L’ACID, Association pour le Cinéma Indépendant et sa Diffusion, est née en 1992 sous l’impulsion d’un collectif de réalisateurs conscients des problèmes dus aux inégalités d’exposition des films. Il a pour ambition de faciliter leurs accès aux distributeurs, aux exploitants et au public. En 2018, cela fera 26 ans que l’association est présente au festival de Cannes pour y montrer un programme de longs métrages souvent plus fragiles quant à leur financement ou à leur fabrication mais non moins aussi importants ou essentiels.
Comme chaque année, 9 longs-métrages issus de producteurs sont donc proposés. Parfois sans distributeur, ces films entendent montrer un certain état du monde, peut-être plus brut ou radical. Parmi les cinéastes qui y furent présents : Lucas Belvaux, Emilie Brisavoine, Philippe Faucon, Arnaud et Jean-Marie Larrieu, Ursula Meier, Gilles Porte, Pierre Schoeller, Claire Simon, Justine Triet…
Six des neufs films de cette édition sont des productions françaises. À ceux-ci s’ajoutent un film Belge, un film Kazakh et un film Américain. Et à l’exception de Marta Bergman qui vient présenter Seule à mon mariage, une fiction sur une rom qui quitte les siens, et qui avait déjà réalisé 3 documentaires auparavant, tous les films sont des premiers ou deuxièmes long-métrages.
Parmi les œuvres dont on a déjà eu quelques échos, notons le documentaire de Marie Losier, Cassandro the exotico ! sur un catcheur mexicain gay qui va de compétitions en compétitions depuis 26 ans et qui est incapable d’arrêter. Il s’agit du seul documentaire de la sélection. Le cinéma Kazakh est si méconnu qu’on ne cachera pas notre envie d’aller voir Bad bad Winter d’Olga Korotko sur une fille qui revient dans son village natal pour le décès de sa grand-mère et qui reçoit des visites inattendues. On retiendra également Thunder Road de Jim Cummings. Là aussi, malgré un synopsis assez convenu : un policier au Texas éprouve des difficultés à élever sa fille, les œuvres réalisées en dehors des circuits traditionnels aux États-Unis sont rares et souvent intéressantes.
L’ACID est la seule section cannoise à ne pas proposer de courts-métrages mais, depuis 2017, ils ont ouvert ACID trip qui permet à une association étrangère de cinéastes indépendants de proposer quelques films. L’année passée la Serbie a ouvert le bal et elle laisse la place au Portugal et à l’APR (Association Portugaise de Réalisateurs). Trois films de jeunes cinéastes seront donc montrés et parmi eux on retiendra Terra Franca, premier long de Leonos Teles, réalisatrice qui avait remporté la compétition court-métrage du festival de Berlin en 2016 avec l’expérimental Balada de um batraquio.
À noter enfin, une séance spéciale du film Reprise (1996) d’Hervé le Roux, en partenariat avec La Cinémathèque du documentaire aura lieu le mardi 15 mai. Il s’agit d’un documentaire de 3h10 autour de Mai 68 et de l’image d’une ouvrière des usines Wonder qui reprend le travail au mois de juin que le réalisateur va vouloir retrouver après l’avoir découverte dans un documentaire intitulé La Reprise du travail aux usines Wonder. En fait un long plan séquence de 9 minutes devenu emblématique réalisé par Jacques Willemont alors étudiant à l’IDHEC (devenue aujourd’hui la FEMIS) lui aussi en grève. Ce sera probablement le seul véritable hommage à mai 68 que connaîtra Cannes 2018.
Toute la sélection ci-dessous :
Sélection officielle :
- L’amour debout de Michaël Dacheux
- Bad bad winter de Olga Korotko
- Cassandro the exotico ! de Marie Losier
- Dans la terrible jungle de Caroline Capelle et Ombline Ley
- Il se passe quelque chose de Anne Alix
- Nous, les coyotes de Hanna Ladoul et Marco La Via
- Seule à mon mariage de Marta Bergman
- Thunder Road de Jim Cummings
- Un violent désir de bonheur de Clément Schneider
ACID TRIP #2 : Portugal
- Terra Franca de Leonor Teles
- Verão danadode de Pedro cabeleira
- Colo de Teresa Villaverde
Séance spéciale :
- Reprise d’Hervé le Roux (1997)