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Fiche film : Adoration

Selon le réalisateur Fabrice du Welz, Adoration est un conte cruel qui raconte l’histoire d’un gamin un peu simple, un idiot, au sens dostoïevskien. « Il est naïf et vit en harmonie avec les éléments, seul à l’écart du monde. Sa maman travaille dans une clinique privée où l’on soigne des gens mentalement malades. Ce gamin cherche de l’affection même s’il vit avec sa maman, qui est quelqu’un de particulier. Un jour, débarque une adolescente. Visiblement troublée et troublante, dont il va tomber fou amoureux. Il va tomber amoureux d’elle jusqu’à s’oublier lui-même. C’est un amour total, un amour absolu. »

Adoration clôture ce que Fabrice du Welz appelle sa trilogie des Ardennes, centrée sur le thème de l’amour fou, de l’amour monstre et qui dissèque différentes formes de pathologie. CalvaireAlléluia et Adoration sont aussi trois titres aux références christiques.

Adoration (2019)

Réalisateur(s) : Fabrice du Welz
Avec : Thomas Gioria, Fantine Harduin, Benoît Poelvoorde, Laurent Lucas, Gwendolyn Gourvenec
Durée : 1h38
Distributeur : Les Bookmakers / The Jokers
Sortie en salles : 22 janvier 2020

Résumé : Paul, un jeune garçon solitaire, rencontre Gloria, la nouvelle patiente de la clinique psychiatrique où travaille sa mère. Tombé amoureux fou de cette adolescente trouble et solaire, Paul va s’enfuir avec elle, loin du monde des adultes…

Articles / Liens :

  • Avis express : On avait laissé Fabrice du Welz quelque peu englué dans la ville des anges en compagnie d’un certain Chadwick Boseman que la toute récente notoriété marvellienne n’avait au final pas trop aidé à faire de Message from the King autre chose qu’une nouvelle déconvenue box officienne dans la filmo du réal de Calvaire. Deux ans et quelques mois plus tard, le voici à nouveau sous les feux de l’actualité cinématographique. Enfin sous les feux c’est vite dit / écrit tant Adoration sort dans un relatif anonymat. Pour le grand public s’entend car le cinéphile pur et dur lui, il est au taquet pour découvrir ce troisième et peut-être dernier volet d’une dorénavant trilogie qui place comme thématique centrale la toxicité de l’état amoureux et de ses conséquences forcément tragiques au cœur des rapports humains. Avec dans la forme un traitement proche de la révélation christique. Calvaire parle ainsi de réincarnation d’un être cher. Alléluia celle d’un amour longtemps espéré qu’il faut préserver coûte que coûte quitte à sombrer dans la violence à la Bonnie et Clyde. Adoration adoptant quelque part le même motif et le même arc narratif mais à un âge où tout reste à découvrir et à expérimenter.
    En mode mineur si l’on veut adopter un raccourci pas forcément heureux mais qui qualifie pourtant assez justement le film. C’est que les déambulations de ce couple de jeunes ados tournent assez vite en rond même si la rivière qu’ils empruntent dans leur fuite en avant se veut aussi implacable et révélatrice que le fleuve au centre du récit dans Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad. Un référent pour ne pas dire une forte inspiration au demeurant largement assumée par du Welz qui mâtine le tout d’une esthétique lorgnant sans vergogne du côté de La Nuit du chasseur ou, si l’on veut rester chez nous, du conte onirique façon Cocteau.  Ce qui attention ne donne pas un mauvais film mais le projette quand même dans des cases qui le corsète quelque peu alors que justement l’autre thématique d’Adoration est l’enferment progressif impulsé par le sentiment amoureux à ciel ouvert. Une dichotomie agoraphobe que du Welz recherche intensément mais dont il a bien du mal à toucher du doigt.
    Il y arrive en fait surtout dans sa deuxième partie bien aidé par un Benoît Poelvoorde tout simplement magistral. Par son jeu et sa présence naturelle, il apporte un peu de chair à un récit qui en manquait jusqu’ici cruellement. Il est celui qui comprend le mieux l’idéal recherché par Gloria jouée par Fantine Harduin qui a un peu de mal à prendre totalement à bras le corps la folie minérale que réclame son personnage. Il est celui qui assimile tout de suite l’atavisme amoureux de Paul (Thomas Gioria totalement à l’aise et que l’on avait déjà vu dans Jusqu’à la garde) qui manque toutefois d’épaisseur du fait d’une écriture un peu flottante à son encontre. Fabrice du Welz retrouve alors une niaque qui lui permet d’emmener son film vers une conclusion qui fait sens dans la lignée de toute sa filmo. Pas de jugement. Juste la volonté de rendre la liberté à ses personnages qui ont dorénavant toutes les armes pour se planter ou s’aimer à vie dans des convulsions forcément douloureuses pour eux et leur entourage. Un credo qui sous la caméra de du Welz avec son grain délicieux et son shooting en pelloche  pourraient certainement donner à de nouvelles explorations qui le rapprocheraient encore plus de l’épure d’un Haneke qu’il recherche à l’évidence. Mais en mode solaire et mélodramatique. SG 3/5
  • Box office : 1 034 entrées sur 41 copies après une journée dans les salles. Même pour Fabrice du Welz pour qui la meilleure marque reste Message from the King avec ses 60 000 entrées, c’est très peu…
  • La chronique Blu-ray / Blu-ray 4K : Connaissant l’implication du Joker bien souvent totalement décorrélée d’une quelconque réalité économique tangible (l’apanage des vrais punks cinéphiles), on peut se demander si une édition 4K ne pourrait pas voir le jour ne serait-ce que pour rendre hommage à la très belle photo toute de grain vêtue du film.

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