A War de Tobias Lindholm

Sorties Ciné du 1er juin 2016 : circulez, y a presque rien à voir

Pas grand chose en effet à se mettre sous la rétine dans les sorties ciné de la semaine. En cherchant un peu on a tout de même repéré deux ou trois films (tout à la fin de cette liste) dont la voilure totale en nombre de copies (122) représente au demeurant à peine le 1/6ème du nombre de salles investis par Alice de l’autre côté du miroir (638 copies). Est-il besoin aussi de préciser que si l’on ajoute Retour chez ma mère (474 copies), Ils sont partout (288 copies) et The Door (137 copies), on obtient le chiffre affolant de 1 537 copies soit plus d’1/5ème de la capacité totale du parc de salles en France. Et on vous passe les quelques films en continuité qui trustent le reste. Donc oui on va aussi vous parler d’œuvres qui ont plus de mal à exister car accessoirement ce sont de très bons films. Plus ça va, plus on a l’impression semaine après semaine, d’effectuer un acte militant ici. Truc de dingue.

Top 30 - Box office du 1er au 5 juin 2016Top 30 – Box office du 1er au 5 juin 2016

Alice de l'autre côté du miroir - AfficheAlice de l’autre côté du miroir de James Bobin (USA) – 1h50 (The Walt Disney Company France)

Les nouvelles aventures d’Alice et du Chapelier Fou. Alice replonge au pays des merveilles pour aider ses amis à combattre le Maître du Temps.

638 copies donc, un buzz très négatif et des BO en berne à dimanche avec seulement 405 175 entrées quand Retour chez ma mère enregistre déjà 536 058 entrées. Pas de rattrapage de prévu. C’est dire si cette suite au déjà pas terrible Alice au pays des merveilles de Burton nous laisse de marbre. SG

Retour chez ma mère - AfficheRetour chez ma mère de Eric Lavaine (France) – 1h37 (Pathé)

À 40 ans, Stéphanie est contrainte de retourner vivre chez sa mère. Elle est accueillie les bras ouverts : à elle les joies de l’appartement surchauffé, de Francis Cabrel en boucle, des parties de Scrabble endiablées et des précieux conseils maternels sur la façon de se tenir à table et de mener sa vie…

Eric Lavaine semble se racheter une conduite depuis Barbecue. En ce sens que ses comédies (il ne sait apparemment faire que ça) jusqu’ici indigestes (Poltergay mesdames et messieurs, le film préféré de Julio Lopez) s’attachent dorénavant à raconter une histoire à consonance sociale mais bourgeoise (faut pas déconner non plus). Une nouvelle orientation qui ne semble pas perdre en route son public qui lui fait donc toujours autant les yeux doux aux alentours du million et demi d’entrées. Retour chez ma mère ne devrait pas déroger à la règle. SG

Il faut bien reconnaître que le teaser ci-dessous est typiquement le genre de quiproquo veberien qui me font rire aux éclats. Alors oui, Retour chez ma mère est le seul film de la semaine à s’être glissé dans l’escarcelle « rattrapage » en salles de votre humble serviteur. Et sans être d’un niveau exceptionnel (ne vous attendez surtout pas à la virtuosité d’un Dîner de cons comme le laissait précisément supposé l’extrait ci-dessous), force est tout de même de reconnaître que l’ensemble est très plaisant à suivre, avec en point d’orgue, ce dîner de famille donc qui sera l’occasion pour chacun de faire le point sur sa vie mais sans pour autant verser dans la morale à outrance. 3/5 – Stéphane Argentin

Il sont partout - AfficheIls sont partout de Yvan Attal (France) – 1h51 (Wild Bunch Distribution)

Yvan se sent persécuté par un antisémitisme grandissant et il a l’habitude de s’entendre dire qu’il exagère, qu’il est paranoïaque. Lors de séances chez son psy, Yvan parle donc de ce qui le concerne : son identité, être français et juif aujourd’hui.

C’est vrai qu’ils sont partout. D’ailleurs l’auteur de ces lignes en est. De cette race des seigneurs dont le père est banquier et la mère dans les Médias. Et qui donc ne fout rien sinon entretenir vaguement sa passion du cinéma via ce site qui croule sous la thune. Sinon, il paraît que le film est très mauvais ou plutôt qu’il fait plus de mal à la cause qu’il ne lui fait du bien. C’est un ami feuj critique de cinéma qui me l’a dit. C’est pas gagné donc. Vivement que tout ça se casse en Israël que l’on puisse enfin rester entre nous et nos amis djihadistes. SG

The Door - AfficheThe Door de Johannes Roberts (USA) – 1h36 (Twentieth Century Fox France)

Une famille vit une vie parfaite jusqu’à ce que leur jeune fils décède dans un tragique accident. Inconsolable, la mère apprend l’existence d’un ancien rituel permettant de dire adieu aux êtres aimés…

Même pas eu le courage d’aller le récupérer en téléchargement. Oui car voilà encore un film qui nous arrive dans les salles alors qu’il est disponible aux States en Blu-ray avec des sous-titres français (et une VF certainement québecoise ceci dit). Et qui dit Blu-ray, dit possibilité de le récupérer et de le mater pour le montant d’un paquet de pop-corn acheté au Simply / Monop / Carrefour Market… du coin (prévoir la dépense électrique du micro-onde quand même). SG

A War - AfficheA War de Tobias Lindholm (Danemark) – 1h54 (StudioCanal)

Claus Michael Pedersen, commandant de compagnie danois est déterminé, dans son combat pour changer le monde et diriger ses troupes, tout en se persuadant, lui et ses hommes, que le jeu en vaut la chandelle.

Voilà sans aucun doute la proposition de cinéma la plus excitante de la semaine, voire du mois. A War raconte l’histoire d’un commandant dirigeant des troupes au fin fond de l’Afghanistan. Au cours d’une attaque menée par des talibans, il se doit de prendre une décision lourde de conséquence puisqu’elle impliquera la mort de civils. De retour forcé au pays (on précise que le film est danois), il doit faire face à une enquête qui le mènera devant les tribunaux. Que cela fait du bien de voir une vision de la guerre menée contre le terrorisme autre qu’hollywoodienne. Les enjeux y sont autres mais tout aussi cruciaux. La réflexion est menée sans artefacts ni détours. Et puis il y a cette mise en scène de  Tobias Lindholm découverte pour notre part avec l’extraordinaire Hijacking, son précédent film bien plus convaincant d’ailleurs que Capitaine Phillips sur le même sujet avec Tom Hanks, qui cherche toujours à avancer et à entériner l’action plutôt que de la précéder. À l’image cela donne un film sur de son fait même dans les moments les plus critiques quand la caméra virevolte avec les soldats abasourdis par les lance-roquettes. Le film fut nommé lors de la dernière cérémonie des Oscars dans la section meilleur film étranger que Le Fils de Saul remporta. Il fallait au moins ce film pour qu’il n’obtienne pas la statuette. 3,5/5SG

Apprentice - AfficheApprentice de Boo Junfeng (Singapour) – 1h36 (Version Originale / Condor)

Aiman officie dans une prison de haute sécurité. Rahim, le bourreau en chef, y accompagne les derniers jours des condamnés. Rapidement, il prend le jeune gardien sous son aile et lui apprend les ficelles du métier.

Apprentice qui a été présenté au dernier festival de Cannes dans la section Un Certain regard, est le deuxième long-métrage en solo de Boo Junfeng après Sandcastle qui lui fut présenté à la Semaine de la critique en 2010. Cette fois, le paysage change radicalement. Le film se déroule dans un Singapour que l’on distingue à peine, le réalisateur privilégiant les intérieurs claustrophobes d’une prison ou d’un petit appartement. La ville, on la voit d’abord de nuit, depuis une voiture par exemple. Mais comme le constate la sœur du protagoniste : celui-ci ne sort plus, alternant simplement son existence entre son nouveau travail et leur maison, où ils cohabitent comme s’il perdait peu à peu toute liberté. Mais, Apprentice n’est pas juste un simple film de prison. On n’y suit pas un simple maton ou une révolte de détenus mais plutôt le travail d’un bourreau – la peine capitale existant encore à Singapour – et la psychologie profonde du personnage principal, nouvel employé de la prison, dont le père a été mis à mort par ce même bourreau. Ne sachant rien du passé du nouveau, le bourreau le prend sous son aile. Le film a parfois l’air bleu et orange. Boo Jungeng  insiste à travers elles sur les hésitations intérieures de l’apprenti bourreau, et la dialectique profonde et conflictuelle à l’œuvre dans le récit. 3,5/5Nicolas Thys

Le Lendemain - AfficheLe Lendemain de Magnus Von Horn (Pologne) – 1h41 (Nour Films)

Lorsque John retourne chez son père après avoir purgé sa peine de prison, il aspire à prendre un nouveau départ. Mais son crime reste présent dans les mémoires des habitants de la commune et semble impardonnable. Son retour attise la colère de chacun et lentement s’installe une atmosphère pesante…

Celui-là, il était à Cannes l’année dernière à La Quinzaine. Ce qui ne nous a pas empêché de le rater encore et toujours depuis. Cependant, il est évident que voici un film qui sort du lot. il faut juste jeter un œil ci-dessous à la BA et à l’extrait pour s’en convaincre. Le regret de la semaine que l’on espère pouvoir rattraper très vite. SG

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