Trois jours et une vie - Image une fiche film

Fiche film : Trois jours et une vie

Trois jours et une vie est une commande passée par l’auteur Pierre Lemaître (Au revoir là-haut) à Nicolas Boukhrief. L’écrivain a lui-même sollicité le réalisateur en lui soumettant le script de l’adaptation de son roman. Le cinéaste n’avait encore jamais tourné de films sans en avoir écrit le scénario. Le film marque la 3ème adaptation consécutive du metteur en scène après La Confession (tiré du roman Léon Morin, prêtre) et Un Ciel radieux (tiré du manga de Jiro Taniguchi).

Trois jours et une vie (2019)

Réalisateur(s) : Nicolas Boukhrief
Avec : Sandrine Bonnaire, Pablo Pauly, Charles Berling, Philippe Torreton, Margot Bancilhon
Durée : 2h00
Distributeur : Gaumont Distribution
Sortie en salles : 18 septembre 2019

Résumé : 1999 – Olloy – Les Ardennes belges.
Un enfant vient de disparaître. La suspicion qui touche tour à tour plusieurs villageois porte rapidement la communauté à incandescence. Mais un événement inattendu et dévastateur va soudain venir redistribuer les cartes du destin…

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  • Avis express : Quand Nicolas Boukhrief reçoit par mail le scénario de Trois jours et une vie que Pierre Lemaître vient tout juste d’adapter depuis son propre roman en collaboration avec Perrine Margaine, il ne pensait pas a priori qu’il allait y donner suite. Et pourtant, quelques jours plus tard, après une lecture enfiévrée, le réalisateur du Convoyeur devait bien se rendre à l’évidence. Il ne pouvait pas passer à côté de cette proposition et ce même si pour la première fois, il n’était pas à l’origine du projet. C’est que résonne en cette histoire beaucoup des obsessions de l’ancien critique et co-créateur de la revue Starfix. À commencer par cette quête d’un cinéma français quasi perdu. Celui du Corbeau (1943) de Clouzot, du Panique (1947) de Duvivier ou du Garde à vue (1981) de Miller qui savaient sonder l’âme humaine avec en sus une radiographie toujours bien sentie de la société française du moment.
    Dans Trois jours et une vie le couple Lemaître / Boukhrief met totalement de côté le pan sociétal que pouvait induire cette histoire pour se concentrer sur son aspect néo noir qui passe exclusivement ici par un bestiaire de personnages dont la caractérisation ne procède pas de l’intrigue comme c’est la tendance lourde dans le cinéma d’aujourd’hui mais bien d’un cheminement inverse. Chacun d’entre eux va en effet se construire un pedigree, une identité et finalement une vie au fur et à mesure de décisions prises non pour accompagner un destin tracé dans le marbre (l’une des caractéristique du film noir où bien souvent l’on ne fait que se débattre pour retarder l’inéluctable) mais bien pour lui insuffler une direction autre. De celle que l’on voudrait croire définitive. Mais chez Lemaître et son réal, on ne peut forcer impunément et trop longtemps l’ordre des choses avec pour conséquence un prix à payer bien plus cruel que la mort.
    C’est là que se situe la définition du néo noir chez Boukhrief notamment. Dans cette propension à toujours surprendre le spectateur et à balayer ses certitudes sans que pour autant il ne faille pour cela s’aider d’artifices quelconques. De fait, chez Lemaître l’écriture est simple pour ne pas dire basique. Chez Boukhrief la mise en scène est sage pour ne pas dire académique. Mais il faut se méfier de l’eau qui dort. Car voilà un terreau qui donne toute latitude à chacun de tromper son monde et ce dans les grandes largeurs. Et l’attention de se porter ailleurs. Sur l’ensemble d’un cast que Boukhrief filme avec une empathie évidente. Là encore pour brouiller les pistes et bien montrer que la réalité n’est jamais noire ou blanche. Mais plus souvent grise. Une « couleur » fortement mise de côté ou oubliée dans le cinéma français et mise à l’honneur ici ne serait-ce que sur l’écran via cette photo totalement passe partout pour ne pas dire bas de plafond qui paradoxalement donne du relief aux motivations internes de chacun.
    Car l’autre aspect qui enchante ici c’est le soin apporté dans le choix et la direction des acteurs jusqu’à la silhouette au fond à droite qu’habituellement l’on ne remarque à peine. La foule fait ainsi sens et les « seconds rôles » prennent une épaisseur réjouissante. Et comme dans une vraie équipe de foot (si si cela existe encore), le collectif prend le pas sur les stars. Et Trois jours et une vie de dérouler alors pleinement son intrigue bien aidé par ses protagonistes téléguidés comme dans un bon vieux Truman Show au final bien plus réjouissant que chez Peter Weir. Car ne nous y trompons pas, le seul maître à bord reste Lemaître qui plus que jamais porte admirablement bien son blaze avec pour architecte un Boukhrief au talent éprouvé. On appelle cela une collaboration réussie et, on voudrait le croire, la possibilité d’un futur de cinéma moins terne. SG 3,5/5
  • Box office : Gaumont a réussi à placer 197 copies sur toute la France.  Preuve que le distributeur très tôt engagé dans le film y croit d’autant que l’attelage Lemaître / La firme à la Marguerite a déjà fait des étincelles avec Au revoir Là-haut. Il va sans dire cependant que l’on sera très loin des plus de 2M d’entrées générées par le film de Dupontel. Mais le jeune producteur Julien Colombani (Mahi Films) dont c’est la première véritable incursion dans le métier nous a confié espérer un bon score (entre 250 et 500 000 entrées) afin de donner à nouveau sa chance à ce genre de films qui ne sont pas des comédies et qui empruntent à l’héritage de notre riche production nationale. Pedigree bien compliqué à produire aujourd’hui et qu’un échec en salle risque de renvoyer dans les limbes. Edit : Avec 637 spectateurs sur Paris à la séance 14h, on se dirige vers les 250 000 entrées espérées a minima. Edit 19/09 : 7 884 entrées après 24h d’exploitation.
  • La chronique Blu-ray : Un Blu-ray est forcément attendu compte tenu de la politique très systémique en la matière de la branche vidéo chez Gaumont. D’autant que comme le dit Boukhrief dans l’interview que nous proposons en lien ci-dessous, on n’est pas dans un film tourné dans un trois pièces parisiens. Interview au demeurant dont vous trouverez la version longue au sein des suppléments du Blu-ray (et DVD). Oui on sait, ne nous remerciez pas.

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