Cannes 2016 : La sélection Cannes Classics

Cannes Classics, la sélection officielle du festival de Cannes consacrée au cinéma « retrouvé » et à l’histoire du cinéma, vient d’annoncer son cru 2016. À voir le programme, il serait aujourd’hui tout à fait possible d’aller au festival et d’avoir 10 jours bien remplis uniquement en regardant ce qui est proposé ici. Au menu, une leçon de cinéma donnée par William Friedkin et une quarantaine de films montrés dont 9 documentaires récents consacrés à des personnalités, des œuvres ou des courants divers : un projectionniste itinérant en Inde, le chef opérateur Vilmos Zsigmond décédé le 1er janvier dernier, la famille Coppola, le cinéma Novo au Brésil, Carrie Fisher et sa mère Debbie Reynolds, Pierre Rissient, le plus grand cinéphile français, les femmes pionnières d’Hollywood, Bernadette Lafont et Midnight express.

Festival de Cannes 2016 - Affiche

À noter également, plusieurs événements organisés par Cannes classics. D’abord, un hommage croisé aux documentaristes Raymond Depardon et Frederick Wiseman, dont les derniers films, Les Habitants et In Jackson Heights, vont être ou sont encore programmés. À cette occasion, les deux hommes, adeptes d’un certain cinéma direct, présenteront Faits divers pour le premier et Hospital pour le second. Puis, un film fleuve de 3h15 réalisé par Bertrand Tavernier sur « son » cinéma français, celui qui l’aura marqué et sobrement intitulé Voyage à travers le cinéma français, comme Scorsese avait fait le sien avec le cinéma italien et américain. Les deux films palmés de 1966, aux titres étonnamment voisins, ont également été restaurés : Signore & Signori de Pietro Germi et Un homme et une femme de Claude Lelouch. Enfin, la FIPRESCI, fédération de la presse internationale, fête cette année ses 70 ans et le premier prix qu’ils ont remis à Cannes a également été restauré. Il s’agit du documentaire Farrebique de Georges Rouquier.

Cannes classics 2016 : Un homme et une femmeLe Festival de Cannes a ensuite choisi 24 films qui viennent d’être restaurés par de nombreux organismes et cinémathèques dans le monde entier. Avant leur ressortie en DVD/Blu-ray ou en salles (à noter que le cinéma Les Fauvettes à Paris reprendra l’intégralité de la sélection à l’issue du festival), on pourra donc en avoir un aperçu ici. Et cette année, la sélection est importante avec des « classiques » et de véritables découvertes, des films venus des quatre coins du monde (sauf de l’Afrique, continent trop souvent oublié du cinéma – difficile de considérer le franco-égyptien Adieu Bonaparte de Youssef Chahine comme un film africain), réalisés entre 1937 et 1992. Et surtout, de nombreux genres et formes sont représentés dont du cinéma d’animation avec Momotaro, le divin soldat de la mer de Mitsuyo Seo réalisé en 1945 aux studios Shochiku, du cinéma d’horreur avec La Planète des vampires de Mario Bava qui sera présenté par son producteur Fulvio Lucisano et Nicolas Winding Refn ou La Chambre des tortures de Roger Corman. Parmi les grands classiques on attend beaucoup de la copie de Solaris, qui sera certainement utilisée par Potemkine dans sa future édition Blu-ray des œuvres de Tarkovski, et des Contes de la lune vague après la pluie de Kenji Mizogushi. Parmi les grandes découvertes, on aura droit à du cinéma thaïlandais : Santi-Vina de Thavi Na Bangchang de 1954, une œuvre pakistanaise de 1958 : Quand naîtra le jour de Aaejay Kardar, un film Slovène de 1956 La Vallée de la paix de France Stiglic, de la SF tchécoslovaque certainement passée inaperçue à cause de leur nouvelle vague : Ikarie XB 1 de Jindřich Polák (1963) ou encore une rareté hongroise de 1971 : Amour de Károly Makk. On ne ratera pas non plus, en séance spéciale, le film d’un disciple mexicain de Lui Buñuel, Tiempo de morir d’Arturo Ripstein qu’il a réalisé en 1966.

Cannes classics 2016 : Santi-VinaSanti-Vina

Cannes n’oublie pas la France qui sera présente avec 7 films, soit un tiers du programme ! On notera la présence de Masculin Féminin de Jean-Luc Godard dont on ne doute pas une seule seconde qu’il manquera à l’appel pour présenter son film. Mais peut-être aura t-on Chantal Goya et Jean-Pierre Léaud pour quelques retrouvailles… Gueule d’amour de Jean Grémillon, le plus ancien film de la sélection, ou encore Rendez-vous de juillet de Jacques Becker (1949).

Cannes classics 2016 : Masculin Féminin

Pour plus de détails, voici la liste des films restaurés et en séances spéciales par ordre chronologique :

Gueule d’amour de Jean Grémillon (1937, 1h32, France)

Die letzte Chance (La Dernière chance) de Leopold Lindtberg (1945, 1h53, Suisse)

Momotaro - Cannes 2016 (Cannes Classics)Momotarô, Umi no shinpei (Momotaro, le divin soldat de la mer) de Mitsuyo Seo (1945, 1h14, Japon)

Le héros s’appelle Momotarō, un personnage appartenant à la tradition japonaise. Le récit est centré sur l’opération-surprise menée sur l’île de Sulawesi par des troupes de parachutistes. Tout le film glorifie la libération de l’Asie par le Japon, illustrant ainsi les slogans de l’époque.

Lire notre avis en cliquant ici

Rendez-vous de juillet de Jacques Becker (1949, 1h39, France)

Ugetsu monogatari (Les Contes de la lune vague après la pluie) de Kenji Mizoguchi (1953, 1h37, Japon)

Santi-Vina de Thavi Na Bangchang (1954, 1h54, Thaïlande)

Dolina Miru (La Vallée de la paix) de France Stiglic (1956, 1h30, Slovénie)

Cannes classics 2016 - La Vallée de la paix

Jago hua savera (Quand naîtra le jour) de Aaejay Kardar (1958, 1h34, Pakistan)

One-Eyed Jacks (La Vengeance aux deux visages) de Marlon Brando (1961, 2h21, Etats-Unis)

Pit and The Pendulum (La Chambre des tortures) de Roger Corman (1961, 1h20, Etats-Unis)

Ikarie XB 1 de Jindřich Polák (1963, 1h28, République Tchèque)

Dragées au poivre de Jacques Baratier (1963, 1h34, France)

Cannes classics 2016 : La Planète des vampiresTerrore nello spazio (La Planète des vampires) de Mario Bava (1965, 1h28, Italie/Espagne)

Les vaisseaux spatiaux Argos et Galliot s’approchent d’une planète inconnue dont provient un mystérieux signal. Soudain, l’Argos est pris dans une force d’attraction magnétique faisant perdre connaissance à tous les membres de l’équipage, à l’exception du commandant Mark …

Lire notre critique par Francis Moury

Masculin féminin de Jean-Luc Godard (1966, 1h50, France)

Tiempo de morir de Arturo Ripstein (1966, 1h30, Mexique)

Memorias del subdesarrollo (Mémoires du sous-développement) de Tomás Gutiérrez Alea (1968, 1h37, Cuba)

Szerelem (Amour) de Károly Makk (1971, 1h32, Hongrie)

Solyaris (Solaris) de Andreï Tarkovski (URSS, 1972, 2h47, Fédération de Russie)

Adieu Bonaparte de Youssef Chahine (1984, 1h55, France/Egypte)

Le Décalogue 5 (Tu ne tueras point) et 6 (Tu ne seras pas luxurieux) de Krzysztof Kieślowski (1989, 57mn et 58mn, Pologne)

Valmont de Milos Forman (1989, 2h17, France)

Indochine de Régis Wargnier (1992, 2h32, France)

Howards End (Retour à Howards End) de James Ivory (1992, 2h20, Royaume-Uni/Japon)

Cannes classics 2016 : Retour à Howard's end

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