Tous les articles par Sandy Gillet

Aux (véritables) origines de la Planète des singes

Si la nouvelle trilogie qui vient de s’achever avec La Planète des Singes – Suprématie de Matt Reeves (lire notre critique) est bien plus convaincante que la tentative de reboot totalement lobotomisée réalisée par Burton en 2001, il met surtout en évidence, même si c’est  un peu à son insu, la vitalité et la richesse d’une histoire initiée par Pierre Boulle et dont on n’a pas finit à l’évidence d’en épuiser le filon. L’occasion est donc trop belle pour ne pas se faire plaisir et se replonger dans les coulisses d’une franchise on ne peut plus lucrative bien avant le phénomène Star Wars puisque débutée en 1968 avec le film réalisé par Franklin J. Schaffner. On s’appuiera pour ce faire sur l’extraordinaire documentaire produit pour le très beau coffret DVD paru en 2000 qui réunissait déjà les cinq premiers films et repris depuis sur le coffret Blu-ray paru en 2008.

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Fiche film : I… comme Icare

Henri Verneuil mit deux ans pour écrire le scénario de I… comme Icare avec Didier Decoin. Son choix pour le rôle du procureur intègre s’était d’emblée porté sur Yves Montand qui accepta bien que le personnage qu’il devait interpréter fût assez éloigné par rapport à ses précédents qui étaient plus engagés.

I… comme Icare imagine une situation fictive, fortement inspirée de la théorie d’un complot ayant conduit à l’assassinat de John F. Kennedy. Le nom du tueur, Daslow, est d’ailleurs l’anagramme du nom de l’assassin supposé de JFK, Lee Harvey Oswald. De nombreux autres éléments reprennent la thèse de Jim Garrison développée lors de son enquête sur l’assassinat de Kennedy.

Le final décrivant l’Opération Zénith s’inspire des événements ayant provoqué la chute du Président du Chili Salvador Allende et l’arrivée au pouvoir de la junte militaire dirigée par Augusto Pinochet.

Beaucoup des extérieurs de I… comme Icare ont été tournés dans la ville de Cergy-Pontoise. On y remarque en effet sa Préfecture qui fait office dans le film de Palais du Gouvernement ou encore de sa Tour EDF qui est utilisée comme l’immeuble où se positionne le tueur pour l’assassinat du président Jarry.

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Fiche film : Les Grands esprits

Olivier Ayache-Vidal signe son premier long métrage avec Les Grands esprits. Ce sont les producteurs Thomas Verhaeghe (Atelier de Production) et Alain Benguigui (Sombrero Films) qui lui ont proposé l’idée d’un professeur d’un lycée bourgeois muté en banlieue, après avoir vu Welcome to China, un court métrage qu’il a réalisé en 2012.

La première question qui s’est posée pour Olivier Ayache-Vidal était de situer l’intrigue du film dans un lycée ou un collège. Le cinéaste s’est ainsi rendu dans plusieurs lycées professionnels du 93 à Aubervilliers, La Courneuve, Saint-Denis et a remarqué qu’il y avait beaucoup d’absentéisme mais que les élèves présents travaillaient.

Denis Podalydès a construit le professeur François Foucault principalement par rapport au père écrasant du personnage qui a une grande réussite en tant qu’homme de lettres : « Il a des opinions arrêtées, assez réactionnaires, on se doute qu’il est un peu écrasant. François Foucault n’a sans doute jamais songé à se rebeller contre lui, il a dû le subir et tenter de se faire un chemin dans son ombre. Il est hors de toute gloire possible. Il se venge un peu contre ses élèves d’Henri IV, se réfugiant dans le culte des langues anciennes. Il ne se doute pas qu’un tout petit peu de gloire (une gloire certes non médiatique) va lui venir de cette mutation à Stains, vécue d’abord comme un déclassement. Nous avons construit le personnage sur cette opposition entre le Foucault assez rigide, secrètement amer du début, et le Foucault plus incertain et plus généreux que les enfants du collège font peu à peu émerger en lui. »

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Fiche Film : Good Time

Pour Good Time, les deux frères Ben et Joshua Safdie ainsi que le scénariste Ronald Bronstein se sont inspirés de faits divers des tabloïds, comme ceux qu’ils lisaient dans le New York Daily News, à savoir des histoires peuplées de petits délinquants médiocres, pétris de rêves ambitieux, mais incapables de réaliser correctement leurs forfaits.

C’est en voyant Mad Love In New York, le précédent film de Ben et Joshua Safdie centré sur un couple de toxicomanes, que Robert Pattinson est tombé amoureux de leur cinéma. Le comédien a ensuite contacté les réalisateurs pour leur faire part de son envie de tourner sous leur direction.

Pour la musique de Good Time, les réalisateurs se sont tournés vers le musicien expérimental et compositeur de musiques de film Daniel Lopatin qui enregistre sous le pseudonyme d’Oneohtrix Point Never pour le label WARP Records. Les frères Safdie voulaient que la bande-originale du film soit moderne, électro, et teintée d’influences diverses, parmi lesquelles le rock progressif du britannique Steve Hillage, les synthétiseurs analogiques du compositeur japonais Isao Tomita, aujourd’hui décédé, et le groupe Tangerine Dream. Lopatin et les frères Safdie se sont notamment retrouvés autour de leur passion commune pour la bande-originale de Heat de Michael Mann.

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Mother ! : Modes et Travaux

Bon bon bon, par où commencer cette petite bafouille censée rendre compte du dernier Aronofsky. Ben oui vous savez, le gars à qui l’on doit récemment l’indigeste Noé mais aussi le sublime Black Swan. On notera d’ailleurs que l’affiche mentionne bien ce dernier au détriment de l’autre. Pas folle la ruche des marketteux chez Paramount. Mais encore, me direz-vous avec justesse. Peut-on résumer la filmo de ce cinéaste à ces deux seuls longs-métrages ? Il va sans dire que non. Mais ils dénotent tout de même une sorte de va-et-vient sensuel en forme de ressac plus ou moins clivant qui s’est manifesté à plusieurs reprises. Ainsi, on peut détester The Fountain  et adorer The Wrestler (le contraire est jouable mais reste du domaine de quelques cinglés). Ou encore rester dubitatif devant Pi, son premier long, et s’extasier encore et toujours à la vision de Requiem for a Dream. On ne sait si en balançant ces quelques aphorismes, on esquisse un semblant de contour quant au pedigree du bonhomme, mais ce qui est certain c’est que ce Mother ! semble vouloir repeindre du sol au plafond une bâtisse filmique pour le moins atypique et qui au passage devient une denrée rare dans la production cinoche contemporaine.

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