Image une - Vague 6 Coin de Mire Cinéma

Coin de Mire Cinéma – Vague 6

C’est déjà l’heure de la vague 6 chez Coin de Mire Cinéma alors que l’on est persuadé que même avec les confinements et autres couvre-feux vous n’êtes pas encore venus à bout des titres qui ont vus le jour lors des vagues précédentes. Mais que voulez-vous, il faut bien avancer ma bonne dame et tenter de suivre le rythme pantagruélique de cet éditeur qui en un petit peu plus de deux ans s’est imposé comme un incontournable dans son domaine. Soit le cinéma français de patrimoine et plus précisément un maximum de films avec Jean Gabin, véritable péché mignon de Thierry Blondeau grand manitou et ordonnateur de Coin de Mire Cinéma. Et de fait, trois des six films proposés dans cette nouvelle vague sont portés par sa seule stature devenue mythique aujourd’hui. Encore que Le Chat, le meilleur des trois pour ne pas dire des six, est indissociable de l’immense Simone Signoret que l’on retrouve au demeurant dans La Veuve Couderc aux côtés de Alain Delon. Et si on termine ce rapide balayage en mentionnant Gérard Philippe et Fernandel, autant affirmer tout de go que voilà encore une salve qui a de la gueule.

La Chartreuse de Parme - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :04 décembre 2020  

Au cinéma le : 21 mai 1948

Résumé : En 1821, Fabrice Del Dongo quitte Naples où il a terminé ses études ecclésiastiques et arrive chez sa tante, la duchesse de Sanseverina, à Parme. Fasciné par Napoléon, Fabrice rêve de grandes actions et d’aventures guerrières, mais, destiné par sa famille à être prélat, il ne fera que multiplier les aventures amoureuses…

À la (re)découverte de La Chartreuse de Parme, on comprend aisément pourquoi et comment le fameux concept de la politique des auteurs inventé dans les années 20 par Louis Delluc prend du poil de la bête après-guerre grâce à André Bazin, François Truffaut et d’autres dans Les Cahiers du cinéma. Comment en effet cette génération de critiques et futurs cinéastes a pu se sentir étranger à ce cinéma boursouflé basé sur l’adaptation de grands classiques de notre littérature dans une volonté d’évasion à tout prix tout en s’appuyant sur une pléiade de vedettes à même d’attirer le grand public dans les salles de cinéma. D’ailleurs sur ce point précis le pari fut gagnant puisque le film de Christian-Jaque attira plus de 6 millions de spectateurs à sa sortie. Mais pour le reste quel pensum, que les presque trois heures que dure ce très long métrage n’arrange absolument pas.
Christian-Jaque est d’ailleurs la tête de gondole de ce cinéma qui fait florès dans les années 40 et 50 sur laquelle on aime bien taper. Lui qui sort des années d’occupation par deux succès populaires que sont le formidable L’Assassinat du père noël (1941) et le vibrant La Symphonie fantastique (1942) réalisés avec les capitaux allemands de la Continentale, a le vent en poupe et peut se permettre de réunir devant sa caméra le tout jeune Gérard Philippe que le grand public a découvert l’année précédente avec le sulfureux Le Diable au corps de Claude Autant-Lara (4 763 241 entrées) et la déjà immense actrice de théâtre Maria Casarès dont tout le monde a encore en tête ses deux premières incursions en 1945 au cinéma en forme de coups de tonnerre que furent Les Dames du bois de Boulogne de Robert Bresson et Les Enfants du paradis de Marcel Carné. En fait ce qui pose problème n’est pas tant l’investissement de tous les acteurs – Gérard Philippe a terminé le tournage exténué lui qui a tenu à ne jamais être doublé même lors de l’évasion de sa cellule qu’il effectue en s’agrippant à une corde filmé en gros plan sur de très longues minutes quasiment sans coupe – mais la chape de plomb d’une mise en scène qui se veut au plus près du roman de Stendhal dont le style romanesque n’est pas reconnu pour sa légèreté. Et ce même si Christian-Jaque a fait sauter toute la première partie du livre qui voyait le jeune Fabrice del Dongo à la bataille de Waterloo (une séquence certainement bien trop coûteuse à filmer).
Et puis si les enjeux dramatiques font encore sens aujourd’hui sous la plume de Stendhal, elles prennent un instantané coup de vieux chez Christian-Jaque. Tout simplement parce que son adaptation ne capte rien des sous-textes et véritables thématiques du livre. La tragédie et le mélodrame deviennent des alibis alors que c’est l’essence même de cette histoire d’amour à trois faite d’incompréhension, de vengeance et in fine de révélateur de l’âme humaine. Reste tout de même l’interprétation de Louis Seigner incroyable en geôlier au cœur putride et cette très courte mais élégante séquence de duel à l’épée qui annonce en creux le Fanfan la Tulipe d’un Christian-Jaque nettement plus inspiré que Coin de Mire Cinéma prévoit d’éditer lors de leur prochaine vague en avril 2021.

La Chartreuse de Parme - Affiche

Un master annoncé comme issu d’une restauration HD qui doit certainement différer de celui qu’utilisa l’éditeur et ayant droit SNC pour son DVD paru en 2007.  Quoi qu’il en soit celui qu’utilise Coin de Mire Cinéma peine un tantinet à tenir la distance : rayures et pétouilles de pellicule en tous genres mais surtout des différences d’étalonnage en fonction des bobines. Un coup cela peut-être très clair avec des contrastes à l’avenant, un coup le N&B peine à s’en sortir au milieu de plans bouchés ou très sombres. Ceci étant dit, on est à des kilomètres de l’image du DVD SNC qui était assez instable avec des problèmes de pellicule bien plus visibles. Pour le support Blu-ray c’est à plus d’un titre honorable jusqu’à la partie sonore encodée comme il se doit en DTS-HD MA 2.0 mono sur qui nous n’émettrons aucune réserve. Et puis collection « La Séance » oblige, on a donc droit en guise de bonus aux rituelles actualités de la semaine de sortie du film ainsi qu’aux réclames de l’année ad hoc.

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.37:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 2h52min 55s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 21ème semaine de l’année 1948 (10min 16s – HD)
  • Réclames de l’année 1948 (9min 03s – HD)
  • Bandes-annonces :
    • Le Mouton à 5 pattes d’Henri Verneuil (4min 33s – HD)
    • Le Jardinier d’Argenteuil de Jean-Paul le Chanois (2min 44s – HD)
    • Le Soleil des voyous de Jean Delannoy (3min 51s – HD)
    • Le Chat de Pierre Granier-Deferre (2min 20s – HD)
    • La Veuve Couderc de Pierre Granier-Deferre (2min 43s – HD)
    • La Chartreuse de Parme de Christian-Jaque (3min 34s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

Le Mouton à 5 pattes - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :04 décembre 2020  

Au cinéma le : 24 septembre 1954

Résumé : Le petit village de Trézignan dans le Vaucluse, a connu, voici quarante ans, une grande prospérité lors de la naissance des quintuplés Saint-Forget. Depuis, le temps a passé et le commerce trézignanais a périclité. Le Conseil municipal forme un projet qui doit redonner à Trézignan son lustre et sa notoriété : réunir au village pour leur quarantième anniversaire, les cinq frères Saint-Forget, en donnant à cet événement toute la publicité qu’il convient. Le Docteur qui mit jadis au monde les quintuplés, est chargé de les rechercher de par le monde…

Si Fernandel est un acteur qui vous sort par les trous de nez, autant passer fissa votre chemin vu qu’il occupe ici le devant de la scène quasi continuellement. C’est que le zigoto interprète pas moins de six personnages dont cinq frères éparpillés un peu partout qu’il faut retrouver afin de commémorer leur 40ème anniversaire et de profiter de l’occasion pour remettre leur village de naissance au centre de la carte de France. Quant à Henri Verneuil, il  le met en scène en lui laissant le champ quasi libre. Il faut dire que Fernandel est alors au sommet de sa popularité et Le Mouton à 5 pattes ne viendra pas contredire ce constat avec 4 137 098 entrées au compteur. Ce sera pourtant la sixième et dernière collaboration entre les deux hommes. Verneuil poursuivra ensuite sa carrière avec d’autres très belles pointures comme Gabin et surtout Belmondo perpétuant de fait comme une forme de baraka qui lui permettra d’être encore aujourd’hui le champion toutes catégories au box office français avec 91,58 millions d’entrées en 34 films.
Le Mouton à 5 pattes est donc l’occasion pour Fernandel de s’éclater dans la peau d’autant de personnages formant autant de chapitres qui vont du passablement paresseux au foutraquement graveleux. Entre les deux, il y a quand même celui du capitaine qui joue aux cartes la cargaison illicite de son cargo avec son équipage, mais aussi son bateau et jusqu’à sa vahiné chichement vêtue. C’est délicieusement décadent et surtout magnifiquement cadré. Tout le film navigue au demeurant un peu à vue. Les enjeux y sont minces et si chaque frère évolue dans des univers diamétralement contraires (un curé / un loup de mer / un directeur d’institut de beauté renommé / un journaliste spécialisé dans le courrier du cœur / un laveur de carreaux qui fait un pacte avec un croque-mort qui n’est autre que Louis de Funès), ce n’est absolument pas suffisant pour donner de l’épaisseur à chacun. Et Fernandel de se démener comme un beau diable pour essayer de compenser. Il y arrive parfois comme lors de l’épisode du curé dont la tragédie est qu’on le confonde dorénavant avec le personnage de Don Camillo ou encore dans celui du capitaine décrit précédemment. Mais le plus souvent c’est verbeux, laborieux et malheureusement tout à fait oubliable.

Le Mouton à 5 pattes - AfficheCoin de Mire Cinéma ne devait être certainement pas très convaincu par le master HD que TF1 Vidéo avait utilisé en 2017 pour éditer le film en DVD puisque cette édition part quant à elle d’une image restaurée en 4K. Et franchement cela valait à n’en pas douter le coup puisque le résultat est magnifique. L’image visionnée est en effet un régal d’équilibre, de stabilité et de précision que le grain vient encore rehausser de la plus belle des manières. Le son encodé en DTS-HD 2.0 mono n’est pas en reste permettant de rendre compte du phrasé si particulier et reconnaissable entre toute de Fernandel qui fera plaisir aux inconditionnels de l’acteur… et aux autres. Et puis collection « La Séance » oblige, on a donc droit aux rituelles actualités de la semaine de sortie du film ainsi qu’aux réclames de l’année ad hoc. Et si on y rajoute les reproductions promotionnelles ainsi qu’affiches et photos d’exploitation de l’époque, on obtient une très belle édition qui viendra avantageusement enrichir votre collection. Pour ceux qui rechercheraient un bonus plus centré sur le film histoire de le contextualiser un tantinet, ils en seront pour leur frais. Mais compte tenu de l’importance du film dans l’histoire de notre cinéma, qui pour s’en plaindre ?

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.37:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 1h43min 42s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 38ème semaine de l’année 1954 (10min 32s – HD)
  • Réclames de l’année 1954 (8min 56s – HD)
  • Bandes-annonces :
    • Le Mouton à 5 pattes d’Henri Verneuil (4min 33s – HD)
    • Le Jardinier d’Argenteuil de Jean-Paul le Chanois (2min 44s – HD)
    • Le Soleil des voyous de Jean Delannoy (3min 51s – HD)
    • Le Chat de Pierre Granier-Deferre (2min 20s – HD)
    • La Veuve Couderc de Pierre Granier-Deferre (2min 43s – HD)
    • La Chartreuse de Parme de Christian-Jaque (3min 34s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

Le Jardinier d'Argenteuil - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :04 décembre 2020  

Au cinéma le : 7 octobre 1966

Résumé : Jardinier-artiste, M. Tulipe est un clochard sentimental. Dans le wagon désaffecté et entouré de fleurs où il demeure, il peint des naïvetés pour les vendre à Montmartre et cultive son jardin. Mais il dessine, imprime et vieillit aussi des billets de banque. Des petites coupures pour finir ses fins de mois qu’il écoule très prudemment avec son complice Noël. Un jour Noël rencontre Hilda, une ambitieuse nurse étrangère qui les pousse à voir plus grand…

Autant Le Mouton à 5 pattes est un film plaisant mais oubliable, autant Le Jardinier d’Argenteuil est juste oubliable. Jean-Paul Le Chanois signait ici son dernier long de cinéma. Lui qui en 1958 avait goûté les sommets avec son adaptation des Misérables de Victor Hugo vue par près de 10M de spectateurs n’atteignait même pas les 900 000 entrées ici. Très loin de ses standards sans parler de ceux de Gabin avec qui il collaborait pour la quatrième et dernière fois donc. Il serait déplacé d’affirmer que les spectateurs d’alors ont eu tort de ne pas s’être déplacé en masse tant ce Jardinier d’Argenteuil a bien du mal à dégager le moindre intérêt. À tel point d’ailleurs que même avec la patine du temps, il n’en acquiert aucun charme ni n’éveille aucune curiosité nostalgique de celle qui s’acoquinerait avec la (re)découverte d’une époque révolue. Non, on a beau chercher, c’est le néant. Ô certains pourront nous rétorquer que voilà un petit bonbon bien sucré où Gabin est à  la limite du contre-emploi. Même pas. C’est qu’à ne vouloir même plus faire semblant de chausser ses charentaises afin de se mouvoir dans des décors totalement façonnés à son image, on obtient ce Jardinier d’Argenteuil qui se moule avec dextérité dans un costume de cinéma qui sied si parfaitement à ce Jean Gabin pantouflard. Et autant dire que dans ces conditions, le surplace accentué par des péripéties lestées de plomb se posent là pour emmener le film en des contrées d’ennui rarement explorées.
Si Jean-Paul Le Chanois n’avait jamais totalement remisé ses engagements à la fois politiques et sociétaux du début en les diluant dans des comédies ou des drames à même de parler au plus grand nombre – Le Cas du docteur Laurent, disponible déjà chez l’éditeur, avec Gabin aussi, en est un parfaitement exemple – avec Le Jardinier d’Argenteuil il abandonne toutes volontés de raconter ne serait-ce qu’une histoire. Alors réaliser un film… Une attitude d’autant plus préjudiciable que celui-ci se permet de porter un jugement sur la Nouvelle Vague personnalisée par ce réalisateur foutraque, adepte d’une forme de free cinéma vivant au crochet d’un richissime baron comme la plupart de cette faune bigarrée qui a pris racine sur son yacht. Au milieu, Gabin est censé porter le regard du spectateur qui tout comme lui est mi surpris, mi agacé par cette société dont il ne saisit pas les codes. Le Chanois non plus d’ailleurs qui ordonnance cela pour mieux se moquer et qui en plus de manquer lamentablement sa cible entraîne avec lui un Gainsbourg qui devait vraiment avoir besoin de bouffer à l’époque pour accepter une telle farce.
Comme on le disait, la patine du temps n’a en rien atténué ce sentiment de gêne devant une telle vacuité des sens et d’inculture crasse au milieu d’une décennie de toutes les (r)évolutions. Mais peut-être qu’un tel surplace si chèrement arcbouté confine au génie. Rendez-vous dans 50 ans ? Qui sait ?

Le Jardinier d'Argenteuil - Affiche

Coin de Mire Cinéma bénéficie là aussi d’un sublime Master 4K préservant grain, définition et chroma. Un bijou de restauration qui laisse juste entrevoir de temps à autre quelques imperfections comme cette ligne verticale rouge barrant une scène entière vers l’heure de film (Cf. capture n° 13 identifiable en passant votre souris sur la galerie ci-dessous). Mais bon dans l’absolu, compte tenu de l’intérêt de ce Jardinier d’Argenteuil on va dire qu’il y a plus grave dans la vie. Pour le reste on vous renvoi vers cette page du blog de l’éditeur qui détaille point par point le travaille titanesque entreprit par StudioCanal pour restaurer le film. On rêve  qu’un tel investissement puisse dorénavant se faire à l’attention de films qui ne soient ni leurs marronniers au pouvoir commercial éprouvé tels que – au hasard – La Haine / Elephant ManÀ bout de souffle…, mais aussi pour des films plus fragiles, clivants ou injustement oubliés. La Collection « Make my day ! » dirigée par Jean-Baptiste Thoret va dans ce sens mais à de très rares exceptions près comme Le Trou (1960) de Jacques Becker issu d’une restauration 4K, les films déjà édités ne sont pourvus que de masters HD.

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 1h30min 05s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 40ème semaine de l’année 1966 (10min 52s – HD)
  • Réclames de l’année 1966 (9min 19s – HD)
  • Bandes-annonces :
    • Le Mouton à 5 pattes d’Henri Verneuil (4min 33s – HD)
    • Le Jardinier d’Argenteuil de Jean-Paul le Chanois (2min 44s – HD)
    • Le Soleil des voyous de Jean Delannoy (3min 51s – HD)
    • Le Chat de Pierre Granier-Deferre (2min 20s – HD)
    • La Veuve Couderc de Pierre Granier-Deferre (2min 43s – HD)
    • La Chartreuse de Parme de Christian-Jaque (3min 34s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

Le Soleil des voyous - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :04 décembre 2020  

Au cinéma le : 31 mai 1967

Résumé : Denis Farrand est un homme tranquille et riche, propriétaire d’un café, d’un garage et d’une auberge luxueuse. Il jouit de la considération générale de la ville. Pourtant dans sa jeunesse, il était Denis « le fignoleur », un truand rusé et audacieux. Pour l’amour de Marie-Jeanne qu’il a épousée, il s’est rangé définitivement. En face de son bar, se trouve une banque. Toutes les fins de mois, lorsque Denis reste pour faire ses comptes, il peut voir le convoi qui vient chercher la paye du centre nucléaire de Farville. Alors Denis rêve… petit à petit il échafaude le coup qu’il aurait monté dans sa jeunesse…

On avait laissé Jean Delannoy avec Maigret et l’affaire Saint-Fiacre (1959) que Coin de Mire Cinéma avait édité lors de la précédente vague en septembre 2020. Un excellent cru et le meilleur Maigret sur les trois avec Jean Gabin. Le Soleil des voyous s’inscrit a minima dans ce sillon. L’histoire est à la base un roman de J.M. Flynn intitulé The Action Man (Je fignole en VF) paru dans la célèbre collection « Série noire » chez Gallimard que Delannoy adapte avec Alphonse Boudard qui est aussi l’auteur des dialogues. Alphonse Boudard, on l’a déjà croisé pas plus tard que lors du Jardinier d’Argenteuil (voir juste au-dessus) où il officiait là aussi en tant que co-adaptateur et dialoguiste. Mais Alphonse Boudard c’est surtout l’auteur de romans comme La Métamorphose des cloportes adapté par Pierre Granier-Deferre en 1965 (en voilà un film qui mériterait une édition digne de ce nom) ou le scénariste de Flic Story (1975) et Le Gang (1977) de Jacques Deray avec à chaque fois Alain Delon. Il s’inscrit dans la grande tradition de ces écrivains de l’après-guerre tels que José Giovanni ou Albert Simonin qui ont fait de la taule et qui se sont spécialisés dans le polar. À la différence notable que Boudard fut un authentique résistant.
Pour autant, l’héritage estampillé Alphonse Boudard nous est bien moins familier. En ce qui concerne Le Soleil des voyous, la partie immergée de son travail se situe bien au niveau des dialogues et si ceux-ci n’ont pas le clinquant d’un Audiard, ils n’en demeurent pas moins fameux tout en collant parfaitement à cette histoire de truand rangé des voitures par respect pour sa bourgeoise mais qui s’emmerde royalement au sein d’une existence bien trop pépère à son goût. Jusqu’au jour où il retrouve un ancien compagnon d’Indochine avec qui il a apparemment fait les 400 coups. Cette occasion de réunir Gabin et l’acteur américain Robert Stack, alors très populaire après le succès mondial de la série TV Les Incorruptibles (1959 – 1963) dans lequel il jouait l’inspecteur Eliott Ness, peut paraître incongru aujourd’hui, mais à l’époque cela permettait d’aller chercher le spectateur au-delà du cercle des (nombreux) habitués de Gabin. Le Soleil des voyous raconte donc un casse réussi mais qui va attirer la convoitise d’autres truands reprenant ainsi l’arc narratif popularisé par un certain Jules Dassin, cinéaste américain alors en exil chez nous du fait de la chasse aux sorcières, en 1955 dans Du rififi chez les hommes.
Si on est bien loin de la maestria toujours aussi bluffante aujourd’hui du film de Dassin, Le Soleil des voyous n’en demeure pas moins un excellent ersatz qu’il serait bien malvenu de bouder. Le duo Gabin / Stack marche à fond mais les seconds rôles ne sont pas en reste. À commencer par celui tenu par l’actrice anglaise Margaret Lee qui si elle a pas mal traîné ses guêtres en Italie mais ne rechignait pas à montrer sa belle frimousse dans des productions franco-italiennes comme Coplan sauve sa peau (Yves Boisset – 1968) ou Pas de roses pour OSS 117 (André Hunebelle – 1968). Elle joue ici une garce (figure tutélaire du cinéma français d’alors) à même de glisser ce grain de sable qui va faire capoter toute la belle mécanique mise en place par ce couple d’hommes retrouvé aux méthodes viriles mais correctes. Rien de nouveau donc sous ce soleil des voyous mais de quoi passer un bon moment en leur compagnie.

Le Soleil des voyous - Affiche

Plus le film monte en gamme et moins l’ayant droit originel StudioCanal semble vouloir se fendre d’une restauration digne de ce nom. Et donc si pour Le Jardinier d’Argenteuil on a droit à une restauration 4K, pour Le Soleil des voyous il faudra se contenter d’un master HD. On est certes (un peu) langue de pute d’autant que l’on est certain que Coin de Mire Cinéma en la personne de son boss Thierry Blondeau a dû scruter à la loupe ce master déjà utilisé pour le DVD sorti chez StudioCanal en 2011. Et le fait de le voir débarquer au sein de la collection « La Séance » prouve sans aucun doute que celui-ci devait être encore suffisamment aux normes pour supporter le portage en Blu-ray. Pour autant, il est loin d’être exempt de défauts à commencer par des imperfections de pellicule fort disgracieuses comme cette griffure horizontale visible surtout sur le visage de profil de l’actrice Margaret Lee (Cf. capture n°4 identifiable en passant votre souris sur la galerie ci-dessous). Ceci étant dit et ce malgré un manque flagrant de définition non imputable à la captation d’origine, l’encodage de haute volée permet une belle mise en valeur du grain d’origine et surtout des contrastes assez marqués voulus par Walter Wottitz, l’un des directeurs de la photo les plus prolifiques et talentueux de la décennie dont on a déjà croisé la signature visuelle chez Coin de Mire Cinéma sur Le Jardinier d’Argenteuil mais aussi sur Le Train de John Frankenheimer (1963) ou La Horse (1969) de Pierre Granier-Deferre qui va d’ailleurs s’enticher de son travail puisqu’il sera aussi de la partie sur Le Chat et La Veuve Couderc dont nous vous causons plus bas.

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 1h41min 31s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 22ème semaine de l’année 1967 (9min 51s – HD)
  • Réclames de l’année 1967 (7min 12s – HD)
  • Bandes-annonces :
    • Le Mouton à 5 pattes d’Henri Verneuil (4min 33s – HD)
    • Le Jardinier d’Argenteuil de Jean-Paul le Chanois (2min 44s – HD)
    • Le Soleil des voyous de Jean Delannoy (3min 51s – HD)
    • Le Chat de Pierre Granier-Deferre (2min 20s – HD)
    • La Veuve Couderc de Pierre Granier-Deferre (2min 43s – HD)
    • La Chartreuse de Parme de Christian-Jaque (3min 34s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

La Veuve Couderc - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :04 décembre 2020  

Au cinéma le : 13 octobre 1971

Résumé : Dans le car qui longe le canal du Centre, Jean, fuyant la police et muni de faux papiers, fait la connaissance d’une paysanne, la veuve Couderc. C’est une femme qui vieillit seule et s’acharne à conserver sa ferme, possession que la famille de son mari lui conteste. Dans la ferme d’en face, vit une fille-mère de 16 ans. Jean va les prendre comme maîtresses. Entre ces deux femmes, aux antipodes l’une de l’autre, il va connaître un bonheur condamné d’avance…

Avec La Veuve Couderc et Le Chat (traité deux paragraphes plus bas) nous abordons très clairement le très haut du panier de cette sixième vague. D’autant que voilà deux films qui viennent finaliser une sorte de trilogie initiée par Pierre Granier-Deferre avec La Horse (1970) déjà disponible chez Coin de Mire Cinéma. Trois films avec à ses côtés le scénariste – dialoguiste Pascal Jardin qu’il retrouvera plus tard dans les années 70, trois films qui peuvent se targuer de brosser à leur manière une France à la marge, une France rarement mise en boîte au cinéma. Dans La Horse c’était un paysan certes taiseux comme on a tendance à les fantasmer depuis Paris mais qui rendait les coups – pour notre plus grand bonheur – si on avait le malheur de lui souffler dans les bronches. Dans Le Chat ce sont deux retraités vivant dans une banlieue tombant en ruine à l’image de leur couple. On y revient plus bas donc. Dans La Veuve Couderc c’est la rencontre improbable de deux destins avec en toile de fond cette France de l’été 1934 encore traumatisée par l’Affaire Stavisky et les émeutes antiparlementaires parisiennes subséquentes. L’homme (Alain Delon habité) s’est enfui d’un bagne. Muni de faux papiers, il arpente de modestes routes de campagne à l’abri du regard des gendarmes et à la recherche de petits boulots en espérant un jour rentrer chez lui. Il croise la veuve Couderc (magistrale Simone Signoret) de 20 ans son aîné qui va lui offrir du taf, le gite, le couvert et plus encore.
Comme pour La Horse et Le Chat, ce que va alors s’attacher à rendre compte Granier-Deferre, c’est la topographie des lieux de son film dans le but d’en faire un personnage privilégié de son histoire. Ici ce sera deux fermes disposées de part et d’autre d’un pont-levis qui enjambe un canal où les péniches qui passent rompent la monotonie d’un conflit larvé. D’un côté donc la veuve Couderc et de l’autre sa belle famille qui aimerait bien la voir déguerpir afin de récupérer l’entièreté du domaine. Cet homme qui débarque dans la vie de ce petit monde va donc faire office d’accélérateur de particules bien malgré lui allant jusqu’à séduire la fille mère de la ferme d’en face jouée par la craquante actrice Ottavia Piccolo qui pour l’anecdote sera quelques années plus tard la voix italienne de la princesse Leia. L’autre aspect qui prend une place importante dans la réalisation de Granier-Deferre est l’étude de caractères. Celles-ci se révélant et s’enrichissant donc au contact de la géographie et des décors. Quoi de plus normal me direz-vous. Mais chez Granier-Deferre cela prend une tournure à la fois indicible et inéluctable. Et c’est en maniant ainsi le chaud et le froid qu’il arrive sans coup férir à nous embarquer au plus juste d’une histoire qui se transforme alors sous nos yeux en une épopée de l’intime.
On pourra juste éventuellement reprocher cette fin très « delonnesque » avant l’heure – rappelant au plan près le final de Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill sorti en 1969 – qui va à contre-courant de tout ce que Pierre Granier-Deferre avait mis en place jusqu’ici. On ne sait si c’est Delon qui l’imposa mais on pourra trouver un début de réponse avec Le Toubib qui réunira à nouveau 8 ans plus tard les deux hommes. Le film ne se fait que parce que Delon le veut allant jusqu’à choisir lui-même le réal. Lui qui est au sommet de sa notoriété et du star-système à la française veut tout contrôler et cela donne l’un des pires films dans la filmo de Granier-Deferre. CQFD ?

La Veuve Couderc - Affiche

On pourra consulter sur le blog de l’éditeur en cliquant ici tout le process mis en place pour restaurer La Veuve Couderc en 4K. C’est passionnant et démontre surtout en creux que même pour un film devenu un marqueur de notre cinéma, les négatifs image et son d’origine peuvent être dans un état de conservation plus ou moins aléatoire. Cela laisse songeur. Cette restauration initiée en 2017 par StudioCanal et rendue possible grâce à feu  l’aide à la numérisation des films de patrimoine du CNC s’est faite chez Hiventy. C’est la première fois (à notre connaissance) qu’elle est mise à profit pour une édition vidéo physique. Et, autant ne pas tourner autour du pot, le résultat est franchement exceptionnelle. À commencer par le rendu de la photo signée une nouvelle fois Walter Wottitz qui est le chef op de tous les films de Granier-Deferre depuis La Horse et Le Chat et qui le sera encore pour Le Train en 1973. Quatre films qui présentent tous au demeurant la même signature visuelle. Des couleurs chaudes mais absolument pas marquées contrebalancées par des noirs extrêmement profonds lors des séquences diurnes ou en intérieurs tous filmés en studio. Ce distinguo on le devinait déjà sur La Horse et son master issu d’une restauration HD que Coin de Mire Cinéma avait déjà su exploiter à merveille. Mais là on atteint le nirvana avec pour seule interrogation en forme de légère frustration : Quid d’une telle restauration couchée sur un Blu-ray UHD 4K ? La question mérite en effet d’être posée même si jusqu’à présent on ne peut qu’être dubitatif sur ce que l’on a pu visionner en matière de films de patrimoine où bien souvent les éditeurs français ou d’ailleurs jouent aux apprentis sorciers via des étalonnages fantaisistes ou mal maîtrisés imputables aux technologies HDR 10, HDR10+ et autre Dolby Vision pour ne citer que cet aspect (connu) du problème.
Sinon Coin de Mire Cinéma a eu l’extrême bonne idée de récupérer l’interview de Pierre Granier-Deferre réalisée à l’occasion du premier DVD édité en 2003 par StudioCanal. L’occasion pour nous de se réécouter la parole rare d’un cinéaste qui n’avait rien perdu de son humour nous prodiguant quelques anecdotes de tournage savoureuse : on apprend ainsi comment il a su convaincre Delon de s’embarquer dans l’aventure du film lui qui n’était pas très chaud à l’idée de jouer l’amant d’une femme de 20 ans son aîné, Il nous raconte aussi comment il a réussi à mettre les deux acteurs en confiance, de quels noms d’oiseau ils aimaient à s’appeler sur le plateau ou de son amour des péniches qui a failli rallonger son film de 15 minutes superflues. Au-delà, c’est la mémoire précise et rigoureuse qui interpelle révélant en creux un homme qui sous ses airs bonhomme ne laissaient rien au hasard et encore moins à l’impro. Un document éminemment précieux que l’éditeur accompagne des compléments usuels pour la collection « La Séance » que sont les actualités et les réclames de l’époque propres à récréer une séance de cinéma vintage.

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 1h28min 54s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 41ème semaine de l’année 1971 (9min 37s – HD)
  • Réclames de l’année 1971 (7min 26s – HD)
  • Interview de Pierre Granier-Deferre (45min 53s – HD – 2003)
  • Bandes-annonces :
    • Le Mouton à 5 pattes d’Henri Verneuil (4min 33s – HD)
    • Le Jardinier d’Argenteuil de Jean-Paul le Chanois (2min 44s – HD)
    • Le Soleil des voyous de Jean Delannoy (3min 51s – HD)
    • Le Chat de Pierre Granier-Deferre (2min 20s – HD)
    • La Veuve Couderc de Pierre Granier-Deferre (2min 43s – HD)
    • La Chartreuse de Parme de Christian-Jaque (3min 34s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

Le Chat - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :04 décembre 2020  

Au cinéma le : 30 avril 1971

Résumé : Julien a soixante ans. Clémence en a cinquante. Il y a vingt-cinq ans, il se sont mariés et se sont installés dans un charmant pavillon de banlieue. Le temps a passé. Le pavillon est devenu un point minuscule au milieu de grands ensembles hideux. Une montagne de sous-entendus s’est installée dans le couple. Ils ne peuvent plus vivre ensemble mais sont incapables de se quitter. Julien a reporté toute sa tendresse sur un chat de gouttière, Clémence en est terriblement jalouse…

Quand La Veuve Couderc sort au cinéma en octobre 1971, il ne s’est écoulé qu’à peine 2 mois depuis la fin du tournage et un peu moins de 6 depuis la sortie du Chat. Si on a tenu à vous en causer en toute fin de ce petit dossier c’est bien parce qu’on le considère comme le meilleur des six films de cette sixième vague. C’est que, plus encore que dans La veuve Couderc, il y a ici une interaction quasi fusionnelle entre les lieux, les personnages et l’histoire. Le film s’ouvre d’ailleurs sur un générique qui prend possession du quartier de La Défense alors en pleine destruction pour bientôt laisser place aux immeubles d’affaire que l’on connaît aujourd’hui. Derrière le gyrophare d’une ambulance toute sirène dehors, la caméra filme des façades noircies ou complètement défoncées par l’action des bulldozers. On distingue encore des commerces de quartier qui ont mis la clef sous la porte jusqu’à ce pavillon encore debout au milieu d’un paysage lunaire envahit par le bruit incessant et assourdissant des marteaux-piqueurs. On vient y chercher un corps inanimé. Lequel ? Mystère.
Mais une fois le générique derrière nous, voilà que l’on découvre Simone Signoret et Jean Gabin arpentant les rues de Courbevoie filmés au zoom dans le but d’y effectuer quelques courses. Mais chacun de leur côté. Ou plutôt en s’évitant soigneusement. L’histoire du Chat c’est donc ce couple qui tombe en déliquescence à l’image de cette ville de banlieue qui disparaît pour faire table rase du passé. Le Chat du titre est alors celui qui va cristalliser toutes les rancœurs d’une existence sans aucun avenir. Il est celui vers qui l’homme consacre toute son attention et sa tendresse et celui envers qui la femme voue une haine tenace. Il est le catalyseur de la tragédie en devenir. Et Pierre Granier-Deferre de dévider sa pelote entre un présent à la limite du post-apo et des flashbacks furtifs révélant un passé bien plus rose.
Mais au-delà de la mise en image du roman de Simenon, Granier-Deferre s’appuie aussi et surtout sur ses deux monstres sacrés. Deux personnalités diamétralement différentes à la ville qui donnent devant la caméra une des plus belles associations de cinéma. Gabin en retraité taiseux qui n’attend plus rien de la vie sinon de pouvoir caresser son chat en rentrant et Signoret qui n’abdique pas, qui ne veut pas de cette vie et que chaque regard à l’attention de son homme déchire littéralement notre cœur de spectateur. Le Chat n’est bien entendu pas un film qui raconte la fin d’un couple mais bien un film d’amour pur et incandescent. De celui qui fit dire à Gabin lors de sa découverte en projection privée que Granier-Deferre l’avait bien eu. Lui qui à son âge ne voulait plus tromper sa femme au cinéma.
Le Chat est de fait ce genre de film qui en plus de prendre une sacré patine avec le temps acquiert aussi une lecture différente et de plus en plus intense à chaque nouvelle vision correspondant forcément aux étapes de vie du spectateur. Prendre de la bouteille avec Le Chat est donc un de ces privilèges rares dont peu de films peuvent sa targuer.

Le Chat - Affiche

Coin de Mire Cinéma a récupéré un master HD datant de 2013 effectuée chez Éclair à partir du négatif original qui n’a pas grand chose à envier à l’image issue d’une restauration 4K de La Veuve Couderc. Franchement on cherche encore ce qui pourrait clocher ici ou qui aurait à rougir de la comparaison. La photo de Walter Wottitz est ainsi une nouvelle fois superbement retranscrite mettant en valeur son travail précédemment décrit (extérieurs présentant une colorimétrie et une définition à la limite vaporeuses pour des intérieurs aux contrastes marqués pour ne pas dire très durs limite en N&B). On adore le grain préservé qui permet de retrouver à n’en pas douter l’expérience des spectateurs en salle lors des premières séances quand la copie était encore intacte.
Sinon Coin de Mire Cinéma réitère son excellent initiative entreprise sur La Veuve Couderc de récupérer l’interview de Pierre Granier-Deferre réalisée à l’occasion du premier DVD édité en 2003 par StudioCanal. On y apprend beaucoup de choses. Comme la volonté contrariée de Granier-Deferre d’engager Simone Signoret. Son producteur Raymond Danon considérant que l’échec commercial de L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville sorti en septembre 1969 était en grande partie imputable à Simone Signoret (info que nous apprenons d’autant que le film a réalisé 1 401 822 entrées mais certainement très en-deça des attentes de l’époque). Jean Gabin appelle Danon et 6 minutes après Granier-Deferre avait Simone Signoret. Au sein de cette interview on découvre aussi de précieuses images du tournage en N&B. Granier-Deferre nous parle aussi de son association avec Pascal Jardin qui n’avait pas débuté sous les meilleurs auspices. Granier-Deferre reprochant à Jardin des dialogues de films précédents qui l’avaient choqué. Mais les deux hommes se sont reniflés et compris sur La Horse pour devenir les meilleurs amis du monde pour finir par travailler ensemble sur sept films en tout. Une véritable mine d’informations que l’on vous dit. Enfin, on retrouve les actualités et les pubs de l’époque selon le concept de la collection dite « La Séance  » où on a repéré une savoureuse réclame de la marque Eram avec deux actrices de la future troupe du Splendid. À découvrir ici.

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.66:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 1h27min 10s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 16ème semaine de l’année 1971 (9min 59s – HD)
  • Réclames de l’année 1971 (9min 20s – HD)
  • Interview de Pierre Granier-Deferre (44min 33s – HD – 2003)
  • Bandes-annonces :
    • Le Mouton à 5 pattes d’Henri Verneuil (4min 33s – HD)
    • Le Jardinier d’Argenteuil de Jean-Paul le Chanois (2min 44s – HD)
    • Le Soleil des voyous de Jean Delannoy (3min 51s – HD)
    • Le Chat de Pierre Granier-Deferre (2min 20s – HD)
    • La Veuve Couderc de Pierre Granier-Deferre (2min 43s – HD)
    • La Chartreuse de Parme de Christian-Jaque (3min 34s – HD)
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm) p

Une réflexion sur « Coin de Mire Cinéma – Vague 6 »

  1. Bravo pour ces critiques de ces films « colossaux ». Et que de bons acteurs, Gabin, Signoret, Delon, Fernandel… Ah, la veuve couder, le chat, etc. manque peut-être à ce tableau, le beau aussi grand célèbre, la veuve poignait, grand classique.

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