Spectre

007 Spectre : L’espion qui m’aimait

Forcément, après la claque Skyfall, les attentes étaient élevées et forcément, la déception est de mise. Non que ce 24ème opus soit honteux. On peut même affirmer qu’il est dans la filiation d’un Casino Royale avec de multiples clins d’œil appuyés vers des aventures bondiennes qui ont marquées la franchise. Non, ce qui est gênant c’est le bricolage au niveau de l’histoire, une James Bond girl un peu fadasse mais surtout un Méchant pris en flagrant délit de cabotinage perpétuel. Heureusement que la mise en scène de Sam Mendes sauve les meubles et que Daniel Craig, même en prenant de moins en moins de recul sur son personnage iconique, continue de crever l’écran.

007 Spectre - Affiche

La réussite de Skyfall tenait indubitablement dans sa faculté à entretenir le mythe de la corde raide entre respect des anciens et radical dépoussiérage. Le tout symbolisé par un Javier Bardem grande classe qui ballotait son James Bond qui plus que jamais affichait une fragilité des plus crédibles. Avec 007 Spectre, la production a semble-t-il voulu remettre le couvert avec la même application. Mais on a plus affaire ici à un copycat un peu besogneux qui n’arrive qu’à de très rares moments à se mettre à niveau. Pour autant, le cahier des charges est respecté. Une entrée en matière en un plan séquence à couper le souffle (mais que la chanson du générique braillée par Sam Smith altère quelque peu – pour rester poli), un tour du monde effréné, la toujours aussi magnifique Monica Bellucci en guise de hors d’œuvre juste exquis, le chat blanc de Blofeld, l’Aston Martin qui va bien… Bref, les scénaristes ont semble-t-il pensé à tout. Ben alors ?

D’abord l’intrigue justement. Elle a été sévèrement remaniée, et dans l’urgence de surcroît, après que Sony se soit fait pirater tout son système informatique avec comme l’un des dommages collatéraux la divulgation de l’intégralité du script. Sans qu’il y est a priori le moindre cause à effet, Neal Purvis et Robert Wade, deux des scénaristes de Skyfall, ont été remerciés après avoir travaillé sur des versions préliminaires jugées non satisfaisantes laissant les coudées franches à Mendes et à John Logan pour assurer la suite. Mauvaise pioche apparemment tant l’histoire est quelque peu décousue tout en affichant une simplicité abyssale. James Bond ne semble jamais vraiment mis en danger. De vulnérabilité il n’est plus question sinon à vouloir le faire s’enticher du personnage interprété par une Léa Seydoux (la fille de Mr. White) encore plus quiche que d’habitude.

Mendes et son comparse ont aussi blindé de références visuelles et narratives les rebondissements successifs attendus pour mieux cacher la misère d’un face à face que l’on aurait aimé tellement plus haut en couleur. Blofeld, le big boss du S.P.E.C.T.R.E est en effet joué par un Christoph Waltz qui fait ce qu’il peut pour boucher les trous et occuper le cadre pendant que James Bond et sa Seydoux font du tourisme au Maroc façon gravure tirée d’une page glacée d’un magazine de mode. Les scènes d’action sont répétitives et peu spectaculaires (un comble quand même). Le point d’orgue étant la course poursuite dans la neige autrichienne qui a du mal à soutenir la comparaison avec au hasard celle dans Rien que pour vos yeux où un Roger Moore bedonnant arrivait à peine à tenir sur ses skis lors des gros plans. On pense aussi à la baston dans le train avec le champion de free-fight Dave Bautista qui ne fait absolument pas oublier celle mythique et encore d’une rare violence entre Sean Connery et Robert Shaw dans Bons Baisers de Russie.

Et puis tout l’arc narratif renvoie quelque peu au meilleur James Bond qui n’est autre qu’Au service secret de sa Majesté. Mais encore une fois et à la différence de Skyfall, si tout le monde semble avoir bien potassé ses classiques, elles sont régurgitées avec bien trop de soumissions pour éveiller en nous autre chose qu’une certaine nostalgie régressive qu’avait pourtant si vaillamment combattu James dans son manoir perdu aux fins fonds de son Écosse natale. La différence essentielle est donc bien là. Si Skyfall imprimait un pas en avant, 007 Spectre en fait deux en arrière bien plombé il est vrai par un budget faramineux (on parle de 250M de dollars) qui se transforme en rouble à l’écran.

Finalement, le seul enjeu de 007 Spectre est de se demander si James va oublier Tracy Bond. On a un début de réponse avec le retour de Craig dans un cinquième volet mais sans Mendes cette fois (ou pas). Daniel nous doit au moins ça.

007 Spectre de Sam Mendes – 11 novembre 2015 (Sony Pictures)

Résumé : Un message cryptique surgi du passé entraîne James Bond dans une mission très personnelle à Mexico puis à Rome, où il rencontre Lucia Sciarra, la très belle veuve d’un célèbre criminel. Bond réussit à infiltrer une réunion secrète révélant une redoutable organisation baptisée Spectre.

Note : 3/5

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