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Magic in the moonlight : Une (nouvelle) carte postale signée Woody Allen

Il faut croire que Blue Jasmine fut une parenthèse enchantée, un soufflé vite retombé chez un cinéaste dont la retraite dorée se fait malheureusement de plus en plus sentir. Pour autant, Magic in the moonlight n’est pas la catastrophe Minuit à Paris et sa suite To Rome with love, ni même la friandise qui colle un peu trop aux dents que furent Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu ou Vicky Cristina Barcelona. On est plus ici dans un pot pourri d’auto-citations nostalgiques et paresseuses magnifiquement enluminées par un certain Darius Khonji dont c’est ici la quatrième collaboration avec le réalisateur.

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Woody Allen continue donc de réaliser son film par an au risque de brouiller définitivement les cartes d’une filmographie autrefois quasi sans tâches. Pour autant, on ne le sent pas plus pressé que cela. Il n’y a pas dans ses films le sentiment que ce sera peut-être le dernier. Au contraire. L’homme, dans sa propension à garder le rythme, prend paradoxalement son temps et se donne du mal pour que son public ne se sente aucunement dépaysé. Certes, « l’artisanat » du début a laissé la place depuis une bonne vingtaine d’année à quelque chose de plus industriel, mais toujours dans le respect d’univers et d’histoires qui rabâchent plus ou moins les mêmes thèmes et la même mise en scène. Woody fait invariablement du Woody et réitère ici le coup du magicien pris à son propre piège. On pense immanquablement au Sortilège du scorpion de jade fortement décrié en son temps mais où le réalisateur s’y amusait follement quand aujourd’hui il n’est plus question que de fabriquer tout au plus de belles images.

Accessoirement, il y a aussi une histoire d’amour mais dont s’y sent tellement étranger que celle-ci en devient tout simplement anecdotique. Restent ce sens du cadre et du montage que Woody Allen rythment avec toujours autant de savoir faire et d’envie. Tout est bien entendu réglé aux petits oignons (on ne le sent que trop) avec comme il se doit un casting trois étoiles dont un Colin Firth aux anges dans son rôle de célèbre magicien à qui l’on propose de démasquer une medium (Emma Stone mesdames et messieurs… Inutile d’en dire plus) ayant élu résidence au sein d’une famille huppée nichée pour l’été sur la Côte d’Azur des années 20. Un alibi scénaristique qui ne trompera donc personne donnant toute latitude à Woody Allen de filmer les paysages gorgées de soleil de l’arrière pays niçois pour une nouvelle carte postale de son périple touristique en Europe.

En creux, se dessine une fin de carrière sans aspérités ni prises de risques. Qui pour l’en blâmer finalement ? Magic in the Moonlight n’est qu’une fantaisie qu’il faut savoir apprécier comme telle. En attendre plus ne serait pas rendre justice à un film qui de toute façon n’en demande pas tant.

Magic in the Moonlight – 22 octobre 2014 (Mars Distribution)

RésuméStanley (Colin Firth) – alias Wei Ling Soo – est un magicien et illusionniste britannique qui vit dans les années 1920 sur la French Rivera. Rationaliste, il est amené par un vieil ami, illusionniste comme lui, sur la Côte d’azur — où il retrouve une vieille tante qu’il aime beaucoup — : il s’agit de démasquer Sophie (Emma Stone), une médium soupçonnée d’arnaquer une riche famille, dont Sophie a séduit l’héritier.

Note : 3/5

 

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