Festival de Cannes 2018

Cannes 2018 : La sélection officielle et Un certain regard

La sélection officielle du 71ème festival de Cannes 2018, qui se déroule cette année du 8 au 19 mai, vient d’être dévoilée. Elle concerne la compétition officielle, Un certain regard, les films hors-compétition, les séances spéciales, les séances de minuit et le film d’ouverture. Contrairement aux deux dernières éditions, il devrait y avoir un film de clôture au lieu d’une reprise du film palmé mais il n’est pas encore choisi à l’heure qu’il est. De la même manière, seuls 15 films sont pour le moment prévus à Un certain regard et on attend quelques nouveaux titres dans les jours/semaines à venir. Cette liste n’est donc qu’une première version sur laquelle nous reviendrons.

Festival de Cannes 2018 - Affiche

Depuis quelques semaines déjà, les pronostics allaient bon train et l’équipe du festival avait déjà révélé quelques secrets dont le film d’ouverture, annoncé par Thierry Frémaux, le délégué général, comme étant en compétition. Il s’agira d’Everybody Knows d’Asghar Farhadi. Sa sortie en salle étant programmée le 9 mai en France et le cinéaste iranien étant un habitué de la croisette, ce n’était plus vraiment une surprise. Après avoir tourné en France avec Le Passé, le voici en Espagne avec un trio d’acteurs parfaits pour les tapis rouges en la personne de Javier Bardem, Penelope Cruz et Ricardo Darin. En sera-t-il de même pour le film ?

Parmi les choses déjà évoquées/connues, il y a aussi Cate Blanchet en présidente du jury et Benicio del Toro à la tête d’Un certain regard tandis que la cinéaste allemande Ursula Meier présidera le jury de la Caméra d’or qui, rappelons-le, distingue le meilleur premier film. L’affiche, dévoilée hier, sera encore sous le signe de Godard et d’un film réalisé dans sa période d’avant 1968 : Pierrot le fou. À croire qu’il n’a jamais plus travaillé après cette date alors que le festival a sélectionné quasiment chacun de ses nouveaux films… Et ce sera encore le cas cette année avec Le Livre d’image, en compétition.

Autre nouvelle sur laquelle le duo Frémaux/Lescure a insisté lors de la conférence de presse : l’ouverture du festival aux cinéphiles de moins de 28 ans qui se verront attribuer gratuitement un pass 3 jours en fin de festival – normal, les salles sont bien moins remplies. Le nombre d’attributions n’est pas encore connu mais pour essayer, il suffit de leur envoyer une lettre de motivation. Enfin, dernier élément mémorable parmi d’autres insignifiants (oui, Solo: A Star Wars Story est aussi insignifiant qu’Edouard Baer) : le big boss de Netflix trouvant qu’être hors compétition est irrespectueux pour leurs films et que leurs réalisateurs y seront mal traités dans une interview donnée à Variety, – et détestant le sort réservé aux « ego-portraits » dans le même texte, c’est dire sa vision du cinéma… – lui et les films qu’il distribue ne seront pas sur la croisette. Ce n’est pas bien grave, on ira voir autre chose et cela fera une personne en moins dans la foule cannoise.

Everybody knows - Asghar Farhadi

Sur les 1909 films visionnés, ce sont donc 44 films qui ont été retenus pour le moment. Première remarque, avec 12 films en compétition sur les 18 qui font 2 heures ou plus : la durée moyenne par œuvre ne cesse de s’allonger – et on ne compte pas le Wang Bing de 8h15 (sic !) en séance spéciale. Si au temps de la pellicule, qu’il fallait acheter et développer, on savait faire d’excellents films en 1h30, on a l’impression que le numérique et son économie moins onéreuse, sert d’abord à en rajouter une couche. Il faut espérer que les « auteurs » ne privilégient pas l’ennui au détriment de l’efficacité en se disant que plus ils font longs, plus leurs films auront tendance à être bons. Car c’est faux. En tout cas, c’est décourageant par avance… Heureusement, Un certain regard inverse la tendance avec seulement 4 films sur 15 de plus de 2h.

En réponse à la sempiternelle remarque selon laquelle Cannes invite toujours les mêmes, Thierry Frémaux annonçait son intention de ne plus voir toujours les mêmes visages sur la Croisette. Ce n’est pas vraiment le cas et une fois encore il fait juste revenir des réalisateurs qui n’ont pas foulés le tapis rouge depuis longtemps ou qui étaient présents dans d’autres sélections cannoises. Comme souvent, le renouvellement est bien plus marqué du côté d’Un certain regard avec, cette année, peu de cinéastes vraiment célèbres (en dehors d’Ulrich Köhler et de Valeria Golino) et donc de nombreuses découvertes à faire d’autant que six longs-métrages sont des premiers films et plusieurs des seconds plutôt prometteurs à l’image de Long Day’s Journey into Night de Bi Gan, révélé par Kaili Blues à Locarno voilà deux ans.

Pour la compétition, on notera quelques retours asiatiques (Jia Zhangke, Lee Chang-dong, Hirokazu Kore-eda), de véritables revenants avec Spike Lee (la dernière fois qu’il était venu en compet c’était avec Jungle Fever en 1991) et Christophe Honoré (Les chansons d’amour, cela remonte à 2007), des cinéastes assignés à résidence (Jafar Panahi, Kirill Serebrennikov) en difficulté dans leur pays d’origine (Jia Zhang-Ke) ou qui ne veulent plus quitter leur pas de porte (Jean-Luc Godard). Du côté des nouveaux venus, on citera l’égyptien A.B Shawky avec Yommedine, le seul premier film en compétition officielle, Ryūsuke Hamaguchi ou la surprise Eva Husson, que l’on espère bonne car son Bang Gang n’aurait jamais laissé présager une telle sélection. David Robert Mitchell passe quant à lui de la Semaine de la critique à l’officielle, en espérant que les 2h20 d’Under the Silver Lake ne viennent pas nous faire regretter la maîtrise de son premier film, It Follows, qui allait droit au but.

Under the silver lake - David Robert Mitchell

En résumé, quelques curiosités, des traîtres à Mai 68 pour venir le fêter dans un documentaire qu’on attend autant que le prochain BHL, et un film coréen à minuit, en espérant qu’il soit aussi réussi que The Villainess proposé l’année passée. Parmi les manques (comprendre : « les habitués recalés »), plusieurs ont été signalés en conférence de presse, de Lars von Trier à Paolo Sorrentino (ce qui ne nous dérange pas quand on apprend que son dernier clip publicitaire durera 4h) en passant par Lazslo Nemes, Carlos Reygadas, ou Nuri Bilge Ceylan. Attendons de voir les jours qui viennent si Frémaux résiste à la tentation de les inclure… Mais ce qui manque réellement en sélection est, comme presque toutes les années précédentes, le cinéma d’animation. Alors que de nombreux films étaient prêts, jeune public (Dilili à Paris de Michel Ocelot, Miraï de Mamoru Hosoda) ou plus adultes (Another Day of Life, Chris the Swiss, Funan ou The Tower), c’est forcément une petite déception.

Espérons qu’elle soit comblée par La Quinzaine, l’ACID ou La Semaine de la critique dont on attend les sélections dans les jours à venir. Le festival a également dévoilé la sélection des courts-métrages, nous y reviendrons ultérieurement. Idem pour Cannes Classics dont nous ne savons pour le moment pas grand-chose, sinon qu’Orson Welles n’y viendra probablement pas contrairement à Christopher Nolan. Le détail de la sélection ci-dessous :

Long day's journey into night - Bi Gan, Un Certain RegardBi Gan – Long Day’s Journey into Night

 

SÉANCES SPÉCIALES

  • Apichatpong Weerasethakul, Aditya Assarat, Wisit Sasanatieng, Churlayarnon Sriphol : 10 ans en Thaïlande
  • Nicolas Champeau, Gilles Porte : The State Against Mandela and the Others
  • Carlos Diegues : Le Grand cirque mystique
  • Wang Bing : Les Âmes mortes
  • Michel Toesca : A tous vents
  • Romain Goupil & Daniel Cohn-Bendit : La Traversée
  • Wim Wenders : Le Pape François – Un homme de parole

SÉANCES DE MINUIT

HORS-COMPÉTITION

FILM DE CLÔTURE

Carlos Diegues - Le Grand cirque mystiqueCarlos Diegues – Le Grand cirque mystique

UN CERTAIN REGARD

PALMARÈS UN CERTAIN REGARD

  • Prix Un Certain Regard : Gräns (Border) de Ali Abbasi
  • Prix du scénario : Sofia de Meryem Benm’barek
  • Prix d’interprétation : Victor Polster pour Girl de Lukas Dhont
  • Prix de la mise en scène : Sergei Loznitsa pour Donbass
  • Prix spécial du jury : Chuva é cantoria na aldeia dos mortos (Les Morts et les autres) de João Salaviza et Renée Nader Messora

Les MoissonneursEtienne Kallos – Les Moissonneurs

COMPÉTITION OFFICIELLE

  • Asghar Farhadi : Everybody knows (Film d’ouverture)
  • Stéphane Brizé : En Guerre
  • Matteo Garrone : Dogman
  • Jean-Luc Godard : Le Livre d’images
  • Ryusuke Hamaguchi : Netemo sametemo (Asako 1 et 2)
  • Christophe Honoré : Plaire, aimer et courir vite
  • Eva Husson : Les Filles du soleil
  • Jia Zhangke : Ash is Purest White

Ash is purest whiteJia Zhangke – Ash is Purest White

Matteo Garonne - DogmanMatteo Garonne – Dogman

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