Parrain III - Image une fiche film

Fiche film : Le Parrain – Director’s Cut – Épilogue : La Mort de Michael Corleone

Pour célébrer le 30ème anniversaire du Parrain III, le réalisateur / scénariste Francis Ford Coppola voulait proposer un nouveau montage du film final de sa trilogie épique Le Parrain. L’image et le son du film ont été méticuleusement restaurés sous la supervision des sociétés American Zoetrope et Paramount Pictures. Le film comporte un nouveau début et une nouvelle fin, ainsi que des changements de scènes, de plans et de musique. Le projet qui en résulte reflète les intentions initiales de l’auteur Mario Puzo et Coppola pour Le Parrain : Part III, et apporte, selon les termes de Coppola, « une conclusion plus appropriée au Parrain et au Parrain : Partie II »

Le Parrain – Director’s Cut – Épilogue : La Mort de Michael Corleone (The Godfather, Coda: The Death of Michael Corleone – 2020)

Réalisateur(s) : Francis Ford Coppola
Avec :  Al Pacino, Diane Keaton, Talia Shire, Andy Garcia, Eli Wallach, Joe Mantegna, George Hamilton, Bridget Fonda, Sofia Coppola, Raf Vallone, Helmut Berger, John Savage, Carmine Caridi
Durée : 2h37
Distributeur : Paramount Pictures
Sortie en salle : 25 décembre 2020 (États-Unis)
Sortie Blu-ray : 8 décembre 2020

Résumé : Un vieillissant Michael Corleone veut abandonner le crime et rendre son empire respectable. Mais on n’échappe pas aux sirènes de la pègre, surtout lorsque les pires conspirateurs se cachent au cœur même du Vatican…

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  • Avis : Si l’on veut bien se replonger dans le commentaire audio de Coppola présent au sein du Blu-ray consacré au troisième opus édité aux États-Unis dès 2008, on pourra se rendre compte qu’il met les choses au claire très rapidement tout en nous donnant déjà à l’époque les clés de compréhension de ce nouveau montage. Ainsi, le sous-titre La Mort de Michael Corleone était voulu dès 1990 par le réalisateur mais retoqué par Paramount Pictures qui ne comprenait pas que l’on dévoile ainsi la fin du film d’entrée de jeu. Étant entendu que Coppola ne souhaitait pas tant montrer/filmer la mort de son personnage central mais bien de sa déchéance à la fois physique et morale doublée d’une rédemption impossible. Arc narratif et thématique introduits au demeurant dès la fin du Parrain 2. Coppola précisait même que cet opus devait être l’épilogue des deux premiers. Terme qui est donc littéralement repris ici.
    Le commentaire audio rafraichit aussi la mémoire sur bien d’autres points. Coppola y précisait en effet que l’idée d’un troisième film ne venait pas de lui mais bien de Paramount qui a l’époque avait besoin d’annonces fortes pour se maintenir à flot. Et celle d’une suite au Parrain 1 et 2 en faisait bien entendu partie. À une époque où le réalisateur a besoin d’argent pour mener à bien des projets personnels (mais qui n’aboutiront pas l’incitant à accepter l’offre de Sony de réaliser Dracula deux ans plus tard), la proposition est tentante d’autant qu’il sent en effet qu’il y a encore des choses à dire sur la famille Corleone. Le problème c’est que Paramount lui soumet un scénario dans l’air du temps à base de narco-trafiquants, de trahisons et de scènes d’action peu ou prou explicatives. Bref tout ce que ne veut pas Coppola qui propose de reprendre avec Mario Puzo le script à zéro. L’objectif étant de soumettre une première version au bout de 6 mois. Paramount leur octroiera 6 semaines.
    C’est donc au pas de charge que Coppola va réaliser ce troisième opus mais en ayant dès le début la volonté d’en faire comme un miroir inversé du premier. Cela passe par la famille que Michael Corleone doit protéger tout en lui offrant un avenir débarrassé de ses racines mafieuses. Ce passé sombre enfin mis au rebus devant l’aider à absoudre ses péchés avant de passer l’arme à gauche. Une telle mission quasi biblique devant prendre le pas sur tout le reste à commencer par la trahison, la vengeance et l’appétit du pouvoir qui émaillaient l’action du deuxième film. C’est pourquoi Coppola voulait déjà à l’époque que l’ouverture du Parrain III  se fasse avec la scène entre Michael Corleone et l’archevêque Gilday, responsable des deniers du Vatican. Et d’enchaîner sur la réception qui officialisait ce rapprochement avec l’Église en forme d’absolution à coup de centaine de millions de dollars. Coppola le dit clairement toujours au sein du commentaire audio, l’histoire de la famille Corleone résonnait furieusement en lui tel un appel d’air vital. Lui qui subissait à l’époque une crise existentielle extrêmement profonde devait absolument exorciser ce mal être familial avec ce film. Et le fait de choisir sa fille Sofia Coppola pour jouer celle de Michael Corleone était donc comme une suite logique surtout après le désistement de Winona Ryder qu’il dirigera finalement dans Dracula deux ans plus tard. Les interrogations énoncées par son parrain de Corleone, c’étaient finalement les siennes qu’il projetait sur la pellicule. Et pour aller dans son sens, c’est Walter Murch, son monteur de toujours, qui l’incita à adopter la structure et le montage que l’on avait découvert en 1990. Il ne s’agissait pas de pressions de la Paramount comme on a pu et comme on peut encore le lire aujourd’hui.
    Tout comme ce nouveau montage dont Coppola revendique seule la paternité pour accoucher d’une nouvelle version plus courte de 13 minutes (2h50 Vs 2h37). Plus courte mais aussi plus violente, gore ou opératique (c’est comme on veut). Coppola a donc certainement évolué. Ses enfants ont grandi, sa vision de la famille avec, et on suppose qu’égorger un type à l’aide d’une branche de lunette afin de faire jaillir le sang de la veine jugulaire à la façon d’un Kurosawa dans le grand final de Yojimbo (1961) est dorénavant autorisé. Une scène qui fut au demeurant tournée telle quelle. Il suffit de se replonger dans Vu de l’intérieur, l’excellent making of de plus d’une heure présent sur le coffret Blu-ray réunissant les trois films, pour voir que la scène fut envisagée de trois façons différentes (nuque vrillée / branche de lunettes dans jugulaire sans hémoglobine / branche de lunettes dans jugulaire avec effusion d’hémoglobine et acharnement). En gros, Coppola avait tout sous la main et, à la différence de Georges Lucas lui aussi atteint de révisionniste aiguë, il n’a rien défiguré numériquement. Ce qui en soit est déjà ça.
    Parce que bon au final, c’est bien beau ces points d’histoire sur et autour du film mais  il vaut quoi ce nouveau montage ? Parce que au-delà de ces considérations existentielles (Coppola nous propose le montage qu’il a toujours voulu), celui-ci nous fait-il le même effet ? Et bien non ma bonne dame. Trois fois non même. On a en effet beau savoir qu’il s’agit là du montage voulu originellement par Coppola, et bien on a du mal. On a du mal avec le nouvel ordonnancement des séquences, on a du mal avec cette vision tronquée de la famille ou encore de cette aptitude à être bien plus démonstratif et frontal. Mais là où cela ne passe vraiment plus c’est quand le fameux plan de fin devenu iconique fait défaut. Au lieu de montrer un Michael Corleone tombant de sa chaise certainement frappée par une crise cardiaque comme son père, le film s’arrête sur un gros plan de Pacino remettant difficilement ses lunettes de soleil et… Cut. Emballé c’est pesé avec pour signification grossière que par La Mort de Michael Corleone du titre, il fallait donc entendre sa déchéance complète et définitive et non juste sa « simple » mort. Certains diront « mais de qui se moque-t’on ? », d’autres hocheront la tête et maugréeront « pourquoi pas ». Mais au final la véritable question est de savoir si le montage d’origine sera toujours visible. Le contraire serait de facto un véritable scandale et constituerait pour le coup la mort définitive des Corleone. 2,5/5

Captures Blu-ray cliquables au format HD natif 1920×1080

  • Box office : Ce nouveau montage n’aura pas les honneurs d’une sortie salle en France. Par contre aux États-Unis, il est annoncé pour le 20 décembre sur une combinaison honorifique de cinémas que la crise sanitaire actuelle devrait encore réduire.
  • La chronique Blu-ray : Image de toute beauté issue d’une restauration 4K depuis le négatif original. Par rapport à l’image de l’édition Blu-ray de 2008 qui faisait référence jusqu’ici, on gagne indéniablement en définition et en contrastes. Les noirs sont ainsi bien plus présents et le nouvel étalonnage enrichit la patine jaune cuivrée recherchée par Gordon Willis déjà très marquée sur l’image de 2008. Le format d’origine est sinon enfin respecté (1.85 en lieu et place du 1.78 constaté sur l’édition de 2008). Au niveau du son par contre, la différence est beaucoup moins flagrante vu qu’entre 2008 et 2020 on garde le Dolby TrueHD 5.1 anglais. Un encodage tombé en désuétude depuis. Nous on veut bien croire que la restauration ne s’est pas arrêtée à l’image mais alors pourquoi ne pas être passé au DTS HD qui est la norme aujourd’hui ? Même constat pour la VF qui reste d’époque et encodée en DD 5.1. Pas de bonus sinon l’intro vidéo de Coppola justifiant ce nouveau montage que l’on pourra retrouver ci-dessous. Le Blu-ray est disponible depuis le 8 décembre et est proposé au prix de 14,99 euros (prix conseillé comme on dit). L’avenir nous dira si un coffret réunissant la trilogie incluant les deux montages et les deux premiers films en versions restaurées verra le jour. N’est annoncé par Paramount pour l’instant qu’un coffret pour le 50ème anniversaire du Parrain (en 2022 donc) réunissant les trois films en version restaurée 4K.

Captures Blu-ray cliquables au format HD natif 1920×1080

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