Tous les articles par Francis Moury

La Chevauchée fantastique : Un Ford matriciel à plus d’un titre

On comprend qu’Howard Hawks ait pu dire à Peter Bogdanovitch  : « Personne ne peut faire de western sans penser à John Ford et d’ailleurs il est difficile de réaliser quelque film que ce soit sans penser à John Ford » et qu’Orson Welles se soit écrié quand on lui demandait de citer ses maîtres : « John Ford, John Ford et John Ford ! ». La Chevauchée fantastique [Stagecoach] est sans doute le plus connu de son metteur en scène. À le revoir en bénéficiant à rebours de la connaissance de l’évolution thématique et esthétique de son réalisateur (132 films portent sa signature mais il fut aussi acteur et producteur), on se dit qu’il est décidément matriciel.

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La Chevauchée des bannis : Peur blanche

La Chevauchée des bannis [The Day of the Outlaw] (USA 1959) d’André De Toth (1912-2002) est un western dont le titre d’exploitation française est une relative trahison car le rythme du film est beaucoup plus lent que ce qu’il laisse supposer. Son rythme est d’ailleurs beaucoup plus lent aussi que celui des westerns de De Toth tournés antérieurement pour la Warner tels que La Mission du commandant Lex [Springfield Rifle] (1952), Les Massacreurs du Kansas [The Stranger Wore a Gun] (1953), La Trahison du capitaine Porter [Thunder Over the Plain] (1953). La Chevauchée des bannis s’inscrirait plutôt, pour cette raison, dans le prolongement de la contemplation élégiaque qui s’intégrait déjà à la violence non moins âpre du très beau La Rivière de nos amours [The Indian Fighter] (1955) avec la belle Elsa Martinelli. Il n’appartient d’ailleurs pas à la série Warner : il fut produit par une firme plus petite et moins riche, dont ce fut la production la plus chère.

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Midi-Minuit Fantastique Volume 2 : Restauration d’un objet mythique

La revue Midi-Minuit Fantastique fut baptisée en 1962 en hommage au cinéma Midi-Minuit. Midi-Minuit était un cinéma parisien du boulevard Bonne Nouvelle, spécialisé dans le cinéma fantastique et le cinéma populaire : films d’horreur et épouvante, films de science-fiction, péplums, films érotiques, films d’espionnage, westerns américains et européens, films policiers violents, sans oublier des films d’arts et essais expérimentaux distribués ce circuit commercial populaire qui était celui du Midi-Minuit. C’est ce cinéma que j’avais tenté de faire revivre en 1985 au Bergère, après avoir convaincu son propriétaire Roger Boublil – qui venait de céder le véritable Midi-Minuit mais possédait encore les droits du nom – de rebaptiser Le Bergère, ce qui donnait dans le PariScope : Midi-Minuit, ex-Bergère. La résurrection fut brève. C’est encore ce cinéma dont Herbert P. Mathese a dressé la programmation (sélective et non pas exhaustive contrairement à ce que croyaient certains lecteurs) dans sa célèbre note monumentale de quatre ou cinq pages in José Benazeraf, la caméra irréductible (Éditions Clairac, 2007.

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OSS 117, rivaux bis des James Bond

Lorsqu’on ouvrait Une Semaine de Paris – PariScope dans les années 1970-1980, il existait encore une rubrique générique au titre savoureux : « Espionnage » ! On y trouvait non seulement le dernier James Bond (la série dont Georges Sadoul avait pu écrire, vers 1967, qu’elle constituait, toutes choses égales d’ailleurs, une version moderne des contes orientaux des Mille et une nuits) mais bien d’autres espions des années 1960-1970, hauts en couleurs bien qu’aujourd’hui un peu oubliés faute de réédition : Matt Helm (interprété par Dean Martin), Flint (interprété par James Coburn), OSS 117 (nombreux interprètes), Coplan (nombreux interprètes) (1), et autres espions américains ou européens (2) sans oublier le tragique L’Espion qui venait du froid joué par Richard Burton. Entre 1955 et 1970, la France (co)produisit une dizaine de films mettant en scène l’espion français OSS 117 imaginé par le romancier Jean Bruce. Ses aventures originales avaient été éditées par les éditions Fleuve noir puis par celles des Presses de la Cité, ensuite prolongées par sa veuve Josette chez ce second éditeur, avec un succès populaire jamais démenti. Continuer la lecture de OSS 117, rivaux bis des James Bond