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Fiche film : Portrait de la jeune fille en feu

Portrait de la jeune fille en feu a été présenté en compétition au Festival de Cannes 2019 où il a reçu le Prix du scénario. Il s’agit de la première sélection en compétition officielle de la réalisatrice Céline Sciamma. La cinéaste avait présenté son premier long métrage, Naissance des pieuvres, à Un Certain Regard, et son 3ème film, Bande de filles, avait fait l’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs en 2014.

Le rôle d’Héloïse est pensé pour Adèle Haenel, qui avait déjà collaboré avec Céline Sciamma sur Naissance des pieuvres.

À part deux moments musicaux qui interviennent dans le récit, le film n’a pas de musique. Céline Sciamma avait l’idée de faire le film sans musique dès l’écriture du projet.

Portrait de la jeune fille en feu (2019)

Réalisateur(s) : Céline Sciamma
Avec :  Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luàna Bajrami, Valeria Golino
Durée : 2h00
Distributeur : Pyramide Distribution
Sortie en salles : 18 septembre 2019

Résumé : 1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.

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  • Avis express : Quand Céline Sciamma débarque à Un Certain Regard en 2007 avec sous le bras Naissance des pieuvres, son premier long, la voici donc immédiatement propulsée dans le grand bain de la même manière qu’une Rebecca Zlotowski avec Belle épine (2010 – Semaine de la Critique) ou Mia Hansen-Løve avec Tout est pardonné (2007 – Quinzaine). Ces trois réalisatrices n’ont pas attendu le mouvement #MeToo pour s’imposer et affirmer un cinéma qui si l’on devait leur imposer un fil commun, est le soucis de l’authenticité des sentiments qu’il faut retranscrire à l’écran de la manière la plus sincère possible. Il y a là comme une volonté d’épure mais aussi de transgression envers un Art qui semble par ailleurs façonner leur regard (et non le contraire comme chez beaucoup d’autres cinéastes). Avec toutefois chez Mia Hansen-Løve un petit plus originel qui se situerait du côté de sa fascination jamais démentie et limite enfantine pour un medium qu’elle n’a jamais prise de haut. En ce sens que tous ses films donnent une impression de grâce et d’indicible qui semblent innées quand chez Sciamma et Zlotowski de tels moments d’apesanteur sont rares ou trop « travaillés » pour être honnête.
    Un sentiment et un ressentit qui s’inversent donc avec Une fille facile dont on a encore du mal à s’en remettre et puis ce Portrait de la jeune fille en feu dont on est certain que l’on n’a pas envie de s’en remettre. C’est que Céline Sciamma semble enfin vouloir mettre de côté cette posture du discours sociétal un peu guindée, un peu hipster et faussement naturaliste dont Bande de filles était une forme de sommet plutôt indigne de son talent et des belles intentions originelles du film. En choisissant de nous parler ici de cet amour au féminin dans la France d’avant la Révolution, il est évident qu’elle maîtrise parfaitement son sujet. Et on ne parle pas forcément ici d’une érudition procédant de recherches méticuleuses qui ont été de toute façon effectuées, mais bien d’une mise à nue que la réalisatrice n’hésite plus à enfin mettre en scène. Céline Sciamma filme alors l’insoutenable légèreté d’aimer tout en mettant en avant ces femmes peintres issues du siècle dit des Lumières restées dans l’ombre de l’Histoire.
    Ce qui force aussi l’admiration est cette apparente économie de moyens. Les cadres sont « ozuesques » dans leur façon de capter l’essentiel mais aussi et surtout le off et les non-dits sans pour autant s’adonner à de multiples mouvements forcément superfétatoires ou à un montage par trop explicite. Céline Sciamma laisse vivre son film, laisse monter la fureur des sentiments et le feu qui coule dans les veines de ses protagonistes. C’est souvent violent pour ne pas dire cruel jusqu’à cette séquence finale qui, allez savoir pourquoi, nous a rappelé par un incroyable effet de miroir, les dernières minutes des Liaisons dangereuses de Stephen Fears. Il y a en effet dans ce Portrait de la jeune fille en feu une rage tout du long contenue que Céline Sciamma arrive d’abord à formaliser puis indiciblement mais très sûrement à rendre totalement organique, charnelle et finalement compulsivement palpable.
    On est pourtant loin de l’hystérie collective et totalement théorique de Bande de filles qui n’avait au final pour lui que la volonté de moderniser certains préceptes de La Nouvelle vague (peine perdue). Place à deux actrices (Adèle Haenel la modèle malgré elle et Noémie Merlant la portraitiste) tout simplement extraordinaires et totalement en symbiose avec la lumière outrancièrement moderne et romantique signée Claire Mathon. Et puis soudain le propos de la cinéaste fait sens, les thématiques de son cinéma une nouvelle fois traitées ici sont limpides (les femmes au sein de la société des hommes entre lutte et reconnaissance) et le film de devenir un diamant poli brillant de mille feux. Encore que pour Céline Sciamma, celui que dégage sa jeune fille avec une incandescence rare au point de rendre aveugle semble lui suffire. Et à nous aussi d’ailleurs. SG 4/5
  • Box office : Avec 82 319 entrées sur 222 copies après 5 jours dans les salles, le prix du scénario au dernier festival de Cannes se situe derrière les 107 266 entrées de Bande de filles alors distribué sur 167 copies mais aussi en terme de moyenne spectateurs / copie très clairement en retrait de Tomboy qui réalisait 45 078 entrées sur à peine 77 copies au sortir de son premier week-end d’exploitation. À voir maintenant si les 306 713 entrées réalisées au cumul par Bande de filles, le meilleur score de la réalisatrice à date, sera titillé, atteint ou dépassé. Edit 25/09 : 105 099 entrées en une semaine contre 140 723 spectateurs pour Bande de filles. Edit 15/03 : 25 semaines plus tard, le film atteint au final les 312 481 entrées. Il aurait certainement encore fait mieux si les cinémas n’avaient pas dû fermer pour cause de COVID…
  • La chronique Blu-ray : Tommy et Bande de filles ont eu les honneurs d’un Blu-ray (et un DVD) édité par Pyramide Vidéo. Gageons que ce sera encore le cas ici d’autant que l’éditeur reste le même. Edit janvier 2020 : Un Blu-ray chez Pyramide est bien prévu le 18 février.

Une réflexion sur « Fiche film : Portrait de la jeune fille en feu »

  1. Quelle merveille de sensualité et de finesse psychologique!
    De l’émotion sensible et juste tant dans la passion que dans la pudeur et aussi bien dans la fusion et le déchiremen par un subtil, délicat et troublant équilibre entre offrande et retenue.
    Les actrices et leurs jeux sont remarquables dans une esthétique solide, intense et mesurée tout à la fois.
    On a du mal à sortir de ce film envoûtant et précieux à plus d’un titre!
    Est il possible par ailleurs d’obtenir la bande sonore avec ce petit bijou de chant et chœur breton?
    Je fais au plus court pour dire mon enthousiasme et mon bonheur d’avoir vu cette remarquable réussite que je ne m’autorise pas à qualifier de chef d’œuvre même si, modestement, je le considère comme tel.
    Mille mercis pour ce cadeau!
    André ROYER.

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