne peut toutefois penser qu’il reste anecdotique même au sein de la filmographie de Lautner pourtant riche en galéjades plus qu’oubliables. Ce qui n’a pas empêché TF1 de le restaurer en 4K depuis le négatif original et Coin de Mire Cinéma de nous le proposer via un encodage fort respectueux de ce travail de restauration. Ceci étant dit, on ne va pas non plus s’extasier plus que ça devant une photo passe partout, une mise en scène sans aspérité et des dialogues d’Audiard (avec Albert Kantoff et Jacques Robert) qui raclent les fonds de tiroir du franchouillard en goguette et ce même si c’est via un DTS-HD mono parfait. Non même ainsi, cet exotisme de pacotille ne se transforme pas en voyage first class.

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 1h41min 48s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 38ème semaine de l’année 1964 (9min 32s – HD)
  • Réclames de l’année 1964 (6min 35s – HD)
  • Présentation du film par Julien Comelli (2019 – 41min 01s – HD)
  • Bandes-annonces :
    • Des pissenlits par la racine de Georges Lautner (3min 17s – HD)
    • La Vérité de Henri-Georges Clouzot (2min 05s – VASTF – HD)
    • Les Espions de Henri-Georges Clouzo (3min 12s – HD)
    • Le Monocle rit jaune (3min 38s – HD)
    • Les Jeunes loups de Marcel Carné (3min 52s – HD)
    • La Chasse à l’homme de Édouard Molinaro (3min 06s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

La Chasse à l'homme - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :06 mars 2020  

Résumé : Toni, brillant affichiste et séduisant célibataire, va se marier. Mais son ami Julien est contre son mariage et contre le mariage en général, ayant été victime d’un horrible traquenard tendu par sa jeune secrétaire, aussi calculatrice qu’angélique d’apparence. Julien va s’employer à tout faire pour convaincre son ami de ne pas se laisser passer la corde au cou…

La Chasse à l’homme est le premier film signé Édouard Molinaro a être édité chez Coin de Mire Cinéma. Une première au standing plutôt de bonne tenue qui s’articule entre un film toujours aussi agréable à (re)voir et un Blu-ray aux caractéristiques techniques conformes à ce que l’on est en droit d’attendre du support aujourd’hui. D’autant qu’Édouard Molinaro est un cinéaste à la filmographie beaucoup plus riche et signifiante que les exégètes de la chose ont bien pu le laisser entendre jusqu’ici. Son « défaut » étant certainement de n’appartenir à aucune véritable famille du cinéma français de l’après cinéma dit de papa. Ni Nouvelle Vague, ni « actionner » à la Verneuil, ni cinéaste engagé façon Yves Boisset, ni grand témoin de la Comédie Humaine à la Sautet ou de la comédie tout court selon Gérard Oury, Edouard Molinaro est en fait un peu tout ça. Ne lui doit-on pas en effet des incursions dans le polar (Un témoin dans la ville), le vaudeville (La Cage aux folles, Hibernatus…), la comédie d’aventure en costume (Mon oncle Benjamin), la comédie sociétale (L’Emmerdeur), le film d’espionnage (Peau d’espion), le Delon cousu main (L’Homme pressé), le Audiard haut perché (Quand passent les faisans)… ?
Au commencement, La Chasse à l’homme est d’ailleurs un scénario de Michel Audiard (et de France Roche. Oui la France Roche qui a su déceler le talent d’Audiard quand il pigeait à France Soir et que l’on aimait écouter dans les années 80 nous parler de cinéma sur Antenne 2). Molinaro en parle comme d’un film à sketchs. Il a bien entendu raison. Mais c’est aussi une comédie de mœurs plutôt pétillante qui rassemble au passage la fine fleur du cinéma français de l’époque. Une distribution hors catégorie où l’on peut croiser Catherine Deneuve, Belmondo, Brialy, Claude Rich, Françoise Dorléac, Francis Blanche, Micheline Presle, Marie Laforêt, Michel Serrault ou encore Bernard Blier. En guise de petit clin d’œil on pourra remarquer que Bertrand, le fils de Blier, abordera 12 ans plus tard la même thématique avec Calmos. Les hommes chassés par les femmes à la différence tout de même que chez Molinaro la révolution féministe n’était pas encore passée par là.
La Chasse à l’homme n’a en effet pour but ici que de se trouver un bon parti. Et Molinaro d’égrener une histoire aux tiroirs et rebondissements multiples mais au final sonnant creux en usant d’une mise en scène inventive, dynamique et qui peut même surprendre par quelques audaces plastiques. Une façon comme une autre de dissimuler sous le tapis un propos plutôt redondant. Une pratique pour laquelle Molinaro ne s’en est jamais caché faisant d’ailleurs remarquer le retour systématique à une mise en scène assagie et bien plus épurée lors de films au contenant autrement plus signifiant (au hasard L’Emmerdeur). Ces propos il les tient encore (le cinéaste n’est plus que depuis 2013)  lors d’un doc intitulé Édouard Molinaro, la comédie malgré tout diffusé en ce moment sur le câble signé Valérie Exposito. On y trouve même des images de tournage de La Chasse à l’homme. Dire que l’on aurait aimé retrouvé ce document ici est un doux euphémisme.
Au lieu de cela, on a droit aux réclames et actualités de l’époque comme le veut le concept de la collection dite La Séance qui propose de nous replonger dans une séance de cinéma telle qu’on pouvait l’expérimenter lors de la 39ème semaine de l’année 1964, date de sortie du film. Un concept qui n’aurait que peu souffert de la critique si l’éditeur s’en était tenu à sa ligne éditoriale tout du long.  Mais les « écarts de conduite » constatés avec bonheur sur les deux films de Clouzot et de Lautner précédemment chroniqués nous font dire que voilà un ligne éditoriale aux variables plutôt lâches. Tant mieux me direz-vous mais alors on est plus qu’en droit d’être déçu ici. Reste un versant technique au dessus de tous soupçons avec une image issue d’une restauration 4K depuis le négatif original et un encodage qui ne le trahit pas. Certes la photo en N&B ne présente pas une valeur artistique absolue mais qui pour se plaindre d’une si belle définition, d’un grain naturel et de contrastes qui fouettent de contentement nos rétines blasées ?  Quant au mono encodé comme il se doit en DTS-HD 2.0, il est aussi dynamique et pêchu que la mise en scène est virevoltante sans être artificielle.

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 1h31min 27s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 39ème semaine de l’année 1964 (9min 41s – HD)
  • Réclames de l’année 1964 (7min 15s – HD)
  • Bandes-annonces :
    • Des pissenlits par la racine de Georges Lautner (3min 17s – HD)
    • La Vérité de Henri-Georges Clouzot (2min 05s – VASTF – HD)
    • Les Espions de Henri-Georges Clouzo (3min 12s – HD)
    • Le Monocle rit jaune de Georges Lautner (3min 38s – HD)
    • Les Jeunes loups de Marcel Carné (3min 52s – HD)
    • La Chasse à l’homme (3min 06s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

 

Les Jeunes loups - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :06 mars 2020  

Résumé : Alain, un « jeune loup » élégant et racé, est entretenu par ses maîtresses ou amants plus âgés. Il mène de front une aventure avec une fille de son âge, Sylvie qui erre dans les soirées parisiennes, côtoyant beatniks ou gens du monde. Alain et Sylvie, libres, audacieux et fiers de l’être vont alors entrer dans un jeu de provocations…

Resté longtemps une chimère ou un souvenir transi pour ceux qui l’avaient découvert en salle à sa sortie, Les Jeunes loups était en effet ce film de Marcel Carné dont l’exploitation parisienne n’a duré que quelques semaines du fait de mai 68 pour ensuite ne jamais avoir les honneurs d’une diffusion TV et encore moins d’une quelconque exploitation en vidéo. Il aura fallu attendre 2015 et une restauration 2K du négatif d’origine, la même qui a servie au demeurant à cette édition, pour qu’un DVD voit le jour et que l’on puisse enfin découvrir ce film que d’aucuns voyaient comme le témoignage privilégié et avant l’heure de cette jeunesse bouillonnante qui allait marquer au fer rouge la société française de cette fin des années 60. Mais en fait de témoignage, Les Jeunes loups ferait plutôt montre d’une absence totale de clairvoyance quant à l’époque censément dépeinte par un Marcel Carné (oui le cinéaste de chef-d’œuvres tels que Les Visiteurs du soir, Hôtel du Nord, Les Enfants du Paradis…) à la recherche de sa splendeur définitivement perdue. Et on ne parle même pas de cinéma ici.
Mais parlons en justement histoire d’évacuer cette partie déjà pas mal gênante. Encore que. La photo, le montage, les cadres, les couleurs… étaient sacrément en avance sur un genre appelé à se développer dans les grandes largeurs dans les années 70. Celui qui faisait régulièrement appel à des comédiennes que l’on habillait de manteaux de vison (avec pas grand chose en dessous) ou en soubrettes armées de plumeaux et de jarretières apparentes et dont l’action principale pouvait se dérouler dans le bel intérieur cuir d’une Rolls-Royce Silver roulant le plus souvent du côté de la Porte de St-Cloud. Yep, Les Jeunes loup c’est du cinéma estampillé Marc Dorcel avant l’heure. On y croise une princesse iranienne, un bourgeois de la haute adepte de parties fines, des MILF pleines d’entrain pour la jeunesse et au milieu de ce bestiaire un jeune loup aux dents longues qui va sauter sur tout ce qui est blindée aux as. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on est très loin des aspirations revendiquées quelque mois plus tard par la jeunesse de l’époque.
Que dire ensuite du cast ? Au-delà des dialogues aussi fascinants qu’un discours parlementaire à la Knesset en version originale, ils sont ânonnés avec la conviction de dépressifs sous Témesta après 40 jours de confinement en solitaire. Difficile en fait d’en vouloir aux acteurs. Déjà parce que beaucoup n’ont jamais percé à commencer par le jeune loup en question interprété (c’est vite dit) par un certain Christian Hay expressif en diable ou une Elizabeth Teissier (la fameuse Princesse iranienne) qui entre deux films érotiques et du mannequinat allait bientôt envisager une reconversion dans l’astrologie et une thèse de sociologie trouvée dans un paquet de lessive. Mais oui la Elizabeth dont on pouvait lire les prédictions chaque semaine dans Télé 7 jours. Une époque mes amis… En face il y a quand même Haydée Politoff découverte l’année précédente par Rhomer dans La Collectionneuse dont Rebecca Zlotowski a tenté récemment de retrouver l’indicible grâce et phrasé avec Zahia dans Une fille facile. Le problème c’est que chez Carné l’indicible se transforme en chef de chantier à la gouaille d’on ne sait où (on cherche encore). Celui finalement qui s’en tire le mieux c’est Yves Beneyton qui par la suite a joué dans une pléthore de films plus ou moins connus (moins que plus d’ailleurs). Il impose ici sa gueule de boutonneux qui mériterait un bon traitement au biactol (merci la restauration 2K) mais qui lui permet d’être raccord avec ce jeune bohème chantant du folk sur les marches du Sacré-cœur (sic !).
La musique occupe d’ailleurs pas mal le devant d’un film qui se voulait forcément dans l’air du temps. Une ou deux chansons sont devenues d’ailleurs des hits à commencer par I’ll Never Leave You, interprétée par Nicole Croisille (sous le pseudonyme de Tuesday Jackson). Il y a pas mal de littératures sur le web à propos de la BO du film. Souvent très pointues et toujours plus qu’informatives. Ce qui nous permet de dire que voilà un point plus que dommageable pour cette édition qui en guise de compléments n’offre rien sinon les réclames et les actualités d’époque comme c’est de coutume au sein de cette collection dite La séance. Une littérature qui nous apprend au demeurant que le film a été désavoué par un Carné apparemment soumis à la vindicte de producteurs qui ont charcutés en salle de montage son film. Une version contredite par Yves Beneyton qui en profite pour rétablir une ou deux vérités comme celle d’un Carné adoptant la posture de l’artiste démiurge et incompris transformant ses frustrations lors du tournage en incessantes colères à l’égard de ses équipes et des ses acteurs. On adore aussi quand Haydée Politoff ne se gêne pas pour dire que le film est un navet et Carné un homme qui n’était (…) « plus tellement dans le coup… C’est assez typique des gens d’un certain âge qui essaient de se pencher sur la jeunesse… »
Yves Beneyton étant toujours de ce monde (tout comme Haydée Politoff d’ailleurs), il aurait été intéressant de concocter un bonus avec eux ou au moins de reprendre le documentaire présent sur le DVD de 2015 édité par SNC où le compositeur Jack Arel était de la partie ainsi que Raoul Bellaïche du magazine Je Chante auteur justement de la fameuse littérature mentionnée un peu plus haut. De tels suppléments ne peuvent dès lors que rehausser l’intérêt des Jeunes loups car en l’état, si ce n’est les nostalgiques transis déjà mentionnés qui vont pouvoir le (re)découvrir nantie d’une image incroyable et certainement jamais vue même pas au cinéma, le film de Carné aurait pu végéter dans les méandres vaporeux de l’histoire interlope du cinéma français sans que l’on ne trouve pas grand chose à y redire.

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 1h49min 14s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 14ème semaine de l’année 1968 (10min 58s – HD)
  • Réclames de l’année 1968 (9min – HD)
  • Bandes-annonces :
    • Des pissenlits par la racine de Georges Lautner (3min 17s – HD)
    • La Vérité de Henri-Georges Clouzot (2min 05s – VASTF – HD)
    • Les Espions de Henri-Georges Clouzo (3min 12s – HD)
    • Le Monocle rit jaune de Georges Lautner (3min 38s – HD)
    • Les Jeunes loups (3min 52s – HD)
    • La Chasse à l’homme de Édouard Molinaro (3min 06s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

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