The House That Jack Built - Image un fiche film

Fiche film : The House That Jack Built

The House that Jack Built a été présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2018. Sept ans après Melancholia, le film marque le retour de Lars von Trier sur la Croisette où ses propos durant la conférence de presse avaient fait scandale. Affirmant qu’il « comprenait Hitler », le réalisateur avait été déclaré persona non grata par Thierry Frémaux, délégué général du Festival.

The House that Jack Built (2018)

Réalisateur(s) :  Lars von Trier
Acteurs :  Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman, Siobhan Fallon Hogan, Sofie Gråbøl
Durée : 2h35
Distributeur : Les Films du Losange
Sortie en salles : 17 octobre 2018

Résumé : États-Unis, années 70.
Nous suivons le très brillant Jack à travers cinq incidents et découvrons les meurtres qui vont marquer son parcours de tueur en série. L’histoire est vécue du point de vue de Jack. Il considère chaque meurtre comme une œuvre d’art en soi. Alors que l’ultime et inévitable intervention de la police ne cesse de se rapprocher (ce qui exaspère Jack et lui met la pression) il décide – contrairement à toute logique – de prendre de plus en plus de risques. Tout au long du film, nous découvrons les descriptions de Jack sur sa situation personnelle, ses problèmes et ses pensées à travers sa conversation avec un inconnu, Verge. Un mélange grotesque de sophismes, d’apitoiement presque enfantin sur soi et d’explications détaillées sur les manœuvres dangereuses et difficiles de Jack.

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  • Avis express : Lars von Trier a beau comprendre Hitler, il n’en reste pas moins un cinéaste et un homme que l’on adorerait rencontrer au coin du feu. On est persuadé que la conversation serait chaleureuse, courtoise, intelligente et passionnée. Et puis à la fin, une fois la nuit bien avancée, on sortirait son flingue pour lui en coller une entre les deux yeux. On nettoierait bien tout avant de partir et on embarquerait le corps direction une chambre froide déjà bien remplie d’autres cinéastes dont on adore détester la filmo (au hasard Philippe Garrel, Godard, Bela Tarr, Carlos Reygadas, Godard, Xavier Dolan, Godard…). Vœu pieux s’il en est mais rien que de l’écrire cela fait du bien.
    Avec The House that Jack Built, le  process est en fait identique pour LvT. Réaliser ce film est une forme de catharsis qui lui permet certainement de faire table rase de 7 années qui l’ont mis au ban de la bonne société cannoise. Alors certes entre-temps il y a bien eu Nymphomaniac Vol 1 & 2, mais le propos y était tellement aigre, tellement premier degré, tellement con en fait que cela ne comptait pas. Encore qu’avec la vague #MeeToo actuelle, les revoir serait peut-être marrant. Ici au moins LvT revient aux origines de son cinéma. Celui d’avant Breaking the Waves, quand il avait déjà le melon mais qu’il ne le savait pas encore. Ou plutôt qu’il en jouait avec bonheur et jubilation ne se prenant pas encore véritablement au sérieux tout en découvrant avec stupeur l’intérêt du monde à son égard.
    Pourtant, si The House that Jack Built se délecte de provocations en tous genres avec sur l’échelle du potard ad hoc, un curseur poussé à bloc, on est finalement pas très loin ici d’une vraie-fausse suite à Dogville, le meilleur film avec la mini série The Kingdom de son auteur (et de loin). Les propos fascisants qu’ont lui reprochait à l’époque sont repris ex nihilo ici mais en lieu et place de la glaciale Nicole Kidman, on a le roublard et faussement pataud Matt Dillon. La fille du gangster qui se venge de la ville qui l’a abusée se transforme en serial killer bourré de TOC, fruit d’une société qui l’a poussé à devenir ainsi. La première séquence / chapitre avec Uma Thurman est à ce titre plus qu’explicite. Rien n’a donc changé pour LvT. Le monde est pourri. Il mérite tout ce qui lui tombe sur la gueule. Et quelque part, Melancholia à qui l’on promettait la Palme d’Or, ne racontait rien d’autre sur le sort peu enviable de l’Humanité.
    The House that Jack Built était donc au dernier festival de Cannes. Mais en mode undercover puisque présenté hors compet. C’est Cate Blanchett qui a dû respirer. Elle n’était pas obligée de voir/juger un film réalisé par un potentiel facho, misogyne notoire et potentiellement harceleur d’actrices comme a pu l’affirmer Björk (qui n’est pas une actrice, mais ceci est une autre histoire). C’est un peu pour toutes ces raisons tout à fait biaisées que l’on trouve The House that Jack Built plus que recommandable. Son statut de brûlot instantané totalement foutraque, grossier, naïf et assumé en aurait fait certainement quelque chose de banal il y a une décennie ou deux. Aujourd’hui c’est un film indispensable pour maintenir à flot une certaine idée que l’on peut se faire de notre santé mentale. Et ce n’est pas Gaspar Noé avec son récent Climax qui nous contredira. SG 3,5/5
  • Box-office : 37 716 entrées en deux semaines sur 64 copies. On est sur les bases de Manderlay et ses 38 380 entrées qui était jusqu’ici le plus gros four de LvT en France. On est donc très loin des 1 166 150 entrées de Dancer in the Dark, définitivement une autre époque, mais dans la continuité des 72 147 tickets vendus pour Nymphomaniac Vol 2, son précédent film. Edit 16/04 : 49 867 entrées au cumul en 9 semaines d’exploitation. Pas bézef mais Potemkine va tout de même sortir le film en Blu-ray (et en DVD). Une initiative plus que risquée que l’on ne peut que saluer bien bas.

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