Nintendo Switch - Grey

La Switch détaillée : Nintendo nous fait-il toujours rêver ?

Après une première vidéo dévoilée fin octobre suivie de quelques indiscrétions annexes et autres bruits de couloir, Nintendo vient enfin de lever officiellement le voile sur sa future Switch le 13 janvier dernier. Une officialisation qui aura toutefois soufflé le chaud et le froid dans les heures / jours qui ont suivi et laisse planer quelques inquiétudes sinon un certain flou quant aux grands desseins qui se cachent réellement derrière la petite dernière du géant nippon. Des doutes qui conduisent tout naturellement à se poser la question suivante : avec sa Switch, Nintendo fait-il toujours rêver les joueurs ?

Loin de nous l’idée ici-même d’énumérer une à une toutes les informations dévoilées au cours de la conférence qu’a tenue Nintendo le 13 janvier dernier, d’autres s’étant diligemment acquittés de cette tâche. Quant à ceux qui auraient une petite heure devant eux, ils pourront toujours revoir ladite conférence par eux-mêmes (en VOSTF). À la place et avec quelques jours de recul et des esprits qui se sont quelque peu apaisés, nous allons simplement revenir sur les points forts mais aussi sur les points de frictions sinon de frustrations qui ont entourés cette annonce.

  • Une date conforme mais un tarif jugé trop élevé : il n’aura pas fallu attendre bien longtemps puisque, dès le début de la conférence, ces deux informations, capitales s’il en est, ont été lâchées. La Switch sera donc commercialisée dans moult pays à travers le monde (dont la France) le 3 mars 2017. Sur ce point, Nintendo est en phase avec sa promesse d’une sortie initialement annoncée à l’aide d’un vague « courant mars ». En revanche, et c’est là le premier point de crispation, là où nombre d’analystes estimaient que le seuil psychologique tarifaire était fixé à $249, la Switch sera finalement vendue $299. Des dollars qui se traduisent à l’heure actuelle dans l’Hexagone en 329€ (plus ou moins quelques dizaines d’euros selon les enseignes et au gré des différentes opérations à base de chèques cadeaux et autres codes de remises qui fleurissent déjà en cas de précommande). Le problème d’un tel tarif est double : d’une part, les deux autres consoles actuellement sur le marché que sont la PlayStation 4 et la Xbox One sont proposées à l’heure actuelle peu ou prou au même tarif mais très souvent sous la forme de bundle inclus plusieurs titres récents là où la Switch sera vendue seule, c’est-à-dire sans le moindre jeu à l’intérieur. Alors certes, au lancement de la WiiU fin 2012, le Pack Premium ZombiU était proposé aux alentours des 400€ mais il incluait un jeu et surtout une manette pro. Rien de tout cela dans l’un des deux packs de la Switch (gris ou bleu/rouge) qui proposera le strict minimum : console, station d’accueil, manettes et câbles. Pour le reste, il faudra les acheter séparément, et bien souvent au prix fort !
  • Une console hybride aux performances bicéphales : face à pareille reproche, d’aucuns argueront que ni la PS4 ni la XBO ne permettent de jouer en mode nomade, contrairement à la Switch. Certes mais là encore, il y a très clairement ambivalence entre le discours commercial de Nintendo et la réalité manettes en mains. Le géant nippon ne cesse en effet de répéter que la Switch est avant tout positionnée comme une console de salon qui peut être emportée pour jouer n’importe où. Mais dans la réalité des faits, tous ceux qui ont déjà pu expérimenter la bête s’accordent à dire que le résultat est techniquement bien plus convaincant en mode nomade 720p qu’en mode salon 1080p.
  • Une autonomie en demi-teinte : un point qui nous amène tout naturel au pendant technique de la console qui là aussi souffle le chaud et le froid. À commencer par l’autonomie (en mode nomade) annoncée entre 2,5 et 6,5 heures, Nintendo précisant à titre indicatif que celle-ci sera de trois heures dans le cas de Zelda. Pas forcément bézef tout ça et l’on devine bien volontiers que l’ajout d’une batterie annexe permettra d’accroître ce chiffre un peu chiche. Quant aux fameuses manettes Joy-Con, l’autonomie annoncée est déjà nettement plus prometteuse puisqu’il serait question d’une vingtaine d’heures. Reste à connaître le temps de recharge pour ces dernières ainsi que pour la console ainsi que la possibilité (ou non) de remplacer soi-même la batterie de la Switch.
  • Un stockage famélique : sur ce point, ce n’est guère plus reluisant quand on pense que la Switch ne sera équipée au lancement que de 32Go. Si l’on considère qu’il faudra soustraire à ce chiffre la place occupée par l’OS de la console et que, à titre de comparaison, le moindre jeu WiiU peut rapidement atteindre les 5 à 10Go, on vous laisse faire le calcul du temps qu’il faudra pour remplir ces malheureux 32Go ! Là encore, l’ajout de cartes mémoires additionnelles sera bien entendu possible mais quand on pense qu’en face, on compte déjà en téraoctets tandis que de simples smartphones affichent désormais des capacités deux à quatre fois plus importantes, on se dit que proposer une capacité de stockage de seulement 32Go aujourd’hui sur une console revient vraiment à rogner sur des bouts de chandelles (on trouve à l’heure actuelle d’excellentes cartes mémoires de 128Go pour moins de 50€, autant dire qu’en quantité industrielle, le coût de revient doit être bien en deçà).
  • Quid du son ? Un sujet qui a souvent été totalement occulté concerne le pendant sonore de la Switch. À l’heure où Microsoft annonce le support du Dolby Atmos sur sa Xbox One, qu’en sera-t-il des capacités acoustiques multicanaux de la Switch ? Pour rappel, la WiiU se cantonnait à proposer du Dolby Surround. Dans le même ordre d’idée, on constatera qu’aucun écouteur n’est inclus avec le pack renfermant la console. Certes, de nos jours, tout le monde dispose d’écouteurs (ceux généralement fournis avec les smartphones) mais là aussi, en proposer une paire vendue avec la console n’aurait pas été du luxe. Et si la Switch comportera bien une prise jack, il faut chercher du côté de sources alternatives pour apprendre qu’elle supportera également le Bluetooth. Reste alors à déterminer s’il sera possible d’utiliser des casques sans fils de type « réducteur de bruit » oh combien appréciables en extérieur et notamment dans les transports en commun.
  • Joy-Cons, petits mais costauds : si tout le monde s’accorde sur le fait que ces manettes sont de véritables concentrées de technologie (NFC, accéléromètre, gyroscope, caméra à reconnaissance de mouvement, vibrations HD, etc.), tous ceux qui ont pu empoigner celles-ci s’accordent également pour les décrire comme inadaptées aux grosses paluches ainsi qu’à une utilisation sur des titres au gameplay un tant soit peu exigeant. Le meilleur moyen de s’adonner à la Switch sera alors de se rabattre sur la manette pro (comme pour la WiiU en somme). Une manette qui, rappelons-le, sera vendu séparément au prix fort (comptez environ 80€).
  • Les accessoires à gogo : c’est d’ailleurs très clairement une crise d’accessoirïte aigue qui entoure la sortie de la Switch et qui a d’ailleurs fait dire à moult observateurs que Nintendo se prenait là pour Apple. Pour s’en convaincre, il suffit ainsi de voir la quantité hallucinante d’articles ci-dessous où tout ou presque sera disponible séparément : dragonnes, Joy-Con gauche, droit, la paire, housse de transport, chargeurs, manette pro, etc. pour des tarifs pouvant grimper jusqu’à 90€ (nous reviendrons sur la facture finale en fin d’article).
  • Le online payant : si l’annonce d’une offre en ligne payante permettant l’accès à moult options supplémentaires n’a, en soit, rien d’étonnant, Nintendo se positionnant pour le coup dans la même veine que les PlayStation Network Plus et autres Xbox Live Gold de la concurrence, c’est surtout les premiers éléments dévoilés qui ont fait grincer des dents. Là où Sony et Microsoft donnent en effet accès chaque mois à une sélection de jeux gratuits et jouables indéfiniment (dès lors que l’on reste abonné à ce service Plus / Gold), Nintendo annonce pour sa part que son offre payante en ligne donnera accès à des jeux du catalogue NES / SNES pour une durée limitée d’un mois, après quoi il faudra passer en caisse pour acquérir le jeu complet ! Des premières infos peu avenantes donc en attendant de voir ce que Nintendo proposera comme autres services « innovants » au sein de son offre en ligne payante. Tout juste sait-on que la Switch, via un bouton dédié sur le Joy-Con, permettra de partager en ligne des captures d’écrans et de vidéos de jeux. Là encore, Nintendo rattrape son retard sur la concurrence. Précisons toutefois que, contrairement à la PS4 et la XBO, la Switch ne proposera pas de port Ethernet. Un point qui n’a rien de très surprenant puisqu’il en était déjà ainsi de la Wii et de la WiiU. Il faudra donc s’en remettre à une connexion Wifi ou bien en passer par un adaptateur pour une connexion filaire.
  • Un lineup décevant : le jour de la sortie de la Switch, le choix sera pour le moins limitée puisque seuls deux titres seront disponibles. On trouve tout d’abord 1-2-Switch, compilation de mini-jeux de type casual gaming qui ne seront pas sans rappeler les Wii Play et autres Wii Sports au lancement de la Wii, à la différence près que ceux-ci étaient inclus avec la console là où il faudra débourser une cinquantaine d’euros supplémentaires pour acquérir le titre dans le cas de la Switch vendue quant à elle sans le moindre jeu. L’autre titre, sans doute le plus attendu, est bien sûr The Legend of Zelda : Breath of the Wild que certaines rumeurs annonçaient comme retardé sur la Switch (le jeu sort en même temps sur la WiiU). On devine bien volontiers que les équipes de développement ont dû travailler d’arrache-pied afin de proposer le titre pour le jour J. Quant au reste du lineup de la Switch, Nintendo a beau annoncer que 80 titres sont actuellement en cours de développement au sein d’une cinquantaine de sociétés différentes, non content d’être affublés de dates de sortie souvent très vagues (printemps 2017, automne 2017), les titres prévus restent pour la grande majorité de simples portages de jeux déjà existants sur PS4 et XBO. Là encore, il faudra prendre son mal en patience pour les véritables exclusivités killer apps comme on les appelle. Précisons par ailleurs que le zonage des jeux qui avait traditionnellement cours jusqu’à présent sera désormais laissé à la discrétion des développeurs. Si l’on s’en tient à ce qui se passe du côté de la PlayStation et de la Xbox, tout porte à croire que le zonage des jeux vidéo (tout comme celui des Blu-ray 4K Ultra HD) ne sera bientôt plus que de l’histoire ancienne.
  • Hardcore ou casual gaming ? Si beaucoup se posaient déjà la question après la diffusion de la première vidéo promotionnelle en octobre dernier, les deux seuls titres disponibles au lancement de la console le 3 mars laissent tout aussi perplexe quant au cœur de cible de la Switch avec d’un côté un Zelda destiné aux fans de longue date de Nintendo et de l’autre un 1-2-Switch qui viserait davantage Madame Michu. S’y ajoute également les « tous petits » avec une vidéo qui explique comment les parents pourront désormais « surveiller » les jeux auxquels s’adonnent leurs charmantes têtes blondes ainsi que le temps passé à jouer par l’entremise d’une application dédiée sur smartphone. Ce que la vidéo ne montre pas en revanche, c’est la possibilité (ou non) de verrouiller l’accès aux paramètres de la console. À défaut, rien n’empêchera votre chérubin de déconnecter la Switch du réseau, la rendant de fait incontrôlable à distance via l’application en question. Plus généralement, l’interface de la Switch reste un grand mystère puisqu’aucun élément à ce sujet n’a été dévoilé à ce jour.
  • L’ardoise finale Day One : Que vous soyez un joueur occasionnel ou bien, tel l’auteur de ces lignes, un grand fan de jeux vidéo devant l’éternel, et que vous succombiez aux charmes de la Switch à sa sortie, la note finale grimpera vite, très vite, trop vite même entre la console, les jeux et les accessoires :
    • Nintendo Switch : 329,99€
    • The Legend of Zelda : Breath of the Wild : 69,99€
    • Pochette de transport : 19,99€
    • Manette Pro : 79,99€
    • Total : 499,96€
    • Sans compter l’extension de garantie (optionnelle) dont le revendeur ne manquera pas de vous vanter les mérites, arguant que ces consoles sont sujettes à de (très) nombreuses défaillances et que les SAV des consoliers sont souvent de véritables plaies.
  • Une stratégie technico-financière bien huilée ? Comme vous pourrez le constater, outre une facture finale pour le moins salée (merci Mr Nintendo !), de très nombreuses questions se posent encore quant à l’avenir de cette fameuse Switch. En l’état actuel des choses (tarif, lineup, etc.), certains n’hésitent pas à annoncer que « tous les voyants sont au rouge » et l’on espère sincèrement que Nintendo en a gardé sous le coude pour de futures annonces plus convaincantes, à l’occasion par exemple de l’E3 (qui a lieu en juin) ou bien du Tokyo Game Show (qui a lieu en septembre) ou de toute autre communication officielle au cours des prochains mois en dehors de ces deux manifestations d’envergure. Pour autant, difficile de ne pas déceler là un plan de bataille savamment préparé. D’une part, la date de sortie, un mois avant la clôture de l’année fiscale de Nintendo n’est pas un hasard et l’engouement pour la Switch permettrait ainsi de rassurer les investisseurs et in extenso le cours de l’action en bourse (et in fine les actionnaires du géant nippon). D’autre part et bien que Reggie Fils-Aime, le boss de Nintendo USA, clame haut et fort que la 3DS a encore de beaux jours devant elle, personne n’est dupe quant à l’avenir des consoles portables, supplantées depuis déjà bien longtemps par les jeux sur smartphones et autres tablettes. Après tout, Nintendo ne s’est-il pas à son tour lancé sur ce marché en plein boum en 2016 avec le succès que l’on sait avec deux de ses licences-phares : Pokemon GO et Super Mario Run ? Et si l’avenir des consoles portables semblent s’obscurcir à vitesse grand V , il n’est alors pas bien difficile de déceler dans l’arrivée de la Switch une synergie des ressources puisqu’il ne sera en effet plus nécessaire de dispatcher les équipes de développement sur deux supports distincts mais au contraire de les regrouper sur une seule et même console supposée réconcilier les joueurs sédentaires et les joueurs nomades. 2017 sonnera-t-il alors le retour au sommet de Nintendo avec une véritable révolution vidéoludique ? Affaire à suivre comme toujours…

Retrouvez ci-dessous les différentes vidéos dévoilées dans le cadre de la présentation de la Nintendo Switch du 13 janvier 2017 :

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