Archives de catégorie : Cinéma

Le Procès Goldman – Les Racines du mal

Il est des films qui sans crier gare vous emportent en des contrées jamais ou peu explorées. Une appréciation hautement subjective forcément assumée mais qui ne vaudrait rien si le film en question devait se casser les dents sur le triumvirat sacré parfaitement résumé un jour par Jean Gabin (leitmotiv qu’il emprunta d’ailleurs à Julien Duvivier) : « Il faut trois choses pour faire un bon film : d’abord une bonne histoire, puis une bonne histoire, et enfin une bonne histoire ». Et autant l’affirmer d’entrée, Le Procès Goldman explose tout ces attendus. D’un fait divers, devenu l’une des chroniques judiciaires les plus emblématiques des années 70, Cédric Kahn nous raconte une époque qui fait furieusement échos à la nôtre traversée de personnages, Pierre Goldman en tête, caractérisés en des postures raciales qui nous sont plus que familières aujourd’hui au sein d’un pays qui n’a finalement que peu dévié de ses certitudes sociétales d’alors. Le tout dans un quasi huit clos de prétoire d’où suinte par tous les pores un amour inconsidéré du cinéma.

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Croix de fer – La guerre selon Peckinpah

Croix de fer est certainement de tous les films réalisés par Sam Peckinpah celui qui porte en lui une schizophrénie latente propre encore aujourd’hui à lui donner un sens et une acceptation qui ne sont absolument pas les siennes. La méprise est originelle. Quand le producteur allemand qui a fait fortune dans le porno même pas chic se met en tête de recruter le plus sulfureux des cinéastes ricains, c’est pour mettre en boîte un film de guerre qui ne pourra que se complaire dans le style ultra violent proche du voyeurisme qui a fait la réputation de Sam Peckinpah. Mais Wolf C. Hartwing n’avait pas compris que si Peckinpah usait et abusait des ralentis et autres procédés propres à styliser la violence, ce n’était pas dans un but d’emphase mais pour mieux en dénoncer les instigateurs.

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Anatomie d’une chute – Une sacrée Palme d’or

Anatomie d’une chute a donc eu les honneurs d’une Palme d’or au dernier Festival de Cannes quand les trois premiers longs de la réalisatrice Justine Triet, tous sélectionnés eux aussi sur la croisette, en sont à chaque fois repartis broucouilles. Il faut croire que le changement radical de style, d’écriture et de mise en situation a su finalement conquérir un jury en adéquation avec cette étude d’un couple à la complexité et à la densité rare pour ne pas dire inédite dans le cinéma. Oui parce que Anatomie d’une chute raconte l’histoire d’un homme et d’une femme par le biais d’un procès. Celui de la femme que l’on soupçonne d’avoir défenestré son mari lors d’une dispute. Entre les deux, un enfant de 11 ans malvoyant qui découvre brutalement une version de ses parents pour le moins sans filtre. Il est donc clair que si le sujet ne vous parle pas ou ne vous attire pas, il vaudrait mieux passer votre chemin car Anatomie d’une chute va très très loin dans cette étude de caractère qui use des codes du film de prétoire (à la française), le tout dans un style quasi documentaire s’étalant sur près de 2h30.

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Oppenheimer – Et Nolan créa la bombe ?

En relisant notre avis sur Interstellar (oui nous cultivons le culte de la personnalité à DC), un bout de phrase nous a frappé : « (…) une sorte de bête de foire en 70MM et IMAX sans fin ». Et de nous dire qu’elle pourrait parfaitement convenir pour Oppenheimer. Est-ce à penser qu’en presque 10 ans le cinéma de Christopher Nolan n’a pas évolué ? Ou plutôt se serait-il obstinément appliqué à creuser ce seul sillon ? Quel que soit le sujet ? On serait tenté de répondre par l’affirmative tout en précisant que le cinéaste a des circonstances atténuantes.

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Le Règne animal – La Planète des Hommes

La première réflexion qui nous vient à l’esprit au moment où le générique de fin remplit son office, c’est la réussite évidente des intentions revendiquées dès les premières images par Le Règne animal. On parle ici de la volonté affichée d’aller chercher dans le cinéma dit de genre un récipiendaire propre à faire évoluer celui dit d’auteur à la française bien trop souvent enfermé dans ses certitudes datées. Il y a en effet dans ce deuxième long de Thomas Cailley un joli mélange des genres (justement) où il use sans en abuser du mode fantastique pour raconter une histoire entre un père et son fils dans un monde en plein bouleversement sociétal et environnemental. On est (enfin) conquis et on va tenter de vous expliquer pourquoi.

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