Barbara Shelley dans Dracula, prince des ténèbres

Barbara Shelley (1932-2021)

Barbara Shelley, une des actrices stars de la société de production Hammer Films des années 1960-1970, est morte. Née à Londres le 13 février 1933 sous le nom de Barbara Kowin, le virus Covid19 vient de l’emporter en Angleterre à 88 ans, le 04 janvier 2021. Elle avait probablement choisi son pseudonyme en hommage au poète romantique anglais Percy B. Shelley (ce même Shelley qui préfaça en 1818 le roman fantastique Frankenstein écrit par sa seconde épouse Mary W. Shelley). Star du cinéma fantastique anglais, elle tourna plusieurs rôles en vedette pour le cinéaste Terence Fisher, réalisateur majeur du genre. Elle aura animé une centaine de titres, dont une bonne trentaine de longs-métrages (le restant est constitué de téléfilms) de 1955 à la fin des années 1980.

Barbara Shelley étudie la comédie puis décroche un tout petit rôle, crédité sous son véritable nom, dans le film noir policier Mantrap (inédit en France, 1953) de Terence Fisher : heureux hasard dans lequel il faut voir un clin d’œil du destin puisque Fisher lui donnera deux de ses plus beaux rôles dix ans plus tard. Elle part en Italie tourner quelques comédies ― période qui lui laissait, dit-on, un agréable souvenir : elle a notamment un petit rôle dans Les Week-ends de Néron (Ital.-Fr. 1956) de Steno avec Brigitte Bardot en vedette ― puis elle revient en Angleterre. Virage qui s’avère déterminant puisqu’elle incarne la femme-léopard dans Cat Girl (GB 1957) d’Alfred Shaughnessy, remake anglais peu connu ― car inédit en France au cinéma et dont on espère en vain la sortie vidéo numérique française ― du La Féline (Cat People – USA 1942) de Jacques Tourneur.

Barbara Shelley dans Le Village des damnésBarbara Shelley dans Le Village des damnés (1960) de Wolf Rilla

Le relatif succès commercial au box-office de ce titre marque le début de sa carrière purement fantastique. Elle apparaît successivement en vedette dans trois classiques : Le Sang du Vampire (GB 1958) de Henry Cass, Le Village des damnés (GB 1960) de Wolf Rilla ― auquel John Carpenter rendra hommage en 1995 par son remake américain au titre identique ― et Le Spectre du chat (GB 1961) de John Gilling. On la retrouve aussi dans la version anglaise des séries allemandes Edgar Wallace, par exemple dans le Death Trap (GB 1962) de John L. Moxey sans oublier un intéressant diptyque de guerre produit par la Hammer : L’Île du camps sans retour (The Camp on Blood Island – GB 1958) de Val Guest et Le Secret de l’île sanglante (Secret of Blood Island GB 1965) de Quentin Lawrence où elle incarnait dans les deux cas une prisonnière anglaise (civile en 1958, combattante en 1965) en Malaisie occupée par l’armée japonaise durant la Seconde guerre mondiale.

Barbara Shelley - Affiche Dracula, prince des ténèbres

Le premier très grand rôle de Barbara Shelley est celui qu’elle tient dans le passionnant La Gorgone (GB 1964) de Terence Fisher sur un scénario écrit par John Gilling, aux côtés de Peter Cushing et Christopher Lee, et dans lequel elle incarne la possédée Carla. L’actrice Prudence Hyman la remplace lorsqu’elle se transforme physiquement en une mortelle Magaera mythologique. L’année suivante est celle du sacre de Dracula, prince des ténèbres (GB 1965) de Terence Fisher avec Christopher Lee où elle incarne une des plus belles femmes vampires de l’histoire du cinéma mondial. Elle devient dès lors franchement célèbre auprès des amateurs de cinéma fantastique du monde entier. Elle aurait assurément mérité d’incarner l’impératrice de Russie dans Raspoutine, le moine fou (GB 1965) de Don Sharp (une des meilleures versions du sujet avec celle réalisée par Robert Hossein, lui aussi emporté récemment par le Covid19) qui lui confie le rôle d’une de ses favorites. En guise de revanche et d’apogée pour connaisseurs avertis, elle tient son rôle peut-être le plus secret et le plus dense deux ans plus tard dans Les Monstres de lespace (Quatermass and the PitGB 1967) de Roy Ward Baker, l’un des plus remarquables films de science-fiction produit par la Hammer. Elle tourne ensuite presque exclusivement pour la télévision anglaise et se retire des écrans à la fin des années 1980.

Barbara Shelley dans Le SaintBarbara Shelley dans la série TV Le Saint

Entre 1960 et 1970, Barbara Shelley fut évidemment sollicitée, comme les autres belles actrices contemporaine devenues starlettes ou stars à la Hammer Film, par les plus célèbres séries télévisées anglaises : Le Saint avec Roger Moore, Destination danger (Danger Man) avec Patrick McGoohan, Chapeau melon et bottes de cuir (The Avengers) avec Patrick Macnee et quelques autres séries anglaises et / ou occasionnellement américaines.

Barbara Shelley fut assurément, comme l’écrivait si bien Jean-Marie Sabatier en 1973, « l’autre grande Barbara du cinéma fantastique » avec la si différente mais non moins belle Barbara Steele. Autre point commun entre elles deux : leurs meilleurs  rôles dans ce genre furent précisément ceux leur permettant de manifester une étrange dualité, oscillant entre le statut de victime et celui de bourreau au sein du même film (ou au sein de deux titres formant un diptyque). Dans la filmographie fantastique sélective de Barbara Shelley, c’est effectivement le cas dans ses trois meilleurs Hammer Films, ceux de 1964, 1965 et 1967.

 

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