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Chappie : Elysium 9

À la différence d’Elysium, le nouveau film signé Neil Blomkamp n’a pas eu droit à une campagne promo tous azimuts. Et ce n’est pas la présence à Paris de Sigourney Weaver et Hugh Jackman honorant paresseusement un appendice de leur contrat qui va nous inciter à penser que Sony Pictures France ait voulu aller au-delà de la routine habituelle. Faut-il y voir comme une forme de désenchantement pour un cinéaste qui ne surprend plus ? C’est que Chappie prouve une fois de plus que si Blomkamp est sans aucun doute l’une des plus excitantes promesses du cinéma de SF actuel, il n’en reste pas moins bloqué à l’avant-dernière marche de l’adoubement définitif.

Chappie-Affiche française

C’est qu’en trois films, le réalisateur originaire d’Afrique du sud n’arrive pas à transformer le clinquant essai de District 9. Ses deux films suivants se contentant quelque part de tourner autour du pot, à ressasser les mêmes thèmes sans jamais les enrichir et à polir une mise en scène qui finit par tourner en rond. Quant à l’histoire, on vire à l’obsession sans que pour autant on soit bien plus avancé niveau prise de position du cinéaste. Car Blomkamp  est bien de la race des auteurs. C’est d’ailleurs ce qui fait que son cinéma ne laisse pas indifférent, surtout au sein du maelstrom ambiant de blockbusters de plus en plus décérébrés. Ses films racontent toujours ces laissés-pour-compte, ces « black sheeps » qui apprennent à leur dépens que la société des humains est un virus endémique et mutant. Chappie est de ceux là. Robot flic mis en circulation dans les rues de Johannesburg avec beaucoup d’autres pour aider à juguler la criminalité galopante, il se retrouve à la casse suite à une intervention qui a mal tourné. C’est alors que son ingénieur créateur pousse le bouchon plus loin en uploadant au sein de cette carcasse faite de titanium un programme censé upgrader le simple robot en humanoïde doté d’une intelligence artificielle.

On est là dans l’une des vieilles rengaines de la SF qui a accouché, au hasard, de Blade Runner ou de RoboCop. En fait non, pas au hasard puisque Chappie est au croisement de ces deux classiques avec un soupçon de l’insupportable A.I. de Spielberg et de la fabuleuse série Battlestar Galactica. On est là aux confins des influences d’un homme dont la prochaine étape cinématographique annoncée est un retour logique aux sources de la franchise Alien. Elles passent aussi par des  citations visuelles multiples et plutôt bien vues, preuve, s’il fallait s’en convaincre encore, que Blomkamp maîtrise son sujet et qu’il est déjà un réalisateur accompli. Le revers de la médaille est que cette tendance lourde de l’ultra référentiel finit par inhiber une mise en scène que seule une réécriture des codes du genre pourra briser. Il en est capable, encore faut-il vouloir grandir.

À l’image de Chappie qui apprend à devenir humain, à décider et à ressentir par soi-même tout en s’affranchissant des règles de conduite que l’on veut lui inculquer pour bien entendu tuer le père créateur quand on prend conscience de sa propre mortalité. Autant Chappie a sa crise d’ado très vite, autant Blomkamp en est encore au stade du gosse impatient qui finit par casser ses jouets par manque de patience tout en planquant les invraisemblances scénaristiques sous le tapis d’un montage parfois un peu trop elliptique. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois, il l’a même avoué pour Elysium. Pour autant, Chappie dispose d’un arc narratif bien plus solide car les enjeux sont mieux identifiés et l’évolution des personnages, certes prévisible, n’est jamais galvaudé même si Blomkamp ne peut s’empêcher d’insuffler sa morale faussement marxiste au détour de quelques dialogues tout droit sortis du petit livre rouge, sans oublier cette fin qui tombe encore une fois littéralement à plat.

Reste qu’il serait inconscient de  bouder son plaisir car Chappie est de la trempe de ces bonnes séries B old school dont la mise à jour s’est perdue dans les limbes d’un budget à 115 millions de dollars. Un tour de passe passe que Blomkamp aura toutefois du mal à prolonger bien plus longtemps et surtout pas avec son Alien 5 en préparation.

Chappie de Neil Blomkamp – 4 mars 2015 (Sony Pictures Releasing France)

Dans un futur proche, la population, opprimée par une police entièrement robotisée, commence à se rebeller. Chappie, l’un de ces droïdes policiers, est kidnappé. Reprogrammé, il devient le premier robot capable de penser et ressentir par lui-même. Mais des forces puissantes, destructrices, considèrent Chappie comme un danger pour l’humanité et l’ordre établi. Elles vont tout faire pour maintenir le statu quo et s’assurer qu’il soit le premier, et le dernier, de son espèce.

Note : 3/5

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