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Fiche film : The Perfect Candidate

Haifaa Al-Mansour a étudié la littérature à l’université américaine du Caire avant d’obtenir un master en cinéma à l’université de Sydney. Elle est considérée comme la première réalisatrice saoudienne, et son film Wadjda (sorti en France en 2013) est le premier long métrage entièrement tourné en Arabie saoudite. Présenté dans une quarantaine de festivals à travers le monde, Wadjda remporte de nombreux prix, notamment à Venise (Prix du meilleur film Art et Essai) Rotterdam et Dubaï.

Lors du tournage de Wadjda, Haifaa Al Mansour a dû diriger certaines scènes depuis une camionnette, afin de ne pas se mélanger aux hommes présents sur le plateau. Les conditions de tournage ont changé pour The Perfect Candidate alors que le pays voyait s’ouvrir des salles de cinéma, chose que l’on pensait jusqu’ici impensable. Avec ce film, la réalisatrice souhaitait à tout prix contribuer à cet élan positif.

The Perfect Candidate (2019)

Réalisateur(s) : Haifaa Al-Mansour
Avec : Mila Alzahrani, Dae Al Hilali, Khalid Abdulrhim, Shafi Al Harthy
Durée : 1h45
Distributeur : Le Pacte
Sortie en salles : 12 août 2020

Résumé : Maryam est médecin dans la clinique d’une petite ville d’Arabie saoudite.
Alors qu’elle veut se rendre à Riyad pour candidater à un poste de chirurgien dans un grand hôpital, elle se voit refuser le droit de prendre l’avion.
Célibataire, il lui faut une autorisation à jour signée de son père, malheureusement absent.
Révoltée par cette interdiction de voyager, elle décide de se présenter aux élections municipales de sa ville.
Mais comment une femme peut-elle faire campagne dans ce pays ?

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  • Avis express : Pour ceux qui avaient découvert Wadjda en 2013, il était indéniable que Haifaa Al-Mansour était un blaze que l’on allait forcément recroiser tant son film avait marqué les esprits sans parler des rétines. L’histoire de cette pré-ado prête à tout pour se procurer le vélo de ses rêves dans un pays (l’Arabie Saoudite) où sa pratique est interdite aux femmes sous prétexte qu’il s’agit d’une menace envers leur vertu, avait pourtant tout du pamphlet aux frontières du documentaire militant. Au lieu de quoi, Wadjda était d’abord un grand film de cinéma qui s’attardait sur l’humain catalyseur derrière sa caméra d’une critique acide d’une société dont elle ne désespérait pourtant pas d’un avenir meilleur. Si entre-temps Haifaa Al-Mansour a réalisé Mary Shelly qui lui a permis de s’étalonner aux États-Unis sans que pour autant on n’apprenne rien de nouveau quant à son talent naissant, il n’en est absolument rien avec The Perfect Candidate, sorte de retour aux sources à la fois géographique et artistique d’une cinéaste qui impose définitivement sa voix empreinte d’une foi inébranlable en son prochain et la famille.
    La candidate parfaite du titre étant en effet l’ainée d’une fratrie composée de trois sœurs et d’un père musicien parti au moment des faits en tournée dans toute l’Arabie Saoudite. Soit l’aboutissement en quelque sorte d’une vie passée à défendre son Art dans un pays qui semble enfin comprendre l’importance de ses racines culturelles. La grande sœur Maryam est médecin dans une petite clinique de province et ne veut pas se satisfaire des conditions déplorables de certaines infrastructures. La clinique ne bénéficie par exemple d’aucune route pour y accéder, pis elle est entourée de boue du fait de canalisations d’eau peu étanches et à peine enterrées. Ayant épuisé tous les recours administratifs pour attirer l’attention des autorités locales sur cette situation, elle décide alors de se lancer en politique en se présentant aux prochaines élections municipales. Un défi insensé dans un pays qui s’il encourage depuis peu les candidatures féminines ne peut que se heurter aux traditions séculaires d’une région qui voit d’un très mauvais œil une telle émancipation de la femme.
    C’est aidée par ses deux sœurs qu’elle part dans une campagne expresse en essayant de faire tomber une à une les barrières des préjugés. Haifaa Al-Mansour filme cela avec une certaine jubilation contagieuse bien consciente que son pays est à la croisée des chemins. Wadjda ne fut-il pas le premier film tourné et financé intégralement dans le royaume d’Arabie Saoudite. Et The Perfect Candidate a pu être projeté dans les premiers cinémas qui s’ouvrent enfin là-bas. Là encore point de militantisme forcené mais un film qui s’avance avec la sérénité d’une cinéaste sûre de son fait à l’image de son héroïne Mila Alzahrani dont on découvre le talent instantané en France. La force et la justesse de son interprétation imposent immédiatement la certitude d’une belle carrière d’autant que Haifaa Al-Mansour la met en valeur via des cadres jamais surchargés, le plus souvent simples ou directs et toujours au service de l’histoire.
    Et celle de The Perfect Candidate est au demeurant édifiante pour ne pas dire très instructive pour nous occidentaux qui mettons bien souvent les pays de cette région irriguée par les pétrodollars dans le même sac sociétal, politique et religieux. C’est de fait un réel motif d’espoir de voir ainsi émerger de tels talents alors que nous mêmes peinons à donner leurs chances à nos cinéastes en herbe féminins. Ce n’est d’ailleurs pas la moindre des leçons à retenir d’un métrage qui fout au demeurant les poils et nous réconcilie avec une humanité à la fois familiale et anthropologique. Même si ce n’est que le temps d’un film. 4/5 SG
  • Box office : 175 copies sont prévues dès la première semaine d’exploitation. On rappelle que Wadjda avait été distribué sur 82 copies (pour culminer à 170 copies en 5ème semaine) entrainant dans son sillage 511 075 spectateurs en 14 semaines. Quant à Mary Shelley, Pyramide le distribua sur 129 copies (181 en 5ème semaine) pour 104 152 entrées après 18 semaines d’exploitation. Edit  13/08 : 7 573 entrées en 24H. Wadjda avait réuni 8 876 spectateurs sur la même période.
  • La chronique Blu-ray : Si Wadjda et Mary Shelley n’ont jamais eu les honneurs d’un Blu-ray (un simple DVD a été respectivement édité par M6 Vidéo et Pyramide Vidéo), on espère que Le Pacte cassera cette (mauvaise) habitude. Edit 29/11 : Et un Blu-ray voit bien le jour chez Le Pacte le 16 décembre.

 

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