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Fiche film : Never Grow Old

Never Grow Old s’attache à un personnage présent dans presque tous les westerns mais qui n’a, pourtant, jamais été vraiment exploré dans aucun film du genre : le croque-mort.

Never Grow Old a été tourné avec une caméra Arri Alexa en utilisant des éclairages naturels autant que possible et en privilégiant des couleurs riches et profondes. Pour se rapprocher de l’iconographie des années 1970, le chef-opérateur Piers McGrail et le réalisateur Ivan Kavanagh se sont servis d’objectifs anamorphiques Panavision des années 70.

Pour les extérieurs, Ivan Kavanagh et son équipe ont essentiellement tourné dans le Connemara, à l’ouest de l’Irlande (terre ancestrale du grand maître du western John Ford) et dans la région des Terres Rouges du Luxembourg.

Never Grow Old (2018)

Réalisateur(s) : Ivan Kavanagh
Avec : Emile Hirsch, John Cusack, Déborah François
Durée : 2h10
Distributeur : Rezo Films
Sortie en salles : 7 août 2019

Résumé : Un charpentier et entrepreneur de pompes funèbres irlandais Patrick Tate vit avec sa jeune famille à la périphérie d’une petite ville sur la route de la Californie pendant la ruée vers l’or de 1849.
La vie y est dure mais paisible jusqu’à l’arrivée de Dutch Albert et sa bande de Hors-la-loi qui va tout faire basculer et l’obliger à protéger sa famille…

Articles / Liens :

  • Avis express : On pense le western moribond. Mais chaque année apporte son lot de belles surprises souvent régénératrices ou plus prosaïquement respectueuses des codes du genre. Sans vouloir établir un état des lieux exhaustif des 2-3 dernières années, on citera Les Frères Sisters, la tentative en demi-teinte de Jacques Audiard, Hostiles, la réussite toute fordienne signée Scott Cooper ou encore The Revenant, la relecture panégyrique de la Nouvelle Frontière vue par Alejandro González Iñárritu. Sans oublier un certain Tarantino et ses Huit Salopards ou encore ces films qui sortent directement en vidéo ou sur Netflix dont la tête de gondole la plus réussie et foutraque est sans conteste Bone Tomahawk de S. Craig Zahler.
    Never Grow Old s’inscrit quant à lui dans la mouvance Brimstone. Ce sont tous les deux des productions européennes qui s’attaquent aux mythes de l’Ouest ricain en y brinquebalant avec eux des thématiques on ne peut plus actuelles. Ainsi quand Brimstone du hollandais Martin Koolhoven revisitait le néo noir sous l’angle féminin bien avant la vague #MeToo, Never Grow Old de l’irlandais Ivan Kavanagh nous parle des migrants européens venus chercher une meilleure vie dans l’Ouest sauvage d’avant la guerre de sécession. Mais à la différence d’un Cimino dans La Porte du paradis dont l’action se situait plus vers la fin du 19è siècle, le film n’a pas vocation à proposer un instantané politique et sociétal d’un pays en pleine mutation. Il s’agirait plutôt de dresser certes un état des lieux mais depuis l’intimité d’une famille et d’une petite ville située aux portes de la Californie que l’arrivée de trois hors-la-loi avec à leur tête un John Cusack juste délicieux va bouleverser le quotidien tout en en révélant des facettes insoupçonnées.
    Si Never Grow Old s’appuie sans conteste sur les archétypes du genre, il les désosse aussi très vite. Non pour les contourner ou les contrarier mais plutôt pour les mettre à nue afin d’en montrer l’universalité. On retrouve ainsi le pasteur totalement bigot qui maintient sa communauté sous la férule d’un Dieu impitoyable et intransigeant. Il est certes moins azimuté tendance serial killer que celui de Brimstone mais il reste le déclencheur et le point final d’un récit où le personnage central est un croque mort et bon père de famille (Emile Hirsch parfait) dont l’entreprise va connaître une activité aussi fulgurante que florissante. Ivan Kavanagh dont c’est le premier long distribué au cinéma chez nous (The Canal, thriller horrifique fort bien troussé, a été disponible un temps sur Netflix) cadre tout cela un peu à la John Ford. Avec des plans larges au format scope et une photo très stylisée où les ombres portées et la lumière des bougies ont une importance totalement dramaturgique. Il y a aussi un véritable soucis du détail et de la vérité historique avec ce quotidien fait de boue, de pluie et de saleté très éloigné des standards hollywoodiens de l’âge d’or. D’autant plus impressionnant que tout cela a été filmé entre l’Irlande et le Luxembourg.
    Never Grow Old ne révolutionne donc rien mais par petite touche il apporte tout de même son écot à l’édifice du western. Un regard européen pris de l’intérieur et non importé. Un peu comme si André De Toth, William Wyler ou encore Fritz Lang (au hasard) s’étaient donnés rendez-vous en leurs contrées natales pour y pondre un film narrant certes les racines d’un pays qui les avait accueilli et fasciné mais sans jamais le faire en contrebandier. Ivan Kavanagh filme en effet lui en plein jour et avec une franchise sans filtre. De quoi donner la possibilité à Never Grow Old de bien vieillir justement. SG 3,5/5
  • Box office : Un western en plein milieu de l’été. Cela sent le sacrifice sur l’autel des obligations contractuelles alors même que Rezo Films a participé au financement du film. Autant dire qu’atteindre les 50 000 entrées serait le nirvana. Surtout si l’on se fie aux 27 036 spectateurs réunis par Brimstone sorti en mars 2017 dont la noirceur et l’angle choisit pour traiter le genre sont assez similaires. Sans parler de la campagne marketing autrement plus courageuse et soutenue que celle mise en place par le distributeur qui se contente grosso modo d’alimenter leur page facebook et autres avatars issus des réseaux sociaux.
  • La chronique Blu-ray : Un Blu-ray en import US édité chez Lionsgate Films existe déjà. S’il ne comporte ni VF ni STF, ce sera sans doute la seule façon de découvrir ou redécouvrir cet excellent western européen bien installé dans votre canapé de la meilleure des façons. D’autant qu’en guise de supplément on y trouve un making of certes consensuel mais fort instructif. Chose rare pour être soulignée quand il s’agit d’un film récent.

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