Archives de catégorie : Critiques Ciné

’71 : Behind Enemy Lines

Si le nom de Yann Demange ne vous dit rien, c’est normal. Mais si l’on cite Dead Set, là on est persuadé que la pupille de quelques uns prendra vie. Pour les autres, Dead Set fut la petite surprise de l’année 2008 en provenance de la perfide Albion. Une mini série de cinq épisodes diffusées sur Channel 4 qui narrait avec délice la fin d’une humanité en proie à une attaque zombies vue par le prisme des occupants d’une émission de téléréalité,  la fameuse Big Brother, qui pour le coup se retrouvaient pris au piège et coupés du monde extérieur. Il s’agissait là d’une forme de critique sociale réjouissante qui savait dans le même temps jouer parfaitement avec les codes du genre. Derrière la caméra on trouvait donc le français de souche Yann Demange élevé depuis son enfance en Angleterre et dont c’est ici le premier long on ne peut plus prometteur.

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White God ou la Hongrie aujourd’hui…

Avec six longs métrages, une petite dizaine de courts et plusieurs mises en scène au théâtre, Kornél Mundruczó est tout sauf un débutant mais le cinéma et l’art dramatique hongrois traversent peu les frontières et son œuvre reste méconnue. Pourtant sa collaboration artistique avec Yvette Bíró, ancienne scénariste de Miklós Jancsó dans sa période la plus féconde, entre 1969 et 1974, lui a permis d’obtenir une visibilité de plus en plus importante. Celle qui n’est que consultante sur White God — dédié à Jancsó, cinéaste éminemment politique et de gauche — est certainement pour beaucoup dans les sélections cannoises de Delta, Johanna et Tender son qu’ils ont coécrit ces huit dernières années. Continuer la lecture de White God ou la Hongrie aujourd’hui…

Interstellar : On a perdu contact avec le cinéaste Nolan

Christopher Nolan fait partie de ces réalisateurs dont on attend chaque film avec une certaine impatience doublée d’une excitation indéniable. Mais à une exception près, The Dark Knight, Le Chevalier Noir, la déception a toujours été plus ou moins au rendez-vous. Pourquoi une telle constance ? Une partie de la réponse se situe certainement dans le fait que Nolan n’a jamais accepté sa simple condition de cinéaste. Lui qui semble briguer sans relâche le Bigger than Life depuis ses choix de sujets en passant par sa réalisation que l’on pourrait qualifier a minima de démiurge sans oublier sa volonté d’imposer à tout prix son final cut.

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True Grit : Rooster Cogburn dit le Shérif

Paru en 1968, le roman True Grit signé Charles Portis devint instantanément un classique et un best seller. Et c’est donc très rapidement qu’Hollywood s’y intéressa avec dans la foulée un film au titre éponyme et traduit chez nous en un 100 dollars pour un shérif pas très heureux mais ultra mémorisable. Il reste aujourd’hui comme le symbole d’un western d’arrière garde forcément sur le déclin et porté par celui qui symbolisa le genre à lui tout seul : John Wayne qui obtint d’ailleurs ici son unique Oscar pour sa prestation du vieux Marshall alcoolique et bourru, Rooster Cogburn.

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Polisse : Le Bal L.627

Maïwenn est un drôle d’oiseau et son nouveau film (le troisième en tant que réalisatrice) lui permet de faire un peu plus son nid au sein de la « formidable fratrie » qu’est le cinéma français. Et celui-ci le lui rend bien puisque l’une de ses marques formelles de fabrique c’est bien la pléiade d’acteurs et d’actrices qui les traverse façon choral kaléidoscopique. Polisse encore plus que Le Bal des actrices d’ailleurs qui souffrait au demeurant d’un récit bien trop éclaté pour mettre suffisamment en valeur tous les personnages. En prenant ici pour cadre la BPM (Brigade de Protection des Mineurs), la réalisatrice s’astreint du coup à une unité de lieux qui lui permet donc de donner franchement la parole à chacun.

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