Archives de catégorie : Critiques Ciné

Dune : Deuxième Partie – Le côté obscur de la Force

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’avec Dune : Deuxième partie (on n’y peut rien c’est la dénomination officielle), Denis Villeneuve lâche quelque peu les chevaux. Les connaisseurs ne seront pas surpris étant entendu que le cinéaste canadien ne fait que suivre à la lettre et depuis le début les aventures du futur Kwisatz Haderach par Franck Herbert. Mais pour les autres qui ont de surcroît eut du mal avec la première partie, ce sera une délicieuse surprise dont nous allons essayer de comprendre en filigranes les implications futures.

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Les Derniers hommes – Voyage au bout de l’enfer

Si vous êtes familier avec le travail du scénariste / réalisateur David Oelhoffen, vous avez donc sans doute déjà deviné que Les Derniers hommes, sous ses atours de film de guerre, n’en est pas vraiment un. Tout comme Frères ennemis, son précédent opus, transgressait allègrement les codes du polar et que Loin des hommes adoptait ceux du western pour raconter l’histoire de deux hommes que tout oppose dans l’Atlas algérien de 1954, Les Derniers hommes prend pour cadre historique une colonne de légionnaires obligés de fuir à travers la jungle vers la frontière chinoise dans l’Indochine de 1945 occupé par les japonais. Un prétexte pour une nouvelle fois aborder l’interaction entre les hommes par gros temps et en milieu hostile. Entre les hommes oui car la filmographie d’Oelhoffen ne met jamais en scène la femme (à part quelques plans lors de son premier long Nos retrouvailles) semblant vouloir systématiquement l’expulser de ses récits. Ce qu’il a d’ailleurs fait en adaptant Les Chiens jaunes à l’origine des Derniers hommes puisque dans ce récit écrit par un légionnaire Alain Gandy, il y avait une infirmière qui finissait par provoquer la zizanie au sein de la colonne. Ici, les tensions, les trahisons, les accrochages avec l’ennemi… sont le seul fait des hommes, de leur déchéance physique et morale provoquée par une nature impitoyable et une autorité de plus en plus contestée.

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Le Procès Goldman – Les Racines du mal

Il est des films qui sans crier gare vous emportent en des contrées jamais ou peu explorées. Une appréciation hautement subjective forcément assumée mais qui ne vaudrait rien si le film en question devait se casser les dents sur le triumvirat sacré parfaitement résumé un jour par Jean Gabin (leitmotiv qu’il emprunta d’ailleurs à Julien Duvivier) : « Il faut trois choses pour faire un bon film : d’abord une bonne histoire, puis une bonne histoire, et enfin une bonne histoire ». Et autant l’affirmer d’entrée, Le Procès Goldman explose tout ces attendus. D’un fait divers, devenu l’une des chroniques judiciaires les plus emblématiques des années 70, Cédric Kahn nous raconte une époque qui fait furieusement échos à la nôtre traversée de personnages, Pierre Goldman en tête, caractérisés en des postures raciales qui nous sont plus que familières aujourd’hui au sein d’un pays qui n’a finalement que peu dévié de ses certitudes sociétales d’alors. Le tout dans un quasi huit clos de prétoire d’où suinte par tous les pores un amour inconsidéré du cinéma.

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Croix de fer – La guerre selon Peckinpah

Croix de fer est certainement de tous les films réalisés par Sam Peckinpah celui qui porte en lui une schizophrénie latente propre encore aujourd’hui à lui donner un sens et une acceptation qui ne sont absolument pas les siennes. La méprise est originelle. Quand le producteur allemand qui a fait fortune dans le porno même pas chic se met en tête de recruter le plus sulfureux des cinéastes ricains, c’est pour mettre en boîte un film de guerre qui ne pourra que se complaire dans le style ultra violent proche du voyeurisme qui a fait la réputation de Sam Peckinpah. Mais Wolf C. Hartwing n’avait pas compris que si Peckinpah usait et abusait des ralentis et autres procédés propres à styliser la violence, ce n’était pas dans un but d’emphase mais pour mieux en dénoncer les instigateurs.

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Anatomie d’une chute – Une sacrée Palme d’or

Anatomie d’une chute a donc eu les honneurs d’une Palme d’or au dernier Festival de Cannes quand les trois premiers longs de la réalisatrice Justine Triet, tous sélectionnés eux aussi sur la croisette, en sont à chaque fois repartis broucouilles. Il faut croire que le changement radical de style, d’écriture et de mise en situation a su finalement conquérir un jury en adéquation avec cette étude d’un couple à la complexité et à la densité rare pour ne pas dire inédite dans le cinéma. Oui parce que Anatomie d’une chute raconte l’histoire d’un homme et d’une femme par le biais d’un procès. Celui de la femme que l’on soupçonne d’avoir défenestré son mari lors d’une dispute. Entre les deux, un enfant de 11 ans malvoyant qui découvre brutalement une version de ses parents pour le moins sans filtre. Il est donc clair que si le sujet ne vous parle pas ou ne vous attire pas, il vaudrait mieux passer votre chemin car Anatomie d’une chute va très très loin dans cette étude de caractère qui use des codes du film de prétoire (à la française), le tout dans un style quasi documentaire s’étalant sur près de 2h30.

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