Doom 2016

Doom : Bienvenue en enfer

Douze ans que la licence n’avait pas eu les honneurs d’un nouvel opus en bonne et due forme. Douze ans que les millions de fans étaient dans l’expectative. La mode étant plus que jamais au reboot de tous horizons (films, séries télé, jeux vidéo, etc.), le mythique Doom a donc droit à un retour aux sources en 2016 : celles de ses origines infernales martiennes.

Doom : Aux origines du Mal

Doom, kezako ? Loin de nous l’idée de refaire l’histoire du jeu vidéo et a fortiori celle du genre désormais le plus populaire qu’est le FPS (et dans lequel s’inscrivent des cartons planétaires tels que Battlefield et autres Call of Duty). Mais prenons néanmoins un minimum de recul pour expliquer le culte entourant la saga Doom. Bien qu’existant depuis déjà près de vingt ans, le FPS vit sa popularité prendre une toute autre dimension au tournant des années 90 par l’entremise de trois titres devenus instantanément cultes : Wolfenstein 3D (1992) et Doom (1993) du studio id Software et Star Wars : Dark Forces (1995) du studio LucasArts. Soit trois jeux qui firent le bonheur de millions de gamers à commencer par votre humble serviteur. Coup de vieux détecté. Quant au genre du FPS, pour First-Person Shooter, soit en français jeu de tir à la première personne, le plus important à retenir de ce sigle est le mot « tir », le fait de jouer à la première personne accroissant quant à lui le sentiment d’immersion du joueur au cœur de l’action. Une action qui consiste… à tirer sur tout ce qui bouge. Voire même tout ce qui ne bouge pas pour les acharnés de la gâchette voulant exploser le décor (lorsque celui-ci le permet). Sitôt ce principe aussi primitif que bestial assimilé, pourquoi ces trois jeux (et toutes les variantes qui virent le jour depuis) remportèrent-ils un tel succès ? Le « décorum » pourrait-on dire. Dans le cas de Wolfenstein, le joueur incarne un soldat allié qui doit s’évader d’un château nazi au sein duquel il a été fait prisonnier en pleine Seconde Guerre Mondiale. Dans Dark Forces, comme son titre l’indique, le joueur se retrouve plongé dans l’univers de Star Wars et doit déjouer les plans d’une nouvelle arme de l’Empire, les Dark Troopers.

Doom 2016

Doom quant à lui place le joueur dans la peau d’un soldat de l’espace envoyé sur Mars où une de ces nombreuses expériences scientifiques dont la science-fiction a le secret part complètement en sucette, ouvrant alors un portail interdimensionnel avec l’Enfer. Rien que ça ! Le succès de Doom tint à plusieurs choses. D’une part, le jeu fut tout d’abord distribué sous la forme d’un shareware. Donc coût pour le joueur = zéro brouzouf (à tout le moins au début). Deuxième argument : le moteur graphique 3D du jeu était l’un des plus aboutis à l’époque. À l’heure de la course au photoréalisme dans les jeux vidéo, ce point pourra en faire pouffer plus d’un en découvrant les gros pâtés de pixels du jeu mais rétrospectivement, il s’agissait à l’époque d’une petite révolution. Enfin, troisième et dernier argument en faveur de Doom : sa violence. Déjà pas bien ragoûtants de prime abord, les monstres croisés en chemin donnaient ainsi lieu à de véritables séquences de boucherie où les murs et le plancher étaient littéralement re-décorés dès que le joueur tirait dans le tas. Sans surprise, ce dernier point découla sur le sempiternel débat de la violence dans les jeux vidéo mais qu’importe, Doom venait d’entrée dans la légende. À tel point que, pendant des années après sa sortie, tous les FPS étaient qualifiés de « Doom like ». C’est dire l’aura que venait de prendre le titre.

Doom 2016

Succès oblige, des suites verront le jour : Doom 2 (1994) puis Doom 3 (2004) accompagnées dans l’entrefaite de différentes adaptations sur consoles et autres compils en tous genres. Mais, depuis 2004, hormis quelques extensions à ce troisième opus, la saga restait orpheline, à tout le moins dans l’univers des jeux vidéo. Car entre-temps, en 2005, une adaptation cinématographique fut tentée ; et comme bien souvent en la matière, foirée dans les grandes largeurs. Réalisé par un certain Andrzej Bartkowiak qui avait déjà à son palmarès Roméo doit mourir (Romeo Must Die, 2000), Hors limites (Exit Wounds, 2001) ou encore En sursis (Cradle 2 the Grave, 2003) – on voit déjà le niveau ! – Doom le film avec un certain Dwayne Johnson en tête d’affiche fit sans surprise un bon gros bide au box-office : $28M de recettes aux États-Unis, $55M dans le monde et 184 000 entrées en France pour un budget de $60M. Quelques années plus tard, id Software annoncera le développement d’un nouvel opus. Les fans devront toutefois prendre leur mal en patience puisque le titre en question mettra pratiquement dix ans à voir le jour.

Doom 2016

Doom 2016 : De Mars au Purgatoire

En 2016, quoi de neuf  alors du côté de Mars et de ses enfers dans ce nouvel opus de Doom ? Comme toujours dans ce genre de jeu, pas de quoi se froisser un neurone en matière de scénar : vous vous réveillez nu comme un ver dans une salle qui, vous le découvrirez bien vite, se trouve au sein d’un gigantesque complexe militaro-industriel, lui-même situé sur la planète Mars. Vous n’avez pas fait 10 mètres dans le jeu que vous enfilez une tenue de combat et empoignez votre première pétoire lance-pruneaux. À partir de là, est-il vraiment nécessaire d’en dire davantage ? Les différentes vidéos et autres photos qui ont servi pour la campagne promotionnelle du jeu ont clairement annoncés la couleur : le rouge sang et les tripailles en tous genres. Ne restait plus alors qu’à savoir si ce reboot de Doom serait à la hauteur de sa propre légende ? En réponse de bon normand (l’auteur de ces lignes aime rappeler ses origines) : oui mais non. Oui car dès les premières minutes de jeu, on prend un plaisir (jouissif, confessons-le bien volontiers) à exploser tout ce qui passe à proximité, retapissant par la même occasion les murs qui étaient d’un gris il est vrai un peu trop tristoune. Un sentiment renforcé par les « exécutions », soit des mises à mort à mains nues dès lors que la bestiole en face de vous est sur le point de clamser. Par la suite, la diversité des créatures rencontrées couplée à la variété (en même temps que la montée en puissance) de l’arsenal mis à disposition continueront d’entretenir ce plaisir oh combien rétrograde. De surcroît, le jeu tient techniquement très bien la route du haut de ses 1080/60p sur console (même si pour y parvenir, le ventilo de la PlayStation 4 se fait quand même méchamment entendre).

Doom 2016

Une première impression globalement positive donc mais toutefois contrebalancée par une deuxième partie déjà plus répétitive et, in extenso, monotone. Comble de l’ironie, c’est précisément lorsque ce nouveau Doom nous convie en Enfer que le jeu se met à stagner : exit les nouvelles bêbêtes et les nouvelles pétoires. id Software aurait-il cherché à rallonger artificiellement la durée de vie de ce reboot ? Comme le dit le dicton : le chemin qui mène en Enfer est pavé de bonnes intentions et en l’occurrence, celles de ce Doom 2016 étaient vraiment bien parties. On regrettera alors d’autant plus que ces belles promesses de départ ne soient pas tenues jusqu’à la ligne d’arrivée. Il sera toujours possible de se rabattre sur le multijoueurs en ligne ou bien l’éditeur de niveau (pour ceux qui aiment s’adonner à ce genre de « jeu de construction ») mais en l’état la campagne solo laisse donc sur un goût d’inachevé. On se consolera donc avec une première partie vraiment grisante qui rappellera aux early gamers une jeunesse déjà lointaine. .

Doom 2016

Quant à ceux qui n’en auraient strictement rien à cirer de tout le baratin ci-dessus, on pourra résumer la chose ainsi :

  • Si vous êtes végétarien
  • Si la vue de la viande (rouge de préférence) vous donne des haut-le-cœur
  • Si la vue du sang vous donne le vertige
  • Si vous avez les armes à feu en horreur
  • Si le sigle NRA ne vous évoque rien du tout (on vous aide, on a mis un lien Wikipédia)
  • Si vous arborez un pendentif « Peace & Love » autour du cou

Alors, Doom n’est définitivement pas fait pour vous. Pour tous les autres, la boucherie, c’est par ici que ça se passe. À noter toutefois qu’au fil des mises à jour depuis la commercialisation du jeu, la taille occupée sur le disque dur de la console devient pour le moins conséquente (66Go à date !).

Doom 2016 - Packshot PS4Doom est disponible sur PlayStation 4, Xbox One et PC depuis le 13 mai 2016.

Testé sur PlayStation 4 à partir d’une version éditeur
Testé en version : 1.05
Taille occupée sur le disque dur : 66,46Go

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