Pourquoi j'ai pas mangé mon père

Box office français du 08 au 14 avril 2015 : Pourquoi je me suis planté

On attendait Pourquoi j’ai pas mangé mon père pour prendre la relève de FF7 dont on se doutait bien que la deuxième semaine allait être marquée par une forte décrue. Las, le nouveau film distribué par Pathé à grands renforts de com / pub sur tous supports médias / street marketing et de Jamel mouillant la chemise pour la promo, n’auront pas suffi à endiguer ce que l’on craignait en fait, à savoir une catastrophe industrielle qui s’annonce majeure. Du coup, le Box office affiche un cumul en net retrait par rapport à la semaine dernière avec 3 162 554 entrées. Pour info, cela reste toutefois en augmentation de 3,7% si l’on se place sur le total des entrées enregistrées en 2015 versus 2014 à la même période. Merci à Universal France en fait.

bo-office-france-8-14-avril-2015Comment analyser l’échec déjà cinglant de Pourquoi j’ai pas mangé mon père ? Dans un premier temps disons tout de même que les vacances scolaires ne battent pas encore leur plein. Qu’il faudrait, si l’on était raisonnable, attendre la deuxième semaine pour se faire une véritable opinion de la chose. Mais comme on ne l’est pas, raisonnable, on va donc tirer des conclusions sur la comète (ou pas). On précise d’abord que l’on n’a pas voulu voir le film, et encore moins accompagné de son mini moi. Réflexe du critique de mauvaise foi ou occasion perdue de voir un grand film d’animation français ? À entendre et à lire un peu partout la réaction des « simples » spectateurs, on va dire que l’on a été sage de ne pas infliger cette œuvre à sa progéniture. Et on ne parle pas ici de la critique qui affiche comme de bien souvent un ressenti de faux-culs du genre on a besoin de la pub pour faire vivre nos canards, mais qui de toute façon semble elle aussi pour le moins mitigée.

Et avec à peine un peu plus de 650 000 entrées sur 16 copies de plus que FF7 qui reste malgré tout en deuxième semaine premier de ce BO hebdo, le film en MoCap signé Jamel au budget flouté mais qui approche, promo comprise, près de 50M d’euros, ne rentrera pas dans ses deniers. En tout cas pas tout de suite et certainement pas avec la seule sortie au cinéma pour laquelle Pathé espérait au moins 3M d’entrées après les retours tiédasses de la tournée d’avant-premières provinciale. Un chiffre qui de toute façon ne rentabiliserait même pas l’aventure. Pour cela, il faudra maintenant compter sur les ventes à l’étranger (quasi nulles pour l’instant, le prochain Marché du film à Cannes sera sur ce point décisif) et dans une moindre mesure sur le passage en VOD et en DVD/Blu-ray. Les ventes TV étant déjà actées via les préachats de Canal+, Ciné+ et W9, sa carrière en salle ne devrait pas faire monter les enchères pour d’éventuelles diffusions TV en deuxième exclusivité sur TF1 et/ou France 2.

C’est qu’il est évident qu’avec un tel démarrage, Pourquoi j’ai pas mangé mon père ne devrait pas dépasser les 2M d’entrées. Doit-on s’en réjouir ? Bien entendu que non. Mais son échec auprès du grand public démontre que si le projet faisait sens lors de ses prémisses en 2007 quand Jamel était au pic de sa popularité, il est aujourd’hui une incongruité, une sorte d’OVNI budgétaire qui a complètement dérapé avec le temps tout en donnant l’impression qu’il symbolise le côté mégalo d’une star qui a sa carrière derrière lui. Forcément, il y en aura beaucoup pour s’en réjouir. De notre côté, on pense que c’est tout de même dommage car il existe peu de personnalités françaises capables aujourd’hui de drainer le public sur le long cours et Jamel semble s’être ici brûlé les ailes à la façon d’Icare. Espérons seulement qu’il saura s’en relever car l’homme ne le mérite tout simplement pas. À lui de retrouver le contact avec son public. Quant à Pathé, elle n’a rien à se reprocher. Elle a tout fait, tout tenté et pas mal expérimenté sur cette affaire. Mais quand ça veut pas, ça veut pas.

Trois autres nouveautés intègrent ce Top 10. Le retour de la fée Clochette d’abord avec Clochette et la créature de légende que Disney a pertinemment sorti pour ces vacances scolaires avec cette volonté de creuser un sillon qui a emmené les deux premiers opus sortis en salles (il s’agissait à la base de sorties uniquement en vidéo) à chaque fois à plus d’1M d’entrées. Bien que cette première semaine soit en deçà des résultats affichés par les deux films, on sait que voici une franchise qui attire son jeune public féminin sur la durée même si l’on pense qu’ici, le cumul devrait s’étalonner plutôt aux alentours de 900 000 entrées max.

On a ensuite Dark Places, un thriller made in France avec de la star yankee dedans signé Gilles Paquet-Brenner, réalisateur d’UV, des deux Gomez et Tavares et plus récemment d’Elle s’appelait Sarah avec Kristin Scott Thomas. On ne reviendra pas sur cette prolifique carrière cinématographique qui en aura marqué plus d’un car on s’en voudrait de faire remonter à la surface de si bons souvenirs. Ceci étant dit, Dark Places devrait tutoyer les 350 000 entrées, ce qui le placerait au troisième rang sur les six films de la filmo du Monsieur. Voilà, on a rien trouvé de mieux à dire sur le sujet.

Et puis, en 10ème position, on trouve le premier film signé Ryan Gosling qui fut découvert lors du dernier Festival de Cannes. Précédé d’un buzz quelque peu surestimé à tendance arty, Lost River est un pari gagnant pour le jeune distributeur The Jokers (associé au Pacte) qui s’il avait jusqu’ici essuyé pas mal de déboires (Raid 2 et Rec 4 pour ne citer que les plus emblématiques) semble enfin ici récompensé de ses choix éditoriaux risqués. Alors certes, on ne parle pas ici d’un raz-de-marée dans les salles mais plutôt d’une moyenne haute de spectateurs par copie qui valide donc une stratégie de sortie gagnante.

Hors top 10, le constat est beaucoup plus rude pour Ad Vitam qui ne peut faire mieux que 46 190 entrées sur 125 copies avec le dernier Pierre Jolivet. Jamais de la vie dont on attend toujours la critique de Cédric, affiche du coup une très faible moyenne de 370 spectateurs par copie. Pas évident dans ces conditions que le cumul aille au-delà des 150 000 entrées. Ce qui de toute façon, équivaudrait à l’une des plus mauvaises perfs du cinéaste en France pour un film qui semble pourtant ne recueillir que des suffrages positifs. En tout cas pour ceux qui l’ont vu.

On pourra établir le même constat déprimant pour Les Enquêtes du Département V : Profanation. En 15ème position, ce deuxième opus qui fait suite à Miséricorde sorti uniquement en VOD le 27 mars dernier, ne réunit que 34 163 entrées sur 111 copies. Adaptés de romans aux titres éponymes, ces thrillers nordiques valent plus que le coup d’œil. Ils font montre du savoir-faire en la matière que la série Millenium aura permis de définitivement positionner sur le curseur de ces auteurs venus du froid. Wild Bunch a très clairement expérimenté quelque chose ici qui n’a malheureusement pas marché. Soit, créer le buzz et initier la réputation de cette véritable franchise (5 romans en tout sont pour l’instant disponibles en langue française) en sortant le premier « épisode » uniquement en VOD. On ne connaît pas les chiffres de téléchargement mais gageons qu’ils ont dû être faibles au regard donc de cette sortie en salles pour le moins discrète. C’est dommage car l’idée est sur le papier très bonne. Elle permet de contourner quelque peu la trop rigide réglementation sur la chronologie des Médias et devrait pouvoir donner un aperçu plus fin des attentes du public. Encore faut-il peut-être se donner un peu plus de moyens de com et une plus grande visibilité. Entre le barouf autour de Welcome to New York et ce Département V, il doit bien y avoir un juste milieu.

2 réflexions sur « Box office français du 08 au 14 avril 2015 : Pourquoi je me suis planté »

  1. Au moins on ne s’en cache pas quand d’autres critiquent sur la simple vision de la bande-annonce 🙂

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