Premier Contact - Image Une Critique

Premier Contact : Rencontre du 4ème type !

Si le cinéaste Denis Villeneuve n’est plus à présenter, son cinéma reste suffisamment déroutant et osons le dire innovant pour qu’au final on ait bien du mal à le faire rentrer dans des cases. Tant mieux serait-on tenté d’écrire tant la période est aux « œuvres » caractérisées par le risque zéro. Commercial bien entendu mais aussi et surtout artistique. Premier Contact est la première incursion de l’homme et de son univers cinématographique dans la SF. Et comme souvent depuis Prisoners, le film estourbit par sa maestria visuelle et le travail sans cesse renouvelé de sa mise en scène mais a plus de mal à convaincre sur le traitement de son scénario. À croire que depuis Incendies, l’homme n’arrive plus à concilier ambitions formelles avec une histoire qui semble à chaque fois rendre les armes en cours de route.

Premier Contact - Affiche

Non que celle-ci ne soit pas généralement ambitieuse avec à chaque fois un pitch bougrement excitant. C’est juste qu’on a systématiquement la désagréable impression que cela à du mal à tenir la distance. Avec Prisoners c’était la fin qui prêtait le flanc à l’hallali avec de surcroît la sensation que Villeneuve en faisait parfois des tonnes à l’image pour combler quelques passages narratifs redondants ou tout simplement inutiles. Pour Sicario, les choses étaient quelque peu différentes. Car l’histoire avait pour elle une certaine forme de simplicité que l’épure de la mise en scène venait appuyer. Mais on en ressortait tout de même un peu frustré (une sensation certainement assumée par Villeneuve) à l’image de l’héroïne brinquebalée dans une histoire aux enjeux finalement assez mineurs.

Premier Contact pousse en apparence le curseur un peu plus loin en proposant une histoire basée sur des flash-back (appréhendés au début comme tels en tout cas) qui sont censés faire avancer l’intrigue principale. Le procédé n’est pas d’une folle originalité mais à pour lui le mérite de tenir le spectateur en haleine jusqu’au bout d’autant qu’ici la révélation finale est plutôt croustillante. Le problème c’est que pour y arriver, il faut se fader un ventre mou de film qui pourra en faire décrocher quelques uns si ce n’était une nouvelle fois l’appétence de Villeneuve à nous raccrocher aux branches par sa propension à se démener comme un beau diable via une mise en scène qui comme toujours recèle des moments de pure grâce doublée d’une inventivité totalement débridée. L’autre limite est le twist final justement. Il est de celui que l’on peut aisément ranger du côté du syndrome « Sixième sens ». En ce sens que vous ne reverrez pas Premier Contact avant un bon moment tant la fin définitive et fermée ne procurera qu’un plaisir unique et non renouvelable.

À part cela si Premier Contact ne régénère pas plus que cela le genre, il peut s’y ranger sans avoir à rougir de la comparaison avec d’illustres prédécesseurs. On sent une volonté de tous les instants à apporter sa pierre avec comme fil rouge une rigueur jamais démentie. Ainsi le travail sur le langage et la façon de communiquer avec les aliens sont des versants remarquables du film. Villeneuve et son scénariste Michael Stuhlbarg n’hésitant pas à nous abreuver de détails scientifiques précis et documentés donnant au film un cachet plutôt réaliste et en tout cas à mille lieux des canons hollywoodiens du moment dans le genre. Un paradoxe savoureux qui permet à l’image des séquences remarquables parfois proches d’un onirisme flamboyant, parfois d’un réalisme à faire froid dans le dos.

Reste à se demander si Premier Contact offre quelques clefs de compréhension (certains diront d’appréhension) sur ce que sera le remake de Blade Runner. En l’état on se dit que le pari reste excitant. Villeneuve étant sans conteste un homme nanti d’un univers aux contours déjà très marqués et très forts. Son Blade Runner promet un feu d’artifice visuel à même de rappeler la version de Ridley Scott. De plus, l’histoire nous semble trop radicale, trop universelle au point de définir un pan entier de la SF d’aujourd’hui (Cf la série Westworld) pour ne pas surmonter la vision forcément démiurge de Villeneuve. Vœu pieu ? Wait and see !

Premier Contact (2016) de Denis Villeneuve – 1h56 (Sony Pictures Releasing France) – 7 décembre 2016

Résumé : Lorsque de mystérieux vaisseaux venus du fond de l’espace surgissent un peu partout sur Terre, une équipe d’experts est rassemblée sous la direction de la linguiste Louise Banks afin de tenter de comprendre leurs intentions.

Note : 3/5

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