Les Proies (2017) de Sofia Coppola

Fiche film : Les Proies (2017)

Mon amie, la chef décoratrice Anne Ross, m’a d’abord parlé du film Les Proies (Don Siegel, 1971), que je n’avais jamais vu, tout en connaissant sa notoriété. Je l’ai regardé et l’histoire n’a pas quitté mon esprit, son étrangeté, la tournure inattendue que prennent des évènements. Je n’aurais jamais imaginé faire un remake, mais le film a aiguisé ma curiosité et je me suis procuré le livre dont il est tiré. J’ai pensé, si je racontais cette histoire du point de vue des femmes. Mon film serait une réinterprétation. Les prémisses de l’histoire sont chargées de potentiel parce que les rapports de force entre les hommes et les femmes sont universels. Il y a toujours un mystère latent entre hommes et femmes : « Oh, mais pourquoi a-t-il dit ça ? » (rires) » – Sofia Coppola

Les Proies (The Beguiled – 2017)

Réalisateur : Sofia Coppola
Acteurs : Colin Farrell, Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning
Durée : 1h33
Distributeur : Universal Pictures International France
Sortie en salles : 23 août 2017

Résumé : En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d’un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse. Alors qu’elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l’atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu’à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous.

Articles / Liens :

  • Avis express : Tout comme Sofia Coppola, l’auteur de ces lignes aura l’honnêteté de reconnaître qu’il n’avait jamais vu le film de Don Siegel. Un tort toutefois réparé quelques semaines avant la sortie de cette nouvelle version et qui, il faut bien le dire, fut l’occasion d’une bonne grosse baffe dans la gueule tant le long-métrage de 1971 se révèle aujourd’hui encore des plus prenants tant sur le fond que sur la forme, poussant parfois très loin le « graphisme » de certaines séquences (un point sur lequel mon collègue mais néanmoins ami Sandy Gillet me rétorquera qu’à l’époque, le cinoche avait bien plus de liberté et s’autorisait bien plus de choses qu’aujourd’hui). Fidèle au reste de sa filmographie en tant que réalisatrice débutée en 1999 avec Virgin Suicides, Sofia Coppola a donc décidé d’en proposer une relecture sous un angle quasi-exclusivement féminin. Mais ne vous attendez pas pour autant à retrouver la remarquable profondeur de ce premier long dans cette nouvelle mouture. Alors oui, Les Proies version 2017 est beau. Auréolé du prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2017, la réalisation et la photographie du chef op français (cocorico !) Philippe Le Sourd sont remarquables avec une image 1.66 shootée avec cette bonne vieille pelloche 35mm. Pour autant, comme chacun le sait, la mise en scène ne fait pas tout et au petit jeu de la comparaison entre les deux versions, celle de Coppola ne fait pas vraiment le poids. D’une part, tout le souffre visuel évoqué ci-dessus dans le film de Siegel est désormais passé à l’as avec des scènes totalement édulcorées. Cachée donc cette jambe amputée que je ne saurais voir ou encore cette magnifique poitrine (la délicieusement aguicheuse Jo Ann Harris, 21 ans à l’époque / Elle Fanning, 19 ans cette année tout aussi aguicheuse mais nettement plus pudique à l’écran). L’autocensure du politiquement correct du 21ème siècle aurait-elle à nouveau frappé ? D’autre part, et c’est sans doute là le plus dommageable dans cette nouvelle version et un point d’autant plus surprenant de la part de Sofia Coppola, tout ce qui constituait la moelle scénaristique du film de Siegel, à savoir la caractérisation de chacune des héroïnes, se retrouve elle-aussi totalement anémiée. Exit ainsi la relation incestueuse de la matriarche des lieux avec son frère ou encore le désir brûlant d’évasion pour vivre une grande histoire d’amour d’Edwina (Elizabeth Hartman dans le film de Siegel / Kirsten Dunst dans celui de Coppola). À la place, la cinéaste nous assène tout du long prières et autres bondieuseries comme pour bien sur-souligner le carcan tant physique (le pensionnat pour jeunes filles bien élevées) que moral au sein duquel se trouvent cantonnées les héroïnes en raison de la guerre qui fait rage à l’extérieur. Un conflit qui, lorsqu’il s’immisce dans ces lieux, ne revêt là encore absolument pas le même caractère menaçant que dans le film de 1971. In fine, Les Proies version Sofia Coppola aboutit à une œuvre certes fort appréciable à l’œil mais ô combien ennuyeuse car aussi lissée sur le fond que sur la forme. Un conseil : (re)voyez plutôt la version de Siegel. 2,5/5 – SA
  • Avis express 2 : Mais à quoi bon bordel ? À quoi bon revenir sur le roman de Thomas Cullinan si c’est pour nous pondre un truc pareil ? Où sont passés les fulgurances sexuelles et les provocations raciales d’une histoire superbement comprise par un Don Siegel alors au sommet de son art en 1971. Alors certes il en faut des couilles pour revenir sur tout ça. Et sur ce terrain là Coppola en a des bien poilues. On le sait. Mais pourquoi cette photo chiadée, cette mise en scène en apparence doucereuse et au casting watmille étoiles pour nous pondre cette chose totalement inepte, aseptisée, pour ne pas dire biaisée ? Oui car nous on veut bien que la cinéaste ait voulu tourner cela sous l’angle de la vision féminine de l’histoire, mais au lieu de jouer avec le texte d’origine délicieusement équivoque et pourquoi pas d’accoucher d’une version encore plus cruelle tant notre époque à la moralisation galopante fait froid dans le dos, on est dans le film 2.0 qui plaira aux censeurs des réseaux sociaux et autres coincés du cul qui se branlent devant Strangers Things. 1/5Sandy Gillet
  • La chronique DVD / Blu-ray
  • Box-office : 362 327 entrées sur 261 copies en 7 semaines. Ce qui est à date la plus mauvaise perf pour un film signé Sofia Coppola. À titre de comparaison sa meilleure marque restant Lost in Translation qui en 2004 avait engrangé 1 384 220 entrées sur 132 copies. Une autre époque.
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