Entourage le film - Image Une

Entourage : Version longue

À voir l’affluence en ce mercredi de sortie à 9h20 dans la salle 14 du Gaumont Montparnasse (6 à tout casser), on se dit que le ou la responsable du multiplexe avait malheureusement raison de programmer Entourage dans ce qui ressemble plus à une grande pièce avec des fauteuils rouges (moins de 100 à vue de nez)  qu’à un endroit dédié à envoyer du rêve en 24 images par seconde. C’est donc lors d’une première séance à quasi huit clos que l’on prend véritablement conscience de la faible notoriété en France de cette série créée par Doug Ellin, à l’inverse des États-Unis où sa popularité n’a eu de cesse de s’affirmer, au point de devenir une des créations télévisuelles phares des années 2000 et une des réussites parmi tant d’autre de la chaîne HBO.

Entourage le film - Affiche France

Et pourtant, celle-ci ne partait pas sur grand chose. Peu à pas d’enjeux, des histoires qui tournaient littéralement en rond dont l’ossature n’a pas bougé d’un iota depuis le premier épisode et une caractérisation des personnages des plus liminaires. Mais voilà, la série a su trouver deux angles gagnants. D’abord, celui de montrer un Hollywood inédit à la fois en accentuant son attraction sur les masses tout en lui tordant le cou dès que possible. La critique n’est certes pas excessive (on ne mord pas – complètement – la main nourricière) mais elle se montre subtile, parfois détournée et souvent juste. À certains égards, elle peut s’apparenter à une sorte de miroir sans tain un peu grossissant où les protagonistes se savent filmés et moqués mais dont ils acceptent la règle du jeu histoire de paraître cool. Et au sein de ce bestiaire (et c’est le deuxième angle génial), Doug Ellin a joué au docteur Frankenstein en créant Ari Gold, cet agent de stars inspiré d’un des personnages incontournables de la scène hollywoodienne qu’interprète un Jeremy Piven qui a trouvé là le rôle d’une carrière. Très rapidement, il est devenu le poumon et régulateur d’un show qui ne pouvait de toute façon pas s’appuyer uniquement sur le trop lisse Adrien Grenier (Vince Chase) censé porter sur ses épaules cette biographie « légèrement » romancée de l’ascension d’un certain Mark Whalberg dans la cité des anges. C’est d’ailleurs lui le producteur du show et du film, lui qui a voulu mettre en avant sa trajectoire si particulière tout en faisant continuellement valoir ses origines plus que modestes de ce gamin de Brooklyn entouré de ses potes et de son (demi) frère qu’il emmène avec lui dans ses bagages sur la côte ouest. C’est sa bande, son « crew », son entourage.

L’aventure a ainsi duré 8 saisons sur un format de 25 minutes par épisode qui avait chacun son lot de belles pépés, de punchlines hilarantes et de situations invraisemblables pour nous commun des mortels avides de voyeurisme people. Les acteurs en faisaient des caisses à commencer par Kevin Dillon (le frère de Matt dans la vie et dans la série celui de Vince) dont la carrière cinoche au point mort dès le premier épisode n’est qu’un des nombreux clins d’œil en forme de mise en abyme que la série ne cessera d’affiner et de renouveler avec ses nombreuses guest-stars venues jouer leur propre rôle. Entourage la série était ainsi une offrande, une sorte de Veau d’Or pour sériephages obséquieux dont on pouvait devenir fan instantanément nonobstant ses défauts récurrents et la vacuité de ses « intrigues ». Entourage le film tente de ranimer la flamme, il y arrive en parti tout en ne décollant jamais tout à fait pour n’être au final qu’un épisode de plus mais sur 90 minutes. Le fan sera ravi. Il va retrouver tous ses personnages et surtout un Ari Gold plus teigneux que jamais. Il va s’amuser à compter tous les cameo de stars et autres célébrités (et le gratin est copieux), tous les bons mots et autres répliques souvent assez drôles, il va enfin pouvoir admirer les bikinis et les belles caisses sur grand écran (enfin cela dépendra de la salle) et avoir le sourire aux lèvres en permanence.

Après, on sera plus circonspect quant à la trame qui reprend là où on avait laissé notre petit monde… mais 6 mois plus tard. Ce qui au passage condamne un tantinet le non fan mais néanmoins curieux à se mater les 8 saisons avant de se pointer au cinoche (un marathon jouable en un week-end avec juste 8 heures de sommeil). Au passage, le côté un peu critique sous acide de ce décor de rêve passe à la trappe même si l’on ne sera pas insensible à la description faite de certains fils de financiers uniquement muent par leur libido et qui prennent ici les traits poupons et quasi nains de Haley Joel Osment (le petit garçon dans Sixième sens). Il paraît qu’une « suite » est déjà en chantier. Difficile en effet de ne pas vouloir prolonger encore une fois une aventure qui rapporte déjà plus de 30M au BO US (+9 hors US et ne pas compter sur la France, merci). Nous, on continuera à jouer notre rôle de voyeur un peu conquis d’avance et ferré comme il le faut au marketing hollywoodien à paillettes. Quant aux autres, inutile de dénigrer et passez votre chemin.

Entourage – de Doug Ellin – 24 juin 2015 (Warner Bros. France)

Star hollywoodienne, Vincent Chase et ses potes, Eric, Turtle et Johnny, sont de nouveau dans la course, et en pleine négociation avec Ari Gold, ancien agent devenu patron de studio. Si leurs ambitions ont un peu évolué, les liens qui les unissent sont toujours aussi forts. Tant mieux car ils vont devoir se frayer un chemin dans le monde impitoyable d’Hollywood…

Note : 3/5

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